• Comme des enfants

    Vous avez certainement vu parfois ce spectacle étonnant et ravissant à la fois, dans un lieu public, comme un magasin, sur le trottoir d’une rue, mais surtout dans ces endroits où l’on est assis à attendre une personne, un autobus, le départ d’un avion, deux petits enfants d’un an ou deux à peine, en train de se découvrir l’un l’autre.

    C’est toujours touchant et surprenant à la fois. Car ce petit garçon, cette petite fille, qui sait à peine marcher ou parler, sait déjà bien distinguer entre ses jouets, ses parents, ses frères et sœurs de la même famille mais aussi ses frères et sœurs en humanité.

    Notre bambin n’a pas eu encore le temps de connaître la timidité. Il est trop petit pour comprendre qu’on n’aborde pas un inconnu comme ça dans la rue, que ce n’est pas prudent. Pour lui tous les hommes sont encore égaux. Et quelle joie et quelle surprise lorsqu’il rencontre justement un bambin ou une bambine comme lui, de la même taille, à la même allure maladroite et titubante, qui tombe par terre comme lui à chaque instant et qui se relève en pleurant ou en riant selon les cas.

    Il est bien habitué à vivre toute la journée avec ses parents, ses frères et sœurs, ses oncles, ses tantes, ses cousins, ses cousines, les voisins, les amis de la famille : mais ils sont tous plus grands que lui. Tandis que là, c’est drôle, il y a aussi sur cette terre des bambins hauts comme trois pommes, il n’est plus seul au monde. A moins d’avoir la chance d’être d’une famille avec des jumeaux ou des triplés.

    Voilà que nos deux bambins se regardent, essayent de s’apprivoiser, ils commencent même à oser se toucher, se pousser, se tirer, plus ou moins doucement, plus ou moins violemment. Un des deux essaye de voir jusqu’où il peut aller et c’est le drame qui commence, on se réfugie auprès de ses parents ou bien on se met à répondre à la violence par la violence. On apprend à vivre avec l’humanité, sans frein, sans barrières. Nous sommes tous faits de la même pâte.

    Et pourtant, dans quelques mois, dans quelques années, notre bambin va grandir, on va lui apprendre à se méfier des autres. On va lui expliquer qu’il ne faut pas fréquenter n’importe qui, on va même l’éduquer à juger les autres, à combattre, à se défendre ou à haïr. La société va tout gâcher. Car c’était la première intuition qui était la bonne.

    Mais évidemment nos parents ont bien fait de nous expliquer qu’il y a des dangers en ce monde. Mais de là à oublier que les autres sont des hommes comme moi, quel dommage, quel gâchis ! Alors que nous aurions pu rester toute notre vie convaincus qu’avant d’être différents ou opposés, nous sommes tous frères et sœurs. Nous sommes toujours libres de refaire plus tard cette découverte, comme une reconquête positive. Mais comme elle difficile cette conquête ou reconquête lorsque toute la société autour de nous s’est organisée avec des fossés et des barrières…

     

     


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Mardi 12 Janvier 2016 à 13:48
    Oh oui !!!! Bien difficile ! Et pourtant on est tous "nostalgiques "d'une société où l'on se "reconnaît"....
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