• Il y a quelques jours, j’ai publié sur Facebook cette phrase que j’avais écrite et qui m’aide beaucoup chaque jour : « La première question à me poser chaque matin au réveil : pour qui et avec qui je vais vivre aujourd’hui ? » Une belle résolution positive. Le désir de donner un sens à ma vie, de sortir toujours un peu plus de moi-même, de vivre justement toujours plus « avec les autres » …

    Et puis la journée n’a pas bien commencé. De plus en plus de problèmes avec internet, tellement important ces jours-ci pour garder le contact avec tout le monde. Et surtout de plus en plus de mauvaises nouvelles de nos amis, entre ceux qui sont malades à la maison, ceux qui sont à l’hôpital, ceux qui cherchent partout un appareil à oxygène pour leurs parents et qui ne le trouvent pas… Je vous avoue qu’à un certain moment je sentais comme un sens de découragement, mêlé à de plus en plus d’inquiétude pour l’avenir, pour ce virus qui nous envahit de partout, et pour le Liban dont le futur semble de plus en plus sombre…

    Et puis, tout d’un coup, j’ai senti au fond de moi comme une voix bien claire qui me disait : « Bien sûr, Roland, c’est vrai tout ce qui se passe, c’est de plus en plus dur, de plus en plus terrible, mais qu’est-ce que ça change pour toi ? » Comme si je me réveillais d’un seul coup à la réalité. Si tu vas mal, si les autres vont mal, qu’est-ce que ça change à ta résolution de vivre cette journée pour les autres et avec les autres ?

    Au contraire, si je ne suis pas replié sur moi-même et mes problèmes personnels, n’est-ce pas justement toute cette situation tragique qui devrait me pousser à sortir encore plus de moi-même, à passer ma journée à chercher à aider, à écouter ceux qui souffrent, à rendre des services concrets, à être simplement présent à tous ceux qui sont en ce moment dans le besoin ?

    Je crois que cela a été pour moi comme une piqûre de rappel. Moi qui suis arrivé au Liban et au Moyen Orient il y a juste 50 ans ce mois-ci, plein de bonnes intentions, moi qui en ai vu de toutes les couleurs, comme on dit, entre les guerres, les catastrophes, les injustices, mais aussi tellement de solidarité et d’amour réciproque qui circule, est-ce que quelque chose a changé dans ma raison d’être au milieu de tous ces amis merveilleux que j’ai appris à connaître et à aimer de plus en plus au fil du temps ?

    Non, c’est simplement une confirmation que le temps m’a donnée. Mon idéal n’a jamais changé, il a simplement mûri avec le temps, il est devenu plus fort, plus concret, il a pris peu à peu tout le fond de mon cœur et de mon esprit. Et c’est seulement cela qui compte aujourd’hui. Et quand la situation s’améliorera, comme nous l’espérons tous au plus profond de nous-mêmes, ce ne sera pas alors pour m’arrêter et me reposer, mais pour en profiter pour continuer à me lever chaque matin en pensant aux autres plus qu’à moi-même. Car c’est comme ça que j’ai trouvé le seul trésor que je cherchais et que j’ai pu le partager avec tellement d’amis. Et tout cela ne changera jamais…


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  • Il y a dans les cycles de la nature une sorte de miracle étonnant d’une certaine réciprocité, au moins indirecte, d’une sorte de loi du boomerang, qui fait que rien de ce qui se donne ne se perd définitivement et toute la vie revient un jour ou l’autre au point d’où elle était partie. Comme ce phénomène de l’eau qui jaillit de la source au creux de la montagne, pour se plonger dans la vallée, irriguer les champs qu’elle côtoie, prolonger sa promenade dans la plaine avant de se jeter finalement dans la mer, pour s’évaporer bientôt dans le ciel et revenir un jour, portée par le vent, pour se déverser de nouveau près de la source d’où elle avait commencé son aventure.

