• Excusez-moi si je reviens souvent sur les mêmes discours, mais cette expression de la langue française : « Ayez foi en Dieu », est un piège, une occasion de grand malentendu. En hébreu, comme en arabe, le verbe avoir n’existe pas. On devrait traduire par une expression qui dirait à peu près : « Jetez-vous avec confiance dans les bras de Dieu qui vous attend, même si c’est un saut dans l’inconnu, dans le vide, dans l’obscurité, au moins au moment du premier pas… » C’est tout cela que Jésus veut nous dire.

    La foi ne sera donc jamais quelque chose que l’on « a », que l’on possède, comme un trésor à enfermer dans le coffre d’une banque pour être sûr de ne pas le perdre. Non la foi, n’est pas derrière nous comme une évidence que nous nous sommes forgée au fil des ans et qui nous donnerait le pouvoir de finir notre vie bien tranquilles, parce que nous, au moins, nous avons une foi à toute épreuve que plus rien de pourra ébranler. Ce serait exactement le discours du pharisien, tellement fier de ne pas être comme le pauvre publicain, qu’il en oubliait de se jeter en Dieu, car désormais il pensait être capable de se suffire à lui-même !

    La foi n’est pas derrière nous, elle est devant nous. La foi est un défi à renouveler chaque jour, elle est un mouvement d’amour et de confiance que nous voulons offrir à Dieu et à nos frères en réponse à tout l’amour que nous avons reçu d’eux depuis que nous sommes arrivés en ce monde. Nous pouvons nous perdre en route. Mais rien de grave, car la foi peut être recommencée à chaque instant comme si jamais nous ne l’avions abandonnée. C’est la force de cet amour en nous, comme un courant dans lequel nous nous jetons, car nous avons en nous l’intuition que c’est la plus belle chose que nous pouvons faire de notre vie. C’est tellement beau, mais ce ne sera jamais facile. Jésus ne nous a jamais dit que la vie avec lui serait un jour facile, mais il nous a en même temps tout promis si nous le suivons. A chacun de nous de décider en toute liberté et à chaque instant de bien utiliser ce trésor qui nous a été confié !

     


    votre commentaire
  • Oui, un peu de bon égoïsme de temps en temps, cela ne peut pas faire de mal !

    Mais comme elle est belle ma vie, comme elle est importante ! Celui qui me l’a donnée au départ ne m’a pas demandé mon avis. Je me la suis trouvée là, sans bien comprendre d’abord ce qui arrivait, ou plutôt ce qui « m’ »arrivait. Mais ce moi était tellement flou pour commencer. Puis il s’est imposé « à moi » comme une évidence.

    Elle est belle ma vie, parce qu’au fond c’est la seule chose qui est vraiment à moi, avec tout ce qui la compose bien sûr, de réalités physiques, affectives, intellectuelles ou spirituelles. Car on pourra me prendre tout le reste, ma maison et tous mes biens, mais on ne pourra plus jamais me reprendre cette vie. On pourra me tuer peut-être, mais cette vie ne peut pas s’arrêter avec la mort, elle est trop exceptionnelle pour cela, cela aussi est devenu une évidence pour moi avec le temps.

    Mais surtout personne ne pourra me prendre ma vie en disant qu’elle est à lui maintenant. Car je suis le seul, pour l’éternité, à savoir ce que j’ai expérimenté depuis mon enfance et jusqu’à présent de pensées, de sentiments, de désirs, de joies et de souffrances qui ne peuvent être qu’à moi pour toujours.

    Mais qui a inventé ce « moi », cette vie qui est « à moi » ? Comment le remercier ? Sans doute en faisant de ma vie un chef d’œuvre, un trésor qui peut aider la vie des autres aussi à être encore plus belle.

    Car ce qu’il y a de plus beau dans la vie, c’est qu’on peut la partager, et plus on la partage, plus elle s’embellit de tous les côtés. C’est le miracle de la vie qui s’enrichit en se multipliant. Car personne ne peut être jaloux de la vie de l’autre. On sera peut-être jaloux des conditions de vie qui peuvent être meilleures pour une personne ou pour une autre. Mais personne n’est triste de ne pas être l’autre. Ou bien s’il le dit parfois dans des moments de désespoir, c’est qu’il ne sait plus ce qu’il dit.

    Nous sommes tellement heureux d’être nous-mêmes que jamais nous n’échangerions notre « moi » pour le moi d’un autre. Nous pouvons traverser des moments de souffrances ou d’angoisses terribles, dont nous ne savons plus comment sortir. Mais c’est de ces souffrances et de ces angoisses que nous voulons nous échapper, pas de notre moi qui souffre. Même celui qui est tenté de se suicider parce qu’il n’en peut plus, ne dira jamais qu’il veut la vie d’un autre, il dira simplement que sa vie à lui est devenue insupportable.

