• Encore une provocation qui m’a fait bondir. Cette fois-ci elle est de Charles Bukowski, le fameux poète et romancier né en Allemagne en 1920 et mort aux Etats-Unis en 1994. Voyez ce qu’il nous dit : « Seuls les fous et les solitaires peuvent se permettre d’être eux-mêmes. Les solitaires n’ont personne à qui plaire et les fous s’en foutent complètement de plaire ou pas. »

    Belle constatation, n’est-ce pas ? On devrait donc souhaiter d’être fou ou solitaire pour finalement pouvoir être soi-même. Que pensez-vous d’une telle énormité ?

    La première chose à faire est de se demander s’il est tellement important de se permettre d’être soi-même. Si cela veut dire être simple avec les autres, ne pas se cacher derrière des masques quand on se présente dans la société, avoir le courage de ses opinions, tout cela est certainement positif. Mais est-ce que c’est mon idéal de sortir le matin de chez moi en me disant : « Aujourd’hui je vais me permettre d’être moi-même, quoi que les gens pensent de moi, qu’ils me trouvent sympathique ou non. Et s’ils ne m’acceptent pas, tant pis pour eux, moi je suis ce que je suis et je n’ai de compte à rendre à personne. » ? N’est-ce pas ainsi qu’on présente souvent l’idéal de la construction de sa propre personnalité ? Avec malheureusement tellement d’échecs et de déceptions.

    Il faudrait évidemment des pages et des pages pour traiter un sujet aussi important. Je vais me contenter de faire ici une ou deux constatations. La première, c’est que nous ne sommes pas nés pour passer notre temps à nous regarder, mais pour regarder les autres, nous laisser regarder par eux, et, avec eux, regarder ensemble les autres, le monde et nous-mêmes, comme dans une grande mosaïque. Je ne suis jamais seul dans la vie. Et mon moi, en lui-même, n’existerait même pas, s’il n’avait pas rencontré d’autres « moi » pour l’enrichir dans une relation de découverte de l’autre dans la réciprocité.

    Avant de penser à moi-même et comment je vais me présenter aux autres, je devrais me demander comment je peux penser aux autres pendant ma journée, comment les accueillir et me donner à eux de tout mon cœur. Et c’est en me jetant dans la relation la plus vraie, sincère et transparente possible avec l’autre que je vais découvrir en route des trésors que je cachais en moi et dont je ne me rendais même pas compte, et dont les autres vont tout à coup me remercier.

    Alors la vie change totalement, car il se produit un miracle merveilleux, ce sont les autres qui me permettent d’être moi-même, ce sont les autres qui me disent : « Nous avons besoin de toi, parce que tu portes en toi une lumière unique qui nous fait du bien. » Je vais passer mon temps à aider les autres à être eux-mêmes et ce sont les autres qui vont me faire découvrir finalement la véritable réalité de mon « moi-même ». Et ce moi-même ne sera jamais une sorte de « moi » du passé que je devrais essayer de défendre ou de protéger, mais un « moi » qui va se construire peu à peu sur la route de la vie, comme on découvre en chemin les paysages merveilleux d’une montagne qu’on escalade. Si vous voyez une autre manière positive de réussir à être « soi-même », dites-le-moi !


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  • On entend souvent dans le monde du football cette affirmation intéressante : « La meilleure défense, c’est l’attaque ! ». Contradiction dans les termes ? Non, au contraire, c’est la constatation judicieuse que les équipes qui se concentrent durant tout un match sur la force de leur défense, pour au moins ne pas perdre, en espérant marquer tout de même un but ou deux sur une contre-attaque hypothétique, finissent par encaisser un but à cause d’une seconde d’inattention et perdent quand même misérablement. Tandis que les équipes qui se jettent en avant, qui soignent la qualité de leur attaque en risquant de dégarnir par instants leur défense, finissent par avoir des résultats bien meilleurs et leur jeu est beaucoup plus inventif et agréable à voir.

    Eh bien, vous ne pensez pas qu’il en va de même dans les relations entre les hommes ? Je ne veux pas dire ici que nos relations humaines sont comme un match ou une bataille. Ceux qui connaissent mon blog savent bien que je pense le contraire. Je voudrais simplement dire que tout notre temps passé à avoir peur de se découvrir devant l’autre, à cacher nos faiblesses et nos défauts, à vouloir empêcher l’autre de connaître nos problèmes, pour ne pas être vulnérables, ne sert en fin de compte qu’à nous isoler sur nous-mêmes et ne construit rien.

    Tandis que celui qui se jette à l’eau à aimer ses frères, à prendre l’initiative de d’inventer du nouveau dans les rapports sociaux, celui qui prend à bras le corps les problèmes de l’humanité, ou au moins de ses voisins ou de ses collègues, des gens de son milieu, risque tout le temps d’être jugé ou critiqué. On va certainement découvrir ce qui est faible ou négatif chez lui. Il va se faire peut-être des ennemis. Mais en réalité, il va se faire apprécier, car les gens verront bien vite qu’on a besoin de personnes pareilles pour faire avancer la société. Et se montrer en toute transparence avec ses limites et ses problèmes, sans complexe, n’a rien de négatif. Au contraire cela encourage l’autre à sortir lui aussi de sa peur et à ne pas jouer la comédie absurde de celui qui sait tout mais qui cache au fond qu’il ne sait rien.

    Et si se donner aux autres nous fait tomber dans des gaffes ou des erreurs de temps en temps, il suffit de le reconnaître tout simplement, car personne n’est parfait et la seule approche de la perfection est l’unité qui va se construire peu à peu autour de personnes sincères et actives qui vont entraîner les autres autour d’elles dans leur dynamique positive. Rester enfermé dans ma tour d’ivoire en croyant ne jamais me tromper est la pire tromperie dans laquelle je peux tomber. Tandis que sortir de moi au risque de prendre froid dans les courants d’air, de tomber en route ou de provoquer parfois des accidents, va en fait illuminer ma vie et celle des autres. C’est ce que nous ont montré les héros de l’humanité comme Gandhi ou Nelson Mandela, dont nous avons souvent parlé dans ce blog.


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  • Vous allez vous étonner un peu cette fois-ci, si je me fâche contre Voltaire et ce que j’appelle ses « bêtises » ? J’ai bien le droit de le faire, puisque je suis dans ma rubrique « Provocations » !

    Mais dites-moi ce que vous pensez d’une phrase pareille, d’un des écrivains les plus célèbres au monde, un de ces auteurs de ce qu’on a appelé le siècle des Lumières…

    « La politique a sa source dans la perversité plus que dans la grandeur de l’esprit humain. » Ce serait cela la constatation d’un homme intelligent ?

    Premièrement, la « source » de la politique n’est ni dans un défaut, ni dans une vertu. La source de la politique, c’est le besoin, la soif qu’ont les hommes d’harmoniser la vie de la cité ou de la nation, pour pouvoir au moins survivre et surtout pour que cette vie sociale puisse trouver son sens et déboucher si possible sur le bonheur des hommes.

    La politique, c’est le premier service à l’homme social, c’est la condition obligée de la santé du corps de la société. Mais comme le lieu de la politique est en même temps le lieu où se concentrent le plus le pouvoir et l’argent, c’est celui de toutes les tentations et en particulier celle de détourner sur soi tout ce pouvoir et cet argent.

    Il ne faut donc pas être bien malin pour imaginer que tout ce qu’il y a de plus pervers au monde va essayer de profiter de la politique pour ses propres intérêts. Mais de là à dire que la perversité est la source de la politique ! C’est comme si nous disions que la folie est la source de la conduite automobile, parce qu’il y a des fous du volant qui s’amusent et provoquent des accidents mortels sans conscience.

    Le problème dans tout cela c’est que notre éducation à l’école et à l’université est encore basée sur le spectacle. On enseigne aux élèves et aux étudiants à regarder le monde comme on regarde un film en le commentant bien assis dans son fauteuil. On s’exerce à faire des statistiques ou des commentaires, soi-disant « neutres », sans parti pris, sur la situation et le caractère des hommes. Et l’on oublie de dire à nos jeunes que la vie est une bataille entre la guerre et la paix qui n’a rien de neutre, ou chaque geste et chaque regard qui part de moi peut construire ou détruire l’harmonie entre les hommes selon ce que j’en fais.

    Je crois que tout le sens de l’éducation de nos écoles devrait changer si l’on ne veut pas arriver à des catastrophes irrémédiables…


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  • Oui, jusqu’à la fin de notre vie, nous devrons nous battre pour que notre monde malade retrouve une vie plus positive : nous sommes justement dans notre rubrique « Batailles » !

