• [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 24 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2017]

    « Prenez garde que personne ne vous égare. » (Mc 13,5) (cf. Mt 24,4 : « Prenez gare que personne ne vous égare. »)

    La vie avec Jésus est tellement simple au fond ! Que personne ne nous « égare » : voilà le mot-clé de notre phrase d’aujourd’hui. Etre égaré, cela veut dire s’être perdu en route, ne plus trouver son chemin, ne plus savoir comment avancer, douter de tout. C’est la pire chose qui puisse nous arriver.

    Alors, tout simplement, ne pas nous laisser égarer. Ou bien, lorsque nous nous sentons perdus, nous arrêter tout de suite, refaire en arrière le chemin qui nous a trompés, retourner au croisement de rues où nous avons pris la mauvaise direction et repartir dans le bon sens.

    Car si l’on y réfléchit bien, il est impossible de se tromper. Ou au moins de se tromper pour longtemps. Car lorsqu’on marche avec Jésus et son Evangile, on ressent une telle paix, une telle lumière, que toute agitation, toute crainte, toute peur qui nous égarent ne peuvent jamais venir de lui.

    Ce sont justement des « personnes » qui nous égarent. Des personnes qui sont elles-mêmes perdues, ou, pire encore, qui veulent nous entrainer avec elles sur des chemins qui servent leurs intérêts et leur avidité et qui cherchent à nous exploiter, à faire de nous de pauvres jouets entre leurs mains. Nous devons apprendre à ne pas nous laisser faire…

    Ces personnes-là, on les rencontre à tous les coins de rues, dans les médias qui nous envahissent désormais à chaque moment de la journée. Une nouvelle sur internet qui crée en un instant la panique, la déception, la méfiance, qui assombrit notre chemin. Et nous voilà comme une pauvre feuille qui vole au gré des vents et des courants sans plus savoir ce qu’elle fait.

    C’est vrai que nous sommes souvent bien faibles devant tous ces courants qui nous heurtent à longueur de journée et qui veulent nous emporter avec eux. Et c’est pour cela aussi qu’on ne peut vivre l’Evangile que tous ensemble. Pour échapper aux personnes qui veulent nous troubler, nous devons nous mettre en cordée avec d’autres personnes qui nous tiendront attachés à la lumière de l’amour qui guide le monde sans faire de bruit.

    Avez-vous remarqué que ce qui nous égare est souvent plein de bruit, de fracas, de violence, alors que ce qui nous donne la paix est discret, tranquille, plein de force dans la simplicité et l’humilité ? Vraiment la vie change, quand on réussit à ne pas se laisser égarer, car non seulement on ne se perd plus, mais on acquiert peu à peu la joie immense de partager la lumière avec une foule de gens qui la cherchaient depuis longtemps, mais qui ne l’avaient pas encore trouvée. Quelle joie de donner la lumière autour de nous, parfois même dans des moments d’épreuves ! Car au lieu d’être toujours sur la défensive, il suffit de partir nous-mêmes à l’attaque. Quand on vit l’Evangile, tous ensemble, plus rien ne peut vraiment nous renverser… 


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 24 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2017]

    « Tu vois ces grandes constructions ? il n’en restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit. » (Mc 13,2) (cf. Mt 24,2 : « Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? Amen, je vous le dis : il ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit. »)

    Nous venons de lire cette phrase terrible au début du chapitre 13 de l’Evangile de Marc : « Comme Jésus sortait du Temple, un de ses disciples lui dit : « Maître, regarde : quelles belles pierres ! quelles belles constructions ! » Jésus lui dit : « Tu vois ces grandes constructions ? il n’en restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit. » (Mc 13,2)

    Jésus veut-il nous faire peur ici ? Certainement ! Et pourtant nous savons bien que l’Evangile n’est pas un message de peur mais d’amour. Alors que se passe-t-il ? Il s’agit d’un simple rappel, essentiel pour notre vie : tout passe, tout est vanité des vanités, comme nous le disait déjà l’Ancien Testament. 

    Mais pourquoi Jésus est-il descendu parmi nous sur la terre, lui le Tout puissant, si c’est pour nous redire une fois de plus que la vie conduit à la mort, comme si nous ne le savions pas, comme si nous n’en faisions pas chaque jour une nouvelle expérience ? Toute une vie consacrée aux plus beaux projets que l’homme puisse rêver et voilà qu’en quelques jours tout va s’arrêter. Il ne restera plus rien.

    C’est sur ce verbe « rester » que je voudrais m’arrêter ici un instant avec vous. Le plus grand rêve de l’homme c’est celui de « rester », de continuer à vivre pour toujours, d’être immortel. Et si Dieu est véritablement amour, et c’est ce que nous expérimentons chaque jour dans notre vie lorsque nous nous laissons porter par lui, il ne peut pas s’être moqué de nous. Il ne peut pas avoir mis en nous ce rêve apparemment insensé pour se moquer de nous tout simplement : quel amour cela serait-il ? Ce serait tellement cruel de nous traiter de la sorte.

    Non, ce que Dieu a mis en nous de plus vrai, de plus fort, de plus profond est bien là pour « rester ». Mais il s’agit de bien distinguer. Il s’agit de ne pas tout confondre. De ne pas croire que c’est ce qui est apparemment fort et puissant qui va rester. Non, la puissance extérieure n’a rien à voir. Jésus lui-même va mourir dans quelques heures… mais il va ressusciter.

    La résurrection ne nous frapperait pas autant si tout s’était passé en douceur, comme si de rien n’était. La résurrection est extraordinaire parce qu’elle fait suite à la mort, à la destruction la plus totale que l’on puisse imaginer. Nous devons donc accepter de regarder pour toujours cette réalité en face dans notre aventure sur cette terre. La vie est pleine d’échecs, de maladies, de morts, de destructions. Mais ce sont ces échecs, ces maladies, ces morts et ces destructions qui vont passer finalement. Ce n’est pas la vie qui passe, c’est la mort qui passe, et cette vie qui « reste » est d’autant plus belle et plus forte qu’elle a passé et dépassé l’épreuve de la mort.

    N’avons-nous pas expérimenté souvent dans notre vie combien l’amour grandit au milieu des épreuves, combien notre cœur déborde d’amour pour chacun et même pour le monde entier lorsque nous entrevoyons enfin la lumière à la fin d’un tunnel ? Mystère de la souffrance et même de la mort qui nous conduisent à la vie qui « reste » et qui grandit et se transforme, déjà sur cette terre, sans avoir besoin d’attendre la vie éternelle. Quel amour étonnant de ce Dieu qui a affronté la mort pour nous pour que nous puissions la regarder en face sans plus la craindre…


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  • Oui, je fête ces jours-ci 50 ans de vie au Moyen Orient ! 50 ans qu’un soir de janvier 1971 je suis arrivé à l’aéroport de Beyrouth, accueilli par mes amis du Focolare et par Michel et Georges qui ne m’ont plus quitté jusqu’à maintenant. 50 ans que même avec les rêves les plus fous je n’aurais jamais pu imaginer. 50 ans de joies et de souffrances partagées avec ces nouveaux amis qui sont devenus ma famille. Du Liban à l’Egypte, à l’Irak, la Jordanie et la Syrie, de la Terre Sainte à la Turquie et à Chypre, tous ces peuples souvent si mal considérés par les grands de ce monde et qui ont encore tellement de trésors cachés à donner à toute l’humanité.

    Je ne peux pas raconter ici toutes les aventures vécues, toutes les rencontres, toutes les peurs et les angoisses et surtout toutes les surprises, les belles surprises qui vous donnent des moments de bonheur infini parce qu’à travers ces frères et ces sœurs si différents de moi au départ, j’ai fini par me retrouver avec un autre moi-même, avec le cœur de l’humanité.

    Et moi qui suis arrivé ici si jeune, j’avais à peine 22 ans, sans presque aucune expérience de la vie, avec seulement de bonnes intentions de servir le mieux possible tous ceux que Dieu aurait mis sur mon chemin, j’ai appris à entrer peu à peu dans l’âme de tous ces peuples, à la fois si semblables et si différents. Si semblables, parce que les peuples du Moyen Orient ont un sens de la famille qu’on a souvent perdu en occident, un sens des relations sociales qui fait qu’il est impossible de laisser quelqu’un isolé, perdu, tout seul dans son coin, et une chaleur humaine qui change le sens du travail, des loisirs, de la culture, de la vie de tous les jours.

    Mais aussi si différents, car forgés au cours des siècles par des climats bien variés et le Libanais qui vit entre la mer et la montagne est un peuple toujours dynamique, disponible, créatif, attachant, moins réservé que les Syriens, les Irakiens ou les Jordaniens qui ont grandi auprès du désert et ont le courage, la fidélité et la droiture de gens qui savent que tout pas en avant est aussi un pas qui coûte. Et on n’en finirait pas de s’émerveiller encore des Egyptiens qui s’amoncellent le long du Nil comme une ruche d’abeilles accueillantes, généreuses et toujours joyeuses, et de tous les autres peuples de la région.

    Et ce qui s’est passé peu à peu comme un miracle dont je ne me suis pas rendu compte tout de suite, c’est que tous ces nouveaux frères et sœurs en humanité m’ont complètement transformé. Ce jeune français timide que j’étais, content de répondre à cet appel de donner ma vie pour l’humanité, mais tellement plein encore de préjugés, de jugements sur les autres et sur moi-même, honteux parfois de ma propre identité française qui a fait souvent bien du mal aux autres peuples au cours de l’histoire, j’ai appris à devenir moi-même. J’ai appris que c’est en accueillant le trésor caché des autres que j’allais finalement découvrir le trésor caché qui était en moi. J’ai goûté à l’âme de chaque peuple et de tous ces frères et sœurs rencontrés. J’ai compris enfin que pour trouver le bonheur dans la vie, il suffisait de le donner aux autres et de le recevoir de ces autres comme un boomerang de réciprocité qui vous surprend toujours, chaque fois qu’il vous arrive à l’improviste comme le plus beau des cadeaux.

    Le secret de tout cela ? Me lever bien sûr chaque matin en me demandant : à qui et comment je pourrai donner ma vie aujourd’hui, mais surtout donner cette vie qui bouillonne en moi sans plus me regarder, en essayant surtout d’accueillir l’autre de tout mon cœur, de « vivre l’autre », de faire de l’autre le centre de ma vie. Avec cette immense surprise de chaque jour que c’est l’autre qui va peu à peu me faire devenir moi-même. Alors il n’y a plus rien à attendre de la vie, ou du moins pas de résultats précis qu’on n’atteindra jamais et qui nous feront passer de déception en déception, mais il suffit de se laisser désormais porter par cette vie qui brûle dans notre cœur et dans le cœur de chacun. Se laisser faire par ces frères et ces sœurs que j’aime et qui m’aiment et tout le reste devient secondaire. Et l’on est étonné à la fin de voir que la vie triomphe toujours quand on la laisse simplement être la vie, sans plus vouloir la conditionner par nos courtes vues, mais en la laissant voler là où elle sait voler, pour toujours.


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  • En ces périodes de confinement plus ou moins sévère selon les pays, vous avez peut-être eu plus de temps pour suivre les articles du blog ? J’espère surtout que vous allez tous bien, ou au moins le mieux possible. Je sens qu’écrire des articles en cette période si difficile est aussi un acte de plus en plus utile pour nous aider les uns les autres à ne pas perdre l’espoir…

    Une grande partie du mois a été consacrée au chapitre 23 de l’Evangile de Matthieu, un chapitre qui fait beaucoup réfléchir, dans « Perles de la Parole » du 2 au 18 janvier. Après l’introduction générale, « Matthieu 23 », vous pouvez découvrir « Dans l’Amour du vrai Père », « S’élever en Dieu », « Nous brancher sur l’essentiel », « Au cœur de la pureté », « Avant qu’il ne soit trop tard ? », « Dernier avertissement ? » et « Espérer contre tout espérance ».

