• « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. » (Mt 6,11)

    Ici encore, on pourrait s’étonner de cette invitation de Jésus à demander au Père « notre pain de ce jour », notre pain de chaque jour. Lui-même ne nous dira-t-il pas un peu plus loin que le Père sait bien de quoi nous avons besoin, et que par conséquent nous ne devons pas nous préoccuper de savoir ce que nous allons manger ou boire demain, ou de quoi nous allons nous habiller ?

    Il est évident que le Père, qui nous a déjà tout donné en nous créant et qui continue à nous soutenir, à nous aider, à nous fortifier tout au long de notre vie, sera toujours là avec sa providence…

    Mais c’est toujours la même logique : la requête que nous adressons maintenant au Père est surtout une excuse. Car le but de Jésus n’est pas seulement de nous combler des dons du ciel, mais de nous faire entrer encore une fois dans la dynamique de l’accueil et du don qui est la respiration de la Trinité. Au-delà du « pain » que le Père va nous donner, c’est cette relation d’amour entre le Père et nous qui va changer complètement notre vie, si nous nous prêtons à ce jeu-là.

    Car le Père a besoin de notre accueil conscient pour nous « donner » vraiment. Sinon nous avancerons comme des aveugles qui ne se rendent même pas compte de toute la richesse dont Dieu est en train de nous combler à chaque instant.

    Chaque mot est donc tellement important dans cette petite prière ! « Donne-nous » : c’est d’abord ce don gratuit de Dieu qui ne demande rien en échange : il veut seulement que nous entrions sous son regard et que notre regard croise le sien. Et ce « nous » qui se répète dans le « notre Père », est encore la garantie que nous allions toujours à lui tous ensemble, car nous ne pourrons jamais entrer chacun tout seul dans ce paradis des relations divines qui a commencé à nous envahir avec Jésus.

    Puis le « pain » est évidemment tellement important. Car le « pain » est le symbole de ce qui est nécessaire pour vivre. Sans nourriture, la vie va très vite s’arrêter. La vie est faite de telle sorte qu’elle doit se recréer chaque jour et c’est cela qui fait à la fois sa beauté et sa difficulté. Alors, tout ce dont nous avons besoin va entrer maintenant dans notre prière, des choses matérielles dont notre corps a besoin, en particulier pour notre santé, jusqu’à ce qui va combler notre esprit, notre cœur et notre âme. Car chaque jour nous avons besoin de paix, de bonheur, de lumière et d’amour, sinon la vie perdrait tout son sens.

    Et puisque le cœur de notre vie, ce sont finalement nos relations avec les autres, qui nous font être à l’image de Dieu qui est lui-même relation éternelle, nous allons demander chaque jour au Père de nous donner nos relations de ce jour. Nous allons lui demander de voir nos frères et nos sœurs en humanité avec un regard toujours nouveau. Et cette dynamique va tout changer, car les personnes que nous avons aimées hier, ou celles avec lesquelles le rapport a été difficile, vont nous arriver aujourd’hui toutes nouvelles, comme le cadeau de ce jour. « Notre Père », donne-nous aujourd’hui notre famille de ce jour, nos amis et nos amies de ce jour, nos frères et sœurs, parents et enfants, compagnons de voyage de ce jour. La vie va devenir alors une aventure merveilleuse que nous allons consciemment recevoir et accueillir de la main du Père comme la plus belle des surprises, même si parfois les surprises du Père sont difficiles à porter, mais c’est là que nous allons revivre en nous la mission de Jésus que le Père a envoyé sur terre pour donner au monde la vie qui lui manquait. Et à ce moment-là les croix et les difficultés de chaque jour vont, elles aussi, prendre tout leur sens et nous allons entrer encore plus dans le secret du cœur de Dieu !

