• « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qu’il y a de plus grave dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. » (Mt 23,23)

    Cette fois-ci, la réprimande terrible de Jésus est au moins bien facile à comprendre. On dirait une sorte de caricature. Comment imaginer que ces responsables religieux soient plus préoccupés par la dîme sur des plantes ou des aliments que par la vie de la justice, de la miséricorde et de la fidélité (ou de la « bonne foi » selon une autre traduction) ? Cela dépasse les bornes, c’est tellement scandaleux…

    Et pourtant… et pourtant, est-ce que nous-mêmes faisons beaucoup mieux lorsque nous nous disputons à l’église sur une habitude liturgique, sur le fait de prendre l’hostie avec les mains ou non, sur la préséance pendant les célébrations, lorsque nous nous scandalisons parce que le prêtre a oublié une prière ou parce que son sermon n’est pas clair et en même temps nous oublions de nous aimer les uns les autres ? Ou lorsque nous nous transmettons la paix dans l’église sans même regarder dans les yeux celui ou celle à qui nous la donnons, nous allons à la communion avec peut-être de la haine dans le cœur pour la personne qui se trouve devant nous dans la file ou pour le prêtre qui officie à l’autel ? Et la liste de nos contradictions n’en finirait pas de s’allonger.

    Si nous nous demandions simplement pourquoi nos églises se vident, pourquoi le témoignage des chrétiens a si peu d’impact sur la vie politique, pourquoi faire la guerre ou vendre des armes semble normal à la plupart des personnes qui vont à la messe le dimanche, etc… alors nous verrions que les temps n’ont pas beaucoup changé depuis l’époque des scribes et des pharisiens qui scandalisaient Jésus. Devons-nous donc maintenant être découragés, pessimistes et nous replier encore plus sur nous-mêmes ? Certainement pas, mais profitons de ces remontrances de Jésus pour nous projeter chaque jour un peu plus vers ce qui fait l’essentiel de son message, l’amour, la miséricorde, la paix, la réconciliation, l’unité, l’accueil ou le don de soi, sans tomber encore dans le piège de nous comparer aux autres et de juger ceux qui ne sont pas sur la bonne voie, alors que nous faisons peut-être pire qu’eux.

    Branchons-nous sur l’essentiel, c’est ce que Jésus ne cesse de nous répéter. Ne perdons pas de temps à nous regarder ou à regarder les autres, mais aimons, aimons ceux qui nous aiment, aimons ceux qui nous haïssent, aimons ceux qui nous comprennent de travers, et surtout aimons-nous les uns les autres pour que Dieu vienne demeurer parmi nous et prenne vraiment les choses en main. N’avons-nous pas fait déjà l’expérience que beaucoup de choses changent alors complètement dans notre vie de tous les jours et que nous commençons à nous sentir tellement plus libres ? Car vivre la vie de Dieu, ou le laisser lui-même la vivre en nous, nous fait voler et nous rend à la fois tellement plus légers et tellement plus concrets dans le service efficace du Royaume de Dieu déjà présent sur la terre…


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  • Aujourd’hui nous fêtons au Liban, avec nos amis, l’arrivée au ciel il y a deux ans de Mgr Armando. Mgr Armando Bortolaso, religieux salésien italien qui a servi toute sa vie les peuples du Moyen Orient, où il est arrivé à l’âge de 18 ans pour finir comme évêque latin de Syrie, puis évêque émérite retiré dans sa communauté salésienne du Liban, avait 92 ans. Les deux dernières années de sa vie, il était entre la vie et la mort et il n’a cessé de donner sa lumière, sa paix, sa sagesse et son amour concret à une foule de gens qui accouraient chez lui pour le réconforter et qui sortaient de sa chambre bouleversés jusqu’aux larmes et désireux de commencer comme lui à vivre le paradis sur la terre.

    C’est cela que faisait simplement Mgr Armando depuis déjà de nombreuses années, de toutes ses forces et de toute son âme : il essayait de vivre le paradis sur terre, ou plus exactement de laisser le paradis vivre en lui et à travers lui. Il n’avait plus d’autre but dans la vie. Il ne se souciait même plus s’il allait mourir dans une semaine, un mois, un an. Ce qui l’importait c’était de donner sa vie et son amour jusqu’au dernier souffle à ceux que Dieu lui envoyait.

