• « Je vous le dis, à vous qui êtes mes amis : ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. » (Lc 12,4)

    La grande nouveauté qu’on trouve dans cette phrase, je pense que c’est ce mot « amis » qui peut révolutionner toute notre relation avec Dieu. Bien sûr, on pourrait s’arrêter aussi sur ce « ne craignez pas » de Jésus, mais l’Evangile est rempli par ailleurs de ces phrases rassurantes qui nous invitent à ne plus avoir peur, puisque lui veille sur nous. Et cela n’est déjà plus une nouveauté.

    Tandis qu’entendre Jésus, Dieu, qui nous appelle « amis » tout simplement, c’est encore un nouvel horizon du ciel qui est en train de s’ouvrir sur nous. Jésus nous avait déjà dit que nous pouvions devenir sa mère et ses frères : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la Parole de Dieu, et qui la mettent en pratique » (Lc 8,21). Mais s’entendre appeler « amis » par la bouche de Dieu, c’est incroyable quand on y pense. Car c’est déjà inouï d’être considéré comme la mère ou les frères de Dieu, mais la mère et les frères sont en quelque sorte une relation naturelle, une relation de famille que l’on ne choisit pas au départ, tandis que ses amis, on se les choisit.

    Jésus nous dit ici qu’il nous choisit comme amis, que nous « sommes » ses amis, comme s’il venait de le découvrir. Sommes-nous devenus tellement aimables pour lui, tellement sympathiques que cette réalité s’est imposée à Dieu lui-même ? On pourrait se mettre à discuter ici en expliquant que c’est son amour qui a fait de nous ses amis et non pas notre bravoure et notre mérite personnel, mais ce seraient des calculs humains bien tristes qui ne serviraient qu’à gâcher pour rien notre joie. Comme Jésus a dit à l’hémorroïsse « Va en paix » (Lc 8,48) et que cette paix va l’accompagner maintenant pour toujours, Jésus nous dit ici que nous sommes ses amis pour toujours. L’Evangile de Jean reprendra ce mot « ami » avec plus de force et de clarté encore, mais nous pouvons déjà nous laisser transporter par ces mots si simples qui peuvent continuer à nous émerveiller pour le restant de nos jours…   


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  • Vraiment cet Evangile n’arrête pas de nous surprendre et de nous émerveiller. Dans ce nouveau chapitre nous allons trouver des phrases de pas moins de cinq chapitres de Matthieu (6,10, 12, 16 et 24) et de deux chapitres de Marc. Une nouvelle symphonie, de nouveaux angles de vue qui jettent encore une autre lumière sur des concepts déjà vus en les faisant briller sous d’autres couleurs. Encore un nouveau voyage dans le paradis du Royaume des cieux qui continue à se révéler à nous !

    « Comme la foule s’était rassemblée par dizaines de milliers, au point qu’on s’écrasait, Jésus se mit à dire, en s’adressant d’abord à ses disciples : ‘Méfiez-vous bien à cause du levain des pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie. Tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Aussi tout ce que vous avez dit dans l’ombre sera entendu au grand jour, ce que vous aurez dit à l’oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits.

    Je vous le dis, à vous qui êtes mes amis : ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre.

    Est-ce qu’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? Et pas un seul n’est indifférent aux yeux de Dieu. Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus que tous les moineaux du monde. Je vous le déclare : celui qui se sera prononcé pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme se prononcera aussi pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié en face des anges de Dieu.

    Et celui qui dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Quand on vous traduira devant les synagogues, les puissances et les autorités, ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous défendre ou comment parler. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure même ce qu’il faudra dire.’ »

    Et Luc continue maintenant avec un passage très intéressant à propos du danger des richesses : « Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : ‘Dis à mon frère de partager avec moi mon héritage.’ Mais Jésus lui répondit : ‘Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ?’ Puis, s’adressant à la foule : ‘Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses.’ 

    Et il leur dit cette parabole : ‘Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : te voilà avec tes réserves en abondance pour de nombreuses années. Repos-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ? Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu.’

    Puis il dit à ses disciples : ‘C’est pourquoi, je vous le dis, ne vous faites pas tant de souci pour votre vie au sujet de la nourriture, ni pour votre corps au sujet des vêtements. La vie vaut plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Voyez les corbeaux : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’ont ni greniers ni magasins, et Dieu les nourrit. Vous valez tellement plus que les oiseaux ! D’ailleurs qui d’entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ? si donc vous ne pouvez rien pour une si petite chose, pourquoi vous faire du souci pour tout le reste ?

    Voyez les lis : ils ne filent pas, ils ne tissent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’eux. Si Dieu habille ainsi l’herbe dans les champs, elle qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, il fera tellement plus pour vous, hommes de peu de foi ! Quant à vous ne cherchez pas ce que vous pourrez manger et boire ; ne soyez pas inquiets. Tout cela les païens de ce monde le recherchent. Mais votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez plutôt son Royaume, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché.’ »

    Et à ce point-là, Luc ajoute un autre passage original : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. »

    Puis un autre passage semblable au chapitre 6 de Matthieu : « Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronde pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. »

    Et encore quelques lignes propres à Luc : « Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! »

    Encore comme Matthieu, cette fois-ci au chapitre 24 : « Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Et Luc ajoute : « Pierre dit alors : ‘Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? » Mais ici pas de réponse directe de Jésus.

    On continue alors avec le chapitre 24 de Matthieu : « Le Seigneur répond : ‘Quel est donc l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ? Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. Mais si le même serviteur dit : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, son maître viendra le jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il n’a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles.’ »

    Puis de nouveau, c’est Luc tout seul : « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

    Puis un passage étonnant sur lequel nous reviendrons : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit déjà accompli ! » On repense tout de même à Mc 10,38 : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? »

    Puis on se retrouve ensuite proches du chapitre 10 de Matthieu : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

    Et toute la fin du chapitre est ensuite originale, même si les premières phrases sont encore assez semblables au chapitre 16 de Matthieu : « Jésus disait encore à la foule : ‘Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera très chaud, et cela arrive. Esprits faux ! L’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger, mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ?

    Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin efforce-toi de te libérer envers lui, pour éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre au percepteur des amendes, et que celui-ci ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime.’ »

    Jésus continue donc sa route vers Jérusalem. On voit que le temps presse et l’Evangéliste n’en finit pas d’accumuler les conseils de Jésus, ses encouragements, ses réprimandes, pour les disciples, pour la foule et pour ses adversaires. Cela donne presque le tournis. Mais la Parole de Dieu est tellement riche qu’il suffit de s’arrêter sur une seule à la fois de ces phrases magiques, d’y plonger de tout son cœur et de la mettre en pratique, et toute la vie la vie change !

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 12 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    Laisser Dieu comprendre en nous

    « L’aspect du ciel, vous savez l’interpréter ; mais pour les signes des temps, vous n’en êtes pas capables. » « Hommes de peu de foi… » (Mt 16, 3.8) (cf. Lc 12,56 : « Esprits faux ! L’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ? »)

    Je me suis permis de mettre ensemble deux phrases qui en fait ne sont pas directement liées dans le texte de Matthieu. Mais cela m’a semblé la meilleure clé de lecture pour comprendre ce texte si mystérieux. Jésus est fâché des pharisiens et des sadducéens qui savent interpréter les signes de la nature, les signes des saisons, du soleil ou de la pluie, mais qui ne sont pas capables d’interpréter « les signes des temps ».

    Mais aurions-nous fait beaucoup mieux que les pharisiens et les sadducéens ? En fait, lire les signes de la nature n’est pas si difficile que cela, car ces signes se répètent toujours. Il suffit d’apprendre à les observer et l’on remarque vite que les mêmes phénomènes reviennent toujours en suivant le cycle des saisons, d’une année à l’autre.

