• « Quand Jésus la vit, il l’interpella : ‘Femme, te voilà délivrée de ton infirmité.’ Puis il lui imposa les mains ; à l’instant même elle se trouva toute droite, et elle rendait gloire à Dieu. » (Lc 13,12-13)

    « Quand Jésus la vit… » La Parole de Dieu crée et renouvelle la vie. Le regard de Dieu transforme, guérit et crée, lui aussi, des réalités toujours nouvelles. Il suffit que Jésus voie cette pauvre femme infirme et déjà il la guérit dans son cœur et tout est fait, tellement son regard divin est puissant et fécond. Il va bien aussi l’interpeller et lui imposer les mains, pour que tout soit clair pour les personnes présentes, mais en Dieu tout est un, tout est immédiat.

    Pauvres de nous qui sommes tellement limités ! Pauvres de nous qui passons notre temps à voir ou regarder les gens pour les juger, pour les envier, pour essayer de les dominer ou pour penser d’eux un tas de choses bizarres ou même mauvaises. Et pourtant Dieu a mis en nous son regard le jour où il nous a créés. Et son regard en nous est toujours présent, même s’il est contaminé par le regard de ce monde malade dans lequel nous vivons.

    Alors que faire pour purifier notre regard ? Commencer par faire de l’autre le centre de notre vie, au lieu de penser d’abord à nos intérêts égoïstes. Et nous habituer, quand nous rencontrons quelqu’un, quel qu’il soit, à nous demander : comment pourrai-je lui faire du bien ? Comment pourrais-je l’aimer ? Qu’est-ce que je pourrais partager avec lui de mes trésors pour le rendre heureux ? A force de changer chaque jour notre regard, nous allons laisser Jésus regarder peu à peu Lui-même en nous les personnes que nous rencontrons et tout sera différent.

    Nous allons devenir comme ces médecins qui notent tout de suite sur le visage d’une personne que cette personne ne va pas bien, qu’elle a peut-être une maladie grave à peine commencée, et qui a tout de suite envie de l’aider. Nous n’aurons sans doute jamais le regard de ce Jésus tout puissant qui guérit les gens simplement en les voyant, mais nous pourrons faire un tas de petits miracles sans même nous en rendre compte. Combien de regards bienveillants accompagnés en même temps d’un sourire, d’une parole ou d’un geste remplis d’amour ont changé la vie d’une foule de personnes.

    Un regard qui provoque la confiance car lui-même est déjà plein de confiance au départ. Un regard plein de miséricorde qui bouleverse une personne qui n’osait même pas nous regarder dans les yeux parce qu’elle avait mal agi envers nous. Un regard paisible qui rassure une personne en pleine crise de panique ou d’angoisse. Un regard encourageant qui redonne à quelqu’un la force de surmonter une épreuve qui semblait tellement écrasante. Un regard lumineux qui va aider une personne désespérée à sortir de son tunnel. Nous ne sommes pas Dieu tout puissant, mais Dieu est en nous si nous lui laissons la place, et tellement de belles choses peuvent passer désormais à travers notre regard et celui de Jésus en nous…

     


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  • « …‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ‘Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’’ » (Lc 13,7-9)

    Logiquement qui devrait aimer le plus la vigne ou les figuiers qui s’y trouvent : le propriétaire ou le vigneron ? Si l’on pense superficiellement, avec une mentalité un peu terre à terre, on dira que c’est le propriétaire puisque c’est lui qui profitera à la fin du gain donné par les raisins ou les figues qu’on aura récoltés.

    Mais si le vigneron est une personne de cœur qui aime « sa » vigne et ses figuiers, parce qu’il leur a donné toute son attention, sa fatigue, ses craintes, ses espoirs, tout au long des quatre saisons de son travail, c’est lui qui aimera le plus les fruits de son travail, car il sait quel prix d’amour ils représentent, bien plus que le prix en argent. Et c’est cela qui fait la différence entre l’amour de la possession ou de la loi et l’amour du cœur de celui qui sait seulement donner sa vie comme Jésus.

    C’est ce qui se passe avec les personnes. Quand les parents aiment les enfants parce qu’ils leur ont donné la vie du matin au soir, pendant les longues années de leur enfance ou de leur jeunesse, leur relation avec ces enfants est tellement plus belle que celle des parents qui prétendent que les enfants fassent ce qu’ils veulent, comme s’ils étaient leur possession.

