• Sommes-nous en prison?

    Le mois dernier nous citions de belles phrases de Jean d’Ormesson dans notre rubrique « Des mots pour de bon ». Mais cette fois-ci j’ai eu envie de réagir à une nouvelle phrase de notre écrivain, publiée il y a deux jours comme « la phrase du jour » d’un site de citations célèbres, et qui m’a fait bondir.

    Mais écoutez plutôt : « Chacun est prisonnier de sa famille, de son milieu, de son métier, de son temps. » J’imagine que Jean d’Ormesson a voulu par là nous provoquer, ce qui est toujours une bonne chose. Et encore faudrait-il remettre cette phrase dans son contexte qui nous manque. Mais ne trouvez-vous pas qu’il exagère un peu… ou beaucoup ?

    Je crois que la beauté de notre vie d’homme, c’est que nous sommes en relation avec d’autres hommes, avec la société, avec la nature, avec le temps et l’espace. Et ce sont ces relations qui forment peu à peu la belle personnalité que nous sommes, que nous le voulions ou non.

    Chacun désire, comme le dit justement le titre de notre rubrique, aller « au bout de soi-même », être chaque jour un peu plus ce qu’il a envie d’être, devant soi-même et devant les autres. Et chacun imagine cette recherche de soi-même comme une conquête toujours plus grande de liberté à la fois intérieure et extérieure. Mais c’est là que commencent nos grands malentendus. Car la mentalité courante nous fait croire que pour être libres nous devons couper les liens qui nous attachent aux autres et à tout le monde extérieur, alors que ce sont ces liens assumés harmonieusement qui vont nous procurer finalement notre vraie liberté.

    Sinon, tout deviendrait pour nous une prison. Notre corps lui-même, pour commencer, ne serait-il pas une cage dont nous aurions envie parfois de nous échapper ? Ne sommes-nous pas tentés de temps en temps de fuir notre cerveau qui tourne en rond et nous donne des idées noires ? La vie toute entière ne finirait-elle pas par être une chambre obscure dans laquelle on nous a enfermés sans nous demander notre avis ?

     

    La vérité profonde, c’est que tout ce qui est relation est vie et ce qui est séparation est mort. Cette relation est souvent difficile et pleine d’épreuves, mais ce n’est pas en fuyant les épreuves que nous trouverons la vie, mais en les affrontant. Accepter la vie, telle qu’elle se présente au fil des jours avec ses bons et ses mauvais côtés et se convaincre que tout peut contribuer finalement à notre épanouissement, c’est le secret du bonheur. Passer son temps à se plaindre et présenter notre vie comme une prison, une punition, une mauvaise plaisanterie, ou tout ce qui peut nous passer par la tête de négatif, c’est le début du suicide. Nous sommes toujours libres de choisir l’un ou l’autre, si nous ne sommes pas complètement malades.  


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