• Vases communicants

    La nature a toujours été une grande amie de l’homme. Il lui arrive bien de faire des caprices et même de provoquer des catastrophes épouvantables, souvent causées d’ailleurs, directement ou non, par la négligence de l’homme, mais le plus souvent la nature est une compagne apaisante, sécurisante, qui remet souvent les choses en place, là même où l’homme l’avait maltraitée.

    C’est qu’il y a des lois dans la nature qui permettent le plus souvent de deviner  à l’avance ce qui va se passer et de ne pas trop s’inquiéter du lendemain. Ces lois sont par exemple celles de la succession harmonieuse des saisons ou de l’équilibre entre le chaud et le froid, entre le sec et l’humide. Mais je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur le principe des vases communicants que nous avons tous étudié à l’école dans notre jeune âge.

    C’est extraordinaire comme cette réalité des vases communicants vient toujours tout équilibrer. Trop d’eau d’un côté, pas assez de l’autre ? Laissons le surplus de l’eau abondante se déverser là où elle manquait et tout va redevenir harmonieux. Mais il faut laisser faire la nature, évidemment. L’homme est toujours tenté de mettre des murs ou des barrages partout pour tout contrôler, mais en contrôlant il enferme, il bloque, il paralyse.

    Cette loi des vases communicants est d’abord une loi physique, mais je voudrais l’appliquer aujourd’hui à la réalité politique dans laquelle nous nous trouvons. Il est évident que notre pauvre Moyen Orient est depuis un certain temps écrasé, secoué, divisé par une chaîne d’injustices qui viennent l’une après l’autre rendre l’atmosphère de plus en plus irrespirable. Comment en sortir ? L’idéal serait que le bon sens, la conscience, l’intérêt commun, le désir d’aider les plus faibles finissent par trouver des solutions valables pour résoudre nos problèmes, mais tout cela semble s’éloigner chaque jour un peu plus.

    Mais la surprise c’est de voir ces derniers temps que l’intervention de la Russie est en train de changer les cartes qui étaient sur la table et de redonner de l’espoir à beaucoup. La Russie, ou la Chine seraient-elles des pays modèles qui pensent d’abord à secourir les opprimés et qui sont capables de dépasser leurs propres intérêts pour servir vraiment l’humanité ? Je pense que personne ne se fait beaucoup d’illusions sur ce sujet. Sans vouloir être méchant, je crois que la politique internationale est encore aux mains de multinationales qui n’ont pas beaucoup de scrupules pour essayer de dominer les autres sur l’échiquier mondial.

    Alors que se passe-t-il ? Simplement que ces injustices créent des vides, beaucoup de vides quelque part, et que des pays comme la Russie ou la Chine y voient une aubaine pour trouver ou retrouver une influence sur le monde que les pays occidentaux essayaient de garder pour eux. Le monde est-il plus honnête, plus altruiste ? Au niveau individuel, on trouve beaucoup de gens disponibles pour servir leur peuple ou même les autres peuples, mais au niveau social bien des pas restent à faire pour purifier le monde politique de tous ses égoïsmes. C’est que la nature a horreur du vide et quand un vide se crée, il se trouve toujours quelqu’un pour le remplir.

     

    On peut faire la même considération en économie. Les riches exploitent les pauvres, ils deviennent toujours plus riches et les pauvres plus pauvres. Mais, à un certain moment, cette dynamique malsaine ne peut plus continuer, parce que si les pauvres sont trop pauvres, à qui les riches vont-ils vendre leurs produits ? Chacun a finalement « intérêt » à ce que les autres aillent mieux, même si ses intentions étaient au départ complètement fermées aux problèmes des autres.

    Et c’est exactement la même chose pour la construction de la paix. La paix est encore loin, mais les rares pays de la région qui connaissent encore un peu de paix à l’intérieur de leurs frontières commencent à se rendre compte que créer des conflits chez le voisin finit par se retourner contre soi-même. De la même manière que vendre ou écouler des armes peut sembler profitable économiquement, mais provoque une telle violence, en augmentant les problèmes du terrorisme ou des réfugiés, que la situation va déborder un jour ou l’autre sur tous ces pays qui jouent avec le feu.

    Alors nous tombons à nouveau dans le piège d’un optimisme béat ? Certainement pas. La situation au Moyen-Orient reste toujours dramatique. Mais ce drame ne dépasse pas encore certaines bornes. Les conflits sont nombreux, mais ils ne sont pas encore généralisés. Personne ne veut plus penser à la possibilité d’une troisième guerre mondiale qui serait peut-être fatale pour tout le monde. Les intérêts généraux ont eux aussi leur « bon sens ». On se rend bien compte que continuer à dominer l’autre ou à le frapper se retournera un jour contre nous, chacun de nous…

     

    Derrière cet équilibre encore précaire, le croyant voit certainement la main de Dieu, capable de faire ressortir du bien même de situations qui n’ont apparemment apporté jusqu’ici que du mal. Celui qui ne croit pas en Dieu, mais qui croit en l’homme pourra voir dans tout cela le sursaut d’une humanité qui refuse d’en arriver à un suicide collectif et qui croit encore que l’homme a assez de ressources pour ne pas tomber comme un aveugle dans le précipice qu’il s’est lui-même créé. Nous cherchions des passepartouts pour ouvrir nos portes et nos murs. Le bon sens des « vases communicants » peut certainement nous redonner de l’espoir !


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Mercredi 11 Novembre 2015 à 18:04
    J'aime bcp ta théorie des vases communicants !!!!surtt le "bon sens" des vases communicants !
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