    Tandis que le temps ne revient jamais sur lui-même. Le temps d’aujourd’hui peut ressembler en partie au passé, mais il est en réalité toujours nouveau, toujours unique dans l’instant présent, c’est ce qui fait que la vie n’est jamais monotone, qu’elle est chaque jour une nouvelle surprise pour qui sait goûter le temps que Dieu nous donne à sa juste valeur, mais qu’elle est en même temps à chaque fois un nouveau mystère.

    Jésus sait bien tout cela, alors pourquoi est-il si sévère avec les pharisiens et les sadducéens ? Parce qu’ils se croient les maîtres du monde, ceux qui devraient avoir la lumière pour guider le peuple et, en fait, ils ne comprennent rien à rien, car ils restent aveuglés sur leurs pauvres certitudes et ils sont incapables de saisir le message que Dieu leur envoie en Jésus et dans son Esprit. Ce sont les chefs de la religion, mais ils ne savent pas croire, la foi n’est pas en eux…

    La foi est un don que Dieu donne à ceux qui l’aiment, qui se laissent aimer par Lui et qui s’aiment entre eux, parce qu’ils savent aussi qu’aimer Dieu et le prochain est, en fin de compte, la même chose. La seule manière d’interpréter les « signes des temps », c’est se jeter dans les bras de Dieu quoi qu’il arrive, jeter en lui nos préoccupations. Croire que dans cet évènement surprenant qui nous arrive à l’improviste aujourd’hui il y a un cadeau de Dieu. Croire que la croix conduit toujours à la résurrection, si nous savons l’étreindre et l’aimer de tout notre cœur. Interpréter les « signes des temps », c’est garder l’espoir au fond de notre cœur en toutes circonstances. Interpréter les signes des temps, c’est croire que derrière ce frère qui m’aime ou qui me fait du mal, il y a Jésus qui me tend la main, comme lui-même nous le dira à la fin de cet Evangile de Matthieu : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger… C’est à moi que vous l’avez fait ». Interpréter les « signes des temps, c’est simplement voir les choses, les évènements et les personnes comme Dieu les voit. Rien de plus facile et de plus difficile en même temps.

    Interpréter les « signes des temps », c’est purifier notre esprit et notre cœur, pour qu’à chaque nouveau pas ils deviennent capables de saisir les « signes » que Dieu nous envoie. Cela n’arrive pas du jour au lendemain, il faut beaucoup s’exercer à capter chaque jour les messages de l’Esprit. Il faut accepter de se tromper souvent et de recommencer. Il faut aussi apprendre à capter ces « signes » en unité avec les autres et pas chacun seul dans son coin, car on a toujours besoin des autres pour mieux comprendre. Mais quand on a commencé à se laisser pénétrer par l’Esprit de Dieu, on ne revient plus en arrière, on marche désormais avec ce « temps » qui nous porte là où Dieu nous attend, à chaque instant et pour l’éternité…

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 12 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    La vraie paix de Dieu

    « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. » (Mt 10,34) (cf. Lc 12,51 : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. »)

    Encore une phrase de Jésus qui a été tellement mal comprise ! On l’a utilisée souvent pour justifier des actes de violence ou même des guerres au nom de je ne sais quelle justice, alors que toute la vie de Jésus est tellement non-violente : il en est même mort sur la croix. Alors, que veut nous dire ici Jésus avec cette phrase terrible ? Si l’on reprend ces quelques mots en les plongeant dans le contexte de tout le chapitre, tout va s’éclairer.

    Car au fond de son cœur, il est trop évident que Jésus veut nous apporter la paix et le paradis qu’il vit de toute éternité avec le Père et l’Esprit au sein de la Trinité. C’est cela son but, mais le problème c’est que le mal qui règne en partie sur le monde a si bien organisé ce monde loin de Dieu et même contre lui que la seule présence toute proche du Christ descendu parmi nous va faire trembler cette organisation mauvaise qui gouvernait jusqu’ici l’humanité. Tout va se mettre à trembler. Le diable ne peut pas supporter cette présence, il va essayer de secouer le monde de tous les côtés pour faire croire que la venue de Jésus est un mal pour l’humanité. Il veut essayer de convaincre les hommes que leur vie soi-disant tranquille dans le péché ou la médiocrité était bien meilleure pour eux que cette révolution divine qui vient pour tout changer.

    Alors Jésus nous avertit simplement ici que son arrivée va provoquer des remous, des incompréhensions, des conflits, des jalousies, des résistances, des batailles de toutes sortes. Mais Dieu n’avait pas le choix : ou bien il nous laissait pour toujours dans notre monde malade sans intervenir, ou bien il devait provoquer ce tremblement de terre provisoire et bénéfique. Cette phrase n’est donc pas là, encore une fois, pour nous faire peur, mais pour nous dire au contraire, comme tout le chapitre : si vous voyez que tout se met à trembler, il n’y a là rien d’alarmant, c’est seulement un moment difficile et nécessaire à passer, comme les douleurs de l’enfantement du nouveau monde que Jésus est en train de faire naître parmi nous. Et c’est cela la Bonne Nouvelle !

     

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 12 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2021]

    Tous les biens de Dieu

    « Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera à son travail ! Amen, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. » (Mt 24, 46-47) (cf. Lc 12,44 : « Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. »)

    Encore une phrase merveilleuse, une nouvelle béatitude ! Après toutes ces descriptions effrayantes de notre chapitre 24, voilà qu’en un tour de passe-passe tout change. Combien est incroyable l’amour de Dieu pour chacun de nous, pour toute l’humanité, tellement hors de proportion avec tous les pauvres efforts que nous essayons de faire !

    C’est que finalement Jésus ne nous demande rien de bien compliqué, il suffit de faire notre « travail », c’est-à-dire la volonté de Dieu sur nous. Facile à dire, quand on sait que la volonté de Dieu est tout de même de nous aimer les uns les autres sans conditions et d’être unis au nom de Jésus pour qu’il soit présent au milieu de nous et qu’il nous ouvre le chemin du Père…

    Mais Jésus ne nous demande finalement que de l’accueillir pleinement au fond de notre cœur et de le laisser en fait continuer le « travail ». Car c’est justement Lui au milieu de nous qui nous conduit ensuite sur la route du Royaume. Et ce qui est encore plus inattendu, c’est la récompense qui nous attend. Voilà que Dieu va nous confier maintenant « la charge de tous ses biens. » Tous les biens de Dieu ! Cela ne nous donne-t-il pas le vertige ? Ne savons-nous pas que les biens de Dieu, c’est d’abord cette vie inouïe de la Trinité descendue parmi nous sur la terre ? Et puis toute la création, à commencer par notre petite planète à la fois si grande et si fragile, et tous les biens de l’humanité ?

    Et c’est là qu’on découvre combien l’amour de Dieu est d’une logique que nous n’arriverons jamais à vraiment comprendre. Car comment peut-il promettre à un seul serviteur de lui confier tous ses biens ? Et si tous les autres serviteurs sont aussi fidèles que le premier, Dieu ne devra-t-il pas revoir sa promesse et commencer à diviser ces biens ? C’est cela notre première pensée humaine, bien mesquine. Mais non, Dieu dans son amour donne tout à chacun de nous. Car les biens de Dieu ne sont pas des possessions comme celles que nous nous sommes faites sur la terre, qu’on peut se voler les uns les autres. Les biens de Dieu, c’est la relation d’amour qu’il a en Lui-même entre le Père et le Fils dans l’Esprit et c’est en même temps cette puissance de vie, cette source de vie qu’il est Lui-même, qui ne se possède pas, mais qui grandit en se donnant. Voilà que Dieu nous fait devenir Dieu en quelque sorte avec Lui, et dans cette vie ouverte à l’infini, il n’y a pas de divisions, de jalousie, de concurrence. C’est déjà le paradis qui commence sur la terre…

    [Et encore…]

    Tous les biens de Dieu (2)

    « Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera à son travail ! Amen, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. » (Mt 24, 46-47)

    Je voudrais revenir sur cette phrase merveilleuse, cette béatitude inattendue. Car si nous plongeons au fond de son secret, nous allons y trouver toute l’humanité qui est le bien de Dieu le plus précieux. Tellement précieux que le Père a décidé d’envoyer son Fils bien-aimé devenir lui-même humanité. On croirait rêver si ce n’était pas déjà cette vérité qui nous guide du premier instant de notre vie jusqu’à notre départ pour l’au-delà.

