• « Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin efforce-toi de te libérer envers lui, pour éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre au percepteur des amendes, et que celui-ci ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. » (Lc 12,57-59)

    Un peu plus tôt dans notre chapitre, Jésus semblait ne pas vouloir s’occuper de la justice des hommes, lorsqu’il disait à ce pauvre homme qui lui demandait de l’aide pour un problème d’héritage, que cela ne le regardait pas. Et voilà que maintenant il nous donne des conseils sur ce qui est juste dans les affaires de ce monde. Devons-nous y voir une contradiction ?

    Je crois que tout est simple en Jésus. Il est bien qu’il nous ait d’abord expliqué que la justice de Dieu est sur un plan d’amour tellement divin que toute notre vie changerait si nous apprenions à nous laisser faire par Lui. Mais en même temps, Jésus sait bien que nous ne construirons pas en deux jours le paradis sur la terre. Alors, il nous conseille ici de respecter tout de même la justice des hommes. Car cette justice est quand même beaucoup mieux que la loi de la jungle qui s’installe lorsque chacun ne pense qu’à se méfier des autres et à les dominer.

    Ce n’est pas parce que nous avons déjà commencé à vivre sur le plan divin de la Parole de Dieu, que nous devons nous croire maintenant supérieurs aux autres et refuser de traiter avec eux. Ce serait tomber dans le piège terrible du « levain des pharisiens hypocrites. » C’est en nous faisant « un » avec tous les efforts de la société humaine qui essaye chaque jour de créer de meilleures conditions dans les relations entre les hommes, que nous pourrons unir notre action avec tous les hommes de bonne volonté.

    Car Dieu est présent en chacun, même si tout le monde n’en est pas conscient. Et il est sage de considérer tout effort de notre prochain, quel qu’il soit, comme un bien positif pour l’humanité, comme Dieu fait déjà avec nous, au milieu de nos petits progrès de chaque jour. Jésus n’est pas là pour nous complexer, mais pour nous élever continuellement vers Lui, là où nous nous laissons rencontrer par Lui…

     

     


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  • « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées… » (Lc 12,51)

    C’est vrai que nous avons déjà commenté cette même phrase de Jésus lorsque nous l’avons rencontrée en Mt 10,34, mais je voudrais ici y revenir, comme un nouvel exemple que les phrases de Dieu sont un puits de sagesse sans fin auquel nous abreuver toujours plus chaque jour de notre vie…

    Nous avons bien compris que la paix de Dieu n’est pas celle du monde et que là où les hommes refusent de vivre cette paix de l’amour divin, les conflits et les guerres vont reprendre de plus belle. Les ennemis de toujours vont retomber dans leur logique de violence, puisqu’on n’arrivera jamais à guérir le mal par le mal. Mais ce qui me frappe aujourd’hui, c’est que Jésus n’est pas en train de nous parler des ennemis de toujours qui refusent de se réconcilier. Il va ici beaucoup plus loin. Il nous dit que les membres d’une même famille vont maintenant s’entredéchirer.

    Vous ne trouvez pas cela choquant ? Alors nous allons essayer de comprendre. Tant que Dieu n’était pas descendu sur terre et qu’il nous parlait de son ciel et le plus souvent indirectement à travers ses prophètes, l’humanité ne comprenait pas grand-chose. Mais maintenant que Jésus est venu et qu’il a commencé à nous expliquer la loi du ciel, nous n’avons plus les mêmes excuses pour dire que nous n’avons rien compris. Dieu est là, au milieu de nous, mais on ne peut plus tricher avec lui. Ou bien nous prenons au sérieux ses paroles, ou bien les pauvres relations terre à terre que nous nous étions construites tant bien que mal vont toutes s’écrouler comme un château de cartes. Comme le Temple de Jérusalem dont il ne va plus rester pierre sur pierre.

    C’est cela que Jésus veut nous dire ici. Les gens d’une même famille ne peuvent plus penser qu’ils se comprennent et qu’ils s’aiment suffisamment pour continuer à vivre ensemble dans une belle harmonie. Car cette harmonie, quand elle est basée sur cet amour intéressé du vieil homme qui se regarde avant de regarder l’autre et de donner sa vie pour lui, ne va plus tenir debout devant la logique de la Trinité. Dieu nous apporte le bonheur, mais son bonheur ne peut pas être une apparence de bonheur basée sur un tas de compromis ou de mensonges.

    Alors, c’est fini, si même les membres d’une même famille ne sont plus capables de vivre ensemble, l’humanité est définitivement perdue ? Mais non, Dieu n’est pas là pour nous punir ou se venger de nous. Il sait bien que nous sommes faibles et fragiles. Il suffit de vivre à sa lumière et de lui demander pardon chaque fois que nous tombons. Sa miséricorde toute puissante est là pour nous relever mille fois et nous remettre sur le bon chemin. Mais il faut qu’au moins en intention notre amour soit vrai et pur. Alors même le paradis de Dieu commence à s’ouvrir pour nous chaque jour dès notre vie terrestre. Nous avons là le plus grand trésor et ce serait vraiment dommage de passer à côté… 


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  • « Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit déjà accompli ! » (Lc 12,50)

    Voilà une phrase terrible, mais qui va nous faire pénétrer encore un peu plus en profondeur dans le mystère immense de cet amour de Dieu pour nous. Le premier baptême de Jésus, celui opéré par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain, avait déjà ouvert le ciel sur la terre, avec la première révélation à l’humanité de la vie trinitaire au cœur de Dieu.

    Ce nouveau baptême, qui est en fait la mort incroyable qui attend Jésus sur la croix, va ouvrir le ciel, cette fois-ci, de manière définitive sur l’humanité de tous les temps. Marc avait déjà utilisé cette image : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » (Mc 10,38) Et c’est en même temps après ce baptême que Jésus pourra nous envoyer aussi définitivement le « feu » de l’Esprit Saint.

    Ce qui est frappant ici, c’est la découverte des sentiments profonds de Jésus devant cette heure qui l’attend et qui va changer le cours de l’histoire des hommes. Comment peut se sentir Jésus qui, depuis un certain temps sans doute a compris dans son humanité qu’il était condamné à mort, et à la plus abominable des morts ? Toute une partie de sa vie d’homme Jésus aura donc été en attente de sa mort inéluctable. Et quelle délicatesse ou pudeur en même temps de nous dire seulement que cette attente lui « coûte » !

    Mais seul un Dieu pourrait s’exprimer avec une telle simplicité, un tel détachement apparent devant cette épreuve sublime qui s’approche. Comment Jésus a-t-il passé sa vie à nous aimer de tout son cœur de Dieu comme si de rien n’était, en se concentrant, jour après jour, heure après heure, sur tous ces prochains qu’il rencontrait et à qui il voulait faire partager l’amour de sa divinité, alors qu’il entrevoyait déjà la fin tragique qui se profilait à l’horizon ?

    Jésus a vécu pour nous un héroïsme de l’instant présent auquel aucun homme n’aurait pu résister psychologiquement. On ne peut pas vivre une telle épreuve continuelle sans être sans cesse assailli par toutes les nuances de la peur, de l’angoisse ou de la révolte. Et ce sont ces sentiments qui vont en fin de compte exploser en lui lors de la dernière nuit au Gethsémani, où Jésus a fini par être presque vaincu par cette angoisse.

    On reste sans parole devant un tel amour : un Dieu qui nous donne sa vie et qui en même temps nous fait entrer dans le secret des sentiments de son cœur à la fois humain et divin ! Il ne pouvait pas nous donner plus. Cela peut nous faire peur d’une certaine façon car ce n’est évidemment pas facile de suivre Jésus sur la croix. Mais l’Evangile est avant tout la relecture de l’histoire de Dieu parmi les hommes à la lumière de la résurrection et c’est cela qui change tout, qui fait que même ces croix terribles qui nous attendent au cours de notre vie finissent par être un « joug plein de douceur et un fardeau léger ». Et c’est peut-être là le plus grand miracle de Jésus, celui de nous avoir contaminé par sa « paix » divine qui ne nous abandonnera plus jamais quelles que soient les circonstances de notre voyage sur terre…

     

     

     


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  • « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49)

    Voilà une phrase bien mystérieuse, qui a d’ailleurs beaucoup fait discuter les théologiens. Combien d’interprétations ont-ils données à ce mot de « feu » ! Certains nous disent que ce « feu » est le Jugement vers lequel tous nous nous dirigeons. Je vous confesse que je préfère l’interprétation qui voit dans ce « feu » la présence et l’action de l’Esprit Saint. En se référant à cette belle phrase prononcée par Jean-Baptiste à propos de Jésus, au début de cet Evangile de Luc : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. » (Lc 3,16)

    Il est clair que Jésus lui-même est habité par le feu de l’amour de Dieu qui transparaît à chaque pas de l’Evangile. Jésus est un passionné, dévoré par cette flamme divine qui voudrait tout brûler sur son passage pour que les hommes soient enfin libérés de leurs faiblesses et de leurs malheurs, si l’on peut utiliser pour ce Dieu parmi nous des expressions peut-être trop humaines. Mais il semble dire ici que ce feu n’est pas encore allumé. Cela voudrait dire qu’en plus du feu qui brûle en Lui, Jésus apporte avec Lui un autre feu, et c’est sans doute l’Esprit Saint, qui attend son tour quand Jésus aura terminé sa mission sur terre.