    Ce qui m’a fait bondir cette fois-ci, c’est une phrase du philosophe Gustave Thibon, mort en 2001, à presque 100 ans, mais lisez vous-mêmes :

    « Faire rêver les hommes est souvent le moyen le plus sûr de les tenir endormis, précisément parce que le rêve leur donne l’illusion d’être éveillés »

    Notre écrivain constate malheureusement ce qui se passe bien des fois dans la relation entre le peuple et les hommes qui sont au pouvoir. La tentation est grande, pour conserver le pouvoir, de tromper son peuple avec de fausses illusions qui l’empêchent de voir la réalité en face et qui le laissent donc endormi, au lieu de veiller à la justice du bien commun. Car les gouvernants se préoccupent trop souvent de leurs intérêts personnels, au lieu de servir de tout leur cœur le peuple qui les a élus.

    Mais c’est ici que nous avons le droit, et même le devoir de nous révolter. La philosophie est-elle là simplement pour constater ce qui se passe sous nos yeux, comme une fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien ? Ou bien ses constatations qui viennent souvent d’une expérience réelle, parfois douloureuse, sont-elles plutôt là pour nous faire sortir justement de notre sommeil ou de notre léthargie ?

    Ce n’est pas parce que de nombreux hommes au pouvoir confondent leur service avec leurs caprices que la politique doit forcément être repliée sur elle-même et oublier sa vocation première. Et cette vocation première est justement la plus noble qui soit : celle d’être le ciment qui permet aux innombrables pierres de la mosaïque de l’humanité de rester soudées les unes aux autres dans la plus grande harmonie possible.

    Notre raisonnement sera toujours le même. La politique du service et de l’accueil de l’autre n’est jamais impossible. Elle ne devient une utopie ou une illusion que si nous manquons de courage et de dignité. Mais on trouvera toujours des politiciens honnêtes et dévoués qui mettront le bien commun avant leur propre intérêt. Alors continuons à nous battre pour que ces politiciens de l’avenir soient connus, aidés, mis en lumière et personne ne pourra jamais nous empêcher de le faire.

    Il est des rêves qui endorment, mais il en est d’autres qui réveillent de la torpeur, comme celui de Martin Luther King qui rêvait d’un monde meilleur où les enfants blancs et noirs grandiraient ensemble comme des frères. Alors rêvons, mais rêvons juste et rêvons bien et l’humanité a encore de beaux jours devant elle. Cela dépend simplement de nous.


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  • [Nous avons médité ces derniers jours une belle phrase de ce médecin psychiatre et penseur suisse (mort en 1961 à l’âge de 86 ans). J’ai voulu chercher d’autres citations de cet homme exceptionnel pour élargir notre réflexion de ce mois. Même si on n’est pas forcément d’accord avec tout ce qu’il dit, notre humanité s’enrichit toujours par des contacts de ce genre.]

     

    Une société sans rêve est une société sans avenir.

    Tu n’y verras clair qu’en regardant en toi. Qui regarde l’extérieur rêve. Qui regarde en lui-même s’éveille.

    La rencontre de deux personnalités est comme le contact entre deux substances chimiques ; s’il se produit une réaction, les deux en sont transformées.

    Ce qu’on ne veut pas savoir de soi-même finit par arriver de l’extérieur comme un destin.

    Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie.

    Là où l’amour règne, il n’y a pas volonté de puissance et là où domine la puissance, manque l’amour. L’un est l’ombre de l’autre.

    La solitude ne vient pas de l’absence de gens autour de nous, mais de notre incapacité à communiquer les choses qui nous semblent importantes.

    En chacun de nous existe un autre être que nous ne connaissons pas. Il nous parle à travers le rêve et nous fait savoir qu’il nous voit bien différent de ce que nous croyons être.

    Le noyau de notre jalousie est un manque d’amour.

    Ceux qui n’apprennent rien des faits désagréables de leur vies, forcent la conscience cosmique à les reproduire autant de fois que nécessaire, pour apprendre ce qu’enseigne le drame de ce qui est arrivé. Ce que tu nies te soumet. Ce que tu acceptes te transforme.

    Il est assez stérile d’étiqueter les gens et de les presser dans des catégories.

    L’illumination ne consiste pas à percevoir des formes ou des visions lumineuses, mais à rendre l’obscurité visible. Cette dernière opération est cependant plus difficile et, partant, moins populaire.

    Apprenez vos théories aussi bien que vous le pouvez, puis mettez-les de côté quand vous entrez en contact avec le vivant de l’âme humaine.

    Changer, c’est à la fois naître et mourir.

    Tu veux un monde meilleur, plus fraternel, plus juste ? Eh bien commence à le faire : qui t’en empêche ? Fais-le en toi et autour de toi, fais-le avec ceux qui le veulent. Fais-le en petit, et il grandira.

