• En poursuivant notre voyage au milieu des réseaux sociaux, j’aimerais vous faire réagir avec moi ce matin devant cette phrase stupéfiante, que je ne peux pas laisser passer comme ça : « La haine rend plus fort, elle donne un courage et une détermination qui souvent échappent à l’amour. » Elle a été écrite par Alain Mounier, artiste et écrivain contemporain. Comme d’habitude, nous n’avons pas l’intention ici de mettre notre ami devant un tribunal. Nous n’en aurions ni l’autorité, ni la capacité de le faire. Et il faudrait d’abord remettre sans doute cette phrase dans le contexte d’où elle a jailli…

    Mais tout de même, arriver à faire dire que la haine est en quelque sorte plus efficace, plus forte, plus concrète que l’amour, c’et une idée contre laquelle j’ai envie de me battre ici de tout mon cœur. Heureusement encore que notre auteur a dit « qui souvent échappent à l’amour » : il donne quand même à l’amour une chance de produire parfois quelque chose de bon…

    Ce qui fausse complètement notre vie en général, c’est quand on confond le chemin ou les moyens avec le but. Il est certainement important d’être fort, courageux et déterminé. Gandhi était d’une force, d’un courage et d’une détermination dans sa bataille non-violente qui lui ont permis de faire cette révolution pacifique qui a bouleversé le monde. Mais les terroristes de Daech ont eux aussi une force, un courage et une détermination que nous devons bien leur reconnaître. Alors arrêtons de confondre les niveaux, sinon nous n’allons bientôt plus rien comprendre.

    Ensuite il faudrait savoir de quel amour on parle. Dans notre blog, nous avons souvent parlé du seul amour qui fait grandir l’homme et qui est l’amour de l’autre et de toute l’humanité, un amour qui fait sortir de soi-même pour créer toujours du positif et faire espérer l’humanité en des lendemains meilleurs. Cet amour-là sera toujours rempli de force, de courage et de détermination. Tandis qu’évidemment l’amour égoïste qui replie sur soi-même risque d’enlever toute énergie au cœur de celui qui ne pense qu’à assouvir ses propres désirs sans se préoccuper de ce qui arrive aux autres. Mais c’est sur le mot « haine » que j’aimerais revenir ici. C’est vrai que la haine est un sentiment tellement violent qu’elle peut donner une force extraordinaire. Ce n’est pas facile d’avoir le courage de tuer quelqu’un, et la haine est souvent la source de ce courage insensé et criminel.

    Mais en fait ce qui provoque la haine est souvent le sentiment d’avoir été injustement traité, trahi, brimé. Quand on a été victime d’une injustice sans avoir rien fait de mal soi-même, on peut bien comprendre cette colère terrible qui bout au fond du cœur. La vérité, c’est que le mal et la souffrance sont parfois tellement forts qu’ils obligent à réagir et donnent tout à coup une détermination que nous n’avions pas jusque-là. Que nous soyons nous-mêmes les victimes de cette injustice ou que ce soient des personnes que nous aimons ou simplement que nous connaissons. Comme lorsqu’on ne supporte pas de voir une personne puissante maltraiter une autre personne pauvre et fragile : nous avons tout de suite envie d’intervenir pour protéger ce pauvre homme contre les abus de celui qui se croit tout permis…

    Cette phrase peut donc nous faire réfléchir sur l’importance de la souffrance dans notre vie, ce serait un sujet à développer longuement. Mais la leçon d’un Gandhi, dont nous avons à peine parlé, est que répondre au mal par la haine va créer plus de haine et de mal encore et toute cette énergie qui se déploie contre l’injustice va servir à entraîner simplement de nouvelles injustices, dans une chaîne sans fin qui servira seulement à détruire et non à construire. La véritable force sera donc seulement celle de transformer cette haine terrible contre l’injustice en un amour encore plus fort pour la justice. Savoir profiter de tout ce qui ne va pas dans notre vie pour en faire un tremplin vers des relations toujours plus positives entre les hommes : c’est à ce moment-là seulement que cela vaut vraiment la peine d’être fort, courageux et déterminé !

     


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  • « Plus nous recherchons le bonheur, plus il nous échappe ! » C’est une phrase que j’ai vue récemment sur les réseaux sociaux, d’un auteur apparemment inconnu. C’est peut-être mieux pour lui qu’il soit inconnu, pour qu’on ne se moque pas trop de lui.

    Comme le monde est triste quand on s’arrête aux premières apparences, aux premiers échecs ! Tout le monde a connu des échecs dans la recherche du bonheur. Mais où nous conduisent en général ces échecs ? Ou bien à une triste résignation pour le restant de nos jours, ou bien au contraire à un élan nouveau qui nous pousse à sortir avec une nouvelle énergie de ce pessimisme qui règne autour de nous.

    Car le bonheur est d’abord une conquête. Il faut le vouloir, le désirer de tout son cœur pour y parvenir. Il ne va pas nous tomber du ciel tout seul. Mais imaginez comme la vie serait triste si on avait le choix entre une vie sans bonheur parce qu’on ne l’a pas cherché et une vie sans bonheur parce qu’on l’a cherché ! Ce serait une vie absurde ! Des deux côtés, bonheur impossible !

    La solution à ce genre de faux problème est toujours dans une troisième direction. Il suffit tout simplement de chercher le bonheur pour les autres. Et là il y a de quoi faire toute la journée. On peut commencer à se lever le matin en programmant tous les contacts qui vont donner un peu ou beaucoup de bonheur aux gens qu’on aime. Puis en accueillant avec joie tous les contacts qu’on n’avait pas prévus mais qui peuvent eux aussi apporter tellement de bonheur.

    On peut ainsi semer du bonheur du matin au soir sans se lasser. On trouve toujours des occasions, si on est un tant soit peu attentif. Un coup de téléphone, un sourire, un service, une surprise, un cadeau, un souvenir, un conseil, une question qui encourage, un geste qui console, une suggestion positive qui étonne, une pensée qui émerveille, une photo qui touche, une histoire qui émeut, un exemple qui attire, une nouvelle qui remplit de joie, une confirmation qui tranquillise, un résultat qui conforte, une anecdote qui amuse, une invitation qui donne du baume au cœur… la liste ne finirait jamais…

    Et voilà qu’au bout d’un moment cette joie ou cet amour que nous avons semés à tour de bras nous retombent dessus comme un boomerang. Nous avons pensé peut-être tout seuls au bonheur des autres et les autres n’ont pas pu résister bien longtemps, ils ont décidé de s’y jeter à leur tour. Nous n’avons même plus à rechercher le bonheur, il nous suffit maintenant de le cueillir ou de l’accueillir, pour le redonner de nouveau, amplifié, élargi, libéré, coloré, comme les vagues d’un océan qui se retirent un moment pour mieux venir presque tout de suite nous inonder et nous rafraîchir. Et l’on comprend alors que pour trouver le bonheur il suffit de le donner, mais de le donner sans cesse, sans attendre de résultat.


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  • Oui, c’est une question que nous devrions souvent nous poser, si l’on veut une base solide pour avancer dans la vie ! Où se trouve le centre de mon moi, ce qui fait à la fois la base ou la source de ma vie et l’horizon vers lequel j’essaye tant bien que mal de me diriger ?

    Si on lit tout ce qu’on trouve dans nos réseaux sociaux, qui semblent parfois devenus fous, on trouve des réponses intéressantes, mais aussi parfois tellement bizarres qu’on peut s’y perdre complètement.

    J’ai été provoqué cette fois-ci par la « citation du jour » du site du Parisien.fr : c’est une citation de Spinoza, un des plus grands philosophes de tous les temps, qui a écrit un jour : « Les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison. » C’est une phrase terriblement inquiétante que je ne peux pas laisser passer comme ça sans rien dire, surtout venant d’une telle personnalité !

    Je ne vais pas discuter ici avec Spinoza, il faudrait d’abord remettre ces quelques mots dans leur contexte pour vraiment les comprendre. Mais je suis tout de même fâché contre ces sites de citations qui mettent si souvent la confusion dans les esprits. A en croire cette pauvre phrase, l’homme serait divisé entre la « raison » qui doit être sans doute considérée comme une boussole positive qu’on oublie si souvent et le « désir aveugle » qui le conduit probablement à des catastrophes. Et, bien évidemment, puisque l’homme est faible, il se laisse prendre par ce « désir aveugle » et on peut imaginer ce qui s’en suit.

    Eh bien je vous avoue que je ne reconnais pas l’homme dans tout cela, l’homme que je suis, l’homme que je connais, celui que je côtoie chaque jour. Car si nous sommes faits de « raison » et de « désirs », l’homme est tellement plus complexe que cela. Il a des sentiments et un cœur. Il a une volonté. Il a des désirs et des passions, mais aussi un esprit, une intelligence, une conscience et une âme.

    Il faut bien reconnaître que le plus difficile c’est de mettre l’unité et l’harmonie entre tous ces éléments, mais c’est ce qui fait le défi et la beauté de notre condition humaine. La raison n’est certainement pas le plus important de notre « moi », pas plus que l’intelligence. On a vu des génies être incapables de relations sociales équilibrées. Et d’autre part le désir peut aussi être un des plus grands moteurs de bonheur ou de progrès : désir d’apaiser la souffrance des gens qui nous entourent, désir d’apporter la paix où règne le conflit ou la guerre… la liste ne finirait pas. Mais qui a dit que le « désir » doit être forcément aveugle ?

