• Matthieu 2

    « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. » Oui, c’est fait, nous l’avons déjà su à la fin du premier chapitre : Jésus est né. Il est bien venu au monde, dans notre monde, en un lieu précis, à Bethléem, et à une date précise, au temps du roi Hérode. Dieu l’infini est entré comme n’importe lequel d’entre nous dans les limites du temps et de l’espace.

    Quelle joie cela devrait être pour toute l’humanité ! Et pourtant ce court chapitre est parcouru d’un bout à l’autre par un immense sentiment d’inquiétude et même de peur qui nous envahit. Les seuls à se réjouir, ce sont ces rois mages, venus d’on ne sait où. Ce ne sont pas même des membres du peuple élu. Mais eux ont été attentifs aux signes que Dieu leur a envoyés. « Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. »

    Joie de courte durée qu’ils n’auront partagée avec personne, si ce n’est avec Joseph et Marie, mais l’Evangile ne nous le dit même pas. Ils sont déjà partis aussi vite qu’ils étaient arrivés. Tandis que sur place, là où le peuple de Dieu qui l’attendait ne l’a même pas reconnu, c’est seulement la confusion et bientôt la consternation. « En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. » Qu’Hérode soit inquiet, on peut le comprendre, il était tellement avide de pouvoir qu’il ne voulait le partager avec personne. Mais ce qui est étonnant, c’est qu’apparemment personne d’autre que les mages ne s’intéresse à l’arrivée du Messie qu’ils devaient en principe attendre de tout leur cœur.

    Hérode « réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : ‘A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : ‘Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée, car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple.’’ » Comment comprendre alors qu’aucun de ces prêtres ou scribes ne se soit intéressé à la question ? Pourquoi Hérode leur posait-il cette question ? Y avait-il enfin des signes que l’arrivée du Messie était proche ? Autant de questions qui resteront sans réponse jusqu’à la fin des temps. Pourquoi Dieu est-il présent aujourd’hui dans notre monde et presque personne ne le reconnaît, à commencer par ceux qui prétendre en être des spécialistes ? Mystère de l’homme si proche et si loin de Dieu. Mystère de cette liberté si chère à l’homme, mais dont il se sert si mal.

    Hérode va donc rester finalement le seul protagoniste important de ce chapitre (en dehors des mages et de Joseph et Marie bien sûr, ainsi que de l’ange qui se manifeste dans les moments cruciaux). « Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : ‘Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Dès le début de notre Evangile, c’est la confrontation directe entre Dieu et le mal qui veut l’écraser à peine il commence à se manifester.

    Mais Dieu, tout en respectant la liberté de l’homme, ne peut tout de même pas laisser le mal remporter la bataille et il intervient discrètement au bon moment. Par trois fois l’ange de Dieu va apparaître en songe, comme il l’avait déjà fait au départ pour convaincre Joseph de prendre Marie chez lui. C’est ainsi que les mages « avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, regagnèrent leur pays par un autre chemin. »

    Puis, « après le départ des mages, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : ‘Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et fuis en Egypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr.’ Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère et se retira en Egypte où il resta jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : ‘D’Egypte, j’ai appelé mon fils’.

    Dieu a donc sauvé son projet, mais le mal va se déchaîner, comme un fou qui va tout renverser sur son passage, mais comme de grands coups d’épées dans l’eau qui heureusement ne lui serviront à rien. Et c’est l’humanité innocente qui va encore en payer le prix. « Hérode, voyant que les mages l’avaient trompé, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Jérémie : ‘Un cri s’élève dans Rama, des pleurs et une longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus.’ »

    Leçon de vie, leçon de bien et de mal, leçon d’histoire qui se répète depuis que l’homme est homme. Le bien de Dieu tout puissant est toujours présent et efficace, mais il reste tellement discret qu’on pourrait ne même pas se rendre compte de sa présence. Mais le mal s’en est bien rendu compte de son côté et il se débat pour ne pas perdre la bataille et c’est ainsi que l’histoire de l’humanité est pleine de tragédies qui n’en finissent pas et qui pourraient faire croire que c’est le mal qui dirige le monde. Heureusement que Jésus est venu nous révéler toute la vérité et nous donner la clé de tout ce mystère.

    Mais pour l’instant ce sont seulement Joseph et Marie qui commencent à comprendre ce qui se passe, mais quelle solitude et quelle responsabilité en même temps cela devait-il être pour eux ! L’Evangile ne le dit pas, mais le laisse deviner de façon tellement évidente.

    « Après la mort d’Hérode, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Egypte et lui dit : ‘Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et reviens au pays d’Israël, car ils sont morts ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant.’ Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et rentra au pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Arkelaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vont habiter dans une ville appelée Nazareth. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : ‘Il sera appelé Nazaréen.’ »

    Notre deuxième chapitre est bien rapide tout de même. Il n’y a pas beaucoup de commentaires à faire. Tout y est très clair. La bataille qui s’annonce entre Dieu qui a décidé de descendre parmi les hommes et le mal qui n’est pas content, commence à se dessiner. Dieu est là, bien présent et en même temps tellement effacé encore. On peut seulement le découvrir par quelques signes comme l’étoile qui a guidé les mages, les songes où l’ange du Seigneur vient de temps en temps se manifester. Joseph et Marie sont partis pour une aventure exceptionnelle et toute l’humanité avec eux. Mais l’humanité n’a encore rien compris. Jésus est justement venu sur terre pour nous faire entrer finalement dans son mystère. A nous d’être attentifs.

     


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