• Je suis moi et pas toi?

    C’est ce qu’affirme un de mes lecteurs en réponse à certains de mes propos sur l’unité : « Je suis moi et pas toi ». C’est clair, c’est ce qu’on appelle une lapalissade. Jean n’est pas Michel et encore moins Annie, tout le monde le voit et le sait ! Et pourtant…

    Je crois et je suis convaincu, par l’expérience de toute une vie, que cette « vérité » n’est pas entièrement vraie. Car je ne suis pas une pierre qu’on ne confondra jamais avec un morceau de bois. Je suis un homme, ce qui veut dire toujours une réalité mystérieuse difficile à cerner ou à analyser.

    Problème philosophique qui ne change rien à la vie de tous les jours ? Non, car le jour où je découvre que, quelque part, je suis aussi toi et toi tu es aussi moi, toute ma vie va changer. L’autre ne va plus me faire peur pour commencer, comme quelqu’un que je fuis au fond de moi-même parce qu’il essaye de m’envahir, de me posséder ou de me dominer. Oui, je sais bien que toutes ces déformations existent, mais notre vie n’est pas faite que d’accidents et de déformations ; la voir ainsi serait d’un pessimisme noir !

    Et qu’est-ce que cela voudrait dire que je suis toi et que toi tu es moi ? On dira qu’un part de moi-même c’est toi ? Non, pourquoi une part de moi-même et quelle part, alors ? Un sentiment, une idée, une conviction, ce serait toi en moi qui m’a influencé ? Peut-être en quelque sorte. Mais tout est beaucoup plus profond et mystérieux que cela.

    Ce qui est vrai, c’est que lorsqu’on aime quelqu’un, on se sent transformé, épanoui, libéré et beaucoup plus soi-même qu’auparavant. On sent que l’autre nous imprègne, respire même au fond de nous et l’on ne se sent absolument pas diminué par cette invasion bénéfique, bien au contraire. On sent que, tout à coup, notre vie est en train de se réaliser pleinement, car cette relation avec l’autre nous fait découvrir, au plus intime de nous-mêmes, des énergies insoupçonnées, des facultés cachées, un trésor que nous avions en nous sans même nous en rendre compte. Voilà que l’autre, différent, nous révèle à nous-mêmes le plus beau de notre personnalité et nous enrichit en même temps de son trésor à lui. Mais son trésor à lui, qui nous pénètre, va passer par le filtre de notre « moi », je ne vais jamais devenir une copie de l’autre, je vais être encore plus moi-même, mais teinté de l’autre et fier de l’être.

     

    Lorsqu’on a commencé à faire cette expérience avec quelques personnes particulièrement proches, on s’aperçoit que l’on peut vivre cette même relation avec tout le monde, avec bien sûr les limites de temps et d’espace qui nous conditionnent sur cette terre. Mais ces conditionnements ne sont pas une véritable limite si l’on sent qu’en chaque homme, en chaque femme, je rencontre au fond un peu toute l’humanité.


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Mardi 21 Février 2017 à 14:02
    Et pas seulement "un peu" toute l'humanité...
      • Mardi 21 Février 2017 à 15:02

        Merci, Hayat: comme on m'accuse parfois d'exagérer, j'essaye de me freiner un peu, mais si on m'encourage, maintenant...

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