• Luc 17

    Voici encore un chapitre capable à lui seul de changer toute une vie, tellement il est riche d’esprit divin. On y retrouve des sujets déjà approfondis en Marc, Matthieu et Luc lui-même, tels que le pardon, la foi ou le salut, mais dans une nouvelle synthèse. Mais l’essentiel du chapitre y est tout de même vraiment original et ouvre de nouvelles perspectives étonnantes.

    Luc commence par revenir sur le problème du péché et du scandale qu’il provoque : « Jésus disait à ses disciples : ‘Il est inévitable qu’il arrive des scandales qui entraînent au péché, mais malheureux celui par qui ils arrivent. Si on lui attachait au cou une meule de moulin et qu’on le précipite à la mer, ce serait mieux pour lui que d’entraîner au péché un seul de ces petits. Tenez-vous sur vos gardes !’ » [En Mt 18,6, nous avions déjà trouvé à peu près la même affirmation terrible : « Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une des ces meules que tournent les ânes, et qu’on l’engloutisse en pleine mer. »]

    Puis, en harmonie avec Matthieu, Luc nous parle ensuite du pardon : « Si ton frère a commis une faute contre toi, fais-lui de vifs reproches, et, s’il se repent, pardonne-lui. Même si sept fois par jour il commet une faute contre toi, et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : ‘Je me repens’, tu lui pardonneras. »

    Et de là, Luc passe à la réalité de la foi avec ce cri original des apôtres qui devrait nous toucher tellement fort : « Les apôtres dirent au Seigneur : ‘Augmente en nous la foi !’ Le Seigneur répondit : ‘La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous obéirait.’ »

    Et ensuite un passage original qui donne vraiment à réfléchir : « Lequel d’entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira du retour des champs : ‘Viens vite à table’ ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour’. Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : ‘Nous sommes des serviteurs inutiles : nous n’avons fait que notre devoir’. » [Une autre traduction dit : « Nous sommes des serviteurs quelconques. »]

    A partir de là, et jusqu’à la fin du chapitre, tout est original chez Luc, à part deux petits passages sur le salut, sur lesquels nous avons déjà eu l’occasion de nous arrêter. Mais voici d’abord le fameux épisode de la guérison des dix lépreux : « Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : ‘Jésus, maître, prends pitié de nous.’ En les voyant, Jésus leur dit : ‘Allez vous montrer aux prêtres’. En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or c’était un Samaritain. Alors Jésus demanda : ‘Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n’y a que cet étranger !’ Jésus lui dit : ‘Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé’. »

    Ce qui suit est enfin un recueil des paroles de Jésus appelé « petite apocalypse », pour la distinguer du chapitre 21 où Luc reprendra le discours apocalyptique de Marc. C’est un passage terrifiant d’un côté, mais où Jésus nous explique que tout ce déchaînement du mal est en même temps le signe que le Fils de l’homme est là tout proche, en train d’arriver, comme est désormais toute proche la conclusion de notre Evangile.

    « Comme les pharisiens demandaient à Jésus quand viendrait le règne de Dieu, il leur répondit : ‘Le règne de Dieu ne vient pas d’une manière visible. On ne dira pas : ‘Le voilà, il est ici !’ ou bien : ‘Il est là !’ En effet, voilà que le règne de Dieu est au milieu de vous.’ Et il dit aux disciples : ‘Des jours viendront où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas. On vous dira : ‘Le voilà, il est ici ! il est là !’ N’y allez pas, n’y courez pas. En effet, comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là. Mais auparavant, il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération.

    Ce qui se passera dans les jours du Fils de l’homme ressemblera à ce qui est arrivé dans les jours de Noé. On mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Puis le déluge arriva, qui les a tous fait mourir. Ce sera aussi comme dans les jours de Loth : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais le jour où Loth sortit de Sodome, Dieu fit tomber du ciel une pluie de feu et de soufre qui les a tous fait mourir ; il en sera de même le jour où le Fils de l’homme se révélera.

    Ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse, et qui aura des affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter ; et de même celui qui sera dans son champ, qu’il ne retourne pas en arrière. Rappelez-vous la femme de Loth. Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera. Je vous le dis : Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée. Deux femmes seront en train de moudre du grain : l’une sera prise, l’autre laissée.’ Les disciples lui demandèrent : ‘Où donc, Seigneur ?’ Il leur répondit : ‘Là où il y a un corps, là aussi se rassemblent les vautours.’ »

    Finie cette brève introduction, il est certainement bon de relire tout le chapitre d’un seul trait pour se laisser emporter par ce mouvement impressionnant. On sent déjà que l’heure de Jésus approche. Puis nous reviendrons sur les plus importantes « perles de la Parole » de ce passage qui ont encore tant à nous dire…

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :