• Espoir malgré tout?

    J’ai été touché récemment par l’interview faite à « L’Orient Le Jour » au fameux artiste dissident chinois Ai Weiwei de passage au Liban. Ai Weiwei qui est un artiste engagé, sensible à tous les drames actuels de l’humanité, en particulier celui des réfugiés, répondait à la question finale : « S'il fallait retenir un sentiment, un mot ? » par ces quelques paroles très brèves : « Ce serait l'espoir. Même dans ces situations affreuses, il y a toujours l'espoir d'une vie meilleure. Riche, pauvre, désespéré, il reste toujours du temps pour apprécier la vie. Heureusement... J'espère que cet espoir sera réalité. » Tout cela en étant aussi bien conscient que « ce n'est pas aussi simple. »

    La question est donc de savoir si l’on peut ou non espérer. Et l’on s’apercevra bien vite que toute notre vie est une longue bataille entre l’espoir et le désespoir. On peut essayer de diviser l’humanité entre ceux qui ont encore de l’espoir et ceux qui n’en ont plus, mais la vérité est que cette division est présente en fait au cœur de chacun d’entre nous.

    Et la question est tellement complexe. L’espoir n’est pas en effet une fuite de la réalité et de ses problèmes, car ce serait pire encore, on finirait par ne plus jamais croire à toute forme d’espoir qui nous aurait sans cesse immensément déçus. Le seul espoir possible c’est celui qui a donné ses preuves, qui nous a montré un jour ou l’autre que nous avions bien fait d’espérer car de nouveaux horizons se sont en effet ouverts devant nous au-delà de toute attente apparemment possible.

    Et pourtant l’humanité est toujours en train de se plaindre, de protester, de crier, de dénoncer. La plupart des nouvelles véhiculées chaque jour par nos médias sont de couleur presque toujours plus grise, pour ne pas dire plus sombre ou complètement opaque. Cela voudrait dire que l’humanité dans son ensemble a véritablement perdu l’espoir ? Je ne le crois pas et je vais vous dire pourquoi.

    La vérité c’est que nous sommes trop dépendants de notre passé et cela se comprend très bien puisque c’est la seule réalité que nous connaissons. Le présent est tellement rapide et éphémère que la plupart du temps nous n’avons pas la possibilité de comprendre ce qui nous y arrive. L’avenir est bien hypothétique et vague devant nous. Alors nous nous défoulons sur notre passé et tout ce qui nous y a déçus. Mais cela ne veut pas dire du tout que l’espoir soit mort et c’est cette vérité que je voudrais crier aujourd’hui de tout mon cœur en ces quelques lignes.

    Si l’on observe une mère de famille, éreintée à la fin de sa journée, malade peut-être, et qui continue de tout son cœur à s’occuper de ses enfants et qui se plaint au téléphone qu’elle n’en peut plus. Si l’on écoute les peuples du Moyen Orient qui sont écrasés, opprimés, abandonnés par une grande partie de l’humanité et qui passent leur temps à dire que la vie est impossible, mais qui se battent du matin au soir avec une émouvante générosité pour alléger les souffrances de leurs frères ou sœurs les plus démunis. Si l’on écoute les Européens qui ont une peur terrible de perdre le bien-être, peut-être un peu égoïste, qu’ils s’étaient construit, mais qui multiplient les associations de solidarité comme jamais sans doute il n’y en a eu au cours des siècles de l’histoire… On s’aperçoit que la vie suit son cours et que l’humanité est toujours en marche, bon gré mal gré, vers un avenir qu’elle voudrait plus juste, plus transparent, plus humain.

    Car il faut surtout se garder de conclusions rapides et confondre les plaintes, la peur et l’angoisse avec le désespoir. La peur et l’angoisse en particulier sont des sentiments qu’on ne peut pas maîtriser, qui jaillissent spontanément dans notre esprit sans même que nous le voulions et qui nous dérangent, nous empêchent de respirer. Mais ce n’est pas la peur et l’angoisse qui forment notre personnalité. Car ce qui forme notre personnalité, c’est l’espoir. Personne ne peut nous imposer l’espoir. L’espoir sera toujours une libre décision que nous aurons prise au fond de notre esprit et de notre cœur, malgré toutes les circonstances apparemment hostiles qui conditionnent notre vie de tous les jours. Et c’est cela qui fait notre grandeur d’être homme.

     

    Ne nous laissons donc plus impressionner par tous ces gens qui se disent désespérés car ils souffrent vraiment, mais qui continuent chaque matin à se lever et à essayer de faire quelque chose de positif de leur vie, qui ont des êtres chers à nourrir et à soigner, des amis à réconforter. Et un seul ami, un seul frère ou une seule sœur que je réconforte, c’est comme si je faisais du bien à toute l’humanité et c’est suffisant pour que l’espoir continue à briller dans mon cœur. Et c’est comme cela que demain matin j’aurai encore une raison positive de faire l’effort de me lever car l’espoir continuera à me soutenir. Le jour où l’espoir serait mort, la vie aurait perdu tout son sens et ce ne serait plus la vie. La vie c’est l’espoir et l’espoir c’est la vie ! Hors de ce pacte réciproque notre existence serait en effet bien sombre ! 


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  • Commentaires

    1
    Hayat
    Mercredi 4 Mai 2016 à 20:28
    Et qd l'epoir s'évanouit il reste encore l'espérance ...
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