• Je ne peux pas me taire

    Il y a juste quatre jours j’ai écrit cet article intitulé « Pourquoi servir la haine ? » J’aurais aimé évidemment recevoir plus de commentaires et en particulier des critiques, pour qu’on puisse mieux essayer de se comprendre…

    Je remercie en tous cas en particulier « Diden » qui m’a écrit en toute franchise : « Et bien oui cher Roland c'est aussi vrai qu'ils sont sur le sentier de la guerre on ne peut que le déplorer. »

    Eh bien, moi, je ne peux pas me taire devant une telle affirmation, car je crois qu’elle représente exactement ce que la majorité des gens pensent à ce sujet, que ce soit en Europe ou au Liban et au Moyen Orient. Et c’est contre cette idée, déjà trop répandue, que je voudrais me battre de tout mon cœur en espérant ne pas être trop seul.

    « C’est aussi vrai qu’ils sont sur le sentier de la guerre… » Oui, c’est « aussi » vrai, « aussi » veut dire que c’est une part de la vérité et jusque-là nous sommes d’accord. Mais qui sont ces « ils » (« ils sont ») : les gouvernements d’Iran et d’Arabie Saoudite ? Les peuples iraniens et saoudiens dans leur ensemble ? Une partie d’entre eux ? Des gens de l’extérieur qui se cachent derrière eux pour fomenter une guerre pour je ne sais quel intérêt ?

    Est-ce que mon lecteur connaît ce que vit le peuple iranien d’aujourd’hui ? Est-ce qu’il a lu, ces jours-ci, tous les articles qui expliquent que le peuple iranien (dans son immense majorité) fera tout pour ne pas mettre encore de l’huile sur le feu, car il est encore traumatisé par toutes les années de guerre avec l’Irak dont il n’a pas fini de panser les plaies ? Il est vrai que le peuple saoudien n’a pas encore connu directement, récemment, les misères de la guerre, mais qui sait ce que pense aujourd’hui le peuple saoudien ?

    Je voudrais témoigner ici de ce que j’ai vécu au Liban. Quand j’y suis arrivé en 1971 des gens m’ont dit, en Europe déjà : « Mais sais-tu qu’il va sans doute éclater une guerre au Liban ? » comme pour me demander d’être prudent. Et j’avoue que je n’y ai pas cru. Ce Liban était trop beau, trop pacifique pour qu’on y imagine une guerre, surtout une « guerre civile ». Et de fait la guerre a éclaté d’abord entre une partie des libanais et des réfugiés palestiniens. Elle a même fini par être (au moins en apparence) une sorte de « guerre civile » et même une « guerre entre chrétiens et musulmans ». Et pourtant, aujourd’hui encore, les Libanais, qui n’ont pas fini de panser leurs plaies, ne se reconnaissent pas (dans leur immense majorité) dans ces apparences de guerre qui n’étaient au fond qu’un piège diabolique dans lequel une partie d’entre eux sont tombés.

    Alors je répète ce que j’ai essayé de dire, trop rapidement, dans mon article : oui, la guerre pourrait éclater, il y a sur le terrain assez d’ingrédients pour y arriver, assez d’ « intérêts internationaux » qui le désirent et assez d’armes vendues des deux côtés pour des milliards. Mais la guerre est-elle une fatalité obligatoire ? « On ne peut que le déplorer », m’écrit « Diden ». Non, cher « Diden » nous ne pouvons pas rester les bras croisés et la bouche paralysée devant une telle « fatalité » que des gens inconscients ou machiavéliques voudraient nous imposer. Nous ne pouvons pas rester comme des spectateurs horrifiés devant un tel désastre qui se profile à l’horizon. Toutes les guerres prévues n’ont pas éclaté. Cuba et les Etats-Unis ont fini par faire la paix. L’Argentine et l’Angleterre se sont arrêtées à temps au bord du précipice. Les deux Corées ne sont pas obligées de s’anéantir l’une l’autre…

    Ce que je voudrais dire simplement au journaliste du « Monde » et à tous les gens qui créent l’opinion, c’est qu’on ne peut pas rester neutres dans une histoire pareille. Nous avons le devoir de parler des dangers qui se dressent devant nous, mais nous avons surtout le devoir de faire connaître tous ceux qui refusent la guerre, qui cherchent une paix véritable de tout leur cœur, même s’ils étaient une minorité.

     

    Car si une guerre éclatait de la sorte au Moyen Orient entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et entre chiites et sunnites de manière globale, le monde entier tremblerait et les réfugiés se déverseraient sur l’Europe non plus par milliers, mais par millions. Et nous resterions les bras croisés à dire simplement que nous ne pouvons « que déplorer » cette catastrophe ? Excusez-moi, mais j’ai quitté mon pays pour un idéal qui me demande de donner ma vie pour mes frères et sœurs en humanité : c’est peut-être le moment de le faire pour de bon. Mais dites-moi, s’il vous plait, si vous avez des idées meilleures.  


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Vendredi 8 Janvier 2016 à 15:55
    Nous nous sommes malheureusement "habitué" à subir ce déferlement de catastrophes
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