• [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Mt 11,27) (cf. Lc 10,22 : « Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »

    Cette phrase apparemment si simple, c’est le plus grand cadeau que Jésus est en train de nous faire. Il nous dévoile en quelques mots toute la vie qui circule à l’intérieur de la Trinité, de toute éternité entre le Père et le Fils dans l’Esprit, comme si nous y étions. La seule connaissance qui intéresse Dieu, c’est la connaissance dans la réciprocité. Une connaissance en toute transparence dans laquelle aucun des deux ne se sent supérieur à l’autre, une connaissance où chacun ne pense qu’à accueillir l’autre de tout son cœur et à se donner à lui…

    C’est le secret de Dieu et de la semence divine que Dieu a mise au cœur de l’homme. Chaque fois que j’aime l’autre dans la réciprocité, que j’entre dans le cœur de l’autre pour mieux le connaître et l’aimer, dans le même mouvement où je me laisse aimer et connaître par lui sans rien avoir à cacher, sans rien avoir à défendre, c’est la vie de Dieu qui circule entre nous et le paradis est déjà descendu sur terre.

    Chaque fois que je crois connaître l’autre de l’extérieur, que j’essaye de surprendre ses secrets pour mieux le dominer ou me servir de lui, en prenant bien garde de ne pas lui laisser deviner ce qui se passe dans ma tête ou dans mon cœur, c’est l’enfer au lieu du paradis. Car ce n’est plus l’œil de Dieu qui regarde en nous, mais l’œil de l’orgueil ou de l’égoïsme qui pense seulement à profiter de l’autre ou à lutter contre lui au lieu de l’aimer. Ce n’est plus la « connaissance » de l’autre, mais le « jugement » sur l’autre, la « condamnation » de l’autre, qui va me juger et me condamner à son tour, mettre sur moi ses « étiquettes », en croyant me connaître. Mais ainsi ni moi ni l’autre n’avons rien compris à la vie et nous allons passer tout notre voyage sur terre comme des cailloux qui s’entrechoquent sans jamais se comprendre, au lieu d’être des rayons de lumière qui s’entrepénètrent en tous sens pour illuminer l’humanité en s’illuminant en même temps entre eux dans la joie la plus parfaite…

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. » (Mt 11, 25-26) (cf. Lc 10,21 : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. »)

    C’est toujours la même logique. A première vue, on pourrait se demander ce que Jésus ou le Père ont contre les sages et les savants. Ce sont des gens bien, les sages et les savants, ce sont eux qui font progresser et mûrir l’humanité, on en a tellement besoin. Mais voilà, de quelle sagesse avons-nous besoin ? C’est comme l’histoire de la possession et de la pauvreté. La sagesse aussi peut devenir une richesse qui se sent importante, qui se met au-dessus des autres, qui les juge, qui les méprise peut-être au lieu de les aimer… et elle sort de la vie de Dieu.

    La loi de Dieu est finalement très simple. Dieu sait seulement aimer, il est incapable de se sentir supérieur à la création elle-même et à l’humanité qu’il a inventée. Dieu est seulement capable de nous donner sa vie. S’il mettait entre Lui et nous une barrière, des obstacles, des jugements, des étiquettes, comme nous le faisons sans cesse entre nous les hommes, au nom de la sagesse ou de la vérité, ce ne serait plus Dieu. Dieu ne vient pas à nous d’en haut, de la supériorité de sa soi-disant toute puissance, il vient à nous de l’intérieur, du centre de son cœur au centre de notre cœur, comme par en-dessous, pour mieux nous soulever et nous élever jusqu’à Lui. C’est cela sa bonté infinie et immuable.

