• Regards sur l'humanité

    J’ai récemment écrit et publié une phrase qui disait : « On doit regarder l’humanité d’en haut ou de l’intérieur, mais pas du dehors comme on nous la montre en général. » J’ai été surpris de voir qu’il n’y a eu pratiquement que des réactions positives à mon affirmation, comme si mes lecteurs étaient trop gentils et me faisaient confiance sans me demander des comptes. Alors j’ai pensé tout de même que je devais un peu mieux m’expliquer, parce que notre regard sur l’humanité est finalement si important qu’il peut changer toute notre vie, dans un bon sens comme dans un mauvais sens.

    Et d’abord qu’ai-je voulu dire par « regarder l’humanité d’en haut » ? On aurait très bien pu comprendre ma phrase comme celle d’une personne qui se croit plus intelligent ou supérieur et qui se permet de donner sur l’humanité des jugements qui montrent sa déception, son agacement, son découragement, comme on entend bien souvent.

    Si c’est tout de même un ami qui me lit, il va bien comprendre que mon « regard d’en haut » signifie pour moi toute autre chose. C’est simplement un regard d’amour et de compassion sur cette humanité sans laquelle je n’existerais pas et dont je fais partie à part entière, que j’en sois heureux ou non. Je crois que le regard le meilleur qu’on puisse avoir sur l’humanité est justement de commencer à l’accueillir comme elle est, du fond du cœur, en la remerciant de nous avoir donné l’existence. C’est le regard bienveillant d’un père ou d’une mère par rapport à ses propres enfants ou même à ses propres parents. Car le jour arrive aussi où nos parents se font vieux et faibles et c’est nous qui devons les porter ou les supporter jusqu’à la fin de leurs jours, et ce sera évidemment plus facile si nous avons avec eux cette relation de bienveillance profonde…

    Regarder l’humanité « de l’intérieur » est une conséquence directe de ce regard d’amour que j’ai appris à poser sur elle. Car, pour entrer au cœur de l’humanité, je dois me faire accepter par elle dans une relation de réciprocité et de confiance qui va nous mettre à l’aise tous les deux. Et c’est là aussi que je vais comprendre que l’humanité en quelque sorte n’existe pas, mais qu’existent des hommes et des femmes qui sont quelque part aussi mes frères et mes sœurs de l’aventure humaine, sans lesquels je ne pourrais jamais aller bien loin dans le chemin de la vie.

    Regarder ces frères et sœurs, mes compagnons de voyage, avec amour et compassion, ne veut pas dire que je ne vais pas me rendre compte de tous les problèmes tellement nombreux qui ne cessent de tomber sur l’humanité, depuis toujours et peut-être encore plus par les temps qui courent aujourd’hui. Mais ce regard de l’intérieur qui laisse en même temps bien humblement l’autre regarder en nous, va nous libérer, car la liberté ne se trouve pas en se cachant les uns aux autres nos problèmes, mais en s’encourageant mutuellement à les porter ensemble comme une réalité normale qui ne devrait choquer personne.

    Tandis que si je regarde l’humanité de l’extérieur, bien assis dans le fauteuil de ma supériorité, capable d’analyser et de condamner tout ce qui va mal chez l’autre, comme si cela ne me concernait pas, comme si l’humanité était un corps étranger dont j’aurais seulement à me plaindre toute la journée, alors la vie devient certainement bien lourde et bien triste. Mais c’est malheureusement ainsi que l’homme se rapporte souvent à soi-même, comme s’il était son propre étranger, capable seulement de juger ses frères, mais pas de partager avec lui l’aventure sur cette terre. On comprend alors les suicides, les dépressions, la solitude, les conflits et les guerres que l’on aurait pu tellement facilement éviter avec un peu de bonne volonté ! Sujet crucial qu’on ne peut pas traiter en quelques lignes d’un blog et sur lequel nous reviendrons encore souvent.


    Tags Tags : , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :