• Encore un chapitre exceptionnel de l’Evangile de Luc. Une sorte d’acrobatie de l’Esprit Saint qui jongle avec trois chapitres de Marc, six chapitres de Matthieu pour une nouvelle synthèse dont Jean reprendra lui aussi un passage plus tard, avec en même temps une ligne directrice impressionnante.

    Le message est toujours celui de Jésus qui veut nous faire pénétrer encore plus en profondeur dans la dynamique trinitaire qui se vit au ciel et qu’il voudrait faire régner dès maintenant sur la terre. Après avoir montré en détail l’entrée de Marie dans cette réalité céleste au début de son Evangile, Luc nous entraine cette fois-ci encore un peu plus avec les apôtres.

    C’est d’abord l’envoi des Douze en mission. « Jésus convoqua les Douze, et il leur donna pouvoir et autorité pour dominer tous les esprits mauvais et guérir les maladies ; il les envoya proclamer le règne de Dieu et faire des guérisons. Il leur dit : ‘N’emportez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, n’ayez pas chacun une tunique de rechange. Si vous trouvez l’hospitalité dans une maison, restez-y, c’est de là que vous repartirez. Et si les gens refusent de vous accueillir, sortez de la ville en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage.’ Ils partirent et ils allaient de village en village, annonçant la Bonne Nouvelle et faisant partout des guérisons. »

    C’est toujours la réalité de l’accueil qui est tellement présente. Comme Marie avait accueilli l’ange en même temps que l’Esprit Saint et comme elle avait été accueillie ensuite par Elisabeth à qui elle venait transmettre l’amour de Dieu qui l’avait envahie, voici que les apôtres se laissent maintenant accueillir à leur tour par les habitants des villages à qui ils viennent annoncer le règne de Dieu. Nouvelle image de cette réciprocité entre les hommes qui devient peu à peu une icône de la réciprocité divine….

    « Hérode, prince de Galilée, apprit tout ce qui se passait, et il ne savait que penser, parce que certains disaient que Jean le Baptiste était ressuscité d’entre les morts. D’autres disaient : ‘C’est le prophète Elie qui est apparu.’ D’autres encore : ‘C’est un prophète d’autrefois qui est ressuscité.’ Quant à Hérode, il disait : ‘Jean, je l’ai fait décapiter ; mais qui est cet homme dont j’entends tellement parler ?’ Et il cherchait à le voir. » Cette dernière phrase : « Il cherchait à le voir. » ne se trouve pas chez Marc et Matthieu. Les disciples sont témoins de la révolution totale que la venue de Jésus sur terre a commencé à faire au cœur de l’humanité, des pauvres malades aux puissants de ce monde.

    Les Douze, qui viennent d’expérimenter sur eux-mêmes le pouvoir incroyable que Dieu leur a confié, et qui doivent être à la fois émerveillés, grisés, euphoriques, à moitié incrédules, doivent aussi se poser bien des questions. Mais ils n’ont pas trop le temps encore de comprendre, car Jésus ne s’arrête plus. « Quand les Apôtres revinrent, ils racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Alors Jésus, les prenant avec lui, partit à l’écart dans une ville appelée Bethsaïde. La foule s’en aperçut et le suivit. Il leur fit bon accueil ; il leur parlait du règne de Dieu, et il guérissait ceux qui en avaient besoin.

    Le jour commençait à baisser. Les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : ‘Renvoie cette foule, ils pourront aller dans les villages et les fermes des environs pour y loger et trouver de quoi manger : ici nous sommes dans un endroit désert. Mais il leur dit : ‘Donnez-leur vous-mêmes à manger.’ Ils répondirent : ‘Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons… à moins d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde.’ Il y avait bien cinq mille hommes.

    Jésus dit à ses disciples : ‘Faites-les asseoir par groupes de cinquante.’ Ils obéirent et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il les bénit, [Marc et Matthieu disaient : « Il rendit grâces »] les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils distribuent à tout le monde. Tous mangèrent à leur faim, et l’on ramassa les morceaux qui restaient : cela remplit douze paniers. »

    Après ce miracle exceptionnel, qui est d’ailleurs en Luc la seule multiplication des pains, au lieu de deux épisodes semblables en Marc et Matthieu, Luc nous propose ici tout de suite la profession de Pierre, comme si cet ultime miracle avait ouvert finalement les yeux et le cœur de Pierre sur la réalité divine de Jésus. « Un jour, Jésus priait à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : ‘Pour la foule, qui suis-je ?’ Ils répondirent : ‘Jean Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres un prophète d’autrefois qui serait ressuscité.’ Jésus leur dit : ‘Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ?’ Pierre prit la parole et répondit : ‘Le Messie de Dieu’ » [En Marc, Pierre avait dit : ‘Tu es le Christ.’ Et en Matthieu : ‘Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.’]