     


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  • « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » (Mt 6,10b)

    Cette fois-ci la phrase est un peu plus simple à comprendre. Certains peuvent être gênés par ce fait de vouloir faire la « volonté » de Dieu, parce que dans notre monde moderne, on est de plus en plus en plus allergique à l’idée de devoir obéir à la volonté d’un autre…

    Mais d’abord Dieu n’est pas un « autre » comme les autres. Il est la source de notre vie, il est plus intime à notre âme que nous ne le sommes nous-mêmes. Et sa volonté est complètement désintéressée, ou plutôt intéressée uniquement et totalement à notre bien, qui est celui de recevoir le plus possible son amour…

    Alors, quand tout cela est bien clair, je crois qu’il n’y a plus qu’à se laisser bercer par cette prière, comme on se laisse bercer par les paroles d’amour qui sortent de notre cœur pour une personne bien aimée. Demander au Père que sa volonté « soit faite sur la terre comme au ciel », c’est comme entrer dans un rêve, un rêve inouï, impossible, et demander à Dieu tout simplement de le réaliser.

    Jésus nous propose, comme si c’était la chose la plus normale de ce monde, de demander au Père de déverser sur nous, comme si de rien n’était, tout le paradis qu’il vit avec le Père et l’Esprit de toute éternité au cœur de la Trinité !

    C’est comme si on se rappelait tout à coup, tous ensemble, les plus grands moments de bonheur de notre vie, la plus grande joie que nous ayons jamais connue, le plus grand moment d’amour, la plus grande amitié, le plus grand instant de contemplation ou d’harmonie… Comme si nous revivions en souvenir le plus beau voyage jamais entrepris dans notre vie, ou si nous nous rappelions le plus beau paysage, la plus belle émotion artistique… Et puis en mettant tout cela ensemble, dans une synthèse impossible, voilà que nous essayons d’imaginer que le paradis doit être encore mille fois plus beau que tout ce bonheur condensé… et nous demandons à Dieu, comme la requête la plus simple de ce monde : « Commence à nous faire entrer dans tout ce paradis, dès ici-bas, sur cette terre, emmène-nous avec toi dans ta Trinité, inonde-nous de ton amour sans fin… »

    Nous ne savons même pas ce que nous demandons, c’est tellement miraculeux, et pourtant c’est bien ce que Jésus nous pousse à demander, car c’est pour cela que lui-même est descendu sur la terre et qu’il nous a donné sa vie, tout entière. Ce n’est pas pour rien qu’un Dieu décide tout à coup de se déplacer et de se donner tout entier… Quand on commence à imaginer un tout petit peu cet amour tellement infini, on a le vertige, on se dit que probablement il s’agit d’un rêve qui ne se réalisera jamais. Mais ce n’est pas un rêve : comme les apôtres ont bien vu et touché un Dieu en chair et en os, voilà que Dieu nous invite à toucher de la main et du cœur son paradis et à le laisser vivre en nous et au milieu de nous. Combien les circonstances extérieures de notre vie deviennent soudain relatives et secondaires… et nous n’avons plus de temps à perdre, car chaque seconde de notre vie sur cette terre peut être désormais un moment de paradis à partager avec tous ceux qui nous entourent et la vie devient alors une aventure inimaginable. C’est tout cela que Jésus a voulu nous dire, même s’il sait bien que nous allons souvent tout gâcher, mais il nous donnera en même temps à chaque fois la force de nous remettre debout et de demander encore, et de vivre sans fin ce trésor qui a commencé à bouleverser notre existence ! 


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  • « Que ton règne vienne. » (Mt 6, 10a)

    Ici encore une phrase incroyable de seulement quatre mots, qui peut changer toute notre vie…

    On doit évidemment dépasser le malaise que représente aujourd’hui le mot « règne » ou « royaume » qui n’est plus tellement à la mode, à l’époque de la démocratie. Mais on peut comprendre que le règne de Dieu que Jésus nous présente veut simplement dire une famille qui vit en harmonie, sans division, sans conflit, dans une paix totale où les différences sont seulement là pour souligner encore plus la beauté de la réciprocité : c’est la famille de la Trinité, la source de vie de toute la création, qui nous invite avec Jésus à entrer en elle et à vivre pleinement de l’accueil et du don réciproques des trois Personnes divines qui se répondent à l’infini entre eux et entre nous, comme la respiration de l’univers.