    Si Dieu veut maintenant nous confier tous ses biens, cela veut dire qu’en premier lieu il a décidé de nous confier l’humanité. Si j’ai été au moins un peu fidèle à la Parole de Dieu, si j’ai essayé de la mettre en pratique de tout mon cœur, malgré mes limites, mes faiblesses et mes infidélités, voilà que Dieu va me récompenser en me confiant tous ces frères et ces sœurs qui peuplent la terre entière, avec ceux qui y sont déjà passés et ceux qui viendront. C’est à peine croyable ! Car Jésus a bien dit « tous ses biens », pas seulement quelques-uns par-ci par-là, Dieu ne fait jamais les choses à moitié.

    Bien sûr ce n’est pas à moi seulement qu’il confie toute l’humanité, mais à tous ceux qui comme moi, je l’espère, ont décidé de suivre Jésus le plus possible. Ça veut dire tout à coup que toi, mon ami, mon frère, toi, mon amie, ma sœur, Dieu t’a confié ou t’a confiée à moi, comme en même temps il m’a confié à toi… Mais comment pourrai-je désormais te regarder avec crainte ou défiance, ou impatience, alors que tu es le plus beau cadeau que Dieu me donne ?

    Mais il s’agit de bien comprendre ici ce cadeau extraordinaire que Dieu a déjà commencé à nous faire. Il faut nous rappeler que le Dieu des béatitudes n’est pas capable de posséder, son pouvoir tout puissant ne sera jamais le pouvoir capricieux d’un tyran qui veut tout dominer, mais le pouvoir d’amour infini qui est la source de vie de tout l’univers et de chacun de nous. Si Dieu nous confie nos frères et nos sœurs en humanité, c’est pour que nous laissions pénétrer au plus profond de nous son pouvoir infini qui fait vivre l’univers. Nous pouvons, si nous le voulons et si nous nous laissons faire par Dieu, devenir nous aussi source de vie pour tous ceux que nous côtoyons du matin au soir, jusqu’à la fin de notre vie.

    Oui, on a du mal à saisir tout de suite la portée d’un cadeau qui sort tellement de l’ordinaire. On dirait de la magie. Dieu nous donne sur les autres le même pouvoir d’amour qui jaillit à chaque instant de son cœur divin. Comme il donne aux autres ce même pouvoir de nous aimer à leur tour dans la réciprocité. Si nous nous laissons entraîner pour toujours dans ce courant d’amour notre vie ne pourra plus jamais revenir en arrière…

    Elle sera désormais une immense aventure, avec les mêmes joies que Dieu éprouve et les mêmes souffrances. Car nous aurons jusqu’à la fin de notre vie la joie immense d’avoir fait profiter ceux que nous aimons de cette lumière divine, la joie de leur avoir apporté du bonheur, de l’espoir, de la paix au milieu des épreuves de la vie. Et en même temps nous souffrirons comme le cœur de Dieu chaque fois que certains de nos frères nous feront du mal ou se détourneront de nous, car Dieu les a créés libres. Le pouvoir de Dieu ne sera jamais un pouvoir qui oblige les autres à aimer, mais simplement qui leur donne tous les moyens de le faire. Le cadeau de Dieu est de recevoir ces frères et ces sœurs qu’il a créés en don pour nous, comme il nous a créés en don pour eux, mais sans jamais que nous puissions nous posséder les uns les autres, ce qui serait détruire en un instant toute la beauté de notre cadeau !

     


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