    Je ne sais pas si j’ai rencontré dans ma vie beaucoup d’autres personnes comme lui qui avaient compris l’essentiel et qui étaient surtout capables de mettre cet essentiel en pratique. Et cet essentiel pour lui n’était pas si compliqué. C’était simplement la vie de la Trinité que Jésus est venu nous apporter sur la terre et dont est rempli l’Evangile, quand on sait lire ce qui y est écrit et, plus encore, lire entre les lignes.

    Pour Mgr Armando, la vie c’était accueillir et se donner dans la pleine réciprocité, comme le Père et le Fils le font de toute éternité au ciel dans l’Esprit. Accueillir ceux qui venaient à lui et leur donner sa vie, son âme, son attention, son écoute, son expérience, son affection au-delà de la fatigue, au-delà de ses limites, comme s’il n’avait rien d’autre à faire. Les gens sortaient de chez lui remplis de lumière comme Moïse descendant de la montagne après avoir rencontré Dieu et souvent bouleversés pour toujours.

    Et ce qui était le plus extraordinaire, c’est que ce géant de l’amour et de la spiritualité était capable de se faire si petit devant chacun qu’il était tour à tour pour nous un père, un frère et même un fils. Il nous faisait exister, il faisait sentir à chacun qu’il avait un trésor caché au fond du cœur. Et il continuait à répéter à chacun sans se lasser sa phrase magique : « L’important, c’est de ne jamais plus descendre du train. » Et le train, c’était ce paradis que chacun de nous a pu connaître au cours de sa vie en essayant de mettre en pratique l’Evangile, mais que souvent les circonstances de la vie nous font oublier.

    Non, nous disait-il avec une extraordinaire force de conviction, ne te laisse jamais impressionner par tout ce qui peut t’arriver dans la vie de difficile, de douloureux, d’incompréhensible. Tu n’as pas la force d’aller de l’avant, tu es pauvre et faible, et découragé ? Ne te regarde pas. Pense à Jésus qui t’attend dans chaque prochain. Tu es tombé et tu n’arrives plus à avancer ? Jésus t’aime comme tu es, il ne se scandalise jamais d’aucun de nous. C’est lui qui nous a créés et qui nous aime. Il te demande seulement de ne plus jamais descendre du train et de te laisser porter. Et si jamais tu es quand même descendu du train en route, même cela n’est pas bien grave, Jésus dans sa miséricorde est toujours là à t’attendre…

     


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  • « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » (Mt 23,12)

    Quelle phrase extraordinaire que celle-ci ! Mais ici aussi il faut bien comprendre. Et pour cela nous devons partir du verset précédent en Mt 23,11 : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. » Et nous nous souvenons ici des phrases de Mt 20,26-28 : « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Ainsi le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » Des phrases qui reprennent presque mot à mot le passage de Mc 10,43-45 que nous avions commenté en son temps.

    Jésus passe son temps à nous rappeler que nous sommes tous frères en humanité et que jamais quelqu’un de nous ne devrait se sentir plus grand, plus important que les autres, car ce serait comme se couper du reste de l’humanité. Le dessein d’amour de Dieu entre les hommes est possible seulement si tous les hommes s’aiment en se servant les uns les autres, à l’exemple du Christ lui-même qui est Dieu et qui pourtant est descendu parmi nous pour être un homme comme les autres.

    Tout est lié à notre Evangile des béatitudes. L’homme est grand en Dieu quand il est pauvre, quand il est humble, quand il se met au niveau de tous ses frères et sœurs en humanité. Pourquoi cela ? Parce que se séparer des autres en se croyant supérieur est comme casser le corps du Christ que représente l’humanité. Imaginons qu’un de nos membres ou une des parties importantes de notre corps se sente tout à coup supérieur aux autres et veuille les dominer, la main, le cerveau, le cœur, ce serait sa mort et en même temps la mort du corps tout entier. L’harmonie de l’humanité ne peut se faire que si tous les hommes restent liés entre eux au même niveau. On ne peut pas s’élever au-dessus des autres sans se faire du mal à soi-même et à tous ces autres.

