• Se laisser envahir par la force du pardon

    « Si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez-lui pour que votre Père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes. » (Mc 11,25)

    Ici se pose un problème. Où est passé cet amour sincère et désintéressé dont nous parle l’Evangile ? Voilà que je deviens maintenant comme un commerçant qui pense seulement à son intérêt ? Je me mets à faire du chantage avec Dieu ? J’aimerais tellement être pardonné, alors je vais pardonner aux autres et Dieu sera bien obligé de me pardonner : c’est malin, je suis un bon profiteur. Ce n’est pas la personne à qui je pardonne qui m’intéresse, mais ma tranquillité à moi : que Dieu me pardonne et le reste m’est alors bien égal.

    Il y a des gens qui pensent de cette façon, c’est sûr. Et peut-être que chacun de nous est passé par là à certains moments de sa vie. Et d’autres gens se scandalisent ou bien se détournent d’une religion qui leur semble pleine de fausseté dans les relations entre les hommes. Où est donc la vérité dans tout cela ?

    Il faut certainement reprendre notre phrase et la regarder sous un autre angle. Il faut d’abord reconnaître qu’aucun de nous n’est capable de pardonner au départ. Comment accepter en toute simplicité d’aimer de tout notre cœur une personne qui nous a fait du mal, qui a peut-être apparemment brisé notre vie ou la vie de quelqu’un qui nous est cher ? Humainement ce ne serait pas possible.

    Alors il faut se mettre à la place de Dieu et voir ce qu’il a fait et ce qu’il fait encore depuis toujours. Nous qui l’avions trahi et qui continuons chaque jour à le trahir, il ne cesse de nous pardonner. Il a même donné sa vie pour nous et il nous remplit à chaque instant de cette vie. C’est qu’il est Dieu et il ne sait pas faire autre chose que d’être Dieu et de nous aimer…

    C’est donc cela le secret de notre phrase. Dieu ne sait pas faire autre chose que d’aimer. Dieu est amour en lui-même, dans ces trois personnes de la sainte Trinité qui ne cessent de s’accueillir et de se donner l’une à l’autre de toute éternité. Et Dieu est en même temps amour hors de lui, cet amour qu’il a déversé sur la création et en particulier sur l’humanité. Lorsque nous commençons à ouvrir nos portes à l’amour de Dieu, voilà que devenons comme lui, nous ne pouvons plus ne pas aimer. Nous sommes entraînés par une force irrésistible qui nous fait voir les autres comme Dieu les voit et qui nous pousse à donner notre vie pour eux et pour lui en même temps.

    Il ne s’agit donc plus de pardonner pour qu’ensuite Dieu nous pardonne. Il s’agit de laisser entrer en nous un peu de cet amour-pardon qui pardonne aux autres en même temps qu’à nous-mêmes sans distinction, nous laisser envahir par le pardon de Dieu. Car en Dieu le bonheur des autres est notre bonheur, il n’y a plus d’égoïsme. Chemin difficile pour en arriver là ? Certainement, mais ce n’est pas cela l’important. Lorsque nous avons commencé à goûter à cet amour de Dieu qui ne peut plus s’arrêter de pardonner, nous ne pouvons certainement plus revenir en arrière. Nous sommes pris dans ce courant d’amour et de béatitude infinie sans lequel nous ne pourrons plus vivre. Alors pardonner, servir, écouter, se donner, partager, communier, toutes les nuances de cet amour qui se répondent à l’infini comme dans un immense écho qui nous surprend chaque jour un peu plus, cela devient secondaire. Mais ce qui est sûr c’est que nous avons ouvert notre porte à Dieu et que lui a commencé à faire le reste et que notre vie ne sera plus jamais comme avant !

     


  • Commentaires

    1
    Hayat
    Dimanche 27 Novembre 2016 à 10:30
    Tt est là : commencer à ouvrir sa porte...commencer à goûterà son amour .. et alors quel merveilleux courant nous entraîne !
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