• Luc 22

    L’heure de Jésus est arrivée et nous allons entrer maintenant dans la passion. Nous retrouverons ici en Luc de nombreux passages déjà vus en Mc 14 et en Mt 26 et d’autres même que nous découvrirons en Jn 18. Les quatre Evangiles ne pouvaient pas passer sous silence ce qui fait la base de toute notre vie chrétienne. Et pourtant l’Evangile est l’Evangile, comme l’Esprit Saint et la Parole de Dieu, il se répète toujours et sans cesse se renouvelle, et nous aurons ici encore l’occasion de méditer de nouvelles phrases de Luc absolument originales, dans ce cadre pourtant tellement connu…

    « La fête des pains sans levain, qu’on appelle la Pâque, était proche ; les chefs des prêtres et les scribes cherchaient le moyen de le supprimer, car ils craignaient le peuple. Satan entra en Judas, appelé Iscariote, qui était au nombre des Douze ; Judas s’en alla parler avec les chefs des prêtres et les officiers de la garde du Temple, pour voir comment il leur livrerait Jésus. Ils se réjouirent et ils décidèrent de lui donner de l’argent. Judas fut d’accord, et il cherchait une occasion favorable pour le leur livrer quand il serait en dehors de la foule.

    Arriva le jour des pains sans levain, où il fallait immoler l’agneau pascal. Jésus envoya Pierre et Jean, en leur disant : ‘Allez faire les préparatifs de notre repas pascal.’ Ils lui dirent : ‘Où veux-tu que nous les fassions ?’ Jésus leur répondit : ‘Voici : quand vous entrerez en ville, vous y rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il pénétrera, et vous direz au propriétaire de la maison : ‘Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?’ Cet homme vous montrera, à l’étage, une grande pièce aménagée pour les repas. Faites-y les préparatifs.’

    Ils partirent donc ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. Quand l’heure fut venue, Jésus se mit à table et les Apôtres avec lui. Il leur dit : ‘J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. [Phrase originale en Luc] Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu.’

    Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : ‘Prenez, partagez entre vous. Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le royaume de Dieu.’ Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : ‘Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi.’ Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.’ »

    [Intéressant de voir qu’en Luc Jésus commence par distribuer une première coupe entre les disciples, puis il prend du pain en disant : « Ceci est mon corps… » et seulement « à la fin du repas » il prend la coupe avec son sang. Alors qu’en Marc et Matthieu, on trouve seulement le pain puis la coupe.]

    Et Luc revient alors à Jésus qui explique ce que Judas est en train de faire : « ‘Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table. En effet le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l’homme qui le livre.’ Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel d’entre eux allait faire cela. »

    Après cela Luc ajoute étrangement le passage sur la discussion entre les disciples pour savoir qui était parmi eux le plus grand, un épisode que l’on trouve en Mc 10 et Mt 20, bien avant la passion. Chaque évangéliste suit sa propre logique…

    « Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ? Mais il leur dit : ‘Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.’ »

    Puis Luc reprend la suite du récit de Mc 14 et Mt 26, mais avec d’abord de nouvelles phrases très originales adressées par Jésus à Pierre : « ‘Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères.’ Pierre lui dit : ‘Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort.’ Jésus reprit : ‘Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas.’ »

    Et de nouveau un passage spécial à Luc : « Puis il leur dit : ‘Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ?’ Ils lui répondirent : ‘Mais non.’ Jésus leur dit : ‘Eh bien maintenant, celui qui a de l’argent, qu’il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. Car je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Ecriture : Il a été compté avec les pécheurs. De fait, ce qui me concerne va se réaliser.’ Ils lui dirent : ‘Seigneur, voici deux épées.’ Il leur répondit : ‘Cela suffit.’ »

    Et nous voilà au Gethsémani, véritable début de la passion de Jésus : « Jésus sortit pour se rendre, comme d’habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivés là, il leur dit : ‘Priez pour ne pas entrer en tentation.’ Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait : ‘Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne.’ Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Dans l’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu’à terre. [L’ange et les gouttes de sang ne se trouvent qu’en Luc] Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis à force de tristesse. Il leur dit : ‘Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez pour ne pas entrer en tentation.’

    Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser. Jésus lui dit : Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ?’ Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : ‘Seigneur, faut-il frapper avec l’épée ? L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. Jésus lui répondit : ‘Laissez donc faire !’ Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit. [Le détail de la guérison de l’oreille se trouve seulement en Luc.]

    Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : ‘Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres.’

    Ils se saisirent de Jésus pour l’emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin. Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s’étaient tous assis là, Pierre étaient parmi eux. Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : ‘Celui-là aussi était avec lui.’ Mais il nia : ‘Femme, je ne le connais pas.’ Peu après, un autre dit en le voyant : ‘Toi aussi, tu en fais partie.’ Pierre répondit : ‘Non, je n’en suis pas.’

    Environ une heure plus tard, un autre insistait : ‘C’est sûr : celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen.’ Pierre répondit : ‘Je ne vois pas ce que tu veux dire.’ Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; [Le regard de Jésus sur Pierre est spécial à Luc] et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : ‘Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois.’ Il sortit et pleura amèrement.

    Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient. Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : ‘Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? Et ils lançaient contre lui beaucoup d’autres insultes. Lorsqu’il fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent et ils l’emmenèrent devant le grand conseil. Ils lui dirent : ‘Si tu es le Messie, dis-le-nous.’ Il leur répondit : ‘ Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j’interroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite du Dieu Puissant.’ Tous lui dirent alors : ‘Tu es donc le Fils de Dieu ?’ Il leur répondit : ‘C’est vous qui dites que je le suis.’ Ils dirent alors : ‘Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous l’avons entendu de sa bouche.’ »

    Maintenant, tout va se précipiter. Comme en Marc et Matthieu, il ne nous restera que deux chapitres pour conclure, celui de la crucifixion de Jésus, de sa mort et de sa mise au tombeau, puis celui de sa résurrection. L’histoire de l’humanité sera désormais tournée vers la fin des temps et la dernière bataille entre les ténèbres et la lumière, dans laquelle nous sommes toujours plongés aujourd’hui. Ces quelques pages très brèves sont vraiment le plus grand trésor que l’on puisse imaginer…


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