    C’est la Trinité qui commence à se révéler aux disciples. Comment Pierre a-t-il pu enfin deviner ou comprendre ? Il y a sans doute là une intervention de l’Esprit Saint comme pour Elisabeth qui accueillait Marie chez elle. Matthieu faisait dire à Jésus que c’était le Père lui-même qui avait révélé la vérité à Pierre. Toute la Trinité est de toute façon totalement en action à partir de maintenant. Nous allons d’ailleurs presque tout de suite contempler cette Trinité dans l’épisode de la Transfiguration.

    Mais avant cela, comme pour nous rappeler que nous sommes encore sur la terre, voici la première annonce de la passion : « Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant : ‘Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite.’ Il leur disait à tous : ‘Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est en se perdant lui-même et en le payant de sa propre existence ? Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des anges. Je vous le dis en vérité : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu. » Certainement une sorte de douche froide pour les disciples qui pensaient être devenus eux-mêmes désormais tout puissants comme Dieu sans trop savoir pourquoi. Jésus les ramène d’un coup aux dures réalités terrestres.

    Mais voilà qu’à peine quelques jours plus tard, comme chez Marc et Matthieu, Jésus nous emporte tout à coup au ciel avec l’épisode incroyable de la Transfiguration. « Et voici qu’environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier ». [Luc est le seul à avoir ajouté ici ces trois mots : « pour prier ».]

    « Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante. Et deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Elie, apparus dans la gloire. » [Ici encore cette remarque « apparus dans la gloire est originale chez Luc.] Et Luc ajoute même une autre nouveauté à propos de Moïse et Elie : « Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. »

    Le reste du récit est à peu près le même que chez Marc et Matthieu : « Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virant la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’en allaient, quand Pierre dit à Jésus : ‘ Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie.’ Il ne savait pas ce qu’il disait.

    Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : ‘Celui-ci est mon Fils, [Luc ajoute : ‘celui que j’ai choisi’], écoutez-le’. Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. [Avec un ultime ajout de Luc : « Les disciples gardèrent le silence. »] et de ce qu’ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là. »

    On peut imaginer que Jésus a voulu plonger un instant Pierre, Jacques et Jean, qui étaient probablement ceux qu’il sentait alors les plus proches de lui, ceux qui l’avaient le mieux compris, même s’ils n’avaient pas encore compris grand-chose, dans l’intimité de la Trinité qui allait les marquer pour toujours. Cela pouvait les aider à se convaincre qu’au fond de toute cette aventure il y avait des horizons tellement plus profonds que cette vie qui se présente chaque jour à nos sens terrestres.

    Après cela un nouvel épisode miraculeux, celui de la guérison de l’épileptique : « Le lendemain, quand ils descendirent de la montagne, une grande foule vint à la rencontre de Jésus. Et voilà qu’un homme, dans la foule, se mit à crier :’Maître, je t’en supplie, regarde mon enfant, c’est mon fils unique ! Voilà ce qui se passe : un esprit s’en empare, et soudain il pousse des cris et il le secoue en le faisant écumer ; il met longtemps à le quitter quand il le maltraite. J’ai supplié tes disciples d’expulser cet esprit, mais ils n’ont pas pu.’ Jésus leur dit : ‘Génération incroyante et dévoyée, combien de temps devrai-je rester auprès de vous et vous supporter ? Fais avancer ton fils jusqu’ici.’ A peine l’enfant arrivait-il que le démon le jeta par terre et le secoua violemment. Jésus menaça l’esprit mauvais, guérit l’enfant et le rendit à son père. Et tous étaient frappés d’étonnement devant la grandeur de Dieu. »

    Puis Jésus se met de nouveau à part avec ses disciples : « Comme tout le monde était dans l’admiration devant tout ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples : ‘Mettez-vous bien en tête ce que je vous dis là : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes.’ Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles, elles restaient voilées pour eux, si bien qu’ils n’en saisissaient pas le sens, et ils avaient peur de l’interroger sur ces paroles.

