• « Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : ‘Dis à mon frère de partager avec moi mon héritage.’ Mais Jésus lui répondit : ‘Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ?’ » (Lc 12,13-14)

    Elle est tout de même étonnante, cette réponse de Jésus. Lui, le Dieu tout puissant a-t-il besoin que quelqu’un l’établisse comme juge pour qu’il puisse intervenir dans nos problèmes ? Mais qui alors? Le Père lui-même devrait prendre cette décision ? Je crois que Jésus, comme bien souvent, se moque gentiment de nous. Il nous invite à élever notre niveau d’intérêt et de préoccupation pour ce qui concerne notre vie de tous les jours, et à nous concentrer sur ce que devraient être nos véritables priorités.

    Nous risquons d’abord de prendre Dieu pour une machine à résoudre tous nos caprices. Quelque chose ne va pas comme nous voudrions dans notre vie, dans notre journée : allons-y, prions Dieu et d’une baguette magique il va se mettre à notre service et nous faire plaisir. Non, Dieu n’est pas un produit de supermarché qu’on va faire fonctionner selon notre volonté du moment. Dieu nous aime et il est là pour nous entraîner vers la paix et le bonheur suprême de l’unité avec Lui, il ne va pas s’attarder avec nous sur toutes nos complications humaines…

    Et puisqu’il s’agit ici de justice, nous avons déjà appris que la justice de Dieu est souvent bien différente de la justice des hommes. Les hommes se mettent d’accord sur des lois pour régir leurs relations souvent difficiles, mais ils deviennent esclaves de ces lois et finissent par oublier le bien réel de chacun. La parabole des ouvriers de la dernière heure qui reçoivent le même salaire que ceux de la première heure est le plus frappant des exemples qui nous montrent comment fonctionne la justice de Dieu : Dieu ne regarde pas des lois théoriques, mais le bien et les besoins de chaque personne, c’est une véritable révolution par rapport à la justice humaine.

    Mais surtout nous avons déjà vu que la justice de Dieu, c’est que son amour cherche toujours ce qui peut produire le plus grand bien à la fois de la communauté humaine et de chaque personne prise individuellement : un miracle tellement difficile pour nos pauvres mentalités qui ont du mal à se mettre à la place de l’autre afin de comprendre ce qui serait le bien véritable pour lui. Jésus veut faire comprendre ici à son interlocuteur qu’il doit se débrouiller lui-même pour résoudre avec son frère son problème d’héritage. S’il n’y parvient pas, il doit alors se faire aider par sa communauté, mais le véritable problème n’est pas là. Même quand le problème d’héritage sera résolu, est-ce que ces deux frères s’aimeront de cet amour réciproque qui les fera entrer profondément dans la paix que Jésus est venu porter sur la terre ? C’est cela la priorité absolue de Jésus. Le reste peut être utile, mais tellement secondaire par rapport à cette famille que Dieu veut créer sur la terre à l’image de la Trinité…

     


    votre commentaire
  • « Je vous le déclare : celui qui se sera prononcé pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme se prononcera aussi pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié en face des anges de Dieu. » (Lc 12,8-9)

    J’espère ne pas vous scandaliser, mais je vous dis tout de suite que je ne vais pratiquement pas tenir compte de la deuxième phrase. Cela fait longtemps, comme vous l’avez souvent vu dans mes commentaires, que je considère ces paroles de peur comme adressées à ceux qui n’ont pas encore découvert Dieu Amour et qui ont besoin d’exhortations et même de menaces pour être secoués. Comme on fait avec un enfant quand on lui fait peur pour qu’il n’aille pas se faire mal avec le feu ou l’électricité ou en traversant une route tout seul. Mais si cette phrase était vraiment le fond du cœur de Jésus, il n’aurait jamais fait confiance à Pierre après son reniement et encore moins à Paul qui persécutait les premiers chrétiens : la logique de l’amour de Dieu est bien différente.

    Ce qui me secoue ici, c’est surtout la première phrase. Si je me prononce pour Jésus, pour Dieu, devant les hommes, Jésus va se prononcer pour moi. N’est-ce pas incroyable cette déclaration d’amour de Dieu à la face du ciel et de la terre ? Jésus va désormais être à mes côtés, il ne va plus m’abandonner, il va me conduire fidèlement sur la route de la bataille de la vie. Il va me prendre par la main, il va m’illuminer de sa sagesse, il va me défendre, il va me remplir de paix et de joie, de tout ce qu’on peut imaginer de cette vie divine qu’il est venu porter du ciel sur la terre. Cela donne le vertige, un vertige positif et bienfaisant.