    Quand on aime quelqu’un parce qu’on a découvert son trésor, on ne perd jamais la patience avec lui, on le regarde toujours avec les yeux et le cœur de la confiance, de l’espérance et de la miséricorde et c’est cela qui change tout. On n’a plus avec chaque personne une relation d’intérêt presque commercial qui donne à l’autre si l’autre répond. Mais on est peu à peu transformé par le regard d’amour divin de Jésus qui regarde le jeune homme riche qui vient de le trahir et qui l’aime.

    Jésus ne l’aime pas par l’intérêt de celui qui a obtenu ce qu’il voulait, mais par le cœur d’un père ou d’une mère qui continuent à vivre la confiance, même quand elle semblerait s’être perdue. C’est cela que Dieu fait avec nous tout au long de notre vie, sans jamais se lasser. Et apprendre peu à peu à vivre avec le cœur de Dieu, ce n’est pas seulement faire de bonnes actions de temps en temps, c’est devenir déjà Dieu par participation, et je crois qu’il n’y a rien de plus sublime pour la vie d’un homme.

     


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  • A partir de maintenant et jusqu’au chapitre 19, là où l’Evangile de la passion selon Saint Luc va rejoindre les autres Evangiles, nous allons plonger dans un univers véritablement original. Presque tout ce que nous allons lire dans ce chapitre, à part quelques petites phrases ici et là, va nous entraîner vers de nouveaux horizons qui vont nous faire respirer.

    Mais nous allons ici refaire une expérience déjà vécue avec l’Evangile de Matthieu : ce chapitre est rempli de menaces et de peurs : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez comme eux. » « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. » « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. » « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?... Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. » « Je ne sais pas d’où vous êtes. Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal. » « Il y aura des pleurs et des grincements de dents… quand vous serez jetés dehors. » « Il y a des premiers qui seront derniers. »

    Si on s’arrête là, on ne va plus rien comprendre. Pourquoi ce Jésus qui, en Saint Luc, est tellement plein d’amour et de miséricorde veut-il en même temps autant nous effrayer ? En fait Jésus dans ces remontrances terribles ne fait que reprendre la mentalité de la loi et des commandements et les avertissements des prophètes qui faisaient peur au peuple élu pour qu’il ne se détourne plus jamais de Dieu comme il l’avait fait si souvent en chemin.

    Mais si l’on regarde bien, Jésus reprend ces discours effrayants et il s’en moque presque au même moment. Il reprend la mentalité de la loi et du sabbat et il nous délivre du sabbat, comme nous allons le voir, et il le tourne même en ridicule. Il reprend ces mots du propriétaire de la vigne qui voulait couper le figuier parce qu’il ne produisait pas de fruit, mais il reprend aussitôt les autres mots du vigneron : « Seigneur, laisse-le encore cette année… peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. »

    Ce chapitre 13 est un chapitre d’espoir. La porte pour entrer dans le Royaume est étroite, mais qui nous empêche d’y pénétrer ? Les gens qui avaient été invités les premiers au banquet du Royaume n’ont pas voulu accepter l’invitation ? Ils sont libres. Mais maintenant « on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. » Et « il y a des derniers qui seront premiers. » Le Royaume de Dieu semble tout petit au départ mais il a la force du grain de sénevé qui va faire pousser une plante qui grandira comme un arbre et les oiseaux du ciel feront leur nid dans ses branches. La foule l’a bien compris, « elle était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes » que faisait Jésus. La peur est encore là, mais il est temps de se laisser porter par cet espoir immense qui va transformer le monde. Et notre chapitre va même se terminer en annonçant dès maintenant le jour où nous dirons : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

    Mais reprenons le récit dans son ordre. « A ce moment, des gens vinrent rapporter à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu’ils offraient un sacrifice. Jésus leur répondit : ‘Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière.’

