• De Marc à Matthieu 26 (2)

    [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 26 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2017]

    Se laisser « manger » pour toujours…

    « Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna, en disant : ‘Prenez, ceci est mon corps.’ » (14,22) (cf. Mt 26,26 : « Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant : ‘Prenez, mangez : ceci est mon corps’. »)

    Que dire devant une phrase pareille que l’on entend chaque fois que l’on participe à une messe ? Un Dieu qui nous dit, en toute simplicité : « Prends-moi et mange-moi ! » …

    Nous sommes peut-être tellement habitués à écouter cette phrase qu’elle fait partie de notre paysage vital et nous ne nous laissons même plus surprendre.

    Alors, je voudrais vous proposer aujourd’hui de vous arrêter un instant devant ces mots qui ont quelque chose de magique, et de vous laisser émerveiller avec moi et émouvoir. Car, sinon, cela voudrait dire que toute notre vie va se passer à côté d’un trésor immense, nous allons continuer à nous plaindre d’une foule de problèmes quotidiens et nous n’allons même pas voir qu’un Dieu s’est arrêté tout humblement sur le seuil de notre porte et nous dit : « Prenez-moi et mangez-moi ! »

    Il ne nous pose même pas de conditions, comme nous le faisons, nous, lorsque nous confions un trésor à quelqu’un : fais-y bien attention, ne le casse pas, conserve-le dans un endroit qui soit sûr, ne le donne pas à n’importe qui. Non, on dirait que Jésus sait déjà qu’on va le maltraiter, on va le manger et l’oublier, on va le laisser pénétrer en nous et le trahir tout de suite, comme si on n’avait jamais entendu ses paroles.

    C’est la liberté totale d’un Dieu qui n’a pas peur d’être sali dans la boue humaine, qui continuera à nous aimer et à nous tirer de l’obscurité, même si nous faisons le contraire de ce qu’il nous a conseillé.

    Mais quelle liberté nous pouvons expérimenter à notre tour lorsque nous sommes capables, au moins un peu, de nous laisser « manger » nous aussi par les gens que nous rencontrons, sans condition ! Quelle liberté lorsque nous cessons finalement de faire des calculs dans notre amour, en prétendant que l’autre soit bon avec nous comme nous avons été bons avec lui.

    Combien de fois par jour ne disons-nous pas ou ne pensons-nous pas au moins : chaque fois que j’aime quelqu’un, il profite de ma bonté et de ma faiblesse ! Le jour où tout cela nous sera indifférent, alors les gens viendront à nous tout simplement, car ils pourront finalement expérimenter avec nous que la seule liberté sur cette terre est de se laisser prendre et manger par nos frères et sœurs en humanité sans plus avoir peur des conséquences. Cela vaut vraiment la peine d’essayer…


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