• De Matthieu à Luc 12 (6)

    [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 12 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2021]

    Tous les biens de Dieu

    « Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera à son travail ! Amen, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. » (Mt 24, 46-47) (cf. Lc 12,44 : « Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. »)

    Encore une phrase merveilleuse, une nouvelle béatitude ! Après toutes ces descriptions effrayantes de notre chapitre 24, voilà qu’en un tour de passe-passe tout change. Combien est incroyable l’amour de Dieu pour chacun de nous, pour toute l’humanité, tellement hors de proportion avec tous les pauvres efforts que nous essayons de faire !

    C’est que finalement Jésus ne nous demande rien de bien compliqué, il suffit de faire notre « travail », c’est-à-dire la volonté de Dieu sur nous. Facile à dire, quand on sait que la volonté de Dieu est tout de même de nous aimer les uns les autres sans conditions et d’être unis au nom de Jésus pour qu’il soit présent au milieu de nous et qu’il nous ouvre le chemin du Père…

    Mais Jésus ne nous demande finalement que de l’accueillir pleinement au fond de notre cœur et de le laisser en fait continuer le « travail ». Car c’est justement Lui au milieu de nous qui nous conduit ensuite sur la route du Royaume. Et ce qui est encore plus inattendu, c’est la récompense qui nous attend. Voilà que Dieu va nous confier maintenant « la charge de tous ses biens. » Tous les biens de Dieu ! Cela ne nous donne-t-il pas le vertige ? Ne savons-nous pas que les biens de Dieu, c’est d’abord cette vie inouïe de la Trinité descendue parmi nous sur la terre ? Et puis toute la création, à commencer par notre petite planète à la fois si grande et si fragile, et tous les biens de l’humanité ?

    Et c’est là qu’on découvre combien l’amour de Dieu est d’une logique que nous n’arriverons jamais à vraiment comprendre. Car comment peut-il promettre à un seul serviteur de lui confier tous ses biens ? Et si tous les autres serviteurs sont aussi fidèles que le premier, Dieu ne devra-t-il pas revoir sa promesse et commencer à diviser ces biens ? C’est cela notre première pensée humaine, bien mesquine. Mais non, Dieu dans son amour donne tout à chacun de nous. Car les biens de Dieu ne sont pas des possessions comme celles que nous nous sommes faites sur la terre, qu’on peut se voler les uns les autres. Les biens de Dieu, c’est la relation d’amour qu’il a en Lui-même entre le Père et le Fils dans l’Esprit et c’est en même temps cette puissance de vie, cette source de vie qu’il est Lui-même, qui ne se possède pas, mais qui grandit en se donnant. Voilà que Dieu nous fait devenir Dieu en quelque sorte avec Lui, et dans cette vie ouverte à l’infini, il n’y a pas de divisions, de jalousie, de concurrence. C’est déjà le paradis qui commence sur la terre…

    [Et encore…]

    Tous les biens de Dieu (2)

    « Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera à son travail ! Amen, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. » (Mt 24, 46-47)

    Je voudrais revenir sur cette phrase merveilleuse, cette béatitude inattendue. Car si nous plongeons au fond de son secret, nous allons y trouver toute l’humanité qui est le bien de Dieu le plus précieux. Tellement précieux que le Père a décidé d’envoyer son Fils bien-aimé devenir lui-même humanité. On croirait rêver si ce n’était pas déjà cette vérité qui nous guide du premier instant de notre vie jusqu’à notre départ pour l’au-delà.

    Si Dieu veut maintenant nous confier tous ses biens, cela veut dire qu’en premier lieu il a décidé de nous confier l’humanité. Si j’ai été au moins un peu fidèle à la Parole de Dieu, si j’ai essayé de la mettre en pratique de tout mon cœur, malgré mes limites, mes faiblesses et mes infidélités, voilà que Dieu va me récompenser en me confiant tous ces frères et ces sœurs qui peuplent la terre entière, avec ceux qui y sont déjà passés et ceux qui viendront. C’est à peine croyable ! Car Jésus a bien dit « tous ses biens », pas seulement quelques-uns par-ci par-là, Dieu ne fait jamais les choses à moitié.

    Bien sûr ce n’est pas à moi seulement qu’il confie toute l’humanité, mais à tous ceux qui comme moi, je l’espère, ont décidé de suivre Jésus le plus possible. Ça veut dire tout à coup que toi, mon ami, mon frère, toi, mon amie, ma sœur, Dieu t’a confié ou t’a confiée à moi, comme en même temps il m’a confié à toi… Mais comment pourrai-je désormais te regarder avec crainte ou défiance, ou impatience, alors que tu es le plus beau cadeau que Dieu me donne ?

    Mais il s’agit de bien comprendre ici ce cadeau extraordinaire que Dieu a déjà commencé à nous faire. Il faut nous rappeler que le Dieu des béatitudes n’est pas capable de posséder, son pouvoir tout puissant ne sera jamais le pouvoir capricieux d’un tyran qui veut tout dominer, mais le pouvoir d’amour infini qui est la source de vie de tout l’univers et de chacun de nous. Si Dieu nous confie nos frères et nos sœurs en humanité, c’est pour que nous laissions pénétrer au plus profond de nous son pouvoir infini qui fait vivre l’univers. Nous pouvons, si nous le voulons et si nous nous laissons faire par Dieu, devenir nous aussi source de vie pour tous ceux que nous côtoyons du matin au soir, jusqu’à la fin de notre vie.

    Oui, on a du mal à saisir tout de suite la portée d’un cadeau qui sort tellement de l’ordinaire. On dirait de la magie. Dieu nous donne sur les autres le même pouvoir d’amour qui jaillit à chaque instant de son cœur divin. Comme il donne aux autres ce même pouvoir de nous aimer à leur tour dans la réciprocité. Si nous nous laissons entraîner pour toujours dans ce courant d’amour notre vie ne pourra plus jamais revenir en arrière…

    Elle sera désormais une immense aventure, avec les mêmes joies que Dieu éprouve et les mêmes souffrances. Car nous aurons jusqu’à la fin de notre vie la joie immense d’avoir fait profiter ceux que nous aimons de cette lumière divine, la joie de leur avoir apporté du bonheur, de l’espoir, de la paix au milieu des épreuves de la vie. Et en même temps nous souffrirons comme le cœur de Dieu chaque fois que certains de nos frères nous feront du mal ou se détourneront de nous, car Dieu les a créés libres. Le pouvoir de Dieu ne sera jamais un pouvoir qui oblige les autres à aimer, mais simplement qui leur donne tous les moyens de le faire. Le cadeau de Dieu est de recevoir ces frères et ces sœurs qu’il a créés en don pour nous, comme il nous a créés en don pour eux, mais sans jamais que nous puissions nous posséder les uns les autres, ce qui serait détruire en un instant toute la beauté de notre cadeau !

     


  • Commentaires

    1
    Hayat Fallah
    Lundi 17 Avril 2023 à 23:36
    Être source de joie ...autant que possible ...Quel bonheur !
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