• Invitation au paradis!

    « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » (Mt 25,6)

    Tout le monde connaît cette petite phrase qui fait partie du fameux récit des vierges sages et des vierges folles. Mais aujourd’hui, j’ai envie de l’enlever complètement de son contexte, cette belle histoire qui nous demande simplement d’être prévoyants et de ne pas rater les belles occasions qui s’offrent à nous dans notre vie avec Dieu. Ce qui serait déjà une belle conquête, mais sans plus peut-être.

    En fait, si l’on s’arrête tout à coup sur ces quelques mots tout simples : « voici », « l’époux », « sortez » et « à sa rencontre », et qu’on se laisse pénétrer par leur lumière intense, on va soudain découvrir qu’on se trouve devant une des plus belles béatitudes de l’Evangile, même si elle ne commence pas comme d’habitude par « heureux » ou « bienheureux » …

    Cette image de l’époux est déjà saisissante quand elle veut qualifier notre relation avec Dieu. Matthieu l’avait déjà utilisée pour dire que les disciples n’avaient pas besoin de jeûner tant que l’époux était avec eux. (Mt 9,15) Mais ici, il ne s’agit plus seulement des disciples mais de chacun de nous. Voilà que Jésus nous présente Dieu comme Quelqu’un qui vit à l’intérieur de Lui-même et avec toute la création une relation sponsale, comme celle de l’époux avec l’épouse, la relation la plus forte et en même temps la plus intime qui puisse être imaginée, une relation qui peut prendre à la fois tout notre cœur, notre esprit et nos forces. A nous d’imaginer le lien le plus merveilleux auquel nous puissions rêver avec une autre personne, et voilà Jésus qui nous dit : c’est à cela que je vous invite, à goûter déjà le plus grand des paradis dès maintenant sur cette terre, en attendant le paradis dans lequel nous baignerons pour toujours dans le cœur de cet Epoux divin qui nous aime et qui nous attend.

    Mais il y a une condition à remplir : il faut tout simplement sortir de soi. Si l’on veut aller à la rencontre de l’époux, on ne peut plus continuer à se regarder, à penser à soi-même et à ses pauvres intérêts. Il faut cesser définitivement de faire de soi-même le centre de notre vie, il faut faire de l’accueil de l’époux qui vient à notre rencontre comme nous allons à sa rencontre, le but de toute notre vie. Se décentrer de soi-même pour vivre l’autre, cet Autre qu’est Dieu, mais aussi cet autre qui est le prochain, en lequel l’époux se trouve secrètement caché, comme Jésus va nous le dire dans quelques lignes.

    Mais n’est-ce pas une condition exagérée que celle-ci ? Je dois vraiment sortir de moi-même et ne plus penser à mes problèmes ? Ne suis-je pas important moi aussi ? Dieu ne veut-il pas mon bonheur au fond ? Mais bien sûr que Dieu veut mon bonheur, mais je n’y parviendrai vraiment que le jour où j’entrerai dans la logique divine qui se vit entre le Père et le Fils dans l’Esprit. Le Père est le bonheur du Fils et le Fils est le bonheur du Père, toujours dans l’Esprit. Et jamais le Père ne pense à Lui-même, car c’est l’Amour du Fils qui le remplit dans l’Esprit et réciproquement.

    Alors, si moi aussi j’entre finalement dans cette dynamique trinitaire et je la laisse pénétrer en moi, je reviendrai à la phrase merveilleuse de Mt 6,33 que nous connaissons bien, mais que nous osons si rarement mettre sérieusement en pratique : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout le reste (tout le reste !) vous sera donné par surcroît ! » Oui, tout le reste, tout ce dont nous avons besoin, toute la réalisation de nos rêves et, pour commencer, cette vie d’amour réciproque entre Dieu et nous et entre nos prochains et nous. Et c’est ce que nous confirme en fait le premier mot de notre phrase, ce petit « voici » auquel nous avions à peine fait attention : nous sommes à peine sortis de nous-mêmes, pour aller à la rencontre de l’époux, que l’époux est déjà là, « le voici », à côté de nous, devant nous, en nous, au milieu de nous, pour toujours. Il est là pour nous remplir de sa joie céleste qu’il voudrait tellement partager avec chacun de nous, mais il ne peut pas nous y obliger, il attend seulement un petit signe de notre part et nous voilà embarqués pour toujours dans l’aventure de la réciprocité divine que nous pouvons déjà commencer à vivre ici-bas, « sur la terre comme au ciel » ! Peut-on rêver d’une béatitude plus infinie ?


  • Commentaires

    1
    Hayat Fallah
    Samedi 20 Mars 2021 à 23:41
    Sortir "définitivement" de soi même...Je pense que tu veux dire décider une fois pour toutes
    " d'essayer" de l'être toujours...!?
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