    Mais le problème, c’est que ce n’est pas si facile que cela de se prononcer pour Dieu devant les hommes, nous devons le confesser bien humblement. Ce n’est certainement pas facile de se prononcer pour Dieu devant les hommes qui se moquent de nous ou qui persécutent notre foi. Et se prononcer pour Dieu, n’est pas simplement une déclaration théorique, c’est aussi se battre chaque jour pour tout ce qui va dans le sens de Dieu : pour la paix, la justice, la transparence, l’honnêteté, la solidarité, tout ce qui est souvent à contre-courant avec les intérêts diaboliques d’une société qui en arrive à oublier non seulement Dieu, mais en même temps le sens de la valeur et de la dignité de l’homme. Alors devant notre courage, qui peut entraîner des persécutions et même le martyre, on peut se rappeler les béatitudes de Jésus : que nous sommes « bienheureux » quand on nous fait du mal à cause de notre amour pour Dieu, pour sa justice et sa vérité. Jusque-là, c’est bien clair, même si c’est bien difficile à vivre.

    Mais je crois qu’il y a une autre difficulté, plus subtile, mais terrible en même temps. C’est la peur ou la honte de se prononcer pour Jésus devant ceux qui partagent pourtant notre foi en Lui. Cette sorte de fausse pudeur qui nous empêche de partager nos découvertes spirituelles, nos conversions continuelles à la Parole de Dieu. La peur de dire que nous nous sommes trompés, la gêne de raconter bien humblement nos expériences négatives qui pourraient pourtant faire beaucoup de bien aux autres. Combien souvent au cours d’un repas même avec des hommes d’Eglise, on sent que la conversion reste superficielle ou théorique, ou remplie de commérages ou de jugements sur le monde entier, mais vide de partage spirituel profond, de cette communion qui engendre la vraie joie de Dieu. Et l’on n’ose pas alors intervenir. On n’ose pas faire remarquer que Jésus n’est pas vraiment présent là au milieu de nous. Et l’on s’étonne ensuite que nos communautés chrétiennes attirent de moins en moins de monde.

    C’est là qu’on peut vraiment se convertir. Mais c’est presque impossible de le faire tout seul. Il faut trouver des frères et des sœurs qui soient prêts avec nous à se lancer dans une recherche de Dieu authentique qui devient la priorité de notre vie de tous les jours. Créer et recréer des communautés vivantes, remplies de l’amour réciproque auquel Jésus nous invite, et laisser ce Jésus au milieu de nous nous communiquer sa joie contagieuse. Oser ramener Jésus et l’Evangile dans nos conversations de tous les jours comme notre respiration profonde. Sans être obligés de prononcer forcément le mot de Dieu chaque fois que nous ouvrons la bouche, mais en laissant transparaître son amour par cet amour concret qui vient de la Parole vécue et qui transforme nos relations de tous les jours.

    Se prononcer pour Jésus devant les hommes, c’est laisser passer son amour au milieu de nous du matin au soir, ne pas avoir d’autre but, en faisant cela à la façon de Dieu qui aime toujours gratuitement, sans juger, sans rien attendre, en étant sûrs que Jésus, son Esprit et toute la Trinité vont tout transformer sur leur passage, si nous n’avons pas honte de leur faire tout l’espace qu’ils nous demandent. Alors la vie est belle, elle est pleine, pleine de joies et de difficultés, mais elle a un sens duquel nous ne pouvons plus revenir en arrière. Car c’est Jésus qui a mystérieusement commencé à prendre les choses en main, à « se prononcer » pour nous devant Dieu, les anges et les hommes…

     

     


    votre commentaire
  • « Je vous le dis, à vous qui êtes mes amis : ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. » (Lc 12,4)

    La grande nouveauté qu’on trouve dans cette phrase, je pense que c’est ce mot « amis » qui peut révolutionner toute notre relation avec Dieu. Bien sûr, on pourrait s’arrêter aussi sur ce « ne craignez pas » de Jésus, mais l’Evangile est rempli par ailleurs de ces phrases rassurantes qui nous invitent à ne plus avoir peur, puisque lui veille sur nous. Et cela n’est déjà plus une nouveauté.

    Tandis qu’entendre Jésus, Dieu, qui nous appelle « amis » tout simplement, c’est encore un nouvel horizon du ciel qui est en train de s’ouvrir sur nous. Jésus nous avait déjà dit que nous pouvions devenir sa mère et ses frères : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la Parole de Dieu, et qui la mettent en pratique » (Lc 8,21). Mais s’entendre appeler « amis » par la bouche de Dieu, c’est incroyable quand on y pense. Car c’est déjà inouï d’être considéré comme la mère ou les frères de Dieu, mais la mère et les frères sont en quelque sorte une relation naturelle, une relation de famille que l’on ne choisit pas au départ, tandis que ses amis, on se les choisit.