    Et le jour où je comprends que l’autre aussi à une vie à lui dont il est tellement fier et heureux, je ne peux que vouloir le bien de cette vie de l’autre. Je ne peux que l’aimer comme j’aime la mienne. C’est cela le secret de l’humanité. Je crois que les gens se font la guerre parce qu’ils n’ont pas compris le secret de leur propre vie à eux. Ils n’ont pas eu la chance ou la force ou l’intelligence ou le cœur de réaliser que leur propre vie était tellement exceptionnelle. Sinon, jamais ils n’oseraient toucher à la vie des autres.

    Quand on a eu la joie de goûter vraiment au sens de la vie, on a envie de courir d’un bout à l’autre du monde pour crier aux gens de se réveiller, de s’arrêter un instant dans le tourbillon des activités ou du travail sans fin et de contempler enfin ce trésor que chacun possède pour toujours au fond de lui-même… !

     


    2 commentaires
  • Je sais que mes lecteurs m’attendent au tournant ces jours-ci. On ne parle plus que de lui dans les journaux, à la télévision, dans tous les médias possibles : l’élection surprise du nouveau président américain. Chacun essaye de dire son opinion, quitte à dire le contraire ou presque de ce qu’il pensait quelques jours plus tôt.

    Je vous avoue que je ne sais pas bien quoi dire. Moi aussi, je suis assez surpris. Et puis je ne suis pas américain. On doit toujours respecter les décisions des autres. Ensuite c’est clair que le ton assez équilibré des déclarations de Mr Trump après son élection est assez différent de celui des phrases provocatrices de sa campagne électorale. Au moins, il semble qu’il ait la sagesse de comprendre qu’il peut unir ses compatriotes au lieu de les diviser. Va-t-il y réussir ?

    Ce qui me laisse perplexe, c’est que Mr Trump me semble avoir une vision bien repliée sur soi de l’avenir des Etats-Unis, une vision bien égoïste et triomphaliste à la fois. « Retrouver la grandeur de l’Amérique » ? Faut-il lui rappeler que les Etats-Unis ne sont qu’une partie de l’Amérique qui compte une cinquantaine de nations, tout de même ! « Eriger des murs pour se protéger ? » Le Pape François n’arrête pas, ces temps-ci de demander au monde de construire des ponts et non pas des murs.

    Il faut tout de même se rappeler que nous sommes en démocratie, au moins une certaine démocratie et ce n’est pas la faute de Mr Trump si plus de la moitié de ses concitoyens l’ont élu avec de telles idées. Il y a là un problème. Et c’est le même problème qu’on trouve en ce moment dans la plupart des pays européens, à commencer par le Royaume Uni. Il n’y a qu’à voir cette peur d’accueillir des réfugiés.

    Je crois que nous avons devant nous des jours bien tristes pour toute l’humanité. Mais ce n’est qu’un moment difficile à passer. Il ne faut pas être très intelligent pour comprendre que désormais, et pour toujours, les peuples ne peuvent plus vivre sans tenir compte les uns des autres. On ne peut plus continuer à essayer d’être tranquille dans son coin alors que notre voisin est désespéré. Ou bien on ferme la porte au voisin, qui viendra un jour ou l’autre nous prendre de force ce que nous pourrions partager gentiment avec lui aujourd’hui, ou bien on commence déjà à partager.

    Ce n’est pas si terrible que ça de partager. Cela demande un peu de sacrifices au début, puis on s’aperçoit qu’on y gagne tous. Car notre voisin a des qualités, des capacités, des énergies qui pourront me faire un bien immense le jour où nous serons amis. Et surtout je n’aurai plus peur de lui, je n’aurai plus peur qu’il me force à lui ouvrir une porte et un cœur que je lui aurai déjà ouvert spontanément.

    Ne voit-on pas que c’est exactement le problème et en même temps la solution de la situation du Moyen Orient ? Si le peuple israélien avait décidé de mettre ses talents, sa technologie, ses découvertes, ses capacités comme celle de gérer l’irrigation, au service de ses voisins, au lieu d’ériger des murs, il ne vivrait pas aujourd’hui avec la peur maladive d’un terrorisme qui peut le détruire à tout moment. Et le Moyen Orient serait un havre de paix au lieu d’être une caricature d’humanité, pour ne pas employer des mots bien plus terribles. Est-il encore permis de rêver ?


    1 commentaire
  • « L’Ecriture ne dit-elle pas : ‘Ma maison s’appelle maison de prière pour toutes les nations ?’ Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. » (Mc 11, 17)

    Au-delà du problème du Temple et de tout ce que cela peut signifier dans notre relation avec Dieu, je voudrais m’arrêter ici sur une leçon de vie extraordinaire qui se trouve dans ces quatre petits mots : « vous en avez fait…» !

    Oui, Dieu nous a donné le Temple et nous en avons fait « une caverne de bandits ». Non seulement nous n’avons pas compris à quoi devait servir le Temple, non seulement nous l’avons négligé parce que nous étions trop occupés à nos problèmes, mais nous l’avons même complètement détourné de son but initial et final. Nous sommes comme ces terroristes qui détournent un avion pour je ne sais quel but qui n’a rien à voir avec le programme initial, sans aucun respect des personnes qui s’y trouvent.

