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De Marc et Matthieu à Luc 22 (8)
[Pour nous préparer à la lecture du chapitre 22 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2017 et 2021]
Croire à la vie !
« Le grand prêtre l’interrogea de nouveau : ‘Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ?’ Jésus lui dit : ‘Je le suis, et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel.’ » (14,61-62) (cf. Mt 26,63-64 : « Le grand prêtre lui dit : ‘Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Messie, le Fils de Dieu.’ Jésus lui répond : ‘C’est toi qui l’as dit ; mais en tous cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-puissant et venir sur les nuées du ciel.’ » et Lc 22,70 : « Tous lui dirent alors : ‘Tu es donc le Fils de Dieu ?’ Il leur répondit : ‘ C’est vous qui dites que je le suis.’ » )
Quand j’étais à l’université, ma classe était divisée en deux groupes bien distincts : ceux qui « croyaient » et ceux qui « ne croyaient pas ». Même si la limite entre les deux groupes n’était en fait pas si claire que cela. Et je vois que le monde entier est toujours divisé entre ces deux groupes, sans que cela soit en aucune façon un prétexte pour juger quelqu’un : j’ai connu tellement de gens « non-croyants » qui avaient une profondeur d’humanité sublime que beaucoup de « croyants » pourraient leur envier…
C’est pour cela que j’essaie de me mettre à la place de ces amis « sceptiques » et ce n’est pas si difficile que cela. Imaginons que nous soyons à la place du grand prêtre et qu’un individu comme vous et moi vienne nous dire : « Moi ‘je suis Dieu’ » ! Pour qui se prendrait-il ? Il y aurait bien des raisons de douter ou de trouver cette affirmation ridicule.
Et pourtant, quand je sens cette vie qui bout dans mes veines, l’amour qui envahit mon cœur, la capacité incroyable en mon cerveau de comprendre, de calculer, d’analyser, de rechercher, d’inventer même, au-delà de l’imaginable, je ne peux qu’être ému, profondément ému par ce miracle que je vis au quotidien. Et quand je vois cette nature immensément grande et à la fois immensément remplie de réalités minuscules qui s’enchevêtrent dans une parfaite harmonie, quand je vois cette nature se transformer à chaque instant, mourir pour se recomposer aussitôt dans un perpétuel jaillissement de nouveauté, je ne peux que « croire » à ce miracle qui se répète à l’infini et dont je fais partie de tout mon être.
Alors oui, « je crois » du plus profond de moi-même. Je n’arrive même pas à imaginer un seul instant que je pourrais ne pas « croire ». Qu’est-ce que cela voudrait dire ? Me laisser transporter par les vagues de la mer et écouter la voix d’un savant qui me dirait que la mer n’existe pas ? Ressentir cette vie qui jaillit en moi et autour de moi de tous les côtés, comme une cascade, comme un feu d’artifice, et me laisser convaincre que la vie n’existe pas. Aimer de tout mon cœur ces frères et ces sœurs en humanité que je trouve chaque jour sur ma route et avec lesquels je suis arrivé à partager les coins les plus précieux de mon esprit et de mon cœur dans une réciprocité surprenante, et l’on viendrait me dire que tout cela n’est qu’un mirage ? Qu’importe au fond si quelqu’un tient à penser que tout cela n’est pas vrai ou pas réel, je suis toujours libre de me laisser porter par cette passion de vivre, d’aimer, et de croire que toute cette merveille est liée pour l’éternité à ce Dieu qui m’a créé et qui continue à me faire renaître à chaque instant de ma vie.
Mais tout cela bien sûr à condition que ce chant à la vie que je ressens au plus intime de moi-même soit surtout un service incessant auprès de mes frères et de mes sœurs qui ne sentent peut-être pas la même passion, ou qui ne la comprennent pas de la même façon, mais qui se battent eux aussi pour donner un sens à leur vie, à leurs souffrances, à leurs peurs et à leurs espoirs, et à la vie de toute la famille humaine !
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