• Changer de civilisation?

    Interviewé récemment par Denis Lafay  dans “La Tribune”, voilà ce que nous dit Edgar Morin, sociologue et philosophe, sous le titre « Le temps est venu de changer de civilisation. » (Je reprends ici seulement un bref passage d’un article beaucoup plus long)

     « La planète est soumise à des processus antagoniques de désintégration et d'intégration. En effet, toute l'espèce humaine est réunie sous une "communauté de destin", puisqu'elle partage les mêmes périls écologiques ou économiques, les mêmes dangers provoqués par le fanatisme religieux ou l'arme nucléaire. Cette réalité devrait générer une prise de conscience collective et donc souder, solidariser, hybrider. Or l'inverse domine : on se recroqueville, on se dissocie, le morcellement s'impose au décloisonnement, on s'abrite derrière une identité spécifique - nationale et/ou religieuse. La peur de l'étranger s'impose à l'accueil de l'étranger, l'étranger considéré ici dans ses acceptions les plus larges : il porte le visage de l'immigré, du rom, du maghrébin, du musulman, du réfugié irakien mais aussi englobe tout ce qui donne l'impression, fondée ou fantasmée, de porter atteinte à l'indépendance et à la souveraineté économiques, culturelles ou civilisationnelles. Voilà ce qui "fait" crise planétaire, et même angoisse planétaire puisque cette crise est assortie d'une absence d'espérance dans le futur. »

    Que l’on soit d’accord en tout ou en partie seulement avec cette analyse, elle ne peut pas nous laisser indifférents. Il y va de la survie de l’humanité tout entière et plus seulement de la pauvre patrie de chacun, que cette patrie se sente faible ou encore capable de se gérer plus ou moins seule. Nous sommes vraiment de plus en plus interdépendants.

    Mais cette interdépendance n’est en soi ni positive ni négative. C’est notre réaction qui va être positive ou négative. Si un jour mes jambes décidaient de partir toutes seules parce qu’elles ne se sentent plus d’accord avec mon cerveau, on peut bien imaginer la catastrophe !

    Il est normal que l’on ait peur devant une telle situation de fait, indépendante de notre volonté. Mais cela servira-t-il à quelque chose de paniquer ? Les nations les plus nanties de l’Europe n’arrivent plus à supporter la lenteur des plus pauvres comme la Grèce ou le Portugal. Et que se passera-t-il lorsqu’on comprendra que l’avenir de l’Europe dépend aussi bien de celui de la Lybie, de l’Iraq ou de tous les pays africains ? Au lieu de voir cela comme une opportunité d’élargir nos horizons et de nous ouvrir à une humanité vraiment aux dimensions du globe, où chacun aurait sa place, sa dignité et enrichirait les autres ne serait-ce que par sa présence, voilà que chacun est tenté de se replier égoïstement sur soi ?

    Espérons que les nouvelles générations seront plus intelligentes et généreuses et comprendront qu’un repli sur soi ne serait finalement que le début d’un suicide collectif. Nous reviendrons encore souvent sur ce point qu’il faut répéter sans relâche si l’on veut encore avoir de l’espoir !

     

     


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Dimanche 10 Avril 2016 à 11:26
    Génial !!!!
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