    Une discussion s’éleva entre les disciples pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Mais Jésus, connaissant la discussion qui occupait leur pensée, prit un enfant, le plaça à côté de lui et leur dit : ‘Celui qui accueille en mon nom cet enfant, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, accueille aussi celui qui m’a envoyé. [La Trinité est toujours présente en arrière-fond] Et celui d’entre vous qui est le plus petit, c’est celui-là le plus grand.

    Jean, l’un des Douze, dit à Jésus : ‘ Maître, nous avons vu quelqu’un chasser les esprits mauvais en ton nom, et nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas avec nous pour te suivre.’ Jésus lui répondit : ‘Ne l’empêchez pas : celui qui n’est pas contre vous est pour vous.’ »

    Notre chapitre est presque terminé et Luc va y mettre un final tout entier ou presque original : « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. Il envoya des messagers devant lui ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Devant ce refus, Jacques et Jean intervinrent : ‘Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu du ciel tombe pour les détruire ?’ Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. Et ils partirent pour un autre village. »

    Luc va reprendre pour finir un passage du chapitre 8 de Matthieu : « En cours de route, un homme dit à Jésus : ‘Je te suivrai partout où tu iras.’ Jésus lui déclara : ‘Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête.’ Il dit à un autre : ‘Suis-moi.’ L’homme répondit : ‘Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père.’ Mais Jésus répliqua : ‘Laisse les morts enterrer leurs morts’ » Et Luc ajoute : « Toi va annoncer le règne de Dieu. »

    Et le chapitre se termine par un dernier passage original de Luc, qui continue sur le même sujet : « Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison.’ Jésus lui répondit : ‘Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu.’ »

    On pourrait penser que l’Evangile de Luc est maintenant proche de la fin. Après la deuxième annonce de la passion et ces considérations sur l’importance de l’humilité, il ne reste à Marc que sept chapitres encore pour tout conclure, et à Matthieu dix chapitres. Mais en réalité ce sont quinze chapitres de Luc qui nous attendent encore : nous n’en avons pas encore fini avec les surprises de l’Esprit Saint !


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  • « Un autre de ses disciples lui dit : ‘Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père.’ Jésus lui dit : ‘Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts.’ » (Mt 8,21-22) (cf. Lc 9,59-60 : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. Mais Jésus lui répliqua : ‘Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu.’ »)

    Ici encore, il faut bien faire attention à ne pas comprendre Jésus de travers. Il n’a jamais demandé de négliger notre famille et encore moins nos morts. Il n’y a qu’à voir l’amour qu’il avait pour Lazare quand celui-ci est mort et a été mis au tombeau… au point qu’il l’a ressuscité ! Et on sait bien aussi que nos morts sont en réalité, au ciel, encore bien plus vivants que nous sur la terre, et que notre belle relation avec eux ne cessera de s’embellir pour l’éternité !

    Certains commentaires de ce passage nous disent que Jésus voudrait simplement nous empêcher de prendre notre service à la famille naturelle comme un prétexte pour ne pas le suivre. Et là il nous demande de bien écouter la voix de Dieu en nous, qui est différente pour chacun…

    Mais je crois que Jésus veut surtout nous dire que le chemin avec Lui est un chemin de vie et que Dieu nous appelle chaque jour et à chaque instant à mettre toutes nos énergies et notre amour au service de cette vie à semer, à protéger, à construire, à développer, à partager. Notre passage sur terre est tellement bref que ce serait du gâchis de perdre notre temps à regarder ce qui ne va pas, à nous désespérer sur ce qui est déjà mort, à regretter nos échecs et les échecs des autres. La vie est pleine de morts continuelles, comme dans la nature, cela ne doit jamais nous étonner et nous choquer. Prenons acte de ce qui est mort et qui ne reviendra plus, mais pas pour nous plaindre, pour rester paralysés sur notre pauvre passé et prendre cela comme une belle excuse pour ne pas nous jeter dans la bataille de la vie.

    Chaque fois que nous nous plaignons de quelque chose ou de quelqu’un, c’est comme si nous nous arrêtions sur ce qui est mort, au lieu de nous plonger dans la vie qui nous attend. Cela ne veut pas dire que nous devons éviter de voir les problèmes. Nous devons être prêts à nous battre pour que tout ce qui est tordu se redresse, ce qui est négatif se transforme en positif, pour que les guerres soient remplacées par des combats pour la paix. La vie est aussi un affrontement courageux de chaque instant. Mais la vie est l’espoir et perdre notre temps à nous décourager à longueur de journée parce que nous avons perdu l’espoir, c’est nous plonger dans la mort au lieu de suivre cette vie de Jésus qui nous attend. Son message est assez clair pour chacun de nous, si nous avons seulement le désir de l’écouter de tout notre cœur.

     

     

     


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  • « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. » (Mt 8,20) (cf. Lc 9,58 : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. »)

    Oui, c’est une phrase qui provoque, qu’on pourrait avoir beaucoup de mal à expliquer. Jésus veut-il nous demander des choses impossibles, inhumaines ? Jésus nous demande de ne jamais nous reposer ?

    Je crois qu’ici encore tout devient si simple quand on part de l’amour et surtout de l’Amour qui est Dieu lui-même. Jésus veut seulement nous dire que l’amour ne s’arrête jamais, il ne peut pas s’arrêter, il ne sait pas s’arrêter, sinon il ne serait plus l’amour.

    C’est que l’amour n’est pas une batterie qui se décharge, du courant électrique qui vient à manquer s’il n’est plus alimenté. L’amour est une énergie qui grandit en se donnant. Paroles impossibles à accepter qui feraient de nous des robots d’un autre monde ? Ce n’est pas cela que Jésus veut nous dire.

    Il ne faut pas confondre l’amour avec nos pauvres forces humaines, physiques ou mentales, qui doivent bien se reposer régulièrement pour ne pas exploser. Dieu ne nous demande pas de travailler sans arrêt, de faire des efforts sans arrêt, il nous demande d’aimer sans arrêt. Et si pour aimer je dois aussi dormir, prendre des vacances, éviter des activités qui me stressent, avoir l’humilité de renoncer à des actes de générosité qui me rendraient malade si j’allais au-delà de mes forces, alors je ne dois avoir aucun scrupule à changer de rythme, à me cacher un moment s’il le faut…

    Ce qui est important, c’est de garder toujours l’amour au fond de son cœur. Ne jamais dire : celui-là, je ne pourrai jamais l’aimer, mais dire seulement : je l’aime déjà mais je le lui montrerai concrètement quand ce sera le moment. L’amour ne perd jamais l’espoir, il croit toujours qu’une solution peut être possible aux problèmes les plus menaçants, mais il sait doser les efforts et attendre avec patience les suggestions de l’Esprit Saint pour aller de l’avant. Jésus lui-même s’est retiré dans le désert pour prier, mais il n’a jamais cessé d’aimer et si nous apprenons à nous brancher sur Lui chaque jour un peu plus, nous serons étonnés de voir combien notre amour grandit au milieu des difficultés et parfois grâce aux difficultés. Alors notre vie devient une aventure merveilleuse qui a déjà un goût de paradis sur terre !

     


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  • « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. » (Mc 9,40) (cf. Lc 9,50 : « Celui qui n’est pas contre vous est pour vous. »)

    Pourquoi la vie de l’Eglise, la communauté des chrétiens, est-elle si compliquée ? Et pourquoi d’abord sommes-nous encore à ce point divisés ? C’est toujours pour la même raison. C’est qu’au lieu de regarder et d’écouter Jésus, de regarder et d’écouter l’autre qui représente Jésus et de donner la vie pour lui, nous n’arrêtons pas de nous comparer les uns aux autres. « Celui-ci n’a rien compris. » « Ceux-ci sont dans l’erreur. » « Celui-là prétend aimer Jésus, mais c’est lui qui divise l’Eglise. » Et, en général, ce sont toujours les autres qui ont tort, bien entendu. Jésus nous a donné de beaux commandements. Au lieu de penser simplement à les mettre en pratique, nous passons notre temps à nous juger les uns et les autres, à nous diviser entre bons et mauvais, à nous prendre pour des maîtres de la loi chargés de mettre une note à chacun comme le jury d’un examen. Et pendant tout ce temps où nous sommes là à juger, à comparer, à critiquer, nous oublions d’aimer, de pardonner, de servir. Il y a peut-être autour de nous des gens en difficulté qui n’arrivent pas à aimer, mais connaissons-nous le fond de leur cœur pour oser les juger ? Pourquoi ne nous mettons-nous pas au service de leur faiblesse, comme certains ont fait avec nous quand nous étions perdus et nous ont remis sur le droit chemin ? Nous qui avons tellement reçu, qu’attendons-nous pour donner aux autres à notre tour ? Si chacun de nous faisait sa part en ce sens, les divisions de l’Eglise se termineraient en un seul jour. Alors, vraiment, qu’attendons-nous ?

     

     


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  • « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé. » (Mc 9,37) (cf. Lc 9,48 : « Celui qui accueille en mon nom cet enfant, c’est moi qu’il accueille. »)

    Encore une phrase qui est un trésor caché ! Si on prend cette phrase à la lettre, on pourrait se demander s’il n’y a pas une erreur. Car Jésus nous demande d’accueillir « en son nom » cet enfant, ce petit. Et que veut dire accueillir en son nom, sinon prendre la place de Jésus lui-même. Je vais être Jésus qui accueille de tout mon cœur cet être faible que je rencontre et que je peux réconforter, servir, aimer. Mais, en même temps, je découvre soudain que Jésus est aussi présent dans cet enfant, cet être fragile. Alors où est vraiment Jésus ? En moi ou dans cet enfant ? C’est là qu’est le miracle : Jésus est présent des deux côtés à la fois, si l’on peut dire. C’est le miracle de la présence de Jésus au milieu de nous dont parle l’Evangile de Matthieu (Mt 18,20). Jésus est à la fois en moi, dans l’autre et au milieu de nous deux, de nous trois… La Trinité a pénétré en nous et nous avons pénétré dans la Trinité. Il suffit de sortir de soi, d’être Jésus pour l’autre et nous allons trouver Jésus partout. L’aventure vient de commencer et elle ne finira plus jamais.

    « Et celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille. » (Mt 18,5) Cela nous rappelle évidemment la phrase de Marc que nous avons déjà commentée : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. » (Mc 9,37) Mais il y a ici quelque chose de plus. En Matthieu, cette phrase étonnante est placée juste avant la fameuse phrase de Jésus sur sa présence au milieu de nous que nous allons aussi bientôt méditer : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18,20)

    Les deux phrases vont maintenant s’éclairer l’une l’autre. Car elles sont une nouvelle révélation sur la présence de Jésus parmi nous. Une présence que nous allons apprendre peu à peu à découvrir partout. Car Jésus nous demande ici avant tout de croire en sa présence en chacun de nous. Accueillir cet enfant au nom de Jésus, cela veut dire tout simplement prendre la place de Jésus qui l’accueille. En me laissant pénétrer par la Parole de Dieu, comme dans la parabole du semeur, je laisse cette vie de Jésus grandir en moi, je deviens peu à peu Jésus qui aime l’humanité qui m’entoure avec son cœur divin. Et c’est ainsi que je peux accueillir avec le cœur de Dieu cet enfant ou ce petit, mais aussi ces disciples, mais aussi les pécheurs pour lesquels Jésus est venu spécialement sur terre (et qui sont en fait tous les hommes, chacun de nous) et puis tous ceux que nous découvrirons encore en Matthieu, ceux qui ont faim ou soif, qui sont dans le besoin…

    Mais c’est là que va se produire le miracle. Si j’accueille les autres, spécialement les plus vulnérables, avec le cœur de Jésus, je vais aussi laisser pénétrer en moi son regard divin et je vais commencer à découvrir en chaque homme la goutte de divin que Dieu a mise en lui en le faisant venir au monde. Je laisse Jésus aimer ce frère ou cette sœur en humanité et voilà que je découvre que non seulement je suis Jésus qui aime, mais que ce prochain que j’aime est lui aussi Jésus quelque part, même si ce n’est peut-être pas toujours évident au départ. Et alors, Jésus ici et Jésus là, nous sommes enveloppés tout à coup par cette présence de Jésus qui nous porte dans sa réciprocité divine au cœur de la Trinité venue habiter sur la terre comme au ciel. Tout est là. Tout est dit. Mais il nous reste à savoir comment faire pour être vraiment Jésus qui accueille, et le reste du chapitre va nous aider à pénétrer encore plus avant dans ce mystère inouï. 


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