• Aujourd’hui, j’ai envie de revenir encore sur l’amitié dont nous parlions il y a deux jours (dans l’article « Pas plus de 150 amis » dans la rubrique « Désorientés »), mais aujourd’hui j’ai choisi pour le faire la rubrique « reflets du paradis ».

    Car l’amitié est un véritable reflet du paradis, quelle que soit notre foi ou notre conception du paradis. L’amitié nous fait sortir de nous-mêmes et ouvre ce « nous-mêmes » sur des horizons infinis.

    J’étais fâché l’autre jour en pensant à ces soi-disant hommes de science qui voudraient comptabiliser la quantité d’amis possible selon les limites du cerveau humain. Ils ne savent pas que l’amitié dépasse de loin le cerveau de chacun.

    L’amitié n’est pas comme un chantier qu’on lance, qu’on suit, qu’on contrôle, qu’on organise avec attention, mais qui s’arrête si on ne fait plus rien. Alors, bien sûr, un homme ne peut pas suivre plus que quelques chantiers à la fois, sous peine de n’en suivre aucun sérieusement et de n’arriver qu’à des catastrophes.

    Non, l’amitié est comme la vie de la nature. Elle est comme une semence que l’on jette en terre, qui va disparaître pour une période sous le sol, puis réapparaître bientôt, complètement transformée, par la terre, la pluie, le soleil, les soins qu’on lui aura fait arriver, mais le résultat sera bien plus grand que tous nos efforts. Le résultat sera le fruit d’un miracle qui nous dépasse.

    Car pour que naisse l’amitié il faut notre concours et celui de l’autre. L’amitié n’est jamais automatique. Je peux aimer quelqu’un sans qu’il réponde et je peux moi-même passer à côté de gens qui m’aiment sans peut-être vraiment m’en rendre compte et rien ne va se passer.

    Pour qu’il y ait amitié, il faut que je me sois ouvert à l’autre en toute transparence et que l’autre le sente et s’ouvre à son tour, ou que ce soit l’autre qui ait commencé et moi qui réponde et cela revient au même. Mais lorsque l’amitié est lancée, elle va me dépasser, me surprendre continuellement, à la fois par ce qu’elle crée en moi de nouvelles énergies positives, et par tout ce qu’elle fait naître dans l’autre qui va m’émerveiller.

    L’amitié est une découverte, un voyage sans fin qui change sans cesse de paysage et de couleurs et qui reste en même temps la même. On est sûr de se retrouver à l’aise avec un ami sincère, et en même temps on sait que cette joie de se retrouver sera toujours nouvelle.

    Alors bien sûr, il faut tenir compte des limites du temps et de l’espace, plus que de ceux du cerveau humain. Car il y a des amis qui ne se trouvent plus dans le même pays que nous ou d’autres qui se trouvent dans des situations où ils n’ont plus le temps de passer nous voir, de nous parler ou de nous écrire. Mais cela ne change rien à l’amitié. Si l’amitié a été vraie un seul moment au départ, elle restera vraie pour toujours, à moins que nous la gâchions stupidement par des malentendus et de la mauvaise volonté.

    Je viens de revoir cette semaine un couple d’amis syriens que je n’avais pas vus depuis 6 ans. Il y a six ans ils avaient organisé une fête pour moi avec d’autres amis pour me dire adieu, car j’allais quitter la région. Je n’oublierai jamais cette fête émouvante dont j’ai même gardé une vidéo. Et voilà que ces amis sont de passage au Liban pour quelques jours car ils sont en train de fuir l’enfer de la Syrie et de partir s’établir au Canada. Rencontre rapide et pleine d’émotion. On ne se reverra peut-être plus sur cette terre. Quand nous nous embrassons en nous quittant, dans une longue étreinte, plus que si nous étions des frères et sœurs, nous vivons un instant de paradis.

     

    Et je ne devrais pas compter ces amis, parce que mon cerveau n’est pas capable de le supporter ? 


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  • Ce mois-ci nous avons choisi dans « des mots pour de bon » des phrases de la sagesse admirable de Confucius, ce vénérable chinois qui vivait il y a 2500 ans et dont les paroles continuent aujourd’hui encore à éclairer l’humanité.

    Mais dans nos « reflets de paradis » je ne vais retenir cette fois-ci que deux phrases de Confucius qui m’ont particulièrement frappé.