    On trouve un phénomène finalement assez semblable dans la beauté de la réciprocité qui se vit dans l’amitié ou l’amour entre les hommes. C’est lorsque deux êtres humains parviennent à goûter ce bonheur de se donner l’un à l’autre sans plus se demander qui des deux avait commencé, car le don de l’un est tout de suite compensé par l’accueil et le don de l’autre, comme deux échos qui se répondent à l’infini, et cela est déjà le premier miracle de la réciprocité.

    Le deuxième miracle, c’est que l’amitié et l’amour sont comme un jeu où chacun est tour à tour la source, le champ, la vallée, la plaine, la mer, le vent ou le nuage, avec une fantaisie, une imagination, une invention, une surprise de chaque jour et de chaque instant qui vous remplit l’esprit et le cœur. Comme une immense symphonie qui se renouvelle, sans jamais se répéter et en se répétant quand même toujours d’une certaine manière, mais qui n’est jamais monotone et qui fait que la joie se multiplie en se partageant.

    Le troisième miracle, c’est que toute cette réciprocité est consciente, jusque dans les plus petits détails. Car nous ne sommes pas comme ces ruisseaux qui font du bien à la vallée mais qui ne savent même pas ce qu’ils font et ce qu’ils sont. L’homme a été doté d’une sorte d’antenne qui lui fait goûter avec un immense bonheur tout ce don et cet accueil qu’il n’en finit pas de partager avec ceux qu’il aime. Heureux cet homme qui est un grand trésor et qui sait qu’il est un grand trésor !

    Et le dernier miracle (au moins pour aujourd’hui, pour ne pas en écrire trop long ce matin et fatiguer le lecteur), c’est la liberté de l’invention qui donne encore plus de sel à cette réciprocité. Car cet amour qui va et qui vient dépend bien sûr de la personnalité de chacun qui ressemble souvent à celle de l’autre, mais qui est toujours unique. Mais il dépend surtout de l’inspiration et de la volonté libre du moment qui peut nous faire choisir aujourd’hui d’être plus actif ou plus positivement passif dans notre belle relation. D’être en ce moment une source pour l’autre ou simplement un écho, un vent léger qui le rafraichit, ou un éclair qui vient l’illuminer, une chaleur d’été qui vient le réchauffer, ou une musique d’automne qui le prépare aux épreuves de l’hiver. A chaque jour sa surprise, son caprice positif, son émerveillement du moment qui ne se répétera plus jamais mais qui ne nous manquera pas, car la surprise qui vient nous comblera à son tour plus que toutes les autres… Quand nous faisons finalement cette découverte, il est difficile de se plaindre de la vie, même si elle nous paraît souvent si difficile…


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  • Je voudrais m’adresser aujourd’hui de tout mon cœur à tous mes lecteurs, mais spécialement à ces amis ou amies qui souffrent le plus… et il y en a beaucoup en ce moment au Liban… mais pas seulement au Liban…

    Je voudrais d’abord demander pardon pour toutes ces petites phrases que je lance chaque jour dans mon blog ou sur Facebook et qui peuvent être interprétées comme les paroles de quelqu’un qui pense avoir trouvé « la vérité » et qui voudrait enseigner aux autres ce qu’ils doivent faire. Je vous assure que ce n’est absolument pas mon intention, au moins consciente, car il est facile de confondre ses propres découvertes avec une vérité universelle.

    Je sais très bien qu’une phrase de blog, ou même la page d’un article, ne peut être qu’une petite goutte dans la recherche de cette vérité qui nous attire, le début d’une simple piste de recherche qui peut s’ajouter aux pistes de recherche que beaucoup tracent chaque jour devant eux pour sortir de leur tunnel et parvenir à la lumière.

    Ce qui est sûr, c’est que je n’ai certainement pas trouvé « la vérité », pour la simple raison que personne ne sera jamais capable d’enfermer à lui tout seul le mystère de cette vérité, qui est comme le mystère de la vie qui nous attire et qui nous porte et qui nous pousse, mais qui nous dépasse en même temps, que nous aimons tellement sans bien la comprendre, et qui nous donne en même temps le vertige.