    Et voilà que cette vie d’amour infini est descendue sur terre en Jésus, elle est maintenant à portée de main, elle est notre cadeau de mariage avec la Trinité, mais c’est en même temps un cadeau que Dieu ne veut pas nous offrir de force, contre notre liberté. Et Jésus nous propose alors d’inviter le Père à « venir », à entrer chez nous tout simplement, comme le plus beau des amis que nous avons seulement à accueillir, en lui laissant toute la place qu’il lui faut pour qu’il se sente à l’aise, pour qu’il puisse partager les cadeaux qu’il a préparés pour nous… On croirait rêver !

    Le Père, le Dieu tout puissant, le créateur de l’univers, la source de l’humanité, s’est arrêté au seuil de notre cœur et de notre demeure et il attend un signe de nous pour entrer, pour nous inonder de son bonheur et de ses béatitudes ! Quel amour et quelle délicatesse en même temps ! Et Jésus nous invite ainsi à prier le Père de « venir » et en même temps il nous donne le secret de ce qui peut attirer réellement le Père à venir habiter parmi nous : vivre déjà avec Jésus selon la loi du ciel. Car si le Père décide vraiment de descendre lui aussi parmi nous avec le Fils et l’Esprit, il ne nous abandonnera plus jamais, son alliance nouvelle va être définitive. Et elle est en fait définitive depuis la résurrection de Jésus après l’épreuve de la mort sur la croix. Le Père est venu pour toujours parmi nous et nous n’avons plus qu’à le laisser vivre en nous, nous aussi pour toujours…

     


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  • « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. » (Mt 6,9) 

    Je ne sais pas si cela a le même effet sur vous, mais cela fait quelque temps que je suis ému quand je m’arrête sur cette phrase et que je la médite en priant…

    C’est d’abord une phrase presque incroyable si on y pense bien. Que le nom de Dieu soit « sanctifié » : c’est-à-dire qu’il soit rendu saint ou manifesté comme saint ou reconnu comme tel. Il est évident que le nom de Dieu est saint par définition et que seul Dieu lui-même est capable de manifester cette sainteté merveilleuse qui lui est propre. A nous, il reste peut-être seulement la possibilité de reconnaître cette sainteté qui a fait tout à coup irruption dans notre vie, et c’est là que le miracle commence.

    Cette petite phrase, apparemment si simple, n’est pas une belle poésie que l’on récite pour se faire plaisir, c’est une véritable bombe, c’est le plus beau cadeau que Jésus est en train de nous faire. Si l’on pense que, dans l’Ancien Testament, on n’osait même pas prononcer le nom de Dieu, car prononcer un nom, c’est quasiment participer à la création de ce que ce nom représente, comme lorsque Dieu a nommé toutes choses au commencement du monde en les appelant par leur nom.

    Et voilà que Jésus nous dit tout à coup : « Allez-y, ne craignez pas, vous pouvez appeler le Père par son nom et sanctifier son nom ! » C’est la clé du Paradis que Jésus est en train de nous donner. Car c’est seulement « aux cieux » que je peux rencontrer le Père et parler avec lui, l’appeler par son nom, lui dire « tu », comme au meilleur de mes amis ou à mon frère bien aimé. Mais est-ce possible qu’un pauvre homme comme moi puisse se permettre d’entrer aussi simplement en relation avec Dieu ?

    C’est là le secret de tout l’Evangile. Jésus vient de nous révéler que « là-haut », « aux cieux », ils sont trois à s’aimer de toute éternité avec la loi et l’esprit de l’amour réciproque. Il nous enseigne petit à petit à vivre en lui et avec lui en nous aimant les uns les autres et en devenant ainsi peu à peu Jésus lui-même qui commence à vivre en nous. Et quand nous sommes Jésus, c’est son Esprit qui prononce sur nos lèvres les mots « Abba, Père », que nous ne pouvons oser dire que si nous sommes devenus Jésus !

