• « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers rangs dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d’autant plus sévèrement condamnés. » (Mc 12,38-40)

    C’est incroyable quand on y pense ! Jésus n’a jamais dit de se méfier des romains qui occupaient la Palestine et qui n’étaient sûrement pas en général des modèles d’humanité. Il n’a pas dit de se méfier des samaritains qui ne parlaient pas aux juifs, ni des publicains qui volaient souvent l’argent des pauvres gens, ni des femmes de mauvaise vie qui entrainaient bien des hommes loin des devoirs de leurs familles, ni des païens ou de tous ces étrangers qui étaient une menace pour son peuple. Au contraire il a montré une immense bienveillance envers tous ces gens-là, pour nous enseigner peu à peu qu’en tout homme il y a un trésor à découvrir et à faire fructifier, bien au-delà des premières apparences.

    Mais de qui veut-il qu’on se méfie ? De ceux-là justement qui devraient être nos guides sur le chemin de la vérité et qui ont détourné cette vérité pour leurs profits et leurs propres intérêts, sans pitié pour les pauvres gens qu’ils étaient justement censés aider et éclairer. C’est cela que Jésus ne supporte pas, car il y voit un véritable détournement, un piège qui ne peut conduire qu’à des conséquences mortelles.

     

    Au lieu d’aller chercher maintenant autour de nous les personnes responsables de nos Eglises ou de nos peuples qui font du mal, pour commencer nous aussi à nous méfier et à nous éloigner d’eux, je crois que la leçon principale que l’on peut tirer de ce passage est une grande leçon d’humilité. Nous qui nous sentons sans doute responsables d’une mission de sagesse ou d’éducation dans la société, parce que nous sommes instruits, parce que nous pensons avoir fait de profondes expériences du véritable sens de la vie, mettons ces expériences au service des autres, mais ne nous en servons pas pour d’autres buts, pour les dominer par exemple. Chaque lumière est un don immense, mais ce n’est au fond qu’un service, rien de plus. On dirait que la responsabilité fait tourner la tête. C’est pour cela sans doute qu’il est sage de ne pas rester trop longtemps avec les mêmes responsabilités dans la société ou l’Eglise. Souvenons-nous que nous n’avons jamais autre chose à faire que de donner notre vie pour les autres, cela suffira à nous combler jusqu’à la fin de nos jours.


    votre commentaire
  • De « citation-celebre.leparisien.fr »

    Souviens-toi qu’au moment de ta naissance tout le monde était dans la joie et toi dans les pleurs. Vis de manière qu’au moment de ta mort, tout le monde soit dans les pleurs et toi dans la joie.

    Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse.

    Lorsque Dieu ferme une porte, il en ouvre toujours une autre.

    Le chameau ne voit pas sa propre bosse, il voit la bosse de son frère.

    Le pardon est la plus belle fleur de la victoire.

    Dans la nuit noire, sur la pierre noire, une fourmi noire. Dieu la voit.

    N’ouvre la bouche que si tu es sûr que ce que tu vas dire est plus beau que le silence.

    Si Dieu ne pardonnait pas, son paradis resterait vide.

    On peut vivre sans frère, mais non pas sans ami.

    Vous oublierez peut-être les gens avec qui vous avez ri, mais jamais ceux avec qui vous avez pleuré.

    Qui ment pour toi, mentira contre toi.

    Celui qui les yeux ouverts sur ses propres défauts verra son âme acquérir une force nouvelle.

    Un chien reste un chien même s’il a une queue en or.

    Ce qui est passé a fui ; ce que tu espères est absent ; mais le présent est à toi.

    Ne coupe pas l’arbre qui te donne de l’ombre.

    Ecris les choses néfastes que l’on t’a fait subir dans le sable, mais grave les bonnes dans le marbre.

    Qui s’instruit sans agir, laboure sans semer.

    Si tu ne peux être une étoile au firmament, sois une lampe dans ta maison.

    L’optimisme vient de Dieu, le pessimisme est né dans le cerveau de l’homme.

    Là où la diplomatie a échoué, il reste la femme.

    Le trop de quelque chose est un manque de quelque chose.

    La colère du vrai croyant ne dure que le temps de remettre son turban en ordre.

    Le monde est du côté de celui qui est debout.

    Les chiens aboient, la caravane passe.

    Un vase ne répand que ce qu’il contient.

    Celui qui regarde au-dessus de soi a mal au cou.

    La conscience ne consiste pas en ce qui est conservé dans les livres, mais bien en ce qui se grave dans les cœurs.

    Un médecin n’est pas un bon médecin s’il n’a été lui-même malade.

    Qu’aucun de vous ne dise : mon âme est mauvaise. Qu’il dise : mon âme a de mauvais penchants.

    Mesure la profondeur de l’eau avant de t’y plonger.

    L’arbre du silence porte les fruits de la paix.

    Plutôt que de se promener sur la rive et regarder le poisson d’un œil d’envie, mieux vaut rentrer chez soi et tisser un filet.

    A quoi sert la lumière du soleil si on a les yeux fermés ?

    Etendez vos pieds selon la couverture.