    On ne peut voir la lumière sans l’ombre, on ne peut percevoir le silence sans le bruit, on ne peut atteindre la sagesse sans la folie.

    L’homme mérite qu’il se soucie de lui-même car il porte dans son âme les germes de son devenir.

    L’humanité souffre d’une immense carence introspective.

    Autant que je puisse en juger, le seul but de l’existence humaine est d’allumer une lumière dans l’obscurité de l’être.

    L’être en grandissant oublie le secret de la totalité enfantine, de l’enfant qui sait laisser vivre en lui tout un monde sans le paralyser de réflexions, de jugements, de condamnations ; de l’enfant qui vit dans une sorte de jardin du paradis où tous les êtres croissent pacifiquement côte à côte.

    La clarté ne naît pas de ce que l’on imagine clair mais lorsque l’on prend conscience de l’obscur.

    Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement.

    Il ne s’agit pas d’atteindre la perfection, mais la totalité.

    Soyez ce que vous avez toujours été.

    Et puis, qui donc de nos jours a la parfaite certitude de ne pas être névrosé ?

    L’homme ne peut supporter une vie dénuée de sens.

    On parle de l’enfant, alors que l’on devrait entendre l’enfant en l’adulte. Car il y a dans l’adulte un enfant, un enfant éternel toujours en état de devenir, jamais terminé, qui aurait besoin constamment de soins, d’attention et d’éducation.

    Nourrir ceux qui ont faim, pardonner à ceux qui m’insultent et aimer mon ennemi, voilà de nobles vertus. Mais que se passerait-il si je découvrais que le plus démuni des mendiants et que le plus impudent des offenseurs vivent en moi, et que j’ai grand besoin de faire preuve de bonté à mon égard, que je suis moi-même l’ennemi qui a besoin d’être aimé ? Que se passerait-il alors ?

    Rien n’influence plus un individu que son environnement psychologique et particulièrement, dans le cas des enfants, la vie que leurs parents auraient souhaité avoir.

    Une pensée réellement profonde a toujours quelque chose de paradoxal, qui apparaît aux esprits médiocrement doués comme obscur et contradictoire.

    Nous nous rencontrons maintes et maintes fois sous mille déguisements sur les chemins de la vie.

    Les gens feront n’importe quoi, afin d’éviter de faire face à leur propre âme.

    Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire.

    La chose la plus terrifiante, c’est de s’accepter soi-même.

    Nul ne peut avoir de lien avec son prochain s’il ne l’a d’abord avec lui-même.

    Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension.

    Dieu est le symbole des symboles !

    Ce qu’on appelle la vie n’est qu’un bref épisode entre deux grands mystères, qui n’en font en fait qu’un seul.

    L’émotion est ce moment où l’acier rencontre une pierre et en fait jaillir une étincelle car l’émotion est la source principale de toute prise de conscience.

    Un homme sain ne torture pas ses semblables, en général ce sont les victimes qui se changent en tortionnaires.

    L’homme doit être lui-même afin qu’il soit mieux le serviteur de tous.

    Le chemin est une immobilisation étrange de tout ce qui auparavant était mouvement, une attente aveugle, une écoute et un tâtonnement empreints de doute. On croit que l’on va exploser. Mais c’est de cette tension même que naît ce qui apporte la solution, et la plupart du temps c’est là où on ne l’attendait pas.

    L’Etat s’est mis à la place de Dieu, et c’est pourquoi, dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquelles l’esclavage d’Etat est un genre de culte divin.

    Naturellement on ne peut pas prouver que Dieu existe ! Comment une mite qui se nourrit de laine d’Australie pourrait-elle démontrer à d’autres mites que l’Australie existe ?

    Sans l’émotion, l’obscurité ne peut être transformée en lumière.

    Tout ce qui nous irrite sur les autres peut nous conduire à une meilleure compréhension de nous-mêmes.

    Les enfants sont éduqués par ce que l’adulte est, et non par ses bavardages.

    On ne se sent pas tout à fait à son aise tant qu’on ne s’est pas rencontré soi-même, tant qu’on ne s’est pas heurté à soi-même ; si l’on n’a pas été en butte à des difficultés intérieures, on demeure à sa propre surface ; lorsqu’un être entre en collision avec lui-même, il en éprouve après coup, une impression salutaire qui lui procure du bien-être.

    La masse, comme telle, est toujours anonyme et irresponsable.

    La croissance de la personnalité se fait à partir de l’inconscient.

    La psychanalyse s’arrête quand le patient est ruiné.

    Seuls les psychologues inventent des mots pour les choses qui n’existent pas !

     

     


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