     

    « Il y a une communication intime entre le ciel et le peuple ; 
    Que ceux qui gouvernent les peuples soient donc attentifs et réservés. »

     

    A une époque où l’on pourrait imaginer que les peuples étaient encore tellement peu éduqués ou ignorants, voilà que Confucius nous dit que les peuples ont un lien spécial avec le ciel.

    Cela aurait été beau de pouvoir l’interroger sur le mystère de cette phrase étonnante, mais on comprend déjà.

    Chaque homme a en lui, depuis le fin fond de l’histoire de l’humanité, une conscience. Cette conscience est peut-être parfois couverte de poussière, mais elle est bien là, dans son état de pureté originelle, soumise malheureusement à toutes sortes de pressions, de déformations, de tentations.

    Chaque personne, prise individuellement, risque d’abandonner en cours de route sa conscience et sa sagesse naturelle. Et ce sont souvent la soif de richesse ou de pouvoir, le désir de dominer les autres pour réussir qui viennent tout gâcher.

    Voilà que les hommes parvenus à une haute position sociale, à de grands postes de responsabilité, à la conduite et au gouvernement de la société, oublient de servir leurs semblables et détournent pour eux-mêmes et pour leurs intérêts tout ce dont ils auraient dû faire profiter leurs frères. La conscience et la sagesse ont disparu. Voilà qu’ils se lancent par exemple dans des guerres pour assouvir leurs ambitions, des guerres où ils ne risquent pas grand-chose, car c’est le peuple, le pauvre peuple, qui va se battre et mourir pour répondre aux caprices de ces gouvernants.

    L’histoire est remplie de ces épisodes où l’humanité retourne à la loi de la jungle au lieu de construire la famille humaine. Tous les gouvernants ne tombent heureusement pas dans ce piège mortel, mais combien nombreux sont ceux qui l’ont fait et qui le font encore.

    Et voilà que Confucius demande aux gouvernants d’écouter le peuple, d’être « attentifs » à ce que pense le peuple, d’être « réservés » dans leurs décisions. Car il sait que le peuple dans son ensemble ne peut pas être complètement corrompu.

    Ah, si l’humanité avait écouté depuis longtemps cette sagesse, si l’intérêt et la conscience des peuples avaient prévalu sur tout le reste, nous n’en serions pas aujourd’hui à la situation dramatique qui nous frappe un peu partout dans le monde !

    Mais, pour revenir à cette fameuse loi des vases communicants dont nous parlions il y a quelques temps (dans la rubrique « passepartout »), il y a une justice naturelle qui finit toujours par resurgir, un bon sens populaire qui prend le dessus sur toutes les médiocrités ou les déformations du cœur de l’homme. Et nous avons la chance d’être à une époque où ce bon sens populaire peut maintenant s’exprimer par toutes sortes de moyens à travers les réseaux sociaux. Il ne s’agit plus seulement de la sagesse de tel ou tel peuple, petit ou grand, il s’agit maintenant de courants aux dimensions du globe qui viennent secouer la conscience générale et qui nous interpellent, révolutions des jeunes, des femmes, des opprimés, des réfugiés, des rejetés de tous bords…

     

    L’humanité ne sera plus jamais comme avant. Elle a tous les éléments pour se redresser vers un avenir meilleur, mais il faudrait que nos gouvernants sachent écouter cette voix globale qui s’élève sur tous les continents et qui ne pourra plus se taire.


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  • Au début du mois j’ai publié quelques proverbes africains dans notre rubrique « des mots pour de bon ». J’en publierai, de temps en temps, d’autres parties du monde.  Cela fait tellement de bien. Cela fait voir la beauté et la richesse de chaque peuple. Si, avant de critiquer ou de juger un peuple, on savait écouter sa sagesse millénaire ! Comme l’humanité est belle dans ses peuples et dans leur diversité ! Vous avez remarqué que les problèmes, les conflits, ne sont en fait presque jamais avec des peuples, mais avec des gouvernements qui, par intérêt, ont détourné la beauté et la vie de leur peuple pour je ne sais quel désir de pouvoir et de richesse qui finit par tout détruire sur son passage ? Combien l’Afrique serait belle si on l’aidait à être elle-même au lieu de continuer à l’exploiter sans conscience !

    Mais revenons à nos proverbes. J’en ai retenu ici seulement quelques-uns qui m’ont frappé ou même ému plus que d’autres. Laissons-nous conduire, entraîner et rêver en même temps.

