• "Comme un païen ou un publicain"

    « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l’Eglise ; s’il refuse encore d’écouter l’Eglise, considère-le comme un païen ou un publicain. » (Mt 18,15-17)

    Je vais vous avouer ici que j’ai lu cette phrase pendant presque toute ma vie, des dizaines et des dizaines de fois, et je n’avais pratiquement rien compris. Oui, j’y voyais un peu de sagesse pratique de Jésus pour la communauté naissante de l’Eglise. De bons conseils pleins de bonté et de délicatesse. Si quelqu’un de la communauté nous fait des problèmes, il faut d’abord essayer gentiment de le reprendre seul à seul, pour ne pas le choquer. Puis, si ça ne va toujours pas, on se fait aider par un autre membre de la communauté. Ainsi de suite jusqu’au moment où l’on a épuisé toutes ses ressources, et si l’on a échoué, on doit se résoudre la mort dans l’âme à éloigner cette mauvaise âme de la communauté pour qu’il ne nous empêche pas de vivre. C’est triste, mais on ne peut pas toujours avoir des solutions parfaites, il y a la liberté et la faiblesse de l’homme.

    Eh, oui, c’est à peu près ce que je pensais, jusqu’au jour où j’ai eu comme une illumination qui a tout changé pour moi. C’est vrai que nous sommes faibles et que nous ne sommes pas Dieu pour résoudre tous les problèmes du monde. Mais que veut dire en fait « considère-le comme un païen ou un publicain » ? Mais Matthieu, qui a écrit cet Evangile, n’était-il pas lui-même un publicain ? Et dans son Evangile ne voit-on pas tout l’amour de Jésus pour des païens comme le centurion romain et la cananéenne ? Vous comprenez maintenant, ou vous l’aviez sans doute compris avant moi : Jésus s’adapte sans doute à nos limites et à notre faiblesse, il ne peut pas nous demander des efforts qui vont au-delà de nos forces. Mais là où notre pauvre amour encore à ses débuts se referme sur lui-même, Jésus est là pour continuer le travail du Royaume. Ces personnes sont trop difficiles pour vous, semble nous dire Jésus, ne vous inquiétez pas, c’est moi qui y penserai, je m’en occupe.

    Tout peut alors changer dans notre vision de l’Eglise et de l’humanité. Nous ne sommes pas dans le monde pour juger les gens par catégories, entre les bons et ceux qui ne sont pas capables de comprendre. Non, désormais nous allons partir avec Jésus à la recherche des personnes les plus difficiles (comme nous l’étions peut-être nous-mêmes autrefois, là où Jésus est venu nous chercher). Et notre nouvelle passion sera de donner notre vie, à notre tour, avec Jésus et le Père, « pour qu’aucun de ces tout-petits ne se perde. » C’est une Eglise avec cet esprit-là qui pourra réconcilier le monde avec Dieu, dont il s’est probablement tellement éloigné parce que les disciples de Jésus avaient oublié en chemin l’amour de Dieu…

     


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