    Alors, si nous voulons que Dieu nous touche, nous n’avons qu’à nous libérer de toutes ces richesses morales, intellectuelles, psychologiques qui nous ont servi à un certain moment à aller de l’avant, mais que nous avons détournées en chemin pour nous séparer des autres, pour nous défendre, pour nous condamner entre nous, au lieu de nous aimer. Les « tout-petits » du Royaume des cieux, ce sont ceux qui sont devenus simples comme Dieu, qui ne pensent aux autres qu’avec la bonté de Dieu dans leur cœur, que l’autre soit bon ou non avec eux, car l’autre a en lui aussi la semence que Dieu y a mise et le reste est bien secondaire. Quand on chemine du matin au soir avec cet esprit des « tout-petits », la vie devient tellement plus légère…

     

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Qui vous accueille, m’accueille ; et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. » (Mt 10,40) (cf. Lc 10,16 : « Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. »)

    Tout le message de la Bonne Nouvelle est une révélation progressive de la vie du ciel au milieu de nous, telle que Jésus est venue pour nous l’apporter. Nous avons vu déjà comment Jésus nous fait découvrir peu à peu l’Amour qui règne « là-haut » entre le Père et le Fils dans l’Esprit : le Père et le Fils qui « passent leur temps », si l’on peut se permettre de parler ainsi de Dieu, à se donner l’un à l’autre de tout leur être et à s’accueillir en même temps dans la réciprocité la plus totale.

    Le but unique de Dieu n’est pas d’abord de faire tel ou tel miracle ou tel enseignement qui va bien sûr nous servir immensément, mais surtout de nous faire entrer en Jésus dans la relation trinitaire qui se vit au Paradis. Nous avons vu, dans la prière du Notre Père, comment Jésus voudrait de tout son cœur que nous entrions nous aussi dans cette relation d’amour réciproque qu’il a de toute éternité avec le Père. Cela devrait nous donner le vertige, un beau vertige, si nous nous arrêtions pour comprendre réellement ce qui est en train de nous arriver ainsi en Jésus.

    Tout le reste est finalement secondaire, les réussites ou les échecs à la suite du Christ, les moments de croix ou de résurrection, pourvu que chaque jour nous laissions l’Esprit en nous « accueillir » Jésus tel qu’il se présente à nous, dans la prière, dans l’eucharistie, dans la Parole, dans nos frères et nos sœurs en humanité et au milieu de nous. Et alors nous n’avons plus qu’à nous laisser porter par cette vague divine qui nous conduit au Père, que nous en soyons conscients ou non, que nous dormions ou non, comme cette semence du royaume de Dieu semée en nous et au milieu de nous, qui ne cessera plus jamais de grandir, car le Père en Jésus a commencé à nous adopter pour toujours.

    Mais puisque Jésus s’adresse ici à ses disciples, et donc finalement à chacun de nous qui avons décidé de le suivre, quelle responsabilité nous donne-t-il en même temps ! Car grâce à cette intimité que j’ai commencé à découvrir entre moi et Jésus, et à travers Jésus, entre moi et le Père et l’Esprit, je peux être pour chaque prochain que je rencontre une porte ouverte sur le ciel. Ce prochain qui m’accueille de tout son cœur va maintenant accueillir Jésus en moi et le Père, et si notre amour est réciproque, nous allons nous entraîner tous ensemble sur le chemin du ciel. Il y a déjà là en une toute petite phrase, tout le dessein de Dieu sur l’humanité.

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc adroits comme des serpents, et candides comme des colombes. » (Mt 10, 16) (cf. Lc 10,3 : « Allez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups »)

    Quelques erreurs à ne pas commettre devant une phrase pareille. Nous prendre pour des brebis et penser que tous les autres ou presque sont comme des loups. Ce serait tragique, cela nous ôterait la paix pour toujours, nous donnerait un complexe de supériorité par rapport au reste de l’humanité et en même temps un complexe de persécution, avec le risque de voir des ennemis partout, prêts à nous détruire. Nous deviendrions vite des malades psychiques et nous verrions toute l’humanité nous fuir… Mais c’est peut-être comme cela que beaucoup de chrétiens ont fait jusqu’à maintenant ou continuent à faire, et cela pourrait expliquer pourquoi les églises sont vides dans beaucoup de pays, en particulier en Europe occidentale.

    Alors, reprenons le chapitre tout entier de notre Evangile et remettons cette phrase apparemment terrible dans son contexte. Si Jésus nous demande d’être « candides comme des colombes », c’est d’abord que le danger n’est pas si grand que cela, sinon les colombes seraient tout de suite dévorées par les loups. Nous avons vu que, tout au long du chapitre, Jésus nous rassure, il nous dit de ne pas avoir peur, d’avoir confiance en lui, dans le Père et dans l’Esprit Saint qui sont toujours là pour nous guider et nous protéger.

