• Je sais que je l’ai déjà dit plusieurs fois dans mes articles, mais je crois que je n’ai pas encore été assez clair : une guerre ne se gagne jamais, une guerre se perd toujours !

    A une époque où l’hypocrisie de nos gouvernements occidentaux essaye d’éloigner les guerres de leurs pays en les portant chez les autres, il est temps de se battre pour une véritable culture de paix : on ne peut jamais gagner une guerre, on peut seulement gagner la paix.

    Vous allez me dire que l’histoire dément mes affirmations, que toutes les guerres ont eu un vainqueur et un vaincu depuis que le monde est monde. Et pourtant c’est faux. Oui, j’ai bien appris à l’école que la France avait gagné la première guerre mondiale en 1918 et la deuxième en 1945. Eh bien essayons de voir les faits tels qu’ils se sont réellement déroulés.

    La France et ses alliés ont été déclarés vainqueurs de la guerre en novembre 1918 et tout le pays est encore parsemé de monuments avec les noms de nos héros qui sont tombés au front. Si c’est cela gagner la guerre, que de voir des milliers et des milliers de nos concitoyens morts, blessés physiquement ou psychologiquement, sans compter toutes les destructions et les pertes matérielles ? Mais la preuve que la guerre n’avait pas été gagnée, c’est que tout y a été fait pour préparer une revanche terrible et à peine 21 ans plus tard a éclaté une nouvelle guerre plus horrible que la première avec des millions et des millions de morts.

    Mais, en 1945, un nouvel élément est intervenu. Des hommes hors du commun, d’Allemagne, de France et d’Italie, les trois pays qui avaient été le plus au cœur des combats, ont décidé qu’il fallait tourner la page, qu’il fallait sortir de cette mentalité de vainqueurs, de vaincus et de revanche, et que l’unique solution acceptable désormais était de construire tous ensemble la paix.

    Et c’est là que la paix a gagné, car la paix est dans l’intérêt de tout le monde, tandis que la guerre est toujours dans l’intérêt (apparent) d’une partie contre l’autre. Et combien l’Europe se porte mieux depuis ! Mais elle n’a pas encore vaincu tous ses démons. Les fabricants et les marchands d’armes ont réussi à faire croire que nous étions en danger dans d’autres parties du monde et qu’il y avait là-bas de nouvelles guerres à gagner. Des guerres moins meurtrières pour nous, puisqu’il suffisait de tirer de loin en restant soi-même à l’abri. Sans considération, bien sûr, pour les populations locales qui allaient à leur tour connaître l’enfer !

     

    Mais si nous avons mis tout notre cœur pour construire une nouvelle Europe pacifique, ne voyons-nous pas que faire la guerre ailleurs est comme se tirer une balle dans les jambes ou dans les bras, car un jour ou l’autre la violence semée nous retombera dessus ? Il n’y a qu’à penser aux questions du terrorisme et des réfugiés, pour voir que la guerre n’est jamais une solution. Alors pourquoi ne faisons-nous pas tous les efforts possibles, mais de tout notre cœur, pour gagner la paix. De quoi avons-nous peur ? Que les autres profitent de notre faiblesse apparente pour nous écraser ? Quelle belle excuse ! Mais nous reviendrons encore souvent sur ce sujet !


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  • Vous savez, je suis de plus en plus persuadé qu’une des plus grandes maladies de notre époque, en particulier de notre civilisation occidentale, c’est « l’individu ». Non, je ne me suis pas trompé, je ne voulais pas parler seulement de « l’individualisme » qui a envahi notre monde sans même qu’il s’en rende compte. Mais l’individualisme, on peut avoir conscience que c’est un défaut. Tandis que l’individu, c’est devenu une idole, un véritable dieu de nos temps modernes, ou bien un roi, un tyran, un dictateur, tous les noms de ce genre que vous voudrez lui mettre.

