• Je suis, donc je suis?

    Oui, je sais bien qu’à l’école on nous a enseigné la célèbre formule de Descartes : « Je pense donc je suis. » D’autres penseurs ou écrivains l’ont imité en disant par exemple : « J’aime donc je suis. » Et l’on pourrait multiplier ces formules à l’infini avec raison : je veux donc je suis, je peux donc je suis, je désire donc je suis, et pourquoi pas je hais donc je suis, ou simplement je vis donc je suis... ?

    Mais, dites-moi, vous sentez vraiment le besoin de prouver que vous êtes, que vous existez ? Le prouver à vous-mêmes ou aux autres ? Peut-être que les autres, certains autres mettent en doute votre existence ? Ou plutôt votre existence les dérange et ils préféreraient sans doute que vous ne soyez pas, que vous n’existiez pas ? Ce serait une preuve supplémentaire que vous êtes.

    Je vous avoue qu’aujourd’hui je sens que je suis, je suis sûr que je suis et je pourrais certainement le redire à l’infini : je suis donc je suis. Mais ce « donc » me dérange. Nous n’avons déjà pas tellement de temps sur cette terre, pourquoi ne pas aller tout de suite à l’essentiel : « je suis ». Oui je suis, tout simplement. Et je suis moi et je ne suis pas toi. Mais je ne suis pas moi parce que je ne suis pas toi, ce serait tellement négatif. En réalité je suis moi parce que tu es toi et parce que les autres, tous les autres sont ce qu’ils sont, ils sont chacun « je suis », comme moi, même si de manière à la fois semblable et différente.

    Cela ne vous est jamais arrivé de penser le matin au réveil, ou lorsque vous êtes seul tranquille à la maison, ou lorsque vous vous promenez dans la nature, de penser tout à coup : mais comme c’est extraordinaire, je suis, j’aurais très bien pu ne pas être, et pourtant je suis bien là, dans ce lieu, dans ce moment précis de l’histoire de l’humanité, au milieu d’autres personnes qui « sont » comme moi ? Cela donne parfois le vertige. Cela provoque un sentiment de reconnaissance bien particulier envers qui a pensé nous donner cette vie, à moins que notre vie soit tellement malheureuse que nous préférerions peut-être n’avoir jamais été : mais ce sont tout de même des cas extrêmes.

    Le motif principal qui m’a poussé à me lancer dans l’aventure de ce blog est justement là : le désir de crier à tout le monde que je suis. J’ai finalement pris le temps de comprendre que je suis et je voudrais partager cette découverte avec tout le monde. Avec tout le monde ? Il ne me reste sans doute pas beaucoup de temps pour le faire sur cette terre, mais dans un autre de mes frères ou de mes sœurs, je sens confusément que « tout le monde » est déjà présent. Chacun porte en soi, s’il le veut, et même s’il ne le veut pas, toute l’humanité dont il est à la fois le fruit et une nouvelle semence.

    Mais cet être qui je perçois au fond de moi, qui me fait dire « je suis » est aussi étonnamment complexe, d’une richesse infinie. Comme j’ai commencé à l’écrire dans ma « vision des quatre verbes », être veut dire aussi à la fois accueillir et donner. Cet être qui court en moi est infiniment dynamique, en perpétuel mouvement, dans une véritable danse de relations avec les autres qui me font en fin de compte être chaque jour un peu plus ce que je suis. Car c’est à la fin de la vie que je serai vraiment, car j’aurai exploité, bien ou mal, entièrement ou seulement en partie, toutes ces potentialités d’être que j’aurai rencontrées sur mon chemin. Pas de place pour la nostalgie du passé dans une telle démarche : seul compte cet instant où je suis maintenant avec vous en route vers l’être qui nous attire, nous pousse, nous contient et nous libère en même temps : n’est-ce pas merveilleux ?


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Lundi 6 Avril 2015 à 20:18

    J'aimerais que vous m'expliquiez un peu plus la dernière phrase de l'article ! 

    2
    PaulB
    Mardi 7 Avril 2015 à 20:53

    Un questionnement sur le "je suis", vient de la recherche du sens de la vie. Le famaux jeu de mots : "qui suis-je ? dans quel état

    j'ère ?".

    Un autre questionnement peut venir de notre place sur cette terre. Notre intégration. Nous entendons beaucoup

    parler de l'intégration de l'immigré, mais l'intégration de chacun de nous est un sujet aussi primordial.

    Pourquoi ne nous contentons-nous pas d'être, d'être ce qu'on est ? Il me semble que c'est le noeud du problème.

    Pourquoi ne nous contentons-nous pas d'être comme les autres êtres vivants sur terre ? (comme il nous en semble du moins).

    Il peut y avoir beaucoup de réponses à ceci. J'en vois déux déjà.

    Sur le plan humain, nos sociétés ont donné naissance à des codes, des lois, des religions. Ne comprenons-nous alors pas le

    voleur à essayer de moins l'être, le gourmand à moins manger, etc.... en une inflection de sa nature.

    Sur le plan de l'activité professionnelle les métiers qui sont demandés à l'instant T correspondent-ils aux envies de chacun, aux

    capacités d'un groupe d'humains ? Je ne le pense pas.

    En résumé, nous nous adaptons à notre environnement. A tort ou à raison.

    On peut alors penser légitime de se poser la question de celui que nous sommes, du comment de notre être etc....

    Ceci dit, oui, vivre est un cadeau en soi, pour peu que l'on en accepte toutes les péripéties, que l'on voit la moitié de verre

    pleine, etc.... que l'on s'accepte et que l'on s'aime comme on est ! Tout simplement.

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