• Posséder

    Je ne sais pas si vous pensez comme moi que le verbe « posséder » est l’un des plus terribles et plus dangereux qui existent ! J’y reviendrai encore souvent dans ce blog pour bien expliquer ma pensée à ce sujet, mais je crois que « posséder » est l’une des principales causes des malheurs de l’humanité.

    Essayons d’être justes tout de même. Lorsque l’enfant grandit et s’éveille au monde, il a besoin d’avoir autour de lui des objets qui lui appartiennent et qu’il apprend à « posséder » comme il apprend à se connaître, à connaître son corps, ses besoins, son esprit et à organiser sa vie et ses relations avec les autres.  On lui enseigne très vite les adjectifs « possessifs » qui lui permettent de distinguer ce qui est à lui (mon, ma, mes) et ce qui est aux autres (ton, ta, tes, son, sa ses).

    Rien de grave si on lui enseigne que ce qu’il « possède » est un don qu’il a reçu et qu’il peut partager avec les autres, comme ses jouets, les biscuits qu’on lui offre, une belle image ou n’importe quel cadeau. Mais le mal commence à être fait lorsqu’il imite les adultes qui refusent de donner et qui s’attachent jalousement à tout ce qu’ils possèdent. Car le voilà qui confond déjà la grandeur et l’importance de sa personnalité avec la quantité d’objets possédés…

    Lorsqu’il deviendra grand il découvrira peu à peu l’importance de la « propriété privée. On dit que celle-ci est un droit et une juste conquête. C’est évident que donner à chacun la possibilité de gagner à la sueur de son front les biens nécessaires à la vie de tous les jours, comme une maison, une voiture, des habits, un terrain même ou des instruments de travail, est un progrès par rapport à la situation d’un esclave ou d’une personne opprimée qui dépend toute sa vie de ce que les autres lui laissent utiliser pour vivre.

    Mais ne pensez-vous pas que la « propriété privée » est seulement une étape, nécessaire au développement de la personnalité de chaque homme et de l’humanité tout entière, mais qui devrait être dépassée à un certain moment dans le cœur de chacun comme on dépasse la période de l’enfance ou de l’adolescence ?

    Car « posséder » veut dire finalement, s’attacher à quelque chose qu’on a peur de perdre. « Posséder » empêche d’être vraiment libre, car on passe son temps à faire des calculs pour que l’autre ne nous prenne pas ce qu’on possède, et surtout pour posséder encore plus.

    La liberté et la paix intérieures commencent le jour où l’on arrête de posséder, le jour où l’on se rend compte que tout ce qu’on a est simplement un don reçu pour le partager avec les autres, pour en faire profiter les autres et créer ainsi des relations harmonieuses dans la société.

    Pour se persuader de cela, il n’est qu’à faire la liste de tout ce qui est vraiment important dans notre vie et de voir que c’est impossible à posséder. A commencer par les éléments de la nature. Vous croyez qu’on possède l’eau parce qu’on la met dans des galons ou des bouteilles ? Mais vous voyez bien qu’à la fin c’est l’eau qui fait de nous ce qu’elle veut, on doit simplement l’accueillir en nous, la laisser pénétrer et faire en nous son travail bienfaisant sans rien dire. Comme on ne possèdera jamais le feu ou l’air, même si on s’en sert tous les jours.

    Mais peut-on posséder la nature ? Et peut-on raisonnablement penser que l’on possède sa propre vie ? On s’imagine peut-être posséder des connaissances parce qu’on a une bonne mémoire dont on est fier et qui nous fait sentir supérieurs aux autres ? N’est-ce pas mieux d’accueillir simplement ces connaissances et de nous en servir pour le bien des autres, tant que nous le pouvons, sans croire que nous les possédons.

    Peut-on posséder des vertus comme on possède des habits ou une machine à laver, en se refermant sur nous-mêmes, pleins d’orgueil inutile comme l’histoire de ce pauvre homme qui pensait avoir acquis finalement la plus grande humilité et qui en avait fait l’orgueil le plus subtil ?

    Peut-on posséder l’amitié ou l’amour en les enfermant dans un coffre-fort pour que personne ne puisse nous trahir ou nous tromper ? Et surtout peut-on posséder les autres, ou Dieu ou la foi même ? Mais Dieu est sans doute le premier qui ne sait pas posséder, car il sait seulement nous aimer et nous donner la vie. Ne dit-on pas que c’est le diable qui possède ? On parle de gens qui sont « possédés » justement par le diable ou des esprits mauvais…

    Et rien de plus tragique que la vie de celui ou celle qui pense posséder sa femme, son mari, ses enfants ou ses amis ! La vie est un fleuve d’eau bienfaisante que l’on accueille pour la laisser couler aussitôt en la donnant. Refuser de donner cette vie que nous avons reçue gratuitement, en croyant l’arrêter sur nous-mêmes pour la posséder, cela veut dire simplement la détourner de son but et la faire mourir pour toujours. A nous de décider librement dans quelle direction nous voulons aller !