    On veut nous faire croire que l’humanité a beaucoup progressé avec la déclaration des droits de l’homme. Et c’est en partie vrai. Mais si vous regardez bien cette déclaration, on y revendique surtout les droits de l’individu. Comme si l’individu était désormais le seul représentant de l’homme. C’est cela qui me révolte ou me rend triste selon les moments.

    Mais vous qui me lisez en ce moment, vous pensez vraiment que vous êtes d’abord un individu ? Moi, non ! Cela fait bien longtemps que j’ai pris conscience d’être un homme (dans le sens d’une goutte d’humanité dans l’océan de l’homme) et que je sais trop bien que cette goutte ne s’est pas développée toute seule.

    Alors, bien sûr, on nous apprend à construire des relations sociales pour ne pas rester isolés. Mais finalement, c’est pour exploiter ces relations sociales au service de notre individualité. Nous sommes là ensemble, juxtaposés les uns aux autres, et chacun essaye de profiter le plus possible des autres pour se développer lui-même, c’est à peu près la mentalité courante.

    Je crois qu’il y a là un immense malentendu. Ce qui est important ce n’est pas l’individu, c’est le « moi ». Car chaque « moi » est unique, irremplaçable et jusque-là je pense que nous sommes tous d’accord. Alors, me direz-vous, je préfère l’égoïsme à l’individualisme et il n’y a pas une grande différence.

    Mais c’est là qu’on ne se comprend pas. Le « moi » est une réalité sacrée qui m’a été offerte à la naissance sans me demander mon avis. Et c’est ce « moi » qui a commencé à donner un sens à ma vie et qui continuera à le faire jusqu’à ma mort. Mais ce « moi » ne s’est reconnu comme tel que par la relation d’ouverture réciproque avec des milliers d’autres « moi », comme moi et pourtant si différents. C’est seulement parce que tu es « toi », c’est-à-dire un autre « moi », que moi aussi j’ai appris et j’apprends chaque jour à être moi-même.

    Et ce « moi » unique, original, sympathique, riche de valeurs, de sentiments, de talents, ne se développe qu’avec le développement de toute l’humanité. Un morceau d’humanité qui souffre ou qui régresse, et c’est mon « moi » qui en subit en fait, tôt ou tard, des conséquences désastreuses.

    Je sais bien que tout cela est trop rapide pour être complètement vrai. Un article de blog ne peut être qu’une caricature sans trop de nuances. Mais dites-moi si l’éducation que reçoivent nos jeunes dans la société de consommation, à l’école ou à travers les médias, ne les pousse pas trop souvent à ce culte de l’individu qui atrophie finalement ou paralyse leur véritable « moi », désireux de vivre pour un monde meilleur et qui se retrouve desséché à lutter simplement pour quelques droits égoïstes, comme celui d’être respecté, traité comme tout le monde, à égalité avec les autres. Et cela me fait une belle jambe si nous nous respectons tous, chacun isolé dans son coin, au lieu de nous aimer, de nous connaître, de vibrer chaque jour un peu plus à la découverte merveilleuse des autres « moi » qui nous entourent et avec lesquels nous pouvons former un « nous » qui est le seul avenir possible de l’humanité.

    Ne voit-on pas que le grand projet de l’Europe unie est en train de s’écrouler, parce que l’Europe, au lieu d’être une harmonisation de tous ces « moi » riches de valeurs qui pourraient se compléter, est en train d’être un simple amalgame d’individus qui se mettent d’accord pour ne pas se toucher ? On nous laisse même croire en Dieu et prier (ce serait aussi un droit de l’individu), à condition que cela ne vienne pas déranger mon voisin, dans ma sphère privée, comme ils disent ! Sphère privée, oui, absolument, car elle est finalement « privée » de tout ce qui pourrait faire la beauté de l’humanité, l’altruisme, l’héroïsme de donner sa vie pour un idéal humanitaire…

     

    Mais heureusement il y a encore beaucoup de gens qui croient à ces valeurs et qui luttent pour elles de tout leur cœur. L’humanité n’est pas morte, mais elle doit quand même se secouer si elle ne veut pas finir complètement paralysée. 


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