• De Matthieu à Luc 10 (7)

    « Tout ce qu’il y a dans l’Ecriture – dans la Loi et les Prophètes – dépend de ces deux commandements. » (Mt 22,40) (cf. Lc 10,27 : « Jésus lui demanda : ‘Dans la loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Que lis-tu ?’ L’autre répondit : ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.’ Jésus lui dit : ‘tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie.’ »)

    Oui, Jésus vient de prononcer ici une phrase extraordinaire, si on sait en voir toute la portée. Un docteur de la Loi vient de lui demander : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Et Jésus de répondre : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le premier commandement.  Et voici le second, qui lui est semblable : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Et c’est là qu’il ajoute notre perle de ce jour qui est à la fois la conclusion de cet échange et la clé de lecture de tout l’ensemble et peut-être de tout l’Evangile lui-même.

    Il est assez facile de comprendre que Dieu est content que nous l’aimions et que nous aimions aussi notre prochain. Aimer Dieu et mépriser le prochain, c’est ne rien comprendre au message de la Bonne Nouvelle. Pas plus qu’aimer le prochain en oubliant Dieu. Ce serait prendre le message de Jésus à moitié et toute notre éducation chrétienne est basée sur ces deux commandements.

    Mais n’avons-nous pas tort de nous arrêter là, alors que « le royaume de Dieu » est si « proche » ? [cf notre commentaire publié il y a quelques jours, à la phrase de Marc 12,34 : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. » (De Marc à Matthieu 22 - 5)] Je crois qu’en fait ces deux commandements sont non seulement « semblables » comme le dit Jésus lui-même, mais sont en fait incroyablement entrelacés, si l’on peut dire, l’un dans l’autre.

    Au lieu de penser simplement partager nos journées entre des moments consacrés plus particulièrement à l’amour de Dieu et d’autres à l’amour du prochain, ne serait-ce pas mieux de relire tout cela avec cette clé trinitaire qui est sous-tendue à tout l’Evangile ? Et découvrir en fait avec émerveillement la relation trinitaire d’unité et de distinction qui court dans l’Esprit entre les deux commandements ? Car en fait, même si chacun de ces commandements a bien son propre but distinct de l’autre, combien notre vie à la suite du Christ devient-elle plus complète et plus divine lorsque nous aimons le prochain en Dieu et Dieu dans le prochain…

    Plus complète et plus belle lorsque nous laissons Dieu en nous faire unité avec Dieu dans le prochain. Lorsque nous aimons Dieu pour Dieu mais en même temps pour le prochain. Lorsque nous plongeons par exemple dans l’eucharistie, où est tellement présent Jésus, en nous laissant unir en même temps à tous nos prochains par ce mystère de communion qui court dans le Corps du Christ. Lorsque nous communions à la Parole de vie de l’Evangile avec nos frères et sœurs dans le Christ et pour eux. Et lorsqu’enfin nous découvrons cette troisième communion, si chère à Chiara Lubich, qui est la communion avec Jésus présent dans le frère. Tout devient alors plus beau, plus essentiel et notre journée passe de l’un à l’autre de ces deux commandements comme un jeu d’amour divin qui enchante notre vie et la fait devenir une aventure toujours nouvelle, comme l’Esprit présent au cœur de ces commandements est lui aussi toujours nouveau.

     


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