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De Marc et Matthieu à Luc 22 (1)
[Pour nous préparer à la lecture du chapitre 22 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2017 et 2021]
Bientôt le paradis !
« Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je boirai du vin nouveau dans le royaume de Dieu. » (Mc 14,25) (cf. Mt 26,29 : « Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je boirai un vin nouveau avec vous dans le Royaume de mon Père’. » et Lc 22,18 : « Je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai le fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le royaume de Dieu. »)
Quelle image merveilleuse Jésus nous donne ici du paradis qui nous attend, qui attend chacun de nous d’ici quelque temps, chacun à son heure, mais qui nous attend comme le plus beau cadeau promis de toute éternité !
Ce paradis, Jésus nous le présente ici de la plus concrète des manières. Ce n’est pas une réalité abstraite, incolore ou anonyme. Elle a la couleur du vin et de tout ce que nous aimons ici sur cette terre. Et elle a surtout la couleur des cœurs qui se réunissent autour de la table pour partager le pain et le vin.
Le vin, c’est ici le symbole de tout ce qui crée parmi nous la famille, qui fait circuler l’amour entre nous. Car au paradis nous n’aurons plus à vivre la sueur du travail, la fatigue de la recherche, la peur du lendemain. Tout sera clair et limpide pour toujours. Nous n’aurons plus qu’une chose à faire : nous aimer pour l’éternité.
Et ce ne sera pas non plus un amour abstrait. Ce sera un amour qui nous fera pénétrer au plus profond de l’identité de l’autre, qui nous fera nous enrichir éternellement du ciel de l’autre, comme une immense symphonie universelle, où nous passerons sans nous lasser d’un ciel à l’autre comme une joyeuse surprise. Car nous serons continuellement transformés par ces rencontres incessantes et nous serons pourtant toujours nous-mêmes, chaque fois un peu plus nous-mêmes, car nous serons vraiment pour toujours à l’image de la Trinité où le Père, le Fils et le Saint Esprit se perdent infiniment l’un dans l’autre tout en étant chaque fois toujours plus eux-mêmes.
Alors tout ce que nous aurons vécu de beau et d’émouvant sur cette terre sera définitivement avec nous, en nous, parmi nous. Nous nous retrouverons sans cesse, comme dans une aventure à couper le souffle, avec la même intensité, avec toutes les personnes qui auront partagé notre vie ici-bas, aussi bien avec celles que nous aurons aimées pendant des années ou toute une vie, que ceux que nous aurons à peine eu le temps de connaître en ce monde, avec l’impression que nous aurions pu passer des moments merveilleux ensemble, mais que le temps et l’espace nous auront empêché de le faire.
Au paradis nous serons à la fois avec chacun et avec toute l’humanité, car il n’y aura plus de limites. Jouissance éternelle, amour purifié, car la réciprocité sera totale et nous serons au même niveau que ce Dieu qui nous a déjà tout donné et qui continuera à le faire en toute transparence. Au paradis, il n’y aura plus de secrets, de gênes, d’incompréhensions, de jalousie, de freins à notre amour. Ce sera un amour transfiguré mais bien réel, difficile sans doute à vraiment imaginer. Mais je crois que chaque fois que nous nous aimons réellement sur cette terre, nous avons déjà un avant-goût de ce paradis qui nous attend, chaque fois que nous sortons vraiment de nous-mêmes pour vivre dans le cœur de l’autre sans rien attendre en retour. Chaque fois que nous sommes capables de nous recevoir humblement de l’autre au lieu de vouloir tout dominer, le monde et nous-mêmes. Car c’est pour cela que Jésus est descendu parmi nous, pour que nous commencions à expérimenter ici-bas un peu de ce bonheur éternel qui nous attend finalement dans si peu de temps. Cela vaut la peine d’en profiter chaque jour un peu plus, si nous ne sommes pas complètement bornés !
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