    Jésus veut donc simplement nous rappeler que le suivre n’est pas une partie de plaisir, c’est une grande bataille entre le bien et le mal qui existe en chacun de nous. Nous ne devons donc jamais nous étonner si la bataille est difficile. Mais devant chaque obstacle avoir l’intelligence de l’amour qui sait éviter les coups inutiles (en étant « adroits comme des serpents »), qui ne veut pas résoudre à tout prix d’un seul coup tous les problèmes, qui sait attendre patiemment le moment d’intervenir pour distribuer l’amour que Dieu a mis en nos cœurs et qui sait surtout trouver la force de croire chaque fois qu’une solution est possible.

    A ce moment-là, la vie devient une belle aventure, une grande chasse au trésor, où les obstacles n’étonnent pas, puisque c’est la règle du jeu, mais au contraire incitent à inventer chaque jour de nouvelles stratégies pour faire triompher cet amour que Jésus a semé en nous et qui ne pourra plus revenir en arrière si nous le laissons faire. Alors nous accueillons chaque personne rencontrée au cours de la journée comme un possible partenaire qui pourra nous aider à trouver le trésor. Car si nous avons commencé à découvrir ce trésor, malgré nos limites et nos défauts, malgré notre histoire personnelle peut-être pleine de blessures, Jésus nous demande de nous unir à lui et à tous ceux qui ont commencé comme nous à le suivre. Et c’est ce torrent d’amour qui va déferler sur le monde et lui redonner la vie. Nous ne sommes plus alors des victimes potentielles mais des conquérants de l’humanité avec Jésus qui continue à ouvrir le chemin devant nous et au milieu de nous.


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 10 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    « Il dit alors à ses disciples : ‘La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.’ » (Mt 9,37-38) (cf. Lc 10,2 : « Il leur dit : ‘La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. ‘ »)

    A première vue, cette phrase est un peu surprenante. Qui est le maître de la moisson que nous devons prier ? N’est-ce pas Jésus lui-même ou encore le Saint Esprit ? Ne savent-ils pas exactement quels sont les besoins de la moisson ? Pourquoi devrait-on les prier et leur demander ce qu’ils savent mille fois mieux que nous ?

    C’est toujours la même logique : Dieu n’a pas besoin pour lui-même de nos prières, il en a besoin pour nous, c’est un besoin d’amour pour l’humanité. Car il sait que l’homme qui prie commence à entrer en contact avec lui et ne va plus le quitter. La prière va devenir sa respiration, sa seconde nature et il va se retrouver peu à peu en Dieu, dans la Trinité sans même plus se rappeler comment il en est arrivé là…

    Mais il est encore une autre clé de lecture qui va nous faire avancer ici, si l’on se souvient encore de notre découverte du « Notre Père ». Si l’on pense simplement que c’est justement le Père le premier maître de la moisson qui veille sur nous… Mais en même temps, nous savons que nous sommes incapables d’arriver chacun pour soi tout seul au Père si nous ne passons pas par le Fils dans l’Esprit. Et pour passer par le Fils, nous ne cesserons de le répéter, il ne suffit pas de parler de loin au Fils, il faut devenir le Fils lui-même qui s’adresse au Père : « Abba, Père ! » Et pour devenir le Fils, pour le laisser nous transformer en lui, corps et âme, nous devons non seulement l’aimer, mais nous aimer aussi les uns les autres. Et c’est pour cela que Jésus revient au fond toujours sur les mêmes concepts, sur les mêmes conseils sans se lasser, en espérant bien qu’un jour nous finirons par le prendre au sérieux. Et si ce jour c’était aussi maintenant ? Bien sûr ce n’est pas la première fois que je prends Jésus au sérieux dans ma vie, mais chaque jour mon cœur et notre cœur tous ensemble peuvent faire un pas de plus vers cet océan d’amour qui nous attend…

     

     


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