Vous avez compris que j’aime bien les provocations, mais là vous allez dire que je dépasse les bornes. Je vais vous montrer ce qu’ont en commun Israël et l’Etat Islamique : ils tournent en rond sur eux-mêmes comme des aveugles et ça finira mal pour tous les deux et ça finira mal pour nous aussi. Car nous sommes tous interdépendants.

Nous avons vu dans notre rubrique « au bout de soi-même » que l’homme ne peut continuer à vivre que s’il va au bout de lui-même, ou bien au fond de lui-même. C’est-à-dire qu’il ne peut pas rester toujours enfermé dans sa médiocrité, dans ses courtes vues, dans ses habitudes sclérosées. Il doit sortir, dehors ou au fond de lui-même c’est finalement la même chose, mais il doit sortir sinon il risque de végéter ou de se dessécher pour toujours. Sortir, cela veut dire surtout rencontrer l’autre pour finalement me rencontrer moi-même dans une dimension beaucoup plus ample, plus belle, où l’on se sent respirer.

Celui qui ne se lance pas dans l’aventure de la relation à l’autre, sans tricher, sans vouloir se servir de l’autre pour le ramener à soi, mais pour établir avec l’autre une relation fraternelle, va devenir malade, va dépérir, va voir les autres s’enfuir à son approche. Ce sera finalement une sorte de suicide indirect.

Mais le monde ne voit-il pas que c’est exactement ce que font nos deux pays à peine cités ? Pour l’Etat Islamique ça crève les yeux : quel pays acceptera d’avoir des relations normales avec une nation qui s’est construite sur la haine et la violence ? Que feront-ils quand ils auront besoin des autres et que tous leur fermeront leurs portes ?

Mais comment Israël pense-t-il construire son avenir en érigeant des murs pour se séparer de ses voisins ? Un jour ou l’autre il devra pourtant établir des relations d’amitié avec ces voisins, sinon il est condamné à dépérir. Les équipes sportives israéliennes ne pourront pas indéfiniment jouer seulement dans des championnats européens, parce qu’au Moyen Orient ils n’oseront jamais se montrer : ce n’est la qu’une image qui peut faire comprendre le problème. Un citoyen israélien ne peut faire du tourisme en Jordanie ou en Egypte, pays qui ont signé officiellement des traités de paix avec Israël, qu’accompagné de voitures de policiers armés jusqu’aux dents : c’est cela le tourisme qui les attire ?

On me dira que c’est la faute des autres. On trouvera mille excuses pour expliquer ces bêtises. Mais si je pars du fait que ces amis israéliens comme ces amis musulmans de Daech sont mes frères, si je veux leur bien malgré toutes leurs folies, je dois les aider à réfléchir qu’ils sont en train de se suicider à petit feu.

Je crois profondément que tout cela s’explique parce que tous ces gens sont des personnes blessées, malades de maladies psychiques graves. Tout ce qu’ils font n’est sans doute même pas leur faute, car ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils font. Les véritables coupables ce sont les nations occidentales, les grandes puissances qui se servent de ces situations extrêmes pour leurs intérêts, pour mettre les pieds dans la région afin qu’au moment de la victoire (et quelle victoire ?!) ils aient une belle part du gâteau.

On ne peut pas continuer à jouer ce jeu mortel indéfiniment. On doit se décider à faire intervenir les Nations Unies pour arrêter ces massacres avant qu’il ne soit trop tard. Mais il faut alors donner aux Nations Unies la capacité de décider et d’intervenir. Aucun pays n’a le droit de s’établir tout seul en gendarme de l’humanité pour servir au fond ses propres intérêts. Et puisque je suis français, je commence par m’adresser à l’Europe en lui disant que ce n’est pas en accueillant quelques centaines de réfugiés chaque année sur son sol qu’elle va résoudre les problèmes du Moyen Orient. Il faut arrêter d’encourager l’Etat Islamique et il faut arrêter d’encourager Israël ! On ne peut pas les comparer, direz-vous ? Tout à fait d’accord, mais leur politique conduit au même suicide collectif, si on ne fait rien pour la changer !