    A la Pentecôte nous verrons l’Esprit Saint descendre sur Marie et les apôtres réunis sous forme de langues de feu qui se poseront sur chacun. Cet Esprit Saint qui continuera l’œuvre de Jésus sur la terre, qui nous rappellera les paroles de Jésus, qui nous consolera et nous illuminera, qui sera pour toujours le lien entre nous, Jésus et le Père. Comme elle est belle cette image du feu, qui réchauffe et donne en même temps la lumière, mais qui brûle aussi ! Ce qui est sûr, c’est que toutes ces comparaisons avec des éléments matériels et concrets de notre vie sur la terre, ne sont qu’une première image de l’immensité de l’amour de Dieu qui nous attend au paradis. Nous avons de la chance tout de même, une chance inouïe, d’avoir été créés et choisis par ce Dieu infini qui a décidé de transformer en Lui notre pauvre finitude…


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  • « Heureux les serviteurs que le maître à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. » (Lc 12,37)

    Là, c’est le comble ! Jésus en Matthieu nous avait déjà bien dit que le maître en voyant son serviteur fidèle toujours prêt à son travail, allait lui confier tous ses biens. Et c’est ce que Luc aussi va nous dire au verset 44, un peu plus loin dans ce chapitre 12. Mais que le maître devienne tout à coup le serviteur de ses serviteurs, cela devait être tellement impensable au temps de Jésus. Comme c’est encore bien improbable à notre époque même.

    Nous retrouverons cette image dans l’Evangile de Jean, lors de l’épisode du lavement des pieds avant la dernière cène. Mais arrêtons-nous un instant sur ce tableau incroyable et presque choquant. Un maître qui se met au service des gens qui devraient eux-mêmes le servir, c’est déjà bien surprenant parmi les hommes, mais un Dieu qui va s’abaisser pour servir ces pauvres hommes que nous sommes, comment le comprendre ?

    D’abord, il faut se convaincre que pour Dieu servir n’est pas s’abaisser. Et c’est là son immense secret. Dieu n’a pas de dignité à défendre, il n’est pas sur une hauteur de laquelle il peut se faire mal en tombant, Dieu est libre de tous ces conditionnements qui gâchent continuellement nos relations humaines. Dieu ne se compare à personne, il est seulement amour, immuable et en même temps toujours en mouvement. Dieu ne fait pas d’effort en aimant. Il est seulement Lui-même, car c’est en se donnant et en servant qu’il continue à être Dieu. On pourrait faire une longue liste de toutes les nuances de l’amour et du don et on aurait seulement un tout petit aperçu de la profondeur de l’amour de Dieu, que nous ne connaîtrons sans doute que le jour où nous serons face à face avec Lui, que le jour où nous serons en Lui.

    Mais si c’est cela Dieu, si c’est cela être Dieu, alors toute notre vie peut changer lorsque nous comprenons enfin qu’être disciples du Christ, c’est être comme Lui. Mieux encore, c’est être Lui, dans la mesure où nous lui laissons toute la place pour qu’il vive en nous. Alors, avec l’amour divin qui commence à couler dans notre esprit et notre cœur, voilà que la liberté de Dieu entre en nous. Comme une seconde nature qui nous étonne et nous transforme peu à peu.

    Car l’amour de Dieu en nous n’a même plus besoin de tant d’efforts, de conversions continuelles, d’actes héroïques qui devraient nous porter à la sainteté. La sainteté n’est pas tellement le fruit d’efforts impossibles, mais la simplicité de qui a commencé réellement à se laisser faire par Dieu. C’est cela sans doute le plus grand miracle, auquel nous pouvons commencer à accéder déjà sur la terre, mais qui s’accomplira ensuite vraiment pour toujours dans la communion des saints au paradis. Mais pourquoi attendre si nous pouvons déjà en faire au moins un peu l’expérience sur la terre, en nous et entre nous, quand nous laissons Jésus en nous aimer Jésus dans ces frères et ces sœurs qui nous accompagnent tout au long de notre voyage terrestre ?

     


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