    Et surtout, quand j’affirme avoir trouvé une nouvelle lumière sur ma route, ce n’est surtout pas pour dire maintenant aux autres que j’ai raison et que ces autres ont tort, car cela fait bien longtemps que je ne crois plus à cette fausse vérité de quelqu’un qui a raison contre les autres. Je crois avoir écrit dans ce blog qu’avoir raison « contre » l’autre est déjà un échec au départ, car je me pense me sentir plus fort, mais en même temps je me coupe de cet autre que je rejette, et je perds déjà une bonne partie de mon humanité. Et si je veux avoir raison, dans le sens de me rapprocher toujours plus de cette vérité mystérieuse qui me fascine, c’est seulement « ensemble », « avec » les autres, que je commencerai à avoir raison.

    La réalité, c’est que quand nous affirmons quelque chose de personnel, une découverte, une expérience, un sentiment, une intuition, nous avons toujours « raison » quelque part, dans le sens que nous avons « des raisons » profondes, liées à l’histoire de toute notre vie, qui nous ont conduits jusque-là. Et je fais donc bien de les partager avec les autres. A la fois parce qu’exprimer aux autres ce que je ressens au fond de moi m’aide déjà à me comprendre mieux moi-même, et parce que je crois aussi que c’est ce partage qui finira par sauver l’humanité, grâce à l’enrichissement mutuel des uns par les autres.

    Le but de notre dialogue ne sera donc jamais la discussion, la polémique, pas plus que cette malheureuse thèse-antithèse-synthèse apprise à l’école ou à l’université, qui nous a fait souvent beaucoup de mal. Le but de notre dialogue, devrait être simplement ce partage et cette écoute réciproques. Si j’écris un jour que je me sens mieux parce que j’ai découvert une manière nouvelle de résoudre ce qui ne va pas dans ma vie, ou qu’un ami me l’a fait découvrir à sa façon, ce ne sera jamais en pensant avoir trouvé « la vérité », mais en disant simplement que, dans la situation où je me trouve, cette nouvelle réalité m’a fait beaucoup de bien, m’a aidé à résoudre un grand problème ou à défaire un nœud qui m’étouffait.

    Et comme cette nouvelle lueur dans ma vie a été si positive pour moi, il est bien normal que je la mette en commun avec les personnes que j’aime, en espérant qu’elles aussi pourront en tirer un certain bienfait. Mais si un de mes amis me dit que, pour lui, cette manière de faire ne marche pas, je ne vais pas maintenant discuter avec lui en pensant avoir mieux compris la vie que lui et en me sentant tout à coup supérieur. Ce sont ces sentiments stupides et centrés sur soi-même qui gâchent tout.

    Car cet ami ou cette amie qui souffre en ce moment et que je n’arrive peut-être pas à aider, vit certainement des moments difficiles, porte en lui des blessures telles qu’il ne peut pas regarder la vie sous le même angle que moi. Et je me rappelle à ce moment-là que moi aussi j’ai mes blessures, que moi aussi j’ai connu des années de tunnel. Quand j’étais jeune, je croyais que je n’avais pas le droit d’aimer ou d’être aimé, je ne savais même pas ce que cela voulait dire d’avoir un ami véritable avec lequel on peut se confier de tout son cœur.

    Puis ma vie a changé. Et si aujourd’hui j’ai trouvé tellement plus de lumière, je sens que j’ai comme un devoir de reconnaissance envers toute l’humanité. Alors, oui, j’essaye de partager le plus possible de qui m’a fait sortir de mon tunnel. Mais pas pour dire à mes amis qu’ils doivent faire comme moi. Qu’est-ce que j’en sais au fond ? Mais je continuerai à crier de toutes mes forces qu’il y a toujours pour chacun un chemin pour s’en sortir. A chacun de le chercher et de le découvrir. En sachant que rester tout seul à chercher dans son coin ne mènera jamais bien loin. Mais quand on se met ensemble en route vers la lumière on peut faire des découvertes étonnantes, et l’horizon de la vie change tout à coup de perspective et de couleur et on ne revient plus jamais en arrière…


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  • « Ne jugez pas votre journée par votre récolte, mais par les graines que vous avez semées. » (Citation du site « Sept’Hanou » trouvée sur Facebook)

