• [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 22 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2017] 

    « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » (Mc 12,27) (cf. Mt 22,29 : « Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. »)

    Ne sentez-vous pas combien cette phrase est extraordinaire dans sa puissance ? Il y va du sens-même de toute notre existence. Combien de gens se moquent de nous, croyants, lorsque nous parlons d’une vie après la mort. Quelles sont nos preuves que la vie continue dans un « au-delà » ? Est-ce que quelqu’un a pu revenir un jour du séjour des morts et nous en parler ? Il n’y a en effet aucune preuve scientifique ou concrète d’une manière ou d’une autre pour nous assurer que tout ne s’arrête pas là au cimetière.

    Je crois que, pour comprendre une telle phrase, il faut plonger dans le mystère de l’âme et de l’amour. La vie existe, cela se voit déjà objectivement dans la nature. Mais il y a une dimension de la vie, qui est celle de l’âme, qui échappe à l’observation scientifique, et qui est pourtant bien là, qu’on ne peut pas réduire au simple travail de cellules du cerveau. Le sens lui-même de notre liberté qui nous rend fous de joie, lorsque nous arrivons à l’exercer, ne peut pas se réduire à quelques produits chimiques à l’intérieur de notre corps. Mais bien sûr, on ne peut pas le prouver. On ne peut pas prouver un mystère, on ne peut que s’y jeter un jour ou l’autre en pleine liberté et accepter de s’y laisser entraîner. Et alors tout change. Parce qu’on sent l’amour de Quelqu’un qui est là, qui nous conduit, tout en nous laissant nous conduire en même temps nous-mêmes, et qui nous regarde, pour qui nous nous sentons importants.

    Et la plus grande preuve de son amour, c’est cet amour qu’il a mis entre nous et dont nous sommes responsables. Cet amour qui ouvre notre cœur sur toute l’humanité, cet amour qui nous fait dire devant la mort d’un être cher : c’est impossible que tout s’arrête soudain ici pour toujours. Car cet ami, ce parent, est en moi pour l’éternité et je n’ai qu’à le laisser vivre encore en moi quoi qu’il arrive, même si je ne le vois plus avec mes yeux de chair, de même que moi aussi je suis en lui et je ne peux que continuer à me trouver avec lui là où il est maintenant.

    Ou bien Dieu n’existe pas, ou bien il est effectivement le « Dieu des vivants » et non pas « des morts » et cette vie en lui continue mystérieusement quelque part. Cela donne le vertige, mais cela donne aussi un sens encore plus fort à la vie que nous voyons et touchons ici-bas, car il ne peut y avoir de véritable séparation entre la vie et la vie, entre ici-bas et l’au-delà…

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 22 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2017] 

    « N’êtes-vous pas dans l’erreur en méconnaissant les Ecritures, et la puissance de Dieu ? » (Mc 12,24) (cf. Mt 22, 29 : « Vous êtes dans l’erreur, en méconnaissant les Ecritures, et la puissance de Dieu. »)

    Combien Jésus est-il continuellement en train de se plaindre, dans l’Evangile de Marc, du manque d’intelligence ou d’écoute de son interlocuteur ! Si le plus souvent il s’adresse aux pharisiens, ici c’est aux sadducéens qu’il parle, et c’est bien normal que tous ces gens-là ne comprennent pas grand-chose, puisque ce sont au fond ses adversaires : ils sont bouchés à la base, car ils ont choisi de l’être, ils ne veulent pas se laisser attirer par la mentalité si révolutionnaire du Christ.

    Mais nous avons déjà vu à diverses reprises que les apôtres eux-mêmes ne font pas beaucoup mieux. Combien de fois Jésus leur a-t-il reproché de n’avoir rien compris, justement parce qu’ils ne savent pas écouter et sortir de leurs habitudes et de leurs schémas tout faits. Alors cette phrase pourrait nous pousser tout simplement à une grande humilité. Si je me levais chaque matin en me disant que ce que j’ai appris ou compris jusqu’à ce jour du message de l’Evangile est encore bien limité. Penser simplement qu’aujourd’hui, si je suis capable de m’ouvrir de tout mon cœur, de tout mon esprit et de toutes mes forces à ce que Jésus va me révéler personnellement, je vais faire un grand bond en avant dans ma recherche personnelle et je vais aider les autres autour de moi à trouver eux aussi plus de lumière. Je devrais me demander à la fin de chaque jour si je me suis ouvert ou non à de nouveaux horizons, et recommencer si cela n’a pas été le cas. Seulement de cette manière la vie est une belle aventure, sans plus aucune routine, car elle devient témoin chaque jour de la « puissance de Dieu. »

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 22 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2017]  

    « A César, rendez ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mc 12, 17) (cf. Mt 22,21 : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »)

    Comme il est extraordinaire ce Dieu qui pourrait nous écraser par sa puissance et qui vient au contraire nous libérer par son amour ! Combien nous devrions apprendre encore de ce respect d’un Dieu pour la personnalité de chaque homme dans sa liberté !

    Jésus n’est pas venu dire aux Romains ce qu’ils doivent faire, ni même aux païens ou aux pécheurs. Les seuls auxquels il fait des remontrances ce sont les pharisiens, parce qu’ils prétendent parler au nom de Dieu, mais ils ont accaparé Dieu pour eux-mêmes et ils deviennent un obstacle pour les hommes au lieu d’être un témoignage.

    Combien souvent agissons-nous et pensons-nous comme les pharisiens qui se servent de Dieu et de la religion pour dominer les autres au lieu de les aimer et de les servir. Combien souvent nous voulons écraser les autres de nos opinions, parce que nous sommes sûrs d’avoir raison et d’être les meilleurs…

    Jésus n’est pas venu sur terre pour dominer les hommes de son savoir et de sa grandeur, mais pour leur ouvrir délicatement le chemin du ciel. Combien les hommes de religion ont fait le contraire au cours des siècles de l’histoire, à commencer malheureusement par les hommes d’Eglise. Et ce n’est pas étonnant que le monde se soit peu à peu en grande partie détourné de cette Eglise triomphaliste et pleine d’orgueil.

    La mauvaise laïcité à la française, avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, est née comme une réaction aux abus des hommes d’Eglise qui ont voulu tout commander au lieu de servir dans l’humilité. Si nos responsables d’Eglise avaient été vraiment chrétiens, dans le sens de véritables disciples du Christ, ils auraient respecté l’autonomie des réalités humaines comme Jésus l’a fait. Ils auraient eux-mêmes pu proposer la laïcité qui n’aurait pas été une guerre entre deux ennemis, mais une belle collaboration (et non pas séparation) entre l’Eglise et l’Etat qui se seraient entraidés dans un plein respect mutuel, unis et distincts, pour le service de la société. Il n’est jamais trop tard pour réparer nos erreurs passées, à condition au moins de commencer à nous en rendre compte !

     


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  • « Et tout homme qui tombera sur cette pierre sera brisé ; celui sur qui elle tombera, elle le pulvérisera ! » (Mt 21,44)

    On pourrait parler à l’infini d’une phrase pareille. Que veut dire Jésus ? Que ceux qui ont rejeté le Christ seront punis, viendront se briser sur la justice divine ? C’est une interprétation possible, peut-être un peu trop simpliste. Je crois qu’on pourrait trouver dans tout l’Evangile de Matthieu, l’Evangile des Béatitudes, une interprétation beaucoup plus belle et plus profonde. Nous avons découvert en Jésus un Dieu qui ne sait pas posséder et qu’on ne peut jamais posséder. La vie divine est d’une autre dimension, une sorte de dimension passepartout, le contraire de ce que symbolise une pierre, qui est forte, mais qui est en même temps morte, statique, immobile. Alors que la vie de Dieu est comme le sang et l’eau qui vont bientôt jaillir du corps de Jésus sur la croix, selon l’Evangile de Jean. La vie de Dieu et de son amour ne peut pas être saisie, arrêtée, contrastée, elle est trop limpide pour être coincée dans les tenailles de notre vieil homme.