    Et l’on pourrait ici commencer une liste qui n’en finirait pas. Dieu nous a donné des compagnons de voyage et nous en avons fait des esclaves, des ennemis, des pions à déplacer pour assouvir nos ambitions, toute la méchanceté humaine qui se trouve au cœur de chacun de nous… Dieu nous a donné l’intelligence pour apprendre à faire progresser l’humanité et nous l’avons utilisée pour nous détruire les uns les autres. Dieu nous a donné des mains pour aider et nous les utilisons pour frapper et démolir, un regard pour aimer et nous l’utilisons pour haïr. Dieu nous a donné la vie pour le louer et nous aimer les uns les autres et nous méprisons cette vie, nous en faisons des bêtises, pour ne pas dire plus, et nous finissons même par l’éliminer. Dieu nous a donné le monde entier, à commencer par cette terre où nous habitons, et nous sommes en train d’en faire une poubelle aux dimensions du monde !

    Oui, depuis que l’homme est homme, il a en lui cette capacité de détruire de ses propres mains ce que lui-même a construit quelques minutes plus tôt et ce que Dieu a mis des milliers et des milliers d’années à préparer pour notre bonheur ! Inutile d’en dire plus : le message est bien clair. Et pas besoin de juger les « méchants » qui sont capables de telles choses horribles. Chacun de nous en est capable. Mais Dieu ne s’est pas découragé et il est « venu » parmi nous pour nous dire qu’en un instant nous pouvons nous détourner de tout ce mal qui est en nous et nous décider à le suivre, sans plus jamais revenir en arrière. La vie est difficile, mais Jésus nous a donné le remède, alors profitons-en !

     


    votre commentaire
  • « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Mc 11,9)

    Mais que veut dire ce mot « béni » qu’on emploie si souvent dans les prières de l’Eglise ? Une des définitions du dictionnaire qui peut convenir ici, même si chaque mot est tellement riche de signification qu’il faudrait des pages pour l’expliquer, pourrait être celle-ci : « Qualifie une personne, un groupe de personnes ou un objet, qui a été comblé de faveurs, de pouvoirs, de bienfaits ou de réussites, ou qui a prospéré, par la grâce divine ou par son destin. »

    Le Seigneur Dieu nous envoie son messager. Et ce messager est porteur d’une nouvelle incroyable qui va complètement bouleverser la vie de l’homme. La foule se rend compte qu’il est en train de se passer quelque chose d’exceptionnel. C’est le bon sens populaire, toujours attentif, mais bien limité en même temps. Car comment ces pauvres gens pourraient-ils comprendre que cet envoyé de Dieu est Dieu lui-même au milieu d’eux ? Il faudra attendre encore la mort et la résurrection de Jésus et surtout la descente de l’Esprit Saint à la Pentecôte, pour que l’humanité commence à comprendre.

    Mais, à part cette bénédiction de Dieu qui est déjà tout un programme, ce qui me frappe le plus dans cette phrase c’est ce verbe « venir ». Notre Dieu, le Dieu que Jésus nous a révélé, n’est pas un grand seigneur assis sur son trône et qui nous regarde de loin, du haut de son prestige. Non, c’est un Dieu plein d’amour qui quitte sa toute-puissance pour « venir » nous donner sa vie, pour nous rencontrer là où nous sommes, car il sait bien que nous, nous sommes trop faibles pour pouvoir aller chez lui.

    A l’image de la vie de Jésus qui se déplace continuellement au service des pauvres hommes que nous sommes, Dieu tout entier, Père, Fils et Esprit Saint, est en train de nous visiter, de venir chez nous ! Quelle leçon de vie et d’amour ! Si nous nous levions chaque jour en nous demandant simplement chez qui nous pourrions « venir » aujourd’hui, qui est-ce qui nous attend, qui a besoin de nous ! Et alors organiser notre journée en faisant le programme de toutes ces visites chez ceux qui nous attendent. « J’arrive, je viens chez toi, dès que je peux, tout de suite si c’est possible. » Mais pour « venir » chez l’autre, il faut d’abord sortir de chez soi, quitter nos assurances et nos priorités, partir un peu à l’aventure, car nous ne savons pas toujours au départ où l’autre se trouve véritablement et surtout dans quel état il se trouve. Et si nous avons réussi à nous entendre avec cet autre, à créer cette unité merveilleuse dans laquelle c’est Jésus au milieu de nous qui remplit nos cœurs, ne pas nous arrêter là. Mais, ensemble, venir chez d’autres frères et sœurs qui nous attendent, maintenant, aujourd’hui et jusqu’à la fin de notre vie, jusqu’au jour où nous pourrons dire à ce Dieu qui nous a tant aimés : ça y est, je « viens chez toi » !

     

     


    1 commentaire