     

    C’est ouvrir une digue que de commencer un procès.


    votre commentaire
  • « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » (Mc 12, 34)

    Quelle phrase admirable, qui peut nous donner un immense espoir ! Nous pouvons nous aussi être tout proches du royaume de Dieu, comme ce scribe venu interroger Jésus. Ce scribe à qui Jésus vient d’expliquer quels sont les deux commandements les plus importants : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. A la réponse de Jésus, « le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. »

    Comme pour de nombreuses phrases de l’Evangile, la tentation est forte de s’arrêter là. Que voulons-nous de plus ? N’est-ce pas suffisant d’avoir déjà cette certitude que le royaume de Dieu est ici, presque à portée de notre main ? Eh bien, non ; si on comprend le fond de la pensée de Jésus, je crois qu’il nous invite ici à aller encore bien plus loin avec lui. D’abord parce que le but de Jésus n’est pas de nous faire approcher son royaume, comme si nous nous arrêtions devant la porte. Non, Jésus veut nous faire entrer dans ce royaume, dès maintenant, sans attendre après la mort, comme malheureusement beaucoup de gens pensent encore.

    Et le royaume de Dieu est là, en la personne de Jésus lui-même. Jésus, avec le Père et le Saint Esprit est le royaume de Dieu présent déjà au milieu de nous. Alors comment faire pour entrer dès ici-bas dans cette vie de la Trinité qui s’offre et qui s’ouvre à nous ? Jésus ne veut pas brûler les étapes. Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende. Il nous laisse le temps de digérer ce qu’il nous dit et de faire l’effort de découvrir par nous-mêmes cette vérité qui nous tend la main. Et cette vérité, c’est qu’aimer Dieu et aimer le prochain deviennent à un certain moment une seule et même réalité. L’Evangile de Marc va nous amener ici jusqu’au seuil du royaume, mais les Evangiles de Matthieu et de Jean vont nous donner la clé de lecture finale. « Là où deux ou trois sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » nous dit Mt 18,20. Et « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » ajoute Jn 13,34. « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection. » (1 Jn 4,12) Voilà le secret : il ne s’agit pas d’aimer Dieu d’un côté par moments et d’aimer notre prochain d’un autre côté à d’autres moments. Non, si l’on veut goûter au royaume de Dieu sans attendre, il nous suffit d’aimer à chaque instant Dieu et le prochain, le prochain en Dieu et Dieu dans le prochain et Dieu sera alors au milieu de nous et en nous, et nous, nous serons en lui. Et tout l’Evangile nous porte à cet unique et immense trésor que Jésus nous a apporté du ciel en descendant sur la terre. Ce ne sera pas toujours facile à vivre, mais si simple au moins à comprendre, quand on a commencé à en faire l’expérience !

     

     


    votre commentaire
  • Je suis tombé récemment, dans un recueil de citations, sur une citation de Louis Calaferte (écrivain français mort en 1994) tirée d’un livre qu’il a publié en 1990. Dommage qu’il ne soit plus là pour qu’on puisse dialoguer. Mais je me demande où il a pris ses idées sur l’essence du christianisme. Voyez plutôt :

    « Dans cette civilisation de masse, quoi de plus logique que le progressif affaiblissement du christianisme qui, en essence, est distinction de l’individu, appel réitéré à sa dignité, son effort, sa valeur, sa discipline morale, sa maîtrise, sa grandeur ? En quoi cela concernerait-il cette fourmilière promise non pas à quelque sublimation future, comme certains imposteurs politiques y ont intérêt, ou certains optimistes irréfléchis le prétendent, mais à l’épreuve d’une terrible barbarie ; car la seule et dramatique question qui vaut aujourd’hui d’être posée est celle-ci : quand et de quelle façon se produira la réduction du nombre ? » 

    En espérant que cette citation ne soit pas la pensée de notre écrivain, mais peut-être d’un personnage imaginé par lui, je ne voudrais pas commettre d’injustice et je réponds donc seulement à la citation qui m’a véritablement scandalisé. Si c’est cela le christianisme, une religion d’individus qui se croient une élite digne de mépriser la masse ou la fourmilière du peuple ignorant et barbare, alors je peux comprendre que le christianisme n’a pas grand-chose à dire à l’humanité d’aujourd’hui et de toujours.

    Il y a là une confusion terrible contre laquelle il faut vraiment savoir se révolter si l’on croit encore en la force et la beauté du message de Jésus. Bien sûr que Jésus est venu pour libérer l’homme, chaque homme, de l’esclavage de la masse anonyme où chacun n’existe que comme un numéro insignifiant. L’Evangile est venu redonner à chaque personne son importance unique. Chaque homme, chaque femme ont autant de valeur que l’univers entier, car ils représentent le miracle de l’homme créé à l’image de Dieu qui dépasse en grandeur et dignité tout le reste de l’univers.