    Chacun porte en soi une part de vieil homme, ce cœur de pierre immobile qui ne sait pas aimer et qui veut dominer par la force les hommes, la vie et les circonstances. C’est ce vieil homme qui transforme tout en pierre sur son passage et qui va finalement se briser, se laisser pulvériser par cette pierre qu’il s’est lui-même construite. Tandis que le pauvre, le pur, le doux, l’artisan de paix des béatitudes, celui qui s’est fait un cœur de chair rempli de ce sang divin qui ne sait pas s’arrêter parce qu’il coule pour donner sa vie pour les autres, va entrer sans problème dans le paradis du Père qui nous attend. Car en Dieu c’est toujours l’amour qui passe et non pas la violence ou le contraste. Leçon tellement simple que nous oublions si souvent, mais qu’il suffirait de reprendre chaque jour pour faire de la terre une anticipation du paradis.

     

     


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  • « Aussi, je vous le dis : Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit. » (Mt 21,43)

    Encore une phrase terrible de Jésus qu’il nous faut bien comprendre. Est-ce une prophétie pour annoncer que le « peuple élu » va perdre la garde du Royaume de Dieu dont il n’a pas été digne ? Ce serait une conclusion bien simpliste et prétentieuse pour ceux qui penseraient être le peuple que Dieu a choisi à la place de ces premiers « indignes ».  Jésus est venu sur la terre pour donner son Royaume à toute l’humanité, en commençant par ceux qui sont capables de l’accueillir, mais pas seulement. Car Jésus est venu pour sauver tous les hommes, et particulièrement les « malades » et les « pécheurs », c’est-à-dire au fond chacun de nous.

    La vérité, c’est qu’il ne nous donne pas son Royaume pour que nous le possédions, car, une fois encore, Dieu ne sait pas posséder, il sait seulement donner la vie et donner sa vie. Dieu n’a pas avec l’univers un rapport de propriétaire, mais le rapport d’une mère qui donne sa vie pour faire venir au monde ses créatures et qui les accompagne jusqu’au bout… ce qui veut dire en Dieu pour l’éternité.

    Il devient alors bien clair que n’importe quel groupe ou peuple ou même religion qui pense s’approprier le Royaume de Dieu comme une possession sera bien vite déçu. Le christianisme est souvent tombé dans ce piège en se croyant le dépositaire et le propriétaire de la vérité, et il en subit en ce moment de lourdes conséquences. Le Royaume de Dieu sera toujours enlevé à ceux qui croient le mettre dans leur coffre-fort et il sera donné finalement à ceux qui ont compris qu’on ne possède pas le Royaume mais qu’on entre simplement en lui en le laissant entrer de la même façon en nous dans la plus grande réciprocité.

    Et quand on a compris que le Royaume c’est l’amour de Dieu lui-même, la vie de Dieu qui brûle au cœur de l’univers, on n’a rien d’autre à faire qu’accueillir cette vie et nous donner à elle, et la partager tout de suite avec tous ceux qui sont prêts à s’unir avec nous dans cette merveilleuse aventure. Tout en continuant à nous battre pour qu’un jour ceux-là mêmes qui semblent les plus réfractaires commencent à comprendre où est la vie véritable qui les attend. Quand nous, chrétiens, déciderons de donner seulement notre vie, cette vie du Royaume entre nous, à tous nos frères en humanité, comme un simple témoignage, un humble service, cette humanité se mettra alors à comprendre. Et au lieu de scandaliser nos frères, comme nous l’avons fait si souvent, en nous croyant en plus supérieurs aux autres, nous finirons par les attirer vers ce Dieu qui continue à les attendre patiemment comme il nous a nous-mêmes attendus. C’est cela le fruit que Jésus nous demande de produire, à la fois si simple et si difficile : recevoir le Royaume de Dieu pour le partager.


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