    Le 8 janvier, j’avais écrit « Monseigneur Armando », dans « Reflets du paradis », en souvenir de ce grand ami qui nous a quittés il y a deux ans. Puis, le 20 du mois, dans « Découvertes » : « Qu’est-ce que ça change ? ». Le 22 et le 24, encore dans « Reflets du paradis » : « Les deux miracles de la confiance » et « Ne plus vouloir posséder ». Le 26 janvier, dans « Provocations » : « A quoi ça sert d’avoir raison ? ». Et pour finir le 28, dans « Passepartout » : « Ne jamais revenir en arrière. »

    Bonne lecture et bon courage pour tout ce que vous vivez !


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  • Je crois que la vie devient une véritable libération quand on apprend à ne plus jamais revenir en arrière dans la construction de toutes nos relations avec les autres. Quand il s’agit de pas en avant positifs bien sûr. Si nous avons eu des conflits avec certaines personnes, il est certainement bon de revenir rapidement en arrière et d’essayer de nous réconcilier pour repartir de l’avant, mais ce serait un autre sujet, celui du pardon et de la miséricorde en particulier que nous avons déjà souvent abordé dans le blog.

    Mais il faut peut-être s’expliquer un peu mieux ce que cela voudrait dire de ne pas revenir en arrière, car cela peut avoir des sens parfois différents. Le premier, le plus simple et le plus évident, c’est que lorsque j’ai fait la connaissance d’un nouvel ami, je ne peux évidemment pas le rencontrer le lendemain dans la rue et faire comme si c’était pour moi un inconnu. Quand j’ai commencé à dire bonjour à une personne chaque matin, il sera blessé si, un jour, je ne le salue même pas quand je le rencontre au supermarché. Si j’ai pris l’habitude de serrer la main à un voisin dans l’escalier de l’immeuble, c’est évident que je continuerai toujours (à part les problèmes que nous avons en ce moment pour le coronavirus). Et il en va de même pour un sourire, une plaisanterie, un service, un conseil. C’est tellement beau de tisser ces relations qui se renforcent chaque jour un peu plus par ces signes de confiance réciproque.

    Cela fait réfléchir tout de même que n’importe quel geste, n’importe quelle parole est toujours quelque part un engagement de responsabilité et de fidélité avec les autres. Je ne peux pas commencer à montrer mon amitié et mon affection à quelqu’un pour m’en détourner à la première difficulté. Et cela demande beaucoup d’équilibre dans la vie, car nos programmes changent, nous nous déplaçons d’une ville à une autre et d’un pays à un autre et l’on ne peut évidemment pas continuer à vivre toutes nos relations de la même façon. Mais l’amour et l’amitié savent toujours trouver des moyens d’arriver au cœur de l’autre même quand les circonstances extérieures changent. C’est un beau défi que l’on peut apprendre à regarder comme une belle aventure et non pas comme un poids que l’on traîne et dont on ne sait plus quoi faire.

    Mais ne pas revenir en arrière a aussi un autre sens. J’ai vécu avec telle ou telle personne des moments inoubliables, pendant des vacances, au cours d’un voyage, dans des circonstances douloureuses où nous nous sommes profondément aidés l’un l’autre. Ou bien j’ai vécu des moments de partage intense où j’ai pu ouvrir mon cœur avec quelqu’un ou lui avec moi. Et j’aimerais que ces moments magiques reviennent toujours chaque fois que nous nous rencontrons. C’est bien normal et compréhensible, mais c’est là que commence le danger de regarder toujours en arrière. Le beau passé est passé et il ne se reproduira donc jamais plus, au moins de la même manière. Le présent sera toujours nouveau et on ne doit plus le comparer au passé, sous peine de s’enfermer soi-même dans la prison de ses beaux souvenirs. Triste constatation ? Bien au contraire. Aimer l’autre, c’est croire qu’il a changé comme moi, qu’il a mûri, qu’il porte en lui de nouvelles richesses que je ne soupçonne même pas. Et c’est là que la magie des relations humaines nous surprendra toujours si nous savons les prendre du bon côté sans jamais plus attendre la répétition d’un beau passé, mais en ouvrant notre esprit et notre cœur sur un avenir qui sera encore plus beau, plus profond, si nous continuons à faire confiance à la réciprocité de l’autre qui ne devrait jamais mourir…


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