    J’ai bien aimé cette phrase qui nous ramène à l’essentiel du sens de notre existence. Elle nous rappelle que ce qui compte, c’est la vie et l’amour en nous plus que les résultats. Les résultats sont importants comme un moment de passage, mais il ne faut jamais trop s’y arrêter, car vivre c’est aller toujours de l’avant et faire circuler cette ardeur qui nous traverse, ces pensées positives qui nous poussent, cette énergie en nous qui ne demande qu’à se donner, et continuer, continuer ainsi sans se lasser, comme le temps, comme l’eau d’un ruisseau ou d’un fleuve, comme les vagues de la mer, comme le vent qui caresse les feuilles des arbres.

    Est-ce que la nature s’arrête un instant de vibrer ? On aurait l’impression qu’une catastrophe se prépare, que la mort est toute proche. Nous sommes faits pour nous laisser entraîner par cette onde de la nature en nous qui nous porte à partager, à construire ou à semer. Puis quand le résultat de la récolte arrive, on remercie la vie de nous avoir amenés jusque-là. On remercie tous ceux qui ont semé avant nous, avec nous et après nous et qui ont permis cette récolte. Car rien de pire que de vouloir s’enorgueillir tout seuls des fruits de la récolte comme si nous étions meilleurs que les autres.

    Et puis, on continue à aller de l’avant en prenant dans les fruits de la récolte de nouvelles graines qui vont être jetées en terre, mourir et porter de nouveaux fruits. Vivre, c’est partager les semailles, l’attente et la joie de la récolte, les rêves et les projets et savoir surtout que c’est l’amitié et l’amour partagés au cours de notre chemin qui vont faire grandir en nous et autour de nous cette humanité qui est le joyau de l’univers, même si l’homme est sans cesse tenté de la détourner de son but…


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  • Récemment, j’avais publié cette phrase de mes citations : « La pire des choses qui puisse m’arriver, c’est que le bonheur passe ici, à portée de main, et que je ne m’en rende même pas compte, que je ne le reconnaisse même pas. »

    Une lectrice me répond : « Parfois il est très difficile au bonheur de traverser entre les embûches du malheur. » Je comprends bien cette chère lectrice, mais je ne suis pas trop d’accord avec son commentaire. Cela ne veut pas dire que le bonheur soit si facile à trouver, certainement pas, mais je crois que le bonheur est totalement innocent des problèmes qu’il semble nous causer.

    Je pense que le bonheur est en effet toujours là, devant nous, derrière nous, peut-être devant notre porte ou sur le rebord de notre fenêtre, mais nous sommes trop occupés ou préoccupés à un tas d’autres choses, de pensées, d’activités plus ou moins nécessaires et utiles et nous oublions trop souvent l’essentiel.

    Je ne crois pas que le bonheur doive traverser les embûches du malheur. C’est à nous de traverser les embûches du malheur, si nous pouvons, bien sûr. En tous cas, nous ne pourrons jamais juger une personne malheureuse, car nous ne sommes pas à sa place et cela ne sert à rien de juger. Ce que nous pouvons faire, c’est seulement lui faire sentir notre réconfort et l’aider peu à peu à sortir de son malheur…

    Ce qu’on demande au bonheur c’est de continuer à exister, à être pleinement disponible quand nous avons besoin de lui et lui ne demande rien d’autre. Car le bonheur, c’est déjà cette vie incroyable qui nous a été donnée gratuitement et que nous pouvons partager. Et plus nous le partageons, plus il se multiplie, même au milieu des problèmes et des difficultés. Il faut une fois pour toutes faire l’expérience que le vrai bonheur n’est pas dépendant des circonstances faciles ou difficiles de la vie de tous les jours. Le premier bonheur sera d’abord d’aimer et d’être aimé et cela dépend de nous avant tout. Une seule personne avec qui l’harmonie est totale et le bonheur est déjà là, même si tout le reste du monde nous faisait souffrir, et chaque nouvelle personne rencontrée peut être déjà un nouveau bonheur en perspective à accueillir et à donner…


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