    Alors nous sommes entrés dans la Trinité et la vie du ciel s’est déversée en nous sur la terre. Mais « en nous » seulement, car seul l’amour réciproque nous permet de devenir les enfants adoptifs du Père, de « notre Père ». Nous n’irons jamais à Dieu chacun tout seul. Comme cela vaut la peine de s’aimer entre nous et avec Jésus d’un amour pur et total, pour pouvoir mériter cette adoption miraculeuse et commencer à goûter aux joies du paradis, même au milieu de toutes les contradictions et des souffrances de notre vie sur terre !

     


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  • C’est de tout cœur que je voudrais bien sûr souhaiter une année pleine de bonheur à mes fidèles lecteurs, à tous les gens que j’aime et même à ceux que j’ai encore du mal à aimer…

    Mais je voudrais que ces vœux ne soient pas une routine automatique, d’autant plus que ces jours-ci je vois circuler sur Facebook des phrases un peu tristes qui me font réfléchir…

    Mais voyez celle-ci, par exemple, qui en dit long sur une certaine amertume que traverse ces temps-ci une grande partie de l’humanité : « Ceux qui pensent que 2019 va être meilleure que 2018 : désolé, mais c’est juste l’année qui va changer, pas les êtres humains. »  (C’est tiré en plus d’un site qui s’appelle : « La vie est belle »)

    On ne va pas jouer ici sur les mots. C’est bien évident qu’une année n’existe pas en soi : c’est seulement une fiction de l’esprit pour organiser notre temps et nos relations. Et nous savons bien que ceux qui existent, qui nous donnent de la joie ou des problèmes, ce sont les hommes, tous ces frères et sœurs en humanité qui meublent nos journées. Et on peut bien comprendre que beaucoup de nos relations qui restent bloquées, difficiles, parfois même fausses ou malsaines, nous découragent en chemin sur la suite de notre voyage sur cette terre… et l’on finit par perdre tout espoir… que les gens et les choses puissent enfin changer.

    Je voudrais quand même rappeler ici une vérité toute simple, c’est que nous changeons continuellement, sans même parfois nous en rendre compte : c’est un principe de la nature que tout change sans cesse d’un instant à l’autre. Nos cellules n’arrêtent pas de se développer ou au contraire de se détériorer. Nos humeurs changent parfois d’une heure à l’autre…

    La question ne va pas être alors si nous allons changer, mais en quel sens nous allons changer : vers un peu plus de positif, ou bien vers la déchéance, la catastrophe ? Qui n’avance pas, recule, nous dit le proverbe ! Si nous voulons changer en bien, il faut avancer. Mais pour avancer, il faut le vouloir. Le bien n’est pas un cadeau qui nous tombe dessus à l’improviste, c’est un choix de vie, que l’on peut décider de suivre à un moment donné de notre chemin, quelles que soient les circonstances qui nous entourent.

    Alors mon souhait le plus cher, c’est que cette chaîne de personnes avec qui je me suis lié parfois depuis si longtemps, parfois depuis seulement quelques mois ou quelques semaines, continue à grandir, à porter de la lumière autour d’elle. C’est ça le sens de la vie : décider en toute liberté de produire du positif et de le distribuer autour de nous, sans juger ceux qui n’y arrivent pas pour l’instant, car nous ne savons pas ce que nous ferions à leur place. Mais c’est parce que nous nous jetons chaque jour dans cette spirale lumineuse que nous donnerons le courage aux autres de s’y jeter à leur tour, comme certaines personnes l’ont fait avec nous quand nous étions dans le noir.

     Alors, oui, on peut se souhaiter une année meilleure, ou mieux encore, on peut se la promettre ! Je promets à mes amis et à mes lecteurs que cette année 2019 sera, en ce qui me concerne et pour ce qui dépend de moi, meilleure que l’année qui vient de finir. Et aidons-nous à être fidèles à nos promesses, en nous encourageant les uns les autres, en nous tenant par la main, en avançant quoi qu’il nous en coûte, car notre bonheur et le bonheur de ceux que nous aimons dépendront de cette fidélité que personne ne pourra vivre à notre place !


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