    Je crois que le centre de notre moi, c’est ce cœur qui bat pour l’humanité et qui met au service de son action toutes les facultés que nous avons rappelées plus tôt, à commencer par la conscience. Et quand je découvre un jour que le centre de mon moi, c’est aussi le cœur de mes compagnons de voyage sur cette terre et que je ne parviendrai au bonheur, pour moi et pour les autres, qu’en harmonisant mon cœur avec celui des autres, il n’y a plus tellement de raison d’être pessimiste et de croire que nous allons tous à la catastrophe. Nous sommes libres de faire de notre vie des bêtises, l’une après l’autre, mais ne sommes-nous pas libres aussi d’en faire un chef d’œuvre qui nous rende fiers d’être simplement ce que nous sommes ?


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  • « Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc. » (Mt 7,24)

    Comme c’est facile, au fond, de vivre l’Evangile ! il suffit d’ « écouter » la Parole de Dieu et de la « mettre en pratique ». Et « écouter » c’est déjà « mettre en pratique », parce qu’on ne va évidemment pas écouter cette Parole pour faire ensuite exactement le contraire de ce qu’elle nous demande.

    Il suffirait donc là aussi de se lever chaque matin en dirigeant l’oreille de notre cœur et de notre esprit vers la Parole de Dieu, celle qui est écrite déjà dans l’Evangile et celle que l’Esprit Saint nous suggère à chaque instant au fond de notre conscience, ou indirectement par la voix des personnes que Dieu met sur notre chemin, tout au long de la journée.

    Il faut évidemment écouter avec un cœur tellement pur et libéré que l’on comprend bien clairement le message que Dieu nous adresse, car ce serait terrible de penser écouter et de comprendre finalement le contraire de ce que Dieu veut nous dire. Cela demande beaucoup d’exercices de chaque jour, pour ne pas confondre les niveaux ou les contextes ou les conseils de toutes sortes.

    Puis rappelons-nous toujours aussi que la présence de Jésus au milieu de frères et sœurs qui s’aiment, unis en son nom, est comme le haut-parleur de la voix de l’Esprit en nous, qui nous aide à bien distinguer la voix de Dieu de toute la confusion qui nous arrive à chaque instant des sollicitations du monde qui nous entoure. Sans non plus nous méfier de ce monde autour de nous qui est souvent porteur de messages de Dieu pour nous, parfois à travers les plus pauvres ou ceux qui souffrent. Quand on apprend à « écouter », on finit par trouver la voix de Dieu partout et le chemin devient tellement plus beau et attirant… à condition justement de commencer par écouter avant de vouloir agir ou parler nous-mêmes en premier…

     


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  • « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur !’ pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21)

    Encore une petite phrase apparemment si simple et que nous connaissons par cœur… sans peut-être avoir jamais découvert son mystère ! Alors arrêtons-nous aujourd’hui pour essayer de comprendre…

    La plupart de nos prières portent souvent des fruits décevants. Nous passons notre temps à demander à ce Dieu qui devrait nous aimer de nous combler de cadeaux, de bonheur, de solutions à nos problèmes, d’assurances pour le futur, de garanties pour notre santé, notre famille, notre travail ou même de véritables miracles qui vont changer toute notre vie… et bien peu de choses se passent comme nous l’aurions souhaité, il faut bien l’avouer.

    Est-ce par ce que nous ne savons pas prier ? Est-ce parce que nous ne sommes pas cohérents, que nous prions, mais que nous ne faisons pas cette volonté de Dieu qui nous attend ? Il doit bien y avoir une erreur, une faute dans notre parcours.

    Tout le discours sur la montagne, que nous venons de contempler et de méditer en détails depuis quelques temps, est là pour nous rappeler certainement l’essentiel de cette « volonté de Dieu », et nous pourrions y revenir pas à pas, depuis les béatitudes jusqu’à la prière du Notre Père et tous les conseils merveilleux que Jésus nous a donnés…

    Mais il est un mot, si petit, si apparemment ordinaire, qui va peut-être à lui tout seul nous faire pénétrer dans le secret de Dieu : c’est ce verbe « entrer ». Dieu n’est pas là d’abord pour nous « donner » je ne sais quel bienfait qui nous manquerait et pour satisfaire notre désir illusoire de « posséder » enfin le bonheur. Non, Dieu veut que nous marchions tout à coup vers Lui, que nous sortions de nous-mêmes et que nous « entrions » dans son paradis. Car le Paradis de Dieu, la vie de la Trinité qui est aux cieux, n’est pas une réalité que nous pouvons contenir ou enfermer dans nos possessions, mais un courant d’amour dans lequel Dieu nous invite à nous jeter en toute confiance, sans plus regarder en arrière.

    Et comme nous avons compris en même temps que le cœur du frère ou de la sœur qu’il place sur notre chemin est aussi une « porte étroite » privilégiée pour nous faire pénétrer dans le Royaume, tout est prêt maintenant pour notre « saint voyage » vers le paradis. Nous n’avons plus qu’à nous lever chaque matin en nous demandant par quelle porte Jésus veut aujourd’hui nous faire entrer chez Lui et chez le Père avec Lui dans l’Esprit. La vie devient tout à coup tellement plus simple et notre prière avec elle tellement plus essentielle et efficace. A essayer pour voir…


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