    Jésus leur disait encore cette parabole : ‘Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ‘Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’’ »

    Et Luc passe alors à un épisode où il décrit avec force comment Jésus est venu nous libérer du sabbat et de la loi : « Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue, le jour du sabbat. Il y avait là une femme, possédée par un esprit mauvais qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et absolument incapable de se redresser. Quand Jésus la vit, il l’interpella : ‘Femme, te voilà délivrée de ton infirmité.’ Puis il lui imposa les mains ; à l’instant même elle se trouva toute droite, et elle rendait gloire à Dieu.

    Le chef de la synagogue fut indigné de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat. Il prit la parole pour dire à la foule : ‘Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ce jour-là, et non pas le jour du sabbat.’ Le Seigneur lui répliqua : ‘ Esprits faux que vous êtes ! N’est-il pas vrai que le jour du sabbat chacun de vous détache de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Et cette femme, une fille d’Abraham, que Satan avait liée il y a dix-huit ans, n’est-il pas vrai que le jour du sabbat il fallait la délivrer de ce lien ?’ Ces paroles de Jésus couvraient de honte tous ses adversaires, et toute la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait.

    Jésus disait : ‘A quoi le règne de Dieu est-il comparable, à quoi vais-je le comparer ? Il est comparable à la graine de moutarde qu’un homme a jetée dans son jardin. Elle a poussé, elle est devenue un arbre, et les oiseaux du ciel ont fait leur nid dans ses branches.’ (cf. Mc 4,30632 et Mt 13,31-32) Il dit encore : ‘A quoi vais-je comparer le règne de Dieu ? Il est comparable à du levain qu’une femme enfouit dans trois grandes mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé.’ (cf. Mt 13,33) »

    Luc nous parle ensuite de la porte étroite. Matthieu avait abordé le sujet en 7,13-14, mais Luc va le développer d’une manière beaucoup plus forte : « Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : ‘Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?’ Jésus leur dit : ‘Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas.

    Quand le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’ Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal.’

    Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y aura des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers.’ (cf. Mc 10,31 et Mt 9,30 et 20,16) »

    Et le chapitre se termine par un épisode qui en dit long sur ce que Jésus vivait au fond de lui-même à l’approche de la passion qui l’attendait. Comme un voile levé encore plus sur ce lien incroyable entre sa divinité et son humanité. « A ce moment-là, quelques pharisiens s’approchèrent de Jésus pour lui dire : ‘Va-t’en, pars d’ici : Hérode veut te faire mourir.’ Il leur répliqua : ‘Allez dire à ce renard : Aujourd’hui et demain, je chasse les démons et je fais des guérisons ; le troisième jour, je suis au but. Mais il faut que je continue ma route aujourd’hui, demain et le jour suivant, car il n’est pas possible qu’un prophète meure en dehors de Jérusalem.

    Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes, toi qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Maintenant, Dieu abandonne votre Temple entre vos mains. Je vous le déclare : vous ne me verrez plus jusqu’au jour où vous direz : béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !’ »

    On a envie de rester en silence devant un si grand mystère. Nous reprendrons maintenant un seul commentaire à une phrase de Matthieu que nous venons de retrouver dans ce chapitre de Luc, mais les autres « perles de la Parole » de ce chapitre seront toutes nouvelles. Les phrases de l’Evangile sont vraiment comme ces vagues de la mer qui vont et viennent sur le rivage, toujours semblables et jamais semblables, signes de la vie de Dieu si simple et si riche en même temps…

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 13 de l’Evangile de Luc, nous reprenons ce commentaire publié dans ce blog en 2019]

    Ouvrir notre porte étroite

    « Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. » (Mt 7, 13-14) (cf. Lc 13,23 : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. »)

    Pas de panique, s’il vous plaît ! On pourrait vraiment se décourager si l’on prenait ces deux phrases de travers. On pourrait y voir même une menace voilée, une sorte de désir de Dieu de nous empêcher de trouver ce chemin « qui conduit à la vie ». Mais nous savons bien que ce Dieu amour qui s’est incarné en Jésus ne peut pas avoir une pensée pareille, il n’est pas venu donner sa vie pour nous, pour ensuite nous empêcher de goûter à cette vie.