    On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l’autre pour se révéler.

    Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble.

    Combien notre individualisme occidental aurait besoin de revenir à une telle vision des choses ! Mais je sens que la France est en train de changer depuis que tellement d’Africains sont devenus Français : on dirait qu’il y a plus de simplicité et de spontanéité dans les rues, les magasins…

    Une de nos armes les plus puissantes est le dialogue.

    Le dialogue véritable suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité.

    Au lieu d’aller vendre des armes en Afrique, on ne ferait pas mieux d’apprendre à dialoguer sincèrement, c’est-à-dire à traiter d’abord l’autre pour ce qu’il est et non pas pour ce que nous voudrions qu’il soit ?

    Pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village. 

    Toute naissance est la renaissance d’un ancêtre.

    Je suis touché, ces dernières années, de voir, quand je retourne en France, une véritable explosion positive de la vie associative, culturelle, sociale. Avons-nous trouvé finalement un début de remède à notre individualisme ? C’est si beau de se rappeler que nous sommes tous le fruit de notre relation avec les autres. Que serions-nous aujourd’hui si nous n’avions pas rencontré sur notre chemin tous ces gens, même ceux qui nous ont peut-être fait souffrir, mais qui ont ouvert nos yeux presque chaque fois sur de nouveaux horizons, sans oublier bien sûr ceux qui nous ont donné la vie et nous ont précédés ?

    Les défauts sont semblables à une colline, vous escaladez la vôtre et vous ne voyez que ceux des autres.

    Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur.

    L’erreur n’annule pas la valeur de l’effort accompli.

    Quel humour dans cette sagesse qui éviterait bien des jugements ou des condamnations hâtives, si nous savions relativiser un peu nos points de vue !

    Si tu es riche mais point généreux, c’est comme si tu n’avais rien.

    L’argent est bien, mais l’homme est meilleur, parce qu’il répond quand on l’appelle.

    Là aussi un humour raffiné qui fait sourire, pour remettre en place gentiment notre poursuite frénétique de l’argent et des biens matériels, alors que tant de personnes sont là à tendre la main pour nous proposer de partager un bout de chemin avec eux et nous ne les voyons même pas, occupés que nous sommes à d’autres préoccupations bien terre à terre.

    On ne tire pas sur une fleur pour la faire pousser. On l’arrose et on la regarde grandir…patiemment.

    Le chien a beau avoir quatre pattes, il ne peut emprunter deux chemins à la fois.

    La nuit dure longtemps mais le jour finit par arriver.

    Pas besoin de commenter ces vérités si évidentes et que nous oublions pourtant tous les jours.

    L’espoir est le pilier du monde.

    La persévérance est un talisman pour la vie.

    Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens.

    Là où notre monde semble parfois complètement perdu, en proie à une sorte de panique globale, nous ferions bien d’écouter la voix de ces frères et de ces sœurs qui vivent en conditions souvent si difficiles et qui continuent à aller de l’avant, car ils croient en la vie, envers et contre tout.

     

     


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  • [Certains lecteurs sont peut-être étonnés que je parle du « paradis » de Paulo Coelho. Ce n’est pas un saint, que l’on sache, ni même un grand sage comme Gandhi. Certains lui reprochent certaines tendances du genre New Age qui ne plaisent certainement pas à tout le monde. Et pourtant combien de sagesse dans ses écrits, sans être obligés d’être d’accord avec tout ce qu’il nous dit. Mais je crois qu’au fond tout homme porte en lui un morceau de paradis. Nous venons du paradis et nous y retournerons. Il suffit de penser que chaque homme est un trésor en lui-même, un trésor unique, peut-être caché sous la poussière ou la cendre, mais malheureusement « les hommes ne croient pas aux trésors », comme Paulo Coelho le dit lui-même. Reprenons ici simplement quelques-unes de ses phrases, telles que publiées au début du mois dans notre rubrique « Des mots pour de bon » et laissons-nous surprendre et entraîner.]

     

     

    Il y a une grande vérité en ce monde : qui que tu sois et quoi que tu fasses, lorsque tu veux vraiment quelque chose, c'est que ce désir est né dans l'Âme de l'Univers. 


    À la vérité, les choses ne révélaient rien par elles-mêmes ; c'étaient les gens qui, en observant les choses, découvraient la façon de pénétrer l'Âme du monde.  

