• De Marc à Matthieu 15 (3)

    [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 15 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2015]

    « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. » (Mc 7,22) (cf. Mt 15,19 : « C’est du cœur que proviennent les pensées mauvaises : meurtres, adultères, inconduite, vols, faux témoignages, diffamations. »

    Je ne sais pas comment vous vous sentez devant une telle liste d’abominations. La tentation est grande de faire comme le pharisien qui remerciait Dieu d’être un homme juste, car il était convaincu que tous ces péchés ne l’avaient jamais effleuré comme les pauvres gens de ce monde. Peut-être que nous n’avons jamais volé ou été adultères, mais si nous sommes sincères, je crois que nous finirions par nous retrouver dans chacun de ces mots terribles. Car au fond toutes ces attitudes horribles pourraient se résumer en une seule chose : utiliser égoïstement pour soi, détourner pour soi tout ce que Dieu nous présente ou nous donne, au lieu de le recevoir pour le donner à notre tour comme nous l’avons reçu, en esprit de communion réciproque.

    Tout est là. N’avons-nous pas découvert déjà, dès les premières pages de notre Evangile, que la vie de Dieu est au fond toute simple ? Accueillir celui qui nous donne et donner à notre tour dans la réciprocité. Ce qui « sort » alors de notre cœur sera seulement don et accueil, accueil et don, tout au long de la journée, et cela rendra « pure » notre vie et la vie de ceux que nous aimons. Dieu ne se lasse jamais de ce mouvement incessant qui part de son amour et qui y retourne pour y repartir de nouveau avec encore plus d’élan. Imaginons qu’un jour Dieu s’arrête d’aimer, qu’il reprenne pour lui tout ce qu’il nous a offert et qu’il continue à chaque instant à nous offrir. Evidemment notre monde disparaitrait à l’instant.

    Ce serait tellement absurde de penser un seul moment que Dieu cesse soudain d’être Dieu et de faire « sortir » de son cœur de Dieu tout cet amour. Mais alors pourquoi ne faisons-nous pas comme lui nous aussi, au lieu de nous inventer des raisons pour casser cette réciprocité avec nos frères, peut-être « parce que c’est l’autre qui a commencé » ou « parce que nous avons raison » comme nous disons si souvent : prétextes mesquins et stupides qui voudraient justifier notre manque d’amour ? Mais, quelle que soit la « méchanceté » de l’autre, rien ne nous obligera jamais à être « impurs » nous aussi en faisant « sortir » de nous la méfiance, l’indignation, la rancune ou toutes les attitudes que nous connaissons, qui servent seulement à diviser encore plus et à nous isoler des autres et de Dieu. Si nous avons oublié cela en route, ce n’est pas grave, nous ne sommes pas des machines à aimer, mais au moins avouons tout de suite que nous sommes malades et que nous avons besoin de la miséricorde de Dieu pour nous remettre à aimer, mais n’allons pas chercher des excuses terribles pour nous cacher dans notre coin et participer nous aussi à la désintégration de l’humanité.

     


  • Commentaires

    1
    hayat fallah
    Mardi 18 Février 2020 à 10:29
    Tu y vas fort cher Roland ! !Désintégration de l'humanité....
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