    Alors, arrêtons-nous un instant et regardons en face ce Dieu qui nous aime tellement qu’il fait tout pour nous éviter de prendre le mauvais chemin. Il nous dit simplement que la porte que nous devons prendre est étroite. Il ne nous dit pas qu’on ne peut pas y entrer…

    Je vais prendre deux exemples bien terre à terre pour me faire comprendre. Si on me fait cadeau d’un aspirateur, je peux l’utiliser comme un balai pour pousser la poussière dans un coin de la maison, mais ce ne sera évidemment pas très efficace. Si je comprends que je devrais simplement mettre la fiche électrique dans la prise de courant, tout devient tellement facile. Et pourtant cette prise de courant est minuscule et si étroite, comparée aux dimensions des murs de la maison, mais cela ne me gêne absolument pas.

    C’est la même chose avec la porte « qui conduit à la vie » : il suffit de découvrir où elle se trouve et de décider d’y entrer. Mais le problème c’est quand je ne sais même pas où la prise de courant a été placée, ou bien si tout est noir dans ma pièce et qu’il devient alors presque impossible de la trouver…

    Jésus nous demande ici deux choses toutes simples : décider de passer par la porte étroite, c’est un choix que nous devons faire en pleine conscience et liberté. Puis allumer la lumière dans la maison pour découvrir où a été placée cette porte ou cette prise de courant. Et si la lumière manque, je peux faire appel à mes amis pour m’apporter cette lumière et tout va s’arranger.

    Alors reprenons la lecture et la méditation de l’Evangile. Mettons en pratique ce que nous lisons. Partageons cette vie avec nos frères et sœurs en humanité pour nous illuminer les uns les autres, car il est évidemment plus facile de se tromper quand on est tout seul. Et quand on comprend finalement que c’est aussi le frère qui est notre porte étroite, on se met à l’aimer tellement passionnément. Et on s’aperçoit alors que mille portes étroites s’ouvrent chaque jour devant nous : ce sont les mille visages de Jésus dans nos frères, ce sont les mille paroles de l’Evangile à mettre en pratique. Et si nous ratons quelquefois l’entrée d’une porte, Jésus est toujours là pour nous remettre dans la bonne direction. La vie en nous et autour de nous commence tellement à déborder que nous ne risquons plus jamais de nous perdre. D’autant plus que notre amour grandissant pour les autres nous fait découvrir à chaque instant un peu plus le chemin, en même temps que nous aidons les autres à s’y engager…


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  • « Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin efforce-toi de te libérer envers lui, pour éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre au percepteur des amendes, et que celui-ci ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. » (Lc 12,57-59)

    Un peu plus tôt dans notre chapitre, Jésus semblait ne pas vouloir s’occuper de la justice des hommes, lorsqu’il disait à ce pauvre homme qui lui demandait de l’aide pour un problème d’héritage, que cela ne le regardait pas. Et voilà que maintenant il nous donne des conseils sur ce qui est juste dans les affaires de ce monde. Devons-nous y voir une contradiction ?

    Je crois que tout est simple en Jésus. Il est bien qu’il nous ait d’abord expliqué que la justice de Dieu est sur un plan d’amour tellement divin que toute notre vie changerait si nous apprenions à nous laisser faire par Lui. Mais en même temps, Jésus sait bien que nous ne construirons pas en deux jours le paradis sur la terre. Alors, il nous conseille ici de respecter tout de même la justice des hommes. Car cette justice est quand même beaucoup mieux que la loi de la jungle qui s’installe lorsque chacun ne pense qu’à se méfier des autres et à les dominer.

    Ce n’est pas parce que nous avons déjà commencé à vivre sur le plan divin de la Parole de Dieu, que nous devons nous croire maintenant supérieurs aux autres et refuser de traiter avec eux. Ce serait tomber dans le piège terrible du « levain des pharisiens hypocrites. » C’est en nous faisant « un » avec tous les efforts de la société humaine qui essaye chaque jour de créer de meilleures conditions dans les relations entre les hommes, que nous pourrons unir notre action avec tous les hommes de bonne volonté.

    Car Dieu est présent en chacun, même si tout le monde n’en est pas conscient. Et il est sage de considérer tout effort de notre prochain, quel qu’il soit, comme un bien positif pour l’humanité, comme Dieu fait déjà avec nous, au milieu de nos petits progrès de chaque jour. Jésus n’est pas là pour nous complexer, mais pour nous élever continuellement vers Lui, là où nous nous laissons rencontrer par Lui…

     

     


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