• « Tout ce qu’il y a dans l’Ecriture – dans la Loi et les Prophètes – dépend de ces deux commandements. » (Mt 22,40) (cf. Lc 10,27 : « Jésus lui demanda : ‘Dans la loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Que lis-tu ?’ L’autre répondit : ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.’ Jésus lui dit : ‘tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie.’ »)

    Oui, Jésus vient de prononcer ici une phrase extraordinaire, si on sait en voir toute la portée. Un docteur de la Loi vient de lui demander : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Et Jésus de répondre : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le premier commandement.  Et voici le second, qui lui est semblable : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Et c’est là qu’il ajoute notre perle de ce jour qui est à la fois la conclusion de cet échange et la clé de lecture de tout l’ensemble et peut-être de tout l’Evangile lui-même.

    Il est assez facile de comprendre que Dieu est content que nous l’aimions et que nous aimions aussi notre prochain. Aimer Dieu et mépriser le prochain, c’est ne rien comprendre au message de la Bonne Nouvelle. Pas plus qu’aimer le prochain en oubliant Dieu. Ce serait prendre le message de Jésus à moitié et toute notre éducation chrétienne est basée sur ces deux commandements.

    Mais n’avons-nous pas tort de nous arrêter là, alors que « le royaume de Dieu » est si « proche » ? [cf notre commentaire publié il y a quelques jours, à la phrase de Marc 12,34 : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. » (De Marc à Matthieu 22 - 5)] Je crois qu’en fait ces deux commandements sont non seulement « semblables » comme le dit Jésus lui-même, mais sont en fait incroyablement entrelacés, si l’on peut dire, l’un dans l’autre.

    Au lieu de penser simplement partager nos journées entre des moments consacrés plus particulièrement à l’amour de Dieu et d’autres à l’amour du prochain, ne serait-ce pas mieux de relire tout cela avec cette clé trinitaire qui est sous-tendue à tout l’Evangile ? Et découvrir en fait avec émerveillement la relation trinitaire d’unité et de distinction qui court dans l’Esprit entre les deux commandements ? Car en fait, même si chacun de ces commandements a bien son propre but distinct de l’autre, combien notre vie à la suite du Christ devient-elle plus complète et plus divine lorsque nous aimons le prochain en Dieu et Dieu dans le prochain…

    Plus complète et plus belle lorsque nous laissons Dieu en nous faire unité avec Dieu dans le prochain. Lorsque nous aimons Dieu pour Dieu mais en même temps pour le prochain. Lorsque nous plongeons par exemple dans l’eucharistie, où est tellement présent Jésus, en nous laissant unir en même temps à tous nos prochains par ce mystère de communion qui court dans le Corps du Christ. Lorsque nous communions à la Parole de vie de l’Evangile avec nos frères et sœurs dans le Christ et pour eux. Et lorsqu’enfin nous découvrons cette troisième communion, si chère à Chiara Lubich, qui est la communion avec Jésus présent dans le frère. Tout devient alors plus beau, plus essentiel et notre journée passe de l’un à l’autre de ces deux commandements comme un jeu d’amour divin qui enchante notre vie et la fait devenir une aventure toujours nouvelle, comme l’Esprit présent au cœur de ces commandements est lui aussi toujours nouveau.

     


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  • « Voici le premier des commandements : ‘Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.’ Voici le second : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même.’ Il n’y a pas de commandements plus grands que ceux-là. » (Mc 12,29-31) (cf. Lc 10,27 : « Jésus lui demanda : ‘Dans la loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Que lis-tu ?’ L’autre répondit : ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.’ Jésus lui dit : ‘tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie.’ »)

    Je ne sais pas si vous avez l’impression comme moi que nous avons là le secret de la vie, tout simplement, en quelques mots. On pourrait écrire des livres là-dessus. Je me contenterai pour aujourd’hui de souligner deux points lumineux de la sagesse de Jésus.

    D’abord le « comme toi-même ». C’est qu’avant d’aimer les autres nous avons reçu l’amour, sinon comment apprendre à aimer ? Nous avons été heureux de découvrir cet amour qui nous était donné gratuitement et peu à peu nous avons appris à y répondre. Mais tout est parti de là : savoir se laisser aimer pour déverser ensuite cet amour sur les autres.

    Le problème c’est qu’il n’est pas toujours facile d’aimer les autres en retour, surtout quand on ne sent plus cet amour réciproque qui va et qui vient. C’est sans doute pour cela que Jésus, en grand pédagogue, comme tout l’Ancien Testament, nous parle de « commandement. »

    Mais c’est bien là pour se mettre au niveau de notre faiblesse et de notre petitesse. Car nous allons découvrir un jour que l’amour est au fond beaucoup plus une chance qu’un commandement, la plus grande chance qui pouvait nous arriver, car nous croyons aimer de tout notre cœur et de toutes nos forces, mais c’est alors l’amour de Dieu qui nous pousse, qui nous pénètre et nous anime… et le cycle recommence sans fin : puiser à la source de l’amour pour être capables, avec ce Dieu en nous et parmi nous qui déborde, d’élargir notre cœur aux dimensions de toute l’humanité. Ne plus jamais nous arrêter d’aimer, car c’est pour cela que nous avons finalement été créés, à l’image d’un Dieu qui ne sait pas faire autre chose que de donner sa vie pour ceux qu’il aime, comme le font déjà à l’intérieur de lui-même les trois Personnes de la Trinité, et pour nous et toute la création, tout l’univers.

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Mais vous, heureux vos yeux parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent ! Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » (Mt 13, 16-17) (cf. Lc 10.23-24 : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le déclare : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »)

    Lorsque j’ai découvert que j’allais devoir commenter cette phrase de l’Evangile de Matthieu juste le jour de Noël, cela m’a fait un effet extraordinaire. Quel plus beau cadeau de Noël que cette béatitude inattendue ! C’est comme la découverte ou la redécouverte qu’avec la Bonne nouvelle de Noël nous pouvons devenir et rester pour toujours les plus « heureux » des hommes.

    Noël est en effet la fête de la joie, du bonheur et de la béatitude la plus totale, lorsqu’on se laisse vraiment pénétrer par son mystère. Car avec la venue de Jésus parmi nous tous les problèmes vont enfin trouver une solution.

    On s’aperçoit tout à coup que le message de l’Evangile ne peut pas être simplement une belle fantaisie spirituelle déconnectée des réalités de ce monde. Le message de Noël n’est pas une belle théorie ou une utopie bien vite démentie par le négatif qui essaye de régner autour de nous.

    C’est vrai que pour parvenir à la joie et à la délivrance définitives nous devrons attendre la résurrection de Pâques, car les ténèbres qui continuent à envahir le monde peuvent nous faire croire parfois que le mal et la mort ont gagné la bataille. Mais ce n’est qu’une question de temps et de patience.

    La joie ne Noël n’est pas une illusion, elle est palpable, car Dieu est entré au cœur de l’homme, âme, esprit et corps. Nos yeux ont commencé à voir, nos oreilles ont commencé à entendre. Nous pouvons toucher chaque jour la présence réelle du Fils de Dieu parmi nous en chacun de nos frères. Et la Bonne Nouvelle n’est pas non plus un idéal à vivre chacun pour soi dans sa sphère privée, comme essaye de nous le dire une certaine mode culturelle de l’occident d’aujourd’hui. Non, la venue de Jésus à Noël est la plus grande des révolutions sociales, car elle illumine toutes nos relations humaines en leur donnant déjà un avant-goût de paradis… si nous parvenons simplement à nous aimer comme les Trois « là-haut » s’aiment de toute éternité, avec ce désir immense de faire participer l’humanité tout entière à leur amour réciproque infini !

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Mt 11,27) (cf. Lc 10,22 : « Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »

    Cette phrase apparemment si simple, c’est le plus grand cadeau que Jésus est en train de nous faire. Il nous dévoile en quelques mots toute la vie qui circule à l’intérieur de la Trinité, de toute éternité entre le Père et le Fils dans l’Esprit, comme si nous y étions. La seule connaissance qui intéresse Dieu, c’est la connaissance dans la réciprocité. Une connaissance en toute transparence dans laquelle aucun des deux ne se sent supérieur à l’autre, une connaissance où chacun ne pense qu’à accueillir l’autre de tout son cœur et à se donner à lui…

    C’est le secret de Dieu et de la semence divine que Dieu a mise au cœur de l’homme. Chaque fois que j’aime l’autre dans la réciprocité, que j’entre dans le cœur de l’autre pour mieux le connaître et l’aimer, dans le même mouvement où je me laisse aimer et connaître par lui sans rien avoir à cacher, sans rien avoir à défendre, c’est la vie de Dieu qui circule entre nous et le paradis est déjà descendu sur terre.

    Chaque fois que je crois connaître l’autre de l’extérieur, que j’essaye de surprendre ses secrets pour mieux le dominer ou me servir de lui, en prenant bien garde de ne pas lui laisser deviner ce qui se passe dans ma tête ou dans mon cœur, c’est l’enfer au lieu du paradis. Car ce n’est plus l’œil de Dieu qui regarde en nous, mais l’œil de l’orgueil ou de l’égoïsme qui pense seulement à profiter de l’autre ou à lutter contre lui au lieu de l’aimer. Ce n’est plus la « connaissance » de l’autre, mais le « jugement » sur l’autre, la « condamnation » de l’autre, qui va me juger et me condamner à son tour, mettre sur moi ses « étiquettes », en croyant me connaître. Mais ainsi ni moi ni l’autre n’avons rien compris à la vie et nous allons passer tout notre voyage sur terre comme des cailloux qui s’entrechoquent sans jamais se comprendre, au lieu d’être des rayons de lumière qui s’entrepénètrent en tous sens pour illuminer l’humanité en s’illuminant en même temps entre eux dans la joie la plus parfaite…

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. » (Mt 11, 25-26) (cf. Lc 10,21 : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. »)

    C’est toujours la même logique. A première vue, on pourrait se demander ce que Jésus ou le Père ont contre les sages et les savants. Ce sont des gens bien, les sages et les savants, ce sont eux qui font progresser et mûrir l’humanité, on en a tellement besoin. Mais voilà, de quelle sagesse avons-nous besoin ? C’est comme l’histoire de la possession et de la pauvreté. La sagesse aussi peut devenir une richesse qui se sent importante, qui se met au-dessus des autres, qui les juge, qui les méprise peut-être au lieu de les aimer… et elle sort de la vie de Dieu.

    La loi de Dieu est finalement très simple. Dieu sait seulement aimer, il est incapable de se sentir supérieur à la création elle-même et à l’humanité qu’il a inventée. Dieu est seulement capable de nous donner sa vie. S’il mettait entre Lui et nous une barrière, des obstacles, des jugements, des étiquettes, comme nous le faisons sans cesse entre nous les hommes, au nom de la sagesse ou de la vérité, ce ne serait plus Dieu. Dieu ne vient pas à nous d’en haut, de la supériorité de sa soi-disant toute puissance, il vient à nous de l’intérieur, du centre de son cœur au centre de notre cœur, comme par en-dessous, pour mieux nous soulever et nous élever jusqu’à Lui. C’est cela sa bonté infinie et immuable.

    Alors, si nous voulons que Dieu nous touche, nous n’avons qu’à nous libérer de toutes ces richesses morales, intellectuelles, psychologiques qui nous ont servi à un certain moment à aller de l’avant, mais que nous avons détournées en chemin pour nous séparer des autres, pour nous défendre, pour nous condamner entre nous, au lieu de nous aimer. Les « tout-petits » du Royaume des cieux, ce sont ceux qui sont devenus simples comme Dieu, qui ne pensent aux autres qu’avec la bonté de Dieu dans leur cœur, que l’autre soit bon ou non avec eux, car l’autre a en lui aussi la semence que Dieu y a mise et le reste est bien secondaire. Quand on chemine du matin au soir avec cet esprit des « tout-petits », la vie devient tellement plus légère…

     

     

     


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