     

    Dans la vie, tout est signe.  

     

    Chaque jour porte en lui l'Éternité. 

    Quand nous avons de grands trésors sous les yeux, nous ne nous en apercevons jamais. Et sais-tu pourquoi ? Parce que les hommes ne croient pas aux trésors.  

     

    Nous sommes notre plus grande surprise. 

     

    L’écrivain, comme l’artiste, est toujours quelqu’un qui sait s’arrêter, au milieu de la confusion et du tourbillon dans lequel nous vivons. Ils sont comme un phare au milieu de la nuit, une oasis où il fait bon se reposer, se désaltérer et reprendre des forces avant de continuer son chemin.

    Paulo Coelho a un sens extraordinaire de la surprise et de l’émerveillement et il nous le transmet. Avec lui rien n’est banal. Tout a un sens en soi-même et au-delà et au fond de soi-même. Car chaque être, comme chaque homme aussi, est en relation avec tout l’univers, qu’il en soit conscient ou non, et combien il a à gagner à s’en rendre compte finalement.

    Mais, pour en rester aux limites d’un article de blog, je voudrais m’arrêter sur un mot qui m’a frappé, en parcourant les citations de notre ami, c’est le mot « rêve ».

     

     

    C'est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante. 

     

    Les rêves donnent du travail.

     

    Ce qui existe, ce sont les échecs. Personne n'y échappe. Aussi vaut-il mieux perdre quelques combats en luttant pour ses rêves que d'être battu sans seulement savoir pour quoi on lutte. 

     

    L'univers nous aide toujours à nous battre pour nos rêves, si bêtes qu'ils puissent paraître.

     

    Parce que ce sont nos rêves, et nous sommes seuls à savoir combien il nous a coûté de les rêver. 

     

    N’êtes-vous pas fascinés comme moi par cet appel au rêve ? Quelle mauvaise idée nous avons normalement des rêves : moment inutiles et complètement en dehors de la vie normale et concrète, fuite de la réalité, refuge pour ceux qui ne sont pas capables d’affronter la vie… Et pourtant, n’avons-nous pas cité déjà dans notre blog la fameuse phrase de Martin Luther King : « J’ai un rêve » (« I have a dream ») On peut avoir des rêves justement qui nous font sortir de la routine, de l’esclavage, de la médiocrité et qui attirent finalement l’humanité vers le haut, vers le progrès, vers plus de justice et d’harmonie entre les hommes. Car celui qui veut transformer notre monde, doit d’abord rêver de le faire, avant de décider comment réaliser concrètement son rêve. Oui, nous avons besoin chaque jour de rêver un peu plus. C’est pour cela que l’art, musique, peinture, poésie, toutes les formes d’art, est toujours une sorte de rêve éveillé qui nous transforme de l’intérieur si nous nous laissons pénétrer véritablement par lui. Alors on peut « se battre » pour des rêves qui en vaillent la peine, comme le dit Paulo Coelho. Comme il est beau de rêver d’abord à une humanité plus belle, plus unie, avant même de comprendre comment ce rêve va se réaliser ! Mais si nous ne sommes même plus capables de rêver un peu chaque jour, nous finirons sans doute par être envahis totalement par un désespoir sans remède.

     

     

     

     

     

     

     


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  • « Il faut ouvrir le chemin d’un nouvel humanisme, où l’homme sera vraiment au centre, l’homme qui est avant tout le Christ, le Christ dans les hommes. » C’est ainsi que Chiara Lubich commente la fin de ce fameux texte sur « La résurrection de Rome » dont nous avons déjà relu ensemble quelques extraits.  Chiara avait écrit aussi, quelques lignes plus haut : « Jésus est la véritable personnalité de chacun, la plus profonde. » Alors Dieu ou l’homme?

    Je voudrais ici m’adresser particulièrement à ceux de mes amis qui n’ont pas de référence religieuse. Je sais que trop souvent ceux qui ont prétendu chercher Dieu se sont éloignés des hommes, de l’homme, rendant ainsi suspect pour beaucoup leur cheminement.