     

    Mais ce n’est pas l’individu tout seul qui est important, détaché des autres. Jésus est venu créer une civilisation de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » A cette condition seulement, Dieu vient demeurer en nous et nous en lui. Et personne ne sera jamais exclu de ce grand dessein d’amour sur l’humanité, même la personne la plus faible, la plus démunie, comme l’a bien compris Mère Teresa dans les rues de la « fourmilière » de Calcutta. Je suis important, parce que je suis « moi » et non pas « toi », mais je suis « moi » avec « toi », sinon je ne suis rien qu’une pauvre épave à la dérive sur l’océan d’une humanité en guerre et en tempête où chacun essaye de s’en tirer comme il peut en écrasant les autres au lieu de les sauver avec lui. Ou le christianisme revient à ses racines merveilleuses, ou bien il sera bientôt balayé définitivement par le vent de l’histoire comme le pensent déjà de nombreuses personnes. Et elles n’ont pas tort si le christianisme s’est réduit à la gloire d’une élite d’individus !


    votre commentaire
  • L’amour a deux visages, deux moments, deux dynamiques : aimer et être aimé. Les deux sont importants, terriblement importants et interdépendants, car ils s’équilibrent l’un l’autre.

    Mais tout a commencé bien sûr, pour chacun de nous, par l’« être aimé », le jour où notre mère nous a mis au monde. Cette vie, que nous n’avons pas demandée, nous a été donnée un jour comme une immense surprise, tellement forte qu’elle nous a comblés de bonheur et en même temps plus ou moins traumatisés.

    Mais le traumatisme a normalement été compensé par les marques d’amour incessantes de nos parents et de toute notre nouvelle famille. Nous nous sommes laissé faire, plus ou moins volontiers. Nous avons appris comme il est beau de recevoir l’amour des autres et même de la nature, de tout ce qui dans la nature peut nous offrir de la joie ou du plaisir. Une nourriture exquise, une musique agréable, la chaleur du soleil ou la fraîcheur d’une brise légère, l’harmonie des couleurs ou d’un beau paysage.

    Mais nous avons rapidement pris conscience que nous aussi nous pouvions donner à notre tour de l’amour à notre entourage et que plus nous répondions à notre maman pour commencer par nos propres baisers ou caresses et plus ces marques d’affection redoublaient à notre égard : premier apprentissage de la réciprocité, garantie de l’amour véritable.

    Jusqu’au jour où « l’autre », par fatigue ou manque de temps, par impatience ou pour une foule d’autres raisons, a commencé à diminuer tous ces signes d’attention envers nous. Et nous avons tout de suite expérimenté les premiers sentiments de solitude ou de jalousie. Nos réactions violentes ou nos caprices ont bien réussi par moments à ramener sur nous les préoccupations, mais nous avons dû nous y faire : la vie n’est pas toujours faite tout au long de la journée de la joie d’être aimé, c’est au moins ce qui nous semble au premier abord.

    Notre journée a donc été remplie peu à peu de longs moments d’ennui, mais aussi de milliers et de milliers de petites inventions pour chercher à droite et à gauche de nouvelles sources de joie ou de bonheur, dans un équilibre instable où égoïsme, responsabilité et générosité essayent de s’alterner.

    Ce qui est sûr c’est que la vie n’est pas facile. Elle se remplit peu à peu de difficultés, de problèmes, de peurs de toutes sortes, la peur surtout de ne plus jamais retrouver cet amour que notre mère avait déversé sur nous aux premières heures.

    Jusqu’au jour où l’on découvre qu’il est encore plus beau d’aimer que d’être aimé. Comment et pourquoi cela ? C’est une longue histoire dont nous parlerons un autre jour pour que notre article ne devienne pas trop long. Mais la découverte extraordinaire que nous faisons soudain un jour, ou peu à peu selon les personnes, c’est que cet amour que nous avons reçu au départ de l’extérieur se trouve maintenant au plus intime de nous-mêmes. Nous avons enfin découvert en nous la source de l’amour et plus n’est besoin d’aller la chercher désespérément comme on essaye d’attraper un papillon qui se dérobe toujours à nos attaques.

    A partir de ce moment-là, il ne nous manque plus rien jusqu’à la fin de nos jours. Et le plus beau c’est que nous allons rencontrer chaque jour de nouvelles personnes qui ont commencé comme nous à faire cette expérience sublime. L’amour est en moi, l’amour est en toi, nous pouvons le déverser au juste moment sur les autres dans cette merveille qu’est la réciprocité, mais même lorsque manque la réciprocité, il ne me manque plus rien parce que tout dépend désormais de moi-même. Tout ou presque, car nous ne sommes pas des robots d’amour, nous avons encore nos limites, nos fatigues, nos faiblesses, mais la leçon est claire pour toujours.

     

    Et je crois que c’est cela la véritable maturité de l’homme ou de la femme : se rendre compte un jour que la mère qui nous manque parce qu’elle n’a pas su nous combler, ou parce qu’elle est limitée comme chacun de nous, ou parce qu’elle nous a plus ou moins abandonnés, ou parce qu’elle semble partie pour toujours, cette « mère » est désormais en nous. Car chaque fois que nous donnons notre vie pour les autres, chaque fois que nous inventons la joie ou le bonheur des autres, nous avons par réaction en nous un bonheur infini : nous nous sommes branchés pour toujours sur la source de l’amour et celle-ci, si nous le voulons, jamais ne pourra mourir !


    votre commentaire