• Confiance bien placée?

    Rien de plus beau que la confiance, surtout justement quand elle est bien placée. Mais je vous avoue que j’ai quelques problèmes avec la langue française quand on parle de confiance. D’abord, le dictionnaire me dit que la confiance est un « sentiment de sécurité vis à vis de quelqu’un ou quelque chose ». En italien on donne sa confiance à quelqu’un, comme on donne son amitié, son amour, son affection ; en français « donner confiance » veut dire exactement le contraire, c’est-à-dire attirer la confiance de l’autre envers soi. On dira donc plutôt accorder sa confiance ou faire confiance. Tout cela n’est pas grave, il suffit de se mettre d’accord sur le sens des mots. Mais je ressens tout de même un certain malaise avec cette idée de « sécurité », renforcée par l’expression « avoir confiance », comme si la confiance était quelque chose qu’on pouvait avoir, posséder  tranquillement. C’est comme ceux qui pensent « avoir » la foi, dans le sens justement de la « posséder » comme une chose acquise.

    Je crois qu’il y a un grand malentendu dans tout cela. Plus on pense « avoir » la confiance ou la foi, plus on risque de les perdre. En réalité l’origine du mot confiance veut dire, se fier à quelqu’un, en quelque sorte se jeter sans peur entre ses bras, et la confiance comme la foi est toujours quelque part un saut dans le vide. C’est cela le sens de la vie. Je crois que notre monde moderne a perdu la confiance et la foi parce qu’il veut tout sécuriser, il ne veut prendre aucun risque. Si je sors dans la rue, si j’escalade une montagne, si je traverse la mer, je cours toujours le risque d’avoir un accident. Je serais sûrement plus en sécurité enfermé dans ma chambre.

    Vivre sa vie, c’est lui faire confiance, c’est ouvrir ma porte le matin et me jeter à l’aventure. La confiance en l’autre, c’est un chèque en blanc que je signe, en sachant que je serai bien vulnérable. Quelquefois cela  finira mal, on profitera de moi, on me trahira. On le fera d’autant plus, d’ailleurs, qu’on m’aura vu hésitant, titubant dans la confiance que j’aurai accordée.

    Non, la vraie solution c’est de faire toujours confiance au départ, « sans condition », sauf si vraiment on peut me prouver que j’ai en face quelqu’un de malade qui veut me détruire. Mais en réalité les gens ne font pas confiance parce que personne peut-être ne leur a fait confiance à eux pour commencer. C’est comme le proverbe : « Là où il n’y a pas d’amour, mets l’amour et tu trouveras l’amour. » Là où il n’y a pas de confiance mets la confiance et tu trouveras la confiance. Trop dangereux, pensez-vous ? Je suis prêt à parier que huit fois sur dix la confiance créera la confiance en retour, en pleine réciprocité. Et les deux fois où cela va mal se passer ? Ce n’est pas grave. La confiance réciproque avec les autres sera tellement belle qu’elle donnera le courage de surmonter tous les obstacles.

    Affaire à suivre, là aussi : j’attends vos commentaires et vos critiques constructives.


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Vendredi 29 Mai 2015 à 11:09

    Je me pose la question du rapport entre confiance et prudence ....Qu'en penses-tu Roland ?Qu'en pensent les lecteurs du blog ?

    2
    Elie Kebbe
    Vendredi 29 Mai 2015 à 14:08

    Peut etre c'est la sagesse qui nous manque. Etre prudent c'est sage, mais la sagesse et l'amour nous menent vers plus de confiance?

    3
    Hayat
    Mardi 2 Juin 2015 à 18:17
    C'est vrai , souvent la confiance appelle la confiance , comme cela se passe très souvent avec les enfants ....mais quel souffle il faut !Et quelle "foi"...je lis et relis ton article et j'ai l'impression de voir fleurir une humanité renouvelée et qui vaut la peine d'avoir cette foi et ce souffle !
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