    Ce que je trouve impressionnant dans le « paradis » de Chiara, c’est que plus elle fait l’expérience de Dieu, plus elle fait l’expérience de l’homme. Mais qui est « l’homme » dans tout cela ? Moi ? Toi ? Lui ou elle ? Nous tous ensemble ? Il est certain que « nous tous ensemble » sera certainement plus proche de la vérité, même si chacun de nous tout seul a le droit de sentir qu’il est aussi « l’homme ».

    Je crois qu’on trouve souvent des hommes ou des femmes de « bonne volonté » qui consacrent leur vie au service de l’humanité, qui disent ne pas connaître Dieu, mais qui se comportent parfois tellement mieux que bien des croyants. Ces gens-là nous font découvrir la grandeur et la dignité de l’humanité et nous donnent beaucoup d’espoir. Mais que veut dire servir l’homme ?

    C’est sans doute servir ce qui est commun à tous les hommes, ce qui fait que nous sommes tous frères, tous membres de la même famille humaine et que nous ne pouvons pas faire de mal à un seul de ces frères sans nous faire du mal à nous-mêmes. C’est cela mettre l’homme « vraiment au centre ». L’humanité a fait beaucoup de progrès dans la compréhension qu’elle a d’elle-même depuis quelques siècles. La convergence de tous les peuples vers la charte des Nations-Unies, qui reconnaît finalement l’importance tellement évidente des droits de l’homme, en est un exemple frappant.

    Mais que veut dire défendre les droits de l’homme ? Me battre pour que tout le monde reconnaisse que mes droits ont été bafoués ? Certainement. Mais surtout me battre pour que plus personne au monde ne voie ses droits bafoués. On s’est convaincu que chaque homme par exemple a le droit à la propriété privée, et c’est très bien. Alors on va éliminer ceux qui empêchent les autres d’accéder à cette propriété privée, on va se venger d’eux, on va les tuer, on va favoriser les plus faibles contre les plus forts ? Mais les plus forts deviendront alors faibles à leur tour ou victimes de ces révolutions injustes au nom de la justice. Les révolutions ne seront bienfaisantes pour l’humanité que le jour où on mettra vraiment « l’homme » au centre, tout l’homme, et non pas les intérêts même bafoués d’une catégorie de personne. Comme la révolution de Nelson Mandela qui voulait libérer à la fois les opprimés et les oppresseurs, pas les opprimés contre les oppresseurs. Tant que le progrès de l’humanité se fera au profit d’une catégorie contre une autre, l’humanité dans son ensemble restera bloquée, car elle ne sera pas « au centre ».

    C’est cela la révolution de Chiara. Lorsqu’elle dit que chacun de nous est Jésus, elle nous dit en même temps que chacun de nous est « l’homme ». Cela veut dire que l’humanité progressera vraiment le jour où toutes nos actions seront au service de cet « homme ». Mais alors, je n’ai plus le droit de penser à moi, de me reposer par exemple ? Pourquoi pas, il n’y a ici aucune contradiction. Si le fait de me reposer aujourd’hui me donnera la force de mieux aimer l’homme demain, alors mon repos est le bienvenu. Ce qui fait du tort à l’humanité, ce sont toutes les formes d’égoïsme ou d’individualisme qui ne mettent pas « l’homme au centre » justement, mais de pauvres intérêts refermés sur soi-même. Si je ne mets pas « l’homme au centre », si je ne pense qu’à moi, l’humanité ne va pas au fond y perdre grand-chose, c’est moi qui vais y perdre, car je me mets en dehors de ma famille. Tandis que si je passe mon temps à servir toute l’humanité, je vais voir toute l’humanité penser à moi et nous serons tous ensemble gagnants.

     

    J’ai donc le droit théorique de penser à moi, j’ai le droit de me reposer, mais attention à mettre « l’homme au centre ». Car si « l’homme » me fatigue et que je le fuis, si je me réfugie dans je ne sais quelle activité parce que je n’arrive plus à supporter l’homme, me voilà entré dans une rue sans issue qui deviendra ma prison. Même la prière peut devenir un refuge et une prison, si elle n’est pas au service de l’homme. Saint Jean nous a bien dit que celui qui prétend aimer Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur. Si je suis fatigué de mon frère et que je me réfugie un instant dans la prière, la vraie prière, et que je suis honnête avec elle, cette prière va vite me remettre sur le chemin du frère, de « l’homme » avec une énergie renouvelée. Et c’est bien pour cela que beaucoup de gens qui se disent incroyants se sentent tellement à l’aise avec Chiara et son « paradis » !


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