    Mais alors pourquoi si quelqu’un s’abaisse, s’il se met au service de ses frères comme Jésus le demande, voilà qu’il va être tout à coup élevé ? C’est qu’il s’agit ici d’une élévation complètement différente. Quand nous avons découvert que Jésus et le Père sont attirés par deux ou trois hommes qui s’aiment selon la loi du ciel, cela veut dire que le ciel se déverse tout à coup sur la terre, et alors voilà que ces hommes sont soudain élevés au niveau du paradis, dans la dynamique de la réciprocité qui se vit au cœur de la Trinité et qu’ils vivent déjà « sur la terre comme au ciel ». Miracle du Royaume de Dieu qui commence déjà parmi nous sur la terre, même si ce n’est pas encore parfait comme quand nous serons en Dieu au ciel pour toujours.

    Mais c’est une élévation soudaine qui ne change rien à notre rapport avec les autres hommes. Les saints en sont un exemple merveilleux : ils ont déjà un pied au ciel, mais sur la terre ils sont envoyés à nouveau en mission pour s’abaisser au service des hommes comme Jésus l’a fait avant eux. Et plus l’homme s’élève au ciel en pénétrant déjà dans le Royaume plus il a la force de s’abaisser à donner sa vie pour les autres hommes. Miracle de l’amour qui libère de toutes les tentations de pouvoir et de domination que le diable essaye chaque jour de mettre en nous… 


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  • « Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul Maître et vous êtes tous frères. » (Mt 23,8)

    Alors là, il s’agit de bien comprendre Jésus si l’on ne veut pas dire de grosses bêtises. Pourquoi Jésus ne veut-il pas que nos responsables religieux, ceux de l’Eglise par exemple aujourd’hui et depuis presque toujours, se fassent appeler rabbi, ce qui veut dire seigneur ou maître, ou se fassent appeler père ou docteur ? Et pourquoi notre Eglise est-elle pleine depuis longtemps de pères ou de monseigneurs ? Avons-nous trahi complètement l’Evangile ?

    Il faut d’abord entrer tout de suite dans le cœur et l’esprit de Dieu si l’on ne veut pas passer complètement à côté de la vérité. Dieu n’est pas un pharisien qui se débat contre d’autres pharisiens. Il n’est pas un homme de pouvoir qui a peur de la concurrence et qui veut être le seul à dominer le monde.

    Repartons du Dieu des béatitudes qui nous accompagne depuis le début de cet Evangile. Oui, Dieu, notre Dieu, est un Dieu tout puissant. Son pouvoir est immense et infini, mais, et c’est là que nous devons bien faire attention, le pouvoir de Dieu n’est pas un « pouvoir sur », c’est un pouvoir de », ce n’est pas un pouvoir « sur » les hommes pour les dominer, c’est le pouvoir de l’Amour qui peut tout et qui nous laisse en même temps complètement libres.

    Dieu peut nous guérir, nous sauver, nous ressusciter, nous inonder de sa lumière, nous faire entrer à chaque instant dans son paradis… si nous le voulons, si nous le lui demandons, mais jamais de force. Dieu ne veut pas nous dominer, il veut seulement nous faire entrer dans l’intimité de la réciprocité trinitaire où le Père et le Fils se donnent totalement l’un à l’autre dans l’Esprit. Le Père n’est pas un père qui veut dominer son Fils, mais seulement qui veut se donner tout entier à Lui par Amour, dans l’Esprit qui est justement cet Amour.

    Le problème n’est donc pas une question de vocabulaire ou d’étiquette. Le Père n’a pas peur que quelqu’un d’entre nous prenne sa place. D’ailleurs le Père n’a jamais peur car il est Dieu, et, si jamais il avait peur, ce serait peut-être peur pour nous, par amour, pas peur pour Lui qui ne risque rien. Le Père sait que si des hommes commencent à se sentir supérieurs à d’autres hommes et essayent de les dominer en prétendant les amener à Dieu, ils vont leur couper la route du ciel et ce sera le plus grand détournement de l’histoire des hommes.

    C’est là qu’est le problème, le problème des pharisiens du temps de Jésus et le problème de certains responsables de l’Eglise d’aujourd’hui qui abusent de leur pouvoir sur les hommes et qui les détournent du paradis qu’ils prétendent leur annoncer. Toute la différence est là. Ce n’est donc pas grave si la tradition a fait que nous avons aujourd’hui des pères ou des monseigneurs parmi nous, mais à condition que ces pères ou ces monseigneurs soient des canaux d’amour divin qui nous portent directement au contact de Jésus, du Père et de l’Esprit. Pas comme cet évêque que j’ai vu un jour se fâcher parce qu’une pauvre dame ne l’avait pas reconnu et l’avait appelé « mon Père » au lieu de l’appeler « Monseigneur ». Là cela devient de l’usurpation de pouvoir et l’on comprend pourquoi les églises se sont vidées dans le monde…

    Et le problème n’est pas seulement de nos responsables mais de chacun de nous, chaque fois que nous oublions que nous sommes tous frères et sœurs en humanité, tous appelés à nous servir dans la réciprocité et à donner notre vie les uns pour les autres en faisant ainsi revenir Jésus demeurer parmi nous avec le Père et l’Esprit, chaque fois que nous nous aimons comme Lui nous a aimés et nous nous servons au lieu d’essayer de nous dominer les uns les autres.


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  • Cette fois-ci, nous approchons de la fin. Les deux prochains chapitres seront ceux du cinquième et dernier discours de Jésus qui précèdera directement le récit de la passion et de la résurrection. Le climat entre Jésus et ses adversaires devient de plus en plus tendu. Nous avions déjà vu en Marc un passage bien clair où Jésus disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers rangs dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d’autant plus sévèrement condamnés. » (Mc 12, 38-40)

    Mais ici tout le chapitre 23 est consacré à cette condamnation impressionnante de l’action et des paroles des scribes et des pharisiens. La première partie de cette violente diatribe contre ces chefs religieux qui ont décidé de se débarrasser de lui est presque tout entière originale chez Matthieu, tandis que le reste du discours se retrouve presque tel quel chez Luc. Mais pourquoi ce véritable déchaînement contre ses adversaires ?

    Il faut encore une fois remettre tout le discours dans son contexte. Le Jésus de Matthieu n’a pratiquement jamais rien dit contre les méchants de ce monde, comme les envahisseurs romains, à peine quelques phrases contre Hérode, rien non plus contre les païens ou les samaritains. Jésus n’est pas venu sur terre pour juger l’humanité malade, mais pour préparer son Royaume dès ici-bas sur cette terre.

    On comprendra en fait que son intention n’est même pas de juger ou de condamner les scribes et les pharisiens comme personnes. Dans quelques années nous savons que Jésus, sur le chemin de Damas, ira jusqu’à appeler un de ses pires ennemis pour en faire en Paul le plus grand des apôtres. Jésus n’est pas un homme, homme Dieu, acculé, qui voudrait régler ses comptes.

    En fait si l’on relit maintenant tout ce que nous avons déjà appris de Jésus dans l’Evangile de Matthieu, on se convainc bien vite que Jésus, comme le Père et l’Esprit ne sont jamais « contre » personne. Et c’est cela la clé de lecture essentielle qu’il ne faut jamais oublier. Notre Dieu Amour n’a pas envoyé son Fils bien-aimé pour juger ou condamner les hommes, mais pour les sauver. Même cette violence apparente que l’on a déjà rencontrée quand Jésus a chassé les marchands du Temple, n’était pas contre les personnes, mais contre leurs actions et pour libérer la maison de Dieu de ceux qui s’en étaient emparés pour leurs propres intérêts…

    Du début à la fin de son Evangile, Jésus ne parle que de pardon, de réconciliation, d’amour pour les ennemis. Et si sa colère semble se déchaîner ici, c’est une colère pédagogique. Il veut seulement que tout soit clair pour ses disciples et pour tous ceux qui vont le suivre pour les siècles des siècles, pour l’Eglise qui va bientôt naître. On peut toucher à tout pour Jésus, il sait que l’homme est faible, malade, pécheur, et il ne semble pas trop s’en scandaliser. Mais il ne peut pas supporter qu’on se fasse le porte-parole de Dieu, son Père, en vivant exactement le contraire du message de Dieu. Il y a la une supercherie, un mensonge, un détournement de la vérité que Jésus avant de mourir sur la croix veut déraciner pour toujours.

    « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes… (comme ce que disait Marc justement) … ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.

    Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul Maître et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur la terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus appeler docteurs, car vous n’avez qu’un seul docteur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. 

    Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le Royaume des cieux devant les hommes ; vous-mêmes n’y entrez pas, et ceux qui essayent d’y entrer, vous ne leur permettez pas d’entrer !

    Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un seul converti, et quand vous y avez réussi, vous en faites un homme voué à la géhenne, deux fois pire que vous ! »

    Ces paroles sont tellement claires quand on repense à l’idéal du disciple dont parlait Jésus quelques chapitres plus tôt, ces hommes appelés comme Jésus à servir les autres hommes et non pas à être servis. C’est l’éternelle tentation de l’homme qui détourne pour son propre intérêt et son propre pouvoir ce qui était justement la plus belle mission de donner sa vie comme Dieu pour l’humanité.

    Et Jésus continue : « Malheureux êtes-vous, guides aveugles, vous qui dites :’ Si l’on fait un serment par le Temple, il est nul ; mais si l’on fait un serment par l’or du Temple, on doit s’en acquitter’. Insensés et aveugles ! Qu’est-ce qui est le plus important : l’or ? ou bien le Temple par lequel cet or devient sacré ? » Et la même chose encore pour l’autel et les offrandes qui sont dessus. La religion devient ainsi une caricature du message divin, un obstacle pour comprendre l’amour de Dieu au lieu de nous porter à lui, comme devrait être sa mission première…

    « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qu’il y a de plus grave dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité [ou la ‘bonne foi’ selon une autre traduction]. » Une religion qui a perdu son âme en quelque sorte.

    Et de pire en pire : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l’extérieur de la coupe et de l’assiette, mais l’intérieur est rempli de cupidité et d’intempérance ! Pharisien aveugle, purifie d’abord l’intérieur de la coupe afin que l’extérieur aussi devienne pur.

    Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des tombeaux blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures. C’est ainsi que vous, à l’extérieur, pour les gens, vous avez l’apparence d’hommes justes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal. » Une religion qui devrait être au service de la lumière de la vérité de Dieu et qui devient un immense mensonge pour tromper l’humanité.

    « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites… vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes. Eh bien, vous, achevez donc ce que vos pères ont commencé ! Serpents, engeance de vipères, comment éviteriez-vous le châtiment de la géhenne ? C’est pourquoi, voici que j’envoie vers vous des prophètes, des sages et des scribes ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous en flagellerez d’autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville ; ainsi retombera sur vous le sang des justes qui a été versé sur la terre… amen, je vous le dis, tout cela retombera sur cette génération. » Ces chefs religieux se sont tellement détournés de leur mission, que non seulement ils n’aident pas les gens à aller vers Dieu, mais ils les empêchent d’y parvenir et ils finissent même par aller ouvertement contre Dieu et ses envoyés, c’est le comble du mal, tout proche certainement du péché contre l’Esprit que Jésus disait impossible à pardonner…

    Et la fin du discours de Jésus est poignante, triste et en même temps pleine d’espérance car toute cette hypocrisie va être balayée par cette pierre d’angle dont parlait Jésus à peine quelque temps auparavant, sur laquelle tout ce mal va finir par se briser. Mais malheureux l’homme qui se compromet lui-même avec toute cette hypocrisie, car il sera le premier à être écrasé par la victoire de la vérité.

    « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes, toi qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu. Maintenant Dieu abandonne votre Temple entre vos mains, et il restera désert. En effet, je vous le déclare : vous ne me verrez plus jusqu’au jour où vous direz : ‘Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur’. »

    Oui, la mort est proche. Si nous ne savions pas que la résurrection est tout de suite passée par là, il y aurait de quoi être désespérés. Mais c’est là que l’Amour infini de notre Dieu tout puissant apparaît encore plus immense… Nous reprendrons encore quelques phrases comme « perles de la Parole » car elles sont une leçon merveilleuse de lumière et de sagesse pour l’éternité !


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