• Le mois dernier, je publiais sur Facebook une phrase qui disait : « L’unité, ce n’est pas nous renfermer avec quelques amis qui nous comprennent, mais nous ouvrir avec ces amis sur toute l’humanité ! »

    Une amie m’a répondu aussitôt : « Oui… mais avant que cela se vive ‘en vrai’… comprendre l’autre… malgré la bonne volonté de chacun, est-ce si simple ? Il nous faut accepter la réalité de la ‘différence’.

    Alors, je voudrais dire à cette amie, qui m’est chère, qu’elle a tout à fait raison :  il est très difficile de comprendre l’autre jusqu’au fond, malgré toute notre bonne volonté. Mais est-ce que nous-mêmes nous nous comprenons parfaitement ? Le but de ma phrase allait en fait dans une toute autre direction.

    Voilà ce que je voulais dire : je ne cherche pas l’unité pour être compris par quelques amis, ce qui est justement déjà difficile à réaliser et ce qui est au fond égoïste, cela voudrait dire profiter de l’unité pour me protéger, chercher un refuge dans l’unité. Non, la véritable unité ne se crée pas pour s’enfermer sur elle-même, elle se crée pour partir ensemble à la conquête pacifique du monde. L’unité est une bataille qui ne finira jamais… tant que nous ne serons pas arrivés à la réalisation du rêve de Jésus : « Que tous soient un ! »

    Et si nous voulons partir de la racine divine de l’unité qui est au ciel, nous devons revenir à l’enseignement de Jésus qui nous a dit : « Aimez-vous les uns les autres ». Il ne nous a pas demandé : « Comprenez-vous les uns les autres » car il sait bien que c’est très difficile. Il ne nous a même pas demandé de vivre l’unité, car c’est un don de Dieu que Jésus a demandé à son Père.

    C’est seulement cet amour réciproque qui est à notre portée. Il est déjà difficile de nous aimer les uns les autres, c’est une conquête de chaque jour, mais c’est toujours possible. Et quand nous nous aimons comme Jésus nous a aimés, Lui est présent au milieu de nous et nous nous sentons compris, car Lui-même nous comprend, et nous nous sentons unis, car Lui-même nous tient unis. C’est notre seule chance et elle vaut la peine d’y consacrer notre vie tout entière…


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  • Comme c’est fascinant et difficile à la fois ce qui se passe en ce moment dans notre beau pays. Cela ouvre tellement de pistes nouvelles tout d’un coup, mais avec la crainte que dans quelques jours tout retournera comme avant, ou pire encore… et alors que faire ?

    Je crois que nous devrions nous habituer à regarder le Liban d’en haut. Non, je ne suis pas dans les nuages ou dans la lune. Je ne vous invite pas à regarder le Liban vu d’avion : d’un avion ou d’un hélicoptère on a une belle vue, mais les hommes sont comme des fourmis et ce n’est pas comme ça qu’on va trouver de meilleures solutions.

    Non, je vous propose d’essayer de voir le Liban avec le cœur et le regard de Dieu. Car nous sommes les disciples d’un Dieu qui voit tout d’en haut, de son paradis, mais qui est en même temps descendu sur la terre et qui voit tout de l’intérieur, du cœur de l’homme. Comment fait-il pour être à la fois si loin et si près ? C’est son secret et son miracle.

    Si nous n’essayons pas de faire comme Lui, le résultat sera bien vite la peur ou la panique, le pessimisme ou le découragement et même le désespoir, et enfin la haine et la violence. Ce sont les maux qui nous guettent si nous continuons à regarder les choses de l’extérieur et non pas d’en haut et du dedans.

    Et pour avoir ce regard de Dieu, il ne s’agit pas de faire de la philosophie artificielle, il s’agit de nous mettre à nous aimer encore plus entre nous et à aimer tous les Libanais sans exception, ceux qui sont « faciles » et ceux qui sont « difficiles ». Si l’amour et surtout l’amour réciproque entre pour de bon dans notre cœur, Jésus sera parmi nous comme il nous l’a promis et il nous donnera son regard.

    Son regard n’est pas un regard vague ou utopique ou en dehors de la réalité. Non, Jésus est le premier à voir que le Liban est malade, il est le premier à appeler les choses par leur nom, à dénoncer les mensonges, la corruption ou l’hypocrisie. Mais Jésus ne panique jamais car il a la paix de Dieu en Lui. Il se penche sur la maladie du Liban avec calme et de tout son cœur, sans s’agiter, et c’est beaucoup plus facile comme ça de trouver des solutions.

    Puis Jésus ne se décourage jamais. Il sait nous apprendre les leçons du passé et nous aide à construire l’avenir, mais pas pour faire des comparaisons inutiles avec ce passé ou cet avenir pour conclure que nous sommes dans une situation pire qu’avant ou que nous allons certainement à la catastrophe. Jésus prend les choses comme elles sont et il les redresse, car l’espoir l’empêche ici encore de s’agiter ou d’être paralysé.

    Et enfin il regarde les évènements, les choses et les personnes avec amour et cela aussi aide tellement à trouver des solutions positives qui servent réellement au bien de tous. Si vous avez une idée meilleure, dites-le-moi. Je crois que le Liban a encore de beaux jours devant lui. Car le Liban c’est aussi chacun de nous. Et lorsque même un petit groupe de personnes qui s’aiment et qui sont unies en son nom, font quelque chose de positif pour le pays, le Liban continue à chaque instant à passer de la mort à la vie, car personne ne peut nous empêcher d’avoir la vie en nous et de continuer à la partager…     


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  • Je vais peut-être vous scandaliser aujourd’hui si je vous dis que certaines phrases de Mère Teresa me gênent ? Nous sommes dans la rubrique « Reflets du paradis », et nous voudrions tellement apprendre à connaître déjà au moins un peu ce paradis sur terre. Les exemples que nous avons de toutes sortes de saints nous découragent parfois au lieu de nous aider. Mais écoutons Mère Teresa :

    « De sang, je suis Albanaise,

    De citoyenneté, Indienne,

    De religion, catholique,

    Pour mission j’appartiens à tout le monde ;

    Mais mon cœur n’appartient qu’à Jésus. »

    J’ai déjà dit, à propos des béatitudes que je n’aimais pas beaucoup ces mots « appartenir » et « posséder » que l’on trouve si souvent encore dans notre culture chrétienne et qui ne me semblent pas très évangéliques. Car Dieu, à mon avis, n’est pas capable de posséder, on dit d’ailleurs que c’est le diable qui essaye de nous posséder. Dieu sait seulement aimer et donner sa vie et cela me dérange de dire alors que nous lui appartenons, s’il ne nous possède pas.

    Mais ce qui me gêne le plus c’est la fin de sa phrase : « Mon cœur n’appartient qu’à Jésus. » Je comprends bien que Mère Teresa, comme tous les saints, veut d’abord se donner toute entière à Jésus, son Dieu et son Amour. Mais pour nous, qui vivons dans le monde, pourquoi cette exclusion de tout ce qui n’est pas Jésus ? Car ce qui va sauver notre christianisme, à une époque où il est bien malade, c’est la redécouverte de l’Evangile qui nous dit que nous trouvons Jésus en nous bien sûr, dans sa parole, dans l’eucharistie, mais aussi en chaque homme et chaque femme que nous rencontrons sur le chemin de la vie, (et c’est bien d’ailleurs ce que Mère Teresa a fait pendant toute sa mission en Inde). Comme le dit si bien Chiara Lubich, nous sommes comme dans un grand jardin fleuri, où Dieu se trouve tellement présent en toutes les fleurs, qu’il n’est pas juste de le chercher seulement dans la fleur que nous sommes, alors que nous pouvons le trouver aussi au cœur de toutes les autres fleurs. La prière n’est pas un lieu de refuge pour nous unir à Dieu, en pensant qu’il est difficile de le trouver dans le monde. Ce serait bien mal comprendre l’Evangile. Notre union avec Dieu au fond de notre cœur est là pour nous pousser à le trouver aussi au cœur de nos frères et sœurs en humanité. Vivre déjà le paradis sur terre, c’est passer à chaque instant de la contemplation de Dieu en nous à celle de Dieu dans nos frères : nous sommes alors en communion avec Dieu tout au long de la journée, il n’y a plus de moments que nous consacrons à Dieu et d’autres où nous le quittons ou le mettons de côté. Et il n’y a plus non plus de moments où nous quittons nos frères pour être enfin avec Dieu, car avec nos frères nous étions déjà avec Dieu. Si l’on comprend cette vérité toute simple, c’est une véritable révolution spirituelle qui peut changer l’Eglise et le monde…


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  • Ce matin, j’ai envie de réagir à la formule d’une prière que je vois circuler souvent dans les réseaux sociaux sur Facebook : « Seigneur, mon cœur ne trouvera le repos qu’en toi ! »

    C’est certainement une belle prière. Encore faudrait-il la remettre dans le contexte ou les contextes où elle a pu être prononcée, car on pourrait faire dire à une telle phrase beaucoup de choses parfois contradictoires. On pourrait penser que c’est simplement un bel élan d’amour envers Dieu, qui peut faire du bien. On peut aussi y voir la tentation d’une personne qui cherche son refuge en Dieu parce que le monde autour d’elle est trop difficile et ce serait en quelque sorte une fuite du monde…

    Il est bien évident qu’on ne trouvera le repos qu’en Dieu. Dans quelques années au paradis, mais déjà ici sur cette terre. Mais ici-bas où se trouve ce Dieu qui va nous donner le repos ? Dans la prière, bien sûr, dans l’eucharistie à laquelle nous pouvons nous nourrir chaque jour. Mais aussi dans la Parole de Dieu qui est une autre nourriture…

    Et l’on oublie souvent que cette Parole est là pour nous rappeler que Dieu, ici-bas, est particulièrement présent dans nos frères et nos sœurs et encore plus quand nous sommes unis et que nous nous aimons les uns les autres dans la réciprocité.

    Une des plus belles expériences que nous pouvons faire dans notre vie, c’est quand nous commençons à « trouver le repos » dans des relations vraies, sincères et profondes avec les personnes que nous côtoyons chaque jour. Alors la vie devient une aventure merveilleuse, car chaque prochain rencontré en chemin, du matin au soir, peut devenir une occasion de « me reposer en Dieu » et de le faire reposer lui-même en même temps. Et l’on découvre alors la joie immense de trouver le vrai repos quand nous-mêmes nous sommes en train de le donner aux autres. C’est cela le véritable secret de la vie chrétienne et de la vie tout court. Vous ne pensez pas ?


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  • Oui, j’ai publié de nouveau cette phrase la semaine dernière : « Il est encore plus beau d’aimer que d’être aimé. » Une de mes meilleures lectrices me répond : « Pas d’accord » Et quand je lui demande pourquoi, elle me dit bien simplement : « Mais c’est toi qui dis que la relation doit être réciproque ! » J’aime bien ce genre de provocations constructives qui peuvent aider à aller encore plus en profondeur : je vais mieux m’expliquer.

    Il est bien évident que c’est très beau d’être aimé, de trouver quelqu’un qui nous accepte tel que nous sommes, qui est content ou heureux de nous voir, qui nous comble d’attentions ou d’affection. Et d’ailleurs nous avons commencé notre vie en étant aimés tout d’abord, par nos parents et notre entourage, avant d’apprendre nous-mêmes à répondre à cet amour.

    Mais nous nous sommes peu à peu jetés à l’eau nous aussi, à aimer les autres et à leur donner de nous-mêmes, avec plus ou moins de réussite, avec des hauts et des bas, mais nous avons commencé à faire l’expérience si belle de la réciprocité, dans laquelle ce n’est plus important de savoir qui a commencé à aimer le premier, car nous sentons une telle harmonie entre nous que le reste devient secondaire.

    Mais nous avons aussi connu les déceptions ou parfois même la trahison dans l’amour, ou bien la jalousie. Nous nous sommes donnés de tout notre cœur à certaines personnes et nous n’avons pas senti cette réciprocité en retour et, pire encore, nous avons reçu parfois du mal en échange du bien que nous avions fait.

    C’est là que nous avons dû choisir entre nous replier sur nous ou continuer à aimer quand même. Nous avons timidement découvert qu’on peut aussi pardonner, aimer gratuitement, aimer sans rien attendre en retour. Et, au-delà des gros efforts que nous avons faits au début, nous avons senti en nous une liberté nouvelle. Nous avons découvert la joie d’aimer même quand on n’est pas aimé. Puis ensuite la joie encore plus grande que cet amour parfois héroïque en nous avait commencé à faire des miracles. Et alors nous avons commencé à comprendre que notre cœur n’était désormais plus le même.

    Au début l’amour était beau, mais simplement naturel, et encore tellement fragile. Mais, à un certain moment, c’est le cœur de Dieu qui est entré en nous. Et, sans nous en rendre compte, nous avons pénétré au sein de la Trinité où le Fils et le Père s’accueillent et se donnent l’un à l’autre en l’Esprit de toute éternité. Nous avons commencé à nous apercevoir, en tout petit d’abord, et de plus en plus clairement par la suite, que nous étions en train de devenir Dieu en quelque sorte, même si avec encore tellement de rechutes.

    Mais désormais nous sentons que l’important et le plus beau, c’est d’aimer toujours comme Dieu, d’accueillir l’amour de l’autre, mais pas pour le garder pour nous, pour le posséder et le mettre égoïstement dans notre coffre-fort, mais pour aimer tout de suite en retour celui ou celle qui nous a aimés et en même temps toute l’humanité qui nous entoure. Alors l’amour n’est plus à moi ou pour moi, mais c’est encore mieux car il est en moi, comme le sens de ma vie et ma propre respiration. Et peu à peu, je deviens moi-même l’amour, car l’Amour demeure en moi et moi en Lui, et surtout l’Amour demeure en nous et nous en Lui. Car ce n’est plus que tous ensemble, avec ceux qui vivent cet amour réciproque, que nous sommes capables de vivre. Et l’on comprend alors, comme l’a dit Chiara Lubich, que « dans l’amour, l’important c’est d’aimer. » … Et cela n’enlève rien à la joie immense d’être aimés en retour, mais dans une réciprocité qui ne nous arrive jamais comme une obligation, mais avec la fraîcheur de la plus belle des gratuités !


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