    Jésus nous dit ici qu’il nous choisit comme amis, que nous « sommes » ses amis, comme s’il venait de le découvrir. Sommes-nous devenus tellement aimables pour lui, tellement sympathiques que cette réalité s’est imposée à Dieu lui-même ? On pourrait se mettre à discuter ici en expliquant que c’est son amour qui a fait de nous ses amis et non pas notre bravoure et notre mérite personnel, mais ce seraient des calculs humains bien tristes qui ne serviraient qu’à gâcher pour rien notre joie. Comme Jésus a dit à l’hémorroïsse « Va en paix » (Lc 8,48) et que cette paix va l’accompagner maintenant pour toujours, Jésus nous dit ici que nous sommes ses amis pour toujours. L’Evangile de Jean reprendra ce mot « ami » avec plus de force et de clarté encore, mais nous pouvons déjà nous laisser transporter par ces mots si simples qui peuvent continuer à nous émerveiller pour le restant de nos jours…   


    votre commentaire
  • Vraiment cet Evangile n’arrête pas de nous surprendre et de nous émerveiller. Dans ce nouveau chapitre nous allons trouver des phrases de pas moins de cinq chapitres de Matthieu (6,10, 12, 16 et 24) et de deux chapitres de Marc. Une nouvelle symphonie, de nouveaux angles de vue qui jettent encore une autre lumière sur des concepts déjà vus en les faisant briller sous d’autres couleurs. Encore un nouveau voyage dans le paradis du Royaume des cieux qui continue à se révéler à nous !

    « Comme la foule s’était rassemblée par dizaines de milliers, au point qu’on s’écrasait, Jésus se mit à dire, en s’adressant d’abord à ses disciples : ‘Méfiez-vous bien à cause du levain des pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie. Tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Aussi tout ce que vous avez dit dans l’ombre sera entendu au grand jour, ce que vous aurez dit à l’oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits.

    Je vous le dis, à vous qui êtes mes amis : ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre.

    Est-ce qu’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? Et pas un seul n’est indifférent aux yeux de Dieu. Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus que tous les moineaux du monde. Je vous le déclare : celui qui se sera prononcé pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme se prononcera aussi pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié en face des anges de Dieu.

    Et celui qui dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Quand on vous traduira devant les synagogues, les puissances et les autorités, ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous défendre ou comment parler. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure même ce qu’il faudra dire.’ »

    Et Luc continue maintenant avec un passage très intéressant à propos du danger des richesses : « Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : ‘Dis à mon frère de partager avec moi mon héritage.’ Mais Jésus lui répondit : ‘Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ?’ Puis, s’adressant à la foule : ‘Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses.’ 

    Et il leur dit cette parabole : ‘Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : te voilà avec tes réserves en abondance pour de nombreuses années. Repos-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ? Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu.’

    Puis il dit à ses disciples : ‘C’est pourquoi, je vous le dis, ne vous faites pas tant de souci pour votre vie au sujet de la nourriture, ni pour votre corps au sujet des vêtements. La vie vaut plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Voyez les corbeaux : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’ont ni greniers ni magasins, et Dieu les nourrit. Vous valez tellement plus que les oiseaux ! D’ailleurs qui d’entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ? si donc vous ne pouvez rien pour une si petite chose, pourquoi vous faire du souci pour tout le reste ?

    Voyez les lis : ils ne filent pas, ils ne tissent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’eux. Si Dieu habille ainsi l’herbe dans les champs, elle qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, il fera tellement plus pour vous, hommes de peu de foi ! Quant à vous ne cherchez pas ce que vous pourrez manger et boire ; ne soyez pas inquiets. Tout cela les païens de ce monde le recherchent. Mais votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez plutôt son Royaume, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché.’ »

    Et à ce point-là, Luc ajoute un autre passage original : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. »

    Puis un autre passage semblable au chapitre 6 de Matthieu : « Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronde pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. »

    Et encore quelques lignes propres à Luc : « Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! »

    Encore comme Matthieu, cette fois-ci au chapitre 24 : « Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Et Luc ajoute : « Pierre dit alors : ‘Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? » Mais ici pas de réponse directe de Jésus.

    On continue alors avec le chapitre 24 de Matthieu : « Le Seigneur répond : ‘Quel est donc l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ? Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. Mais si le même serviteur dit : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, son maître viendra le jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il n’a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles.’ »

    Puis de nouveau, c’est Luc tout seul : « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

    Puis un passage étonnant sur lequel nous reviendrons : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit déjà accompli ! » On repense tout de même à Mc 10,38 : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? »

    Puis on se retrouve ensuite proches du chapitre 10 de Matthieu : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

    Et toute la fin du chapitre est ensuite originale, même si les premières phrases sont encore assez semblables au chapitre 16 de Matthieu : « Jésus disait encore à la foule : ‘Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera très chaud, et cela arrive. Esprits faux ! L’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger, mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ?

    Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin efforce-toi de te libérer envers lui, pour éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre au percepteur des amendes, et que celui-ci ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime.’ »

    Jésus continue donc sa route vers Jérusalem. On voit que le temps presse et l’Evangéliste n’en finit pas d’accumuler les conseils de Jésus, ses encouragements, ses réprimandes, pour les disciples, pour la foule et pour ses adversaires. Cela donne presque le tournis. Mais la Parole de Dieu est tellement riche qu’il suffit de s’arrêter sur une seule à la fois de ces phrases magiques, d’y plonger de tout son cœur et de la mettre en pratique, et toute la vie la vie change !

     


    votre commentaire
  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 12 de l’Evangile de Luc, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2019]

    Laisser Dieu comprendre en nous

    « L’aspect du ciel, vous savez l’interpréter ; mais pour les signes des temps, vous n’en êtes pas capables. » « Hommes de peu de foi… » (Mt 16, 3.8) (cf. Lc 12,56 : « Esprits faux ! L’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ? »)

    Je me suis permis de mettre ensemble deux phrases qui en fait ne sont pas directement liées dans le texte de Matthieu. Mais cela m’a semblé la meilleure clé de lecture pour comprendre ce texte si mystérieux. Jésus est fâché des pharisiens et des sadducéens qui savent interpréter les signes de la nature, les signes des saisons, du soleil ou de la pluie, mais qui ne sont pas capables d’interpréter « les signes des temps ».

    Mais aurions-nous fait beaucoup mieux que les pharisiens et les sadducéens ? En fait, lire les signes de la nature n’est pas si difficile que cela, car ces signes se répètent toujours. Il suffit d’apprendre à les observer et l’on remarque vite que les mêmes phénomènes reviennent toujours en suivant le cycle des saisons, d’une année à l’autre.

    Tandis que le temps ne revient jamais sur lui-même. Le temps d’aujourd’hui peut ressembler en partie au passé, mais il est en réalité toujours nouveau, toujours unique dans l’instant présent, c’est ce qui fait que la vie n’est jamais monotone, qu’elle est chaque jour une nouvelle surprise pour qui sait goûter le temps que Dieu nous donne à sa juste valeur, mais qu’elle est en même temps à chaque fois un nouveau mystère.

    Jésus sait bien tout cela, alors pourquoi est-il si sévère avec les pharisiens et les sadducéens ? Parce qu’ils se croient les maîtres du monde, ceux qui devraient avoir la lumière pour guider le peuple et, en fait, ils ne comprennent rien à rien, car ils restent aveuglés sur leurs pauvres certitudes et ils sont incapables de saisir le message que Dieu leur envoie en Jésus et dans son Esprit. Ce sont les chefs de la religion, mais ils ne savent pas croire, la foi n’est pas en eux…

    La foi est un don que Dieu donne à ceux qui l’aiment, qui se laissent aimer par Lui et qui s’aiment entre eux, parce qu’ils savent aussi qu’aimer Dieu et le prochain est, en fin de compte, la même chose. La seule manière d’interpréter les « signes des temps », c’est se jeter dans les bras de Dieu quoi qu’il arrive, jeter en lui nos préoccupations. Croire que dans cet évènement surprenant qui nous arrive à l’improviste aujourd’hui il y a un cadeau de Dieu. Croire que la croix conduit toujours à la résurrection, si nous savons l’étreindre et l’aimer de tout notre cœur. Interpréter les « signes des temps », c’est garder l’espoir au fond de notre cœur en toutes circonstances. Interpréter les signes des temps, c’est croire que derrière ce frère qui m’aime ou qui me fait du mal, il y a Jésus qui me tend la main, comme lui-même nous le dira à la fin de cet Evangile de Matthieu : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger… C’est à moi que vous l’avez fait ». Interpréter les « signes des temps, c’est simplement voir les choses, les évènements et les personnes comme Dieu les voit. Rien de plus facile et de plus difficile en même temps.

    Interpréter les « signes des temps », c’est purifier notre esprit et notre cœur, pour qu’à chaque nouveau pas ils deviennent capables de saisir les « signes » que Dieu nous envoie. Cela n’arrive pas du jour au lendemain, il faut beaucoup s’exercer à capter chaque jour les messages de l’Esprit. Il faut accepter de se tromper souvent et de recommencer. Il faut aussi apprendre à capter ces « signes » en unité avec les autres et pas chacun seul dans son coin, car on a toujours besoin des autres pour mieux comprendre. Mais quand on a commencé à se laisser pénétrer par l’Esprit de Dieu, on ne revient plus en arrière, on marche désormais avec ce « temps » qui nous porte là où Dieu nous attend, à chaque instant et pour l’éternité…

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique