• [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Il dit alors à ses disciples : ‘La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.’ » (Mt 9,37-38) (cf. Lc 10,2 : « Il leur dit : ‘La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. ‘ »)

    A première vue, cette phrase est un peu surprenante. Qui est le maître de la moisson que nous devons prier ? N’est-ce pas Jésus lui-même ou encore le Saint Esprit ? Ne savent-ils pas exactement quels sont les besoins de la moisson ? Pourquoi devrait-on les prier et leur demander ce qu’ils savent mille fois mieux que nous ?

    C’est toujours la même logique : Dieu n’a pas besoin pour lui-même de nos prières, il en a besoin pour nous, c’est un besoin d’amour pour l’humanité. Car il sait que l’homme qui prie commence à entrer en contact avec lui et ne va plus le quitter. La prière va devenir sa respiration, sa seconde nature et il va se retrouver peu à peu en Dieu, dans la Trinité sans même plus se rappeler comment il en est arrivé là…

    Mais il est encore une autre clé de lecture qui va nous faire avancer ici, si l’on se souvient encore de notre découverte du « Notre Père ». Si l’on pense simplement que c’est justement le Père le premier maître de la moisson qui veille sur nous… Mais en même temps, nous savons que nous sommes incapables d’arriver chacun pour soi tout seul au Père si nous ne passons pas par le Fils dans l’Esprit. Et pour passer par le Fils, nous ne cesserons de le répéter, il ne suffit pas de parler de loin au Fils, il faut devenir le Fils lui-même qui s’adresse au Père : « Abba, Père ! » Et pour devenir le Fils, pour le laisser nous transformer en lui, corps et âme, nous devons non seulement l’aimer, mais nous aimer aussi les uns les autres. Et c’est pour cela que Jésus revient au fond toujours sur les mêmes concepts, sur les mêmes conseils sans se lasser, en espérant bien qu’un jour nous finirons par le prendre au sérieux. Et si ce jour c’était aussi maintenant ? Bien sûr ce n’est pas la première fois que je prends Jésus au sérieux dans ma vie, mais chaque jour mon cœur et notre cœur tous ensemble peuvent faire un pas de plus vers cet océan d’amour qui nous attend…

     

     


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  • « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu.» (Lc 9,62)

    Encore une de ces phrases qui semblent si terribles au premier abord et qui sont en fait une nouvelle libération. Mais on ne peut la comprendre que dans le dessein d’amour immense de Dieu sur l’humanité et sur chacun de nous. D’abord, tout le monde est fait pour le royaume de Dieu. Le jour où Dieu a pensé à me créer par amour, il l’a fait pour que je naisse, que je grandisse et que je me développe dans son royaume en harmonie avec tous mes frères et sœurs en humanité.

    Alors pourquoi cette phrase ? Pour nous menacer ? Pour nous punir ? C’est pour cela que Dieu nous aurait fait naître ? Mais non, c’est simplement pour nous réveiller. Dieu connaît bien nos limites, nos fragilités, notre paresse, tout ce vieil homme qui est en nous et qui n’arrête pas de nous freiner. Il veut donc nous secouer. Il a essayé de nous secouer avec les prophètes, mais nous les avons si peu écoutés. Alors il a envoyé son Fils en espérant que son message serait plus clair, mais on voit dans l’Evangile que même les apôtres au début n’ont presque rien compris.

    Il ne faut donc pas comprendre cette phrase maintenant comme une excuse pour juger les autres qui ont moins compris que nous le message de Jésus, ce serait le comble. Non, Jésus au fond se moque de nous. Personne ne commence un travail s’il n’a pas l’intention de le terminer. Personne ne se met à construire une maison s’il n’a pas envie de la couvrir avec un toit. Nous ne sommes pas si stupides tout de même…

     Alors pourquoi tout ce temps perdu en route à oublier le travail que nous avons entrepris pour nous plaindre de ce qui ne va pas, pour nous disputer pour des bêtises, pour nous comparer les uns aux autres et nous juger… au lieu de mettre tout notre cœur à l’ouvrage avec la joie de voir que le champ labouré s’est mis à porter du fruit et qu’il nous donne de la joie qui va bien au-delà de nos pauvres efforts ? La vie avec Jésus est tellement simple : il suffit de nous lancer et c’est Lui qui nous porte ensuite dans la direction de son royaume et nous n’avons plus qu’à nous laisser porter…

     


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  • « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi va annoncer le règne de Dieu. » (Lc 9,60)

    Je ne sais pas si vous vous rendez compte que ces deux phrases sont une immense révolution et une immense libération en même temps. Une fois qu’on a bien compris qu’il ne s’agit pas ici des morts réels, qui sont les personnes que nous aimons et qui nous précèdent au ciel : pour ces personnes-là Jésus a une immense compassion et il les accueille tout de suite de tout son cœur dans son paradis…

    Non, cette première phrase est une image pour nous inviter à ne plus jamais perdre de temps avec le passé qui est bien passé, avec tous nos échecs, nos déceptions, les problèmes pour lesquels il n’est désormais plus possible de trouver de solution, pour ce passé qui est bien mort et auquel on ne pourra plus rien changer.

    Pourquoi continuer à regretter et à nous plaindre de ce qui désormais ne dépend plus de nous ? Alors que devant nous, nous avons tout l’espace de l’instant présent et de l’avenir qui s’ouvrent à nous avec la miséricorde de Dieu et son espérance. Et au lieu de regarder ce qui est bien fini, nous avons devant nous encore tout le chantier du règne de Dieu à construire déjà sur la terre comme une anticipation de la vie du paradis qui nous attendra ensuite pour toujours.

    Si nous nous levions le matin avec cette unique pensée : comment vais-je vivre et annoncer le règne de Dieu aujourd’hui à tous ceux que je vais rencontrer. Car il ne s’agit pas de l’annoncer seulement pas des paroles, mais par la vie et par le cœur que nous y mettons. Tout le reste est du temps perdu pour l’aventure divine de la bataille du royaume de Dieu. Imaginons que notre cœur ait eu un petit accident et qu’il passe son temps maintenant à repenser à cet accident et qu’il arrête en même temps de faire arriver son sang à tous les membres de notre corps qui l’attendent, comme ce serait ridicule, alors qu’il est maintenant bien guéri et qu’il a récupéré toute son énergie.

    Dieu est toujours là avec son amour qui a effacé tout le passé malheureux et qui n’a rien d’autre à faire que de nous porter de l’avant avec lui vers la lumière, alors qu’attendons-nous pour nous mettre définitivement dans son sillage ? Pensons-nous être plus intelligents que Dieu à ressasser de vieux problèmes qui pour lui ont déjà disparu ? Bien sûr qu’il nous reste encore un tas de problèmes à affronter chaque jour, mais ce sont ceux-là qui portent de l’espoir qui seuls nous intéressent maintenant, ceux que Dieu peut encore faire passer de la mort à la vie grâce à l’amour réciproque avec lui et entre nous.

     


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  • « On refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Devant ce refus, Jacques et Jean intervinrent : ‘Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu du ciel tombe pour les détruire ?’ Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. » (Lc 9,53-54)

    Elle est tellement claire, cette phrase de Jésus, il n’y a pas beaucoup d’interprétations possibles. Jésus est descendu sur terre pour porter l’amour de la Trinité, pas pour régler des comptes avec ceux qui se sont éloignés de Dieu, au contraire.

    Si Jésus parle fort contre quelqu’un dans l’Evangile, c’est toujours et seulement contre ceux qui prétendent parler au nom de Dieu, au nom de son Père, alors qu’ils font le contraire de sa volonté, comme les pharisiens. Cela, Jésus de le supporte pas, car c’est trahir Dieu et son message et tromper le monde pour le dominer en se servant de Dieu pour ses propres intérêts, ce qui est un immense mensonge.

    Pour les autres qui n’ont apparemment rien compris à Dieu et à son message, Jésus pense seulement à les sauver, pas à les juger ou à les punir. Il se rend bien compte que ces pauvres-là ne savent même pas ce qu’ils font en s’opposant à Dieu et que la véritable faute est surtout du mauvais témoignage de ceux qui auraient dû le connaître mais qui ont oublié en route la volonté de Dieu d’amour à Dieu et au prochain.

    Jésus n’a donc pas d’autres ennemis sur cette terre que ceux qui se servent de Dieu pour eux-mêmes au lieu de le servir pour le bien de tous. Chaque fois que nous voulons nous dresser contre des gens qui nous dérangent parce qu’ils critiquent Dieu ou l’Eglise de l’extérieur, et nous débarrasser d’eux pour être plus tranquilles, cela veut dire que nous n’avons rien compris au cœur de Dieu. Car Dieu est avant tout un Père qui se préoccupe pour toutes ces brebis égarées et qui voudrait tellement les rassembler dans sa famille céleste. Le reste n’est que du temps perdu et gâché à se regarder au lieu d’ouvrir au monde les portes du ciel…

     


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  • « Deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Elie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. » (Lc 9,30-31)

    Etonnantes ces deux phrases qui n’apparaissent pas en Marc et Matthieu. Chez ces derniers on nous parle de la présence de Moïse et Elie avec Jésus au sommet de la montagne mais on ne dit rien de leur conversation. Et comment nos trois disciples Pierre, Jean et Jacques ont-ils pu entendre les mots de Moïse et Elie, puisque l’Evangile nous dit qu’ils étaient frappés de sommeil ? Cela voudrait dire que c’est Jésus lui-même qui a rapporté aux apôtres le contenu de leur conversation…

    Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel devrait nous donner le vertige quand on y pense. D’abord il nous assure que les morts sont bien vivants et tellement proches de nous qu’on peut les voir et les entendre si on possède les récepteurs ou les radars capables de capter leur présence. C’est tout un monde mystérieux qui s’ouvre à nous. La réalité de ces personnes qui veillent désormais sur nous avec la Trinité, même si la résurrection de la fin des temps n’est pas encore arrivée. 

    Avec cette impression inouïe que, de « là-haut », on voit tout, on connaît tout, on est déjà hors du temps terrestre. Moïse et Elie savent déjà que Jésus est proche du grand « départ » et ils en parlent apparemment comme d’une réalité normale qui ne les impressionne pas outre mesure. Cela devrait nous faire poser un tas de questions dont nous n’aurons les vraies réponses qu’après la mort. Que signifiait d’abord pour Jésus-homme parler de ces réalités dramatiques par lesquelles il allait bientôt passer ? Comment pouvait-il en parler avec cette simplicité et ce détachement, cela semble tellement impossible.

    Nous ne pouvons évidemment pas répondre sérieusement à de telles questions, mais si nous sommes confiants que Dieu est là et qu’il nous aime, comme tout l’Evangile essaye à chaque pas de nous le dire, nous devrions revoir nos épreuves et nos problèmes avec une paix bien plus grande dans le cœur. Nous devrions avoir la certitude qu’en Dieu Amour tout doit avoir un sens que nous comprendrons un jour, mais qui est déjà là, au-delà de notre perception humaine. N’est-ce pas là la base de notre foi ? La foi n’est-elle pas au fond un plongeon dans un vide immense que notre âme perçoit déjà en fait comme un plein rempli de l’amour de Dieu qui ne nous abandonne jamais ?

     


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