• Au bout ou au fond de soi?

    J’ai toujours beaucoup aimé cette réalité d’aller au bout de soi-même, de se dépasser, d’aller jusqu’à défier nos limites. Mais, ces derniers temps, je pensais souvent combien il est important d’aller aussi au fond de soi-même, de ne pas en rester aux apparences superficielles, mais de chercher là, au fond de soi, où semble nous attendre je ne sais quel secret qui nous attire et qui nous effraie en même temps.
    Alors où se trouve la vérité ? Au bout ou au fond de soi-même ? La question peut être importante, car ce sont deux directions apparemment complètement opposées. Pour aller au bout de soi-même, il faut sortir. Tandis que pour plonger au cœur de soi-même, il s’agit d’entrer, de pénétrer...
    Mais, si l’on réfléchit un tant soit peu, ce dilemme est bien vite résolu. Les images sont toujours utiles comme indication : elles ne sont jamais à prendre totalement au pied de la lettre. Car, en réalité, sortir au dehors ou entrer au-dedans de soi va nous conduire finalement au même résultat. Et c’est cela la surprise. Une surprise merveilleuse, si on a le courage de partir ainsi à l’aventure.
    On s’apercevra bien vite que dans les deux cas il s’agit en effet vraiment d’une aventure, car on part tout à coup dans l’inconnu et on a peur de ce qui va se passer. Au delà de nos limites, nous avons peur de découvrir un monde qui n’est plus fait pour nous, où nous nous sentirons mal à l’aise. C’est bien plus facile de rester au chaud à l’abri de ses limites et de ses habitudes de médiocrité où l’on sait à l’avance que tout est clair, tout est réglé et qu’on ne devrait pas faire de mauvaises rencontres.
    Plonger dans le mystère de notre cœur ou de notre esprit, c’est aussi risquer d’y découvrir peut-être on ne sait quel monstre caché qui va bientôt nous empêcher de dormir. C’est mieux, semble-t-il, d’en rester aux banalités que notre personnalité s’est forgée au cours des années, où nous savons à peu près qui nous sommes et où les autres ont aussi l’habitude de nous retrouver.
    Mais là est justement la surprise merveilleuse que sortir de soi ou rentrer en soi profondément, c’est d’abord découvrir l’autre, celui qui est différent de nous, mais c’est surtout commencer à se découvrir réellement soi-même. Magie, prestidigitation ? Et pourtant qui n’a pas fait au moins quelques fois dans sa vie cette expérience ?
    Si j’accepte de sortir de moi pour pénétrer dans le secret de l’autre qui m’attire et m’effraie en même temps, je vais trouver tout un univers apparemment nouveau, mais qui existait déjà en moi en puissance, et que je n’aurais jamais connu si j’étais resté tranquille dans mon coin. Ma véritable personnalité se dégage peu à peu de ces rencontres « à la limite ». Quand je pense par exemple à toutes les richesses que mes amis du Liban ou du Moyen Orient m’ont fait peu à peu trouver en moi-même, bien plus sans doute que si j’étais resté bien sage en France dans ma petite ville de province !
    Et si je descends au fond de mes secrets cachés, ceux que je n’osais pas même regarder en face, je vais y découvrir là aussi les traces de rencontres qui m’ont marqué, sans que j’en sois conscient, depuis mon enfance jusqu’à aujourd’hui, je vais y rencontrer aussi de nouveaux horizons insoupçonnés et je vais apprendre à être vraiment moi-même. Ce moi-même ne sera peut-être pas facile à accepter du premier coup, mais, si j’ai le courage de le faire, il va m’ouvrir sur une liberté nouvelle et va m’enseigner comment comprendre aussi mes compagnons de voyage sur cette terre.
    Miracle d’un cheminement où j’avais peur sans doute de ne plus être moi-même et où j’ai soudain découvert dans le même horizon l’autre et moi-même, moi-même en l’autre et l’autre en moi-même, sans confusion mais aussi sans crainte. Car plus je découvre l’autre et plus je me découvre moi-même. Qui l’aurait dit au départ ? L’important est donc de toujours être en chemin, de ne jamais rester faussement tranquille sur les acquis d’hier, mais de tout remettre en jeu chaque jour, car la vie avance d’elle-même et vouloir la fixer pour toujours sur de fausses certitudes serait comme mettre en cage l’oiseau de notre personnalité et de notre liberté...


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Dimanche 10 Mai 2015 à 15:12

    Comme c'est vrai ! Il y a aussi les  corconstances de la vie qui me poussent à entrer en moi -même et à "regarder" le monde , la vie et l'autre sous un angle nouveau qui peut me bousculer ....et là je peux soit me renfermer en moi-même,  soit m'ouvrir encore plus ...ou même, me renfermer en un  premier temps, pour pouvoir, justement, me lancer au dehors...

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