     

    Citations (tirées de « mon-poeme.fr »)

    Ne possédez que pour jouir, et jouissez toujours comme si vous ne possédiez point : vos jouissances en seront plus vives ; vos regrets en auront moins d'amertume ; vos souvenirs plus de charme. (Jacques-Henri Meister)

    L'homme qui possède un ami vaut deux hommes. (Cécile Fée)

    Celui-là est pauvre, quelque opulent qu'il paraisse, qui désire avoir plus qu'il ne possède. (Pierre-Claude-Victor Boiste)

    Ce qui enfante la haine et l'envie, c'est le désir insatiable de posséder plus, toujours plus. (Félicité Robert de Lamennais)

    Content de ce que tu possèdes, abstiens-toi de ce qui ne t'appartient pas. (Phocylide de Milet)

    On ne peut pas ruiner un homme qui ne possède rien. (Honoré de Balzac)

    On ne possède vraiment que par l'esprit, même une femme. (Maurice Chapelan)

    L'homme ne possède réellement que ce dont il fait usage. (Proverbe anglais)

    Une chaumière qu'on possède vaut mieux qu'un royaume qu'on attend. (Proverbe anglais)

    Avoir, ce n'est pas posséder. Pour posséder les choses il faut une certaine vigueur d'âme ; pour les avoir, il suffit d'être riche. (Marie d'Agoult)

    Le bonheur de l'homme ne consiste pas dans les biens qu'il possède, mais dans ceux qu'il donne. (Laurence Sterne)

    La science est comme la terre : on n'en peut posséder qu'un peu. (Voltaire)

    Vous posséder et vous perdre, c'est acheter un moment de bonheur pour une éternité de regrets. (Pierre Choderlos de Laclos)

    Qui ne veut rien sacrifier ne peut rien posséder. (Henri-Frédéric Amiel)

    On n'a le droit de dédaigner que ce qu'on possède. (Henri-Frédéric Amiel)

    Par la contemplation, tu possèdes ; par l'action, tu donnes. (Henri-Frédéric Amiel)

    La gourmandise réside dans l'exquise délicatesse du palais et dans la multiple subtilité du goût, que peut seule posséder et comprendre une âme de sensuel cent fois raffiné. (Guy de Maupassant)

    Moins nous possédons et plus nous pouvons donner (Mère Teresa)

    Celui qui possède parfaitement une vertu les possède toutes. (Pline le Jeune)

    Celui qui possède et celui qui désire n'ont pas les mêmes yeux. (Pline le Jeune)

    Il faut posséder la sagesse pour sentir tout le mérite d'un sage. (Pline le Jeune)

    Un homme qui possède femme et foyer est déjà un peu monarchiste. (Pablo Neruda)

    Ce que l'on ne comprend pas on ne le possède pas. (Goethe)

    On ne possède pas un chat, c'est lui qui vous possède. (Françoise Giroud)

    À quoi bon posséder une bibliothèque très riche, si on est très pauvre d'esprit et de volonté ? (Jules Payot)

    L'homme possède la faculté dangereuse d'inciter les autres à suivre son exemple. (Sigmund Freud)

    Si ton cœur est possédé du bien d'acquérir, tu n'as qu'une chose à faire, travailler, et encore travailler. (Hésiode)

    Être possédé du diable, c'est l'exception ; être possédé de la femme, c'est la règle. (Victor Hugo)

    C'est posséder les biens que savoir s'en passer. (Jean-François Regnard)

    Près d'une femme qui possède le génie de son sexe, l'amour n'est jamais une habitude. (Honoré de Balzac)

    Il n'y a pas au monde un péché que Dieu refuse de pardonner à qui possède le vrai repentir. (Fiodor Dostoïevski)

    C'est peu de posséder l'art de convaincre : Il faut persuader. (Jean-Baptiste Rousseau)

    Jouissez de ce que vous possédez ; espérez ce qui vous manque. (Pierre-Marc-Gaston de Levis)

    Être libre, c'est se posséder soi-même. (Henri Lacordaire)

    Trop d'occasions d'acquérir semblent diminuer la valeur de ce qu'on possède. (Étienne Pivert de Senancour)

    Plus l'homme possède ce qu'il a désiré, plus il chérit ce qu'il possède. (Étienne Pivert de Senancour)

    À celui qui trouve naturel de posséder tout, il semble aussi très simple, à l'occasion, de quitter tout ; et c'est là un trait distinctif de l'homme bien né. (Marie d'Agoult)

    On ne possède bien que ce que l'on partage. (Paul Géraldy)

    On ne possède bien que ce qu'on a payé. (Albert Camus)

    On ne désire pas ce qu'on possède. (Giacomo Casanova)

    Posséder sans jouir n'est rien. (Ésope)

    Il y a plus de gens possédés par les richesses qu'il n'y en a qui les possèdent. (Fernando de Rojas)

    Etre riche, ce n'est pas posséder, c'est posséder trop. (Fréderic Dard)

    Tout ce que tu ne sais pas donner te possède. (André Gide)

    Par envie, le monde ne peut pas souffrir ce qu'il ne possède pas. (Henri-Frédéric Amiel)

    Ma femme n'est pas une femme, c'est une fleur ; on ne la possède pas, on la respire ! (Maxime Du Camp)

    Quand on aime une femme, on hait qui la possède. (Guy de Maupassant)

    Le désir de posséder fait le voleur ; l'amour de la propriété fait l'avare. (Alain)

     

    Pour posséder, il faut avoir désiré. (Marcel Proust)


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