• Batailles : c’est bien le titre de notre rubrique. Et tout le monde annonce une grande bataille en France pour le mois de mai à propos de la laïcité. Et je me demande vraiment si nous ne sommes pas tous devenus fous.
    Je suis peut-être fou, moi-même, de tomber dans ce piège et de vouloir me mêler de cette polémique apparemment bien stérile ? Mais puisque mes compatriotes semblent voir dans ces débats une telle importance pour le futur, alors je me sens évidemment concerné.
    Je dois tout de même dire qu’on peut trouver cette bataille un luxe un peu déplacé quand on vit comme moi au Moyen Orient au milieu de gens qui se demandent si le mois prochain ils seront encore vivants, s’ils pourront encore vivre longtemps sur la terre de leurs ancêtres, si demain ils trouveront enfin du travail, s’ils auront assez d’argent pour soigner leurs enfants malades. Questions parfois de vie ou de mort...alors qu’en Europe on s’entredéchire à propos de la laïcité !
    Mais venons-en à notre sujet. Se lancer dans la bataille ? Il faut le faire honnêtement en étant capable d’abord d’écouter le point de vue de l’autre, sans vouloir surtout l’écraser, ce qui servirait seulement à creuser des fossés encore plus grands entre tous.
    Commençons par comprendre les mots. Laïcité : ce serait, d’après le dictionnaire, le principe de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, au moins dans certains domaines comme la politique, l’administration, la justice et l’enseignement. Si l’on approfondit la question, on voit que ce principe est compris et vécu de manières bien différentes selon les pays et les cultures. Aux Etats-Unis on prône la séparation entre l’Eglise et l’Etat, mais pas entre la religion et l’Etat, mais allez voir ce qui se passe en Inde, en Turquie, au Japon, aux Philippines ou au Brésil et vous verrez que ce n’est pas si facile que cela de comprendre vraiment comment appliquer la laïcité.
    Et pour continuer à être honnêtes dans notre bataille, nous devons reconnaître qu’historiquement la laïcité est née pour répondre à un abus, à l’exercice injuste du pouvoir par des hommes de religion ou d’Eglise qui voulaient dominer leurs compatriotes au lieu de les servir. Nous, chrétiens, devons bien être conscients de tout cela avant de nous en prendre à la laïcité ou à ses prétentions exagérées. Ces hommes et ces femmes que je vais rencontrer dans nos débats se sentent-ils encore blessés par les bêtises de nos comportements de chrétiens mal placés ? Si je ne tiens pas compte de cela, si je n’apprivoise pas ces « adversaires » en leur donnant la preuve que je les comprends d’abord et que je n’ai aucun autre souci que leur plus grand bien ensuite, la bataille ne servira à rien sinon à nous blesser réciproquement davantage.
    J’ai bien le droit de voir que certains fanatiques laïques ont des prétentions complètement aberrantes : supprimer la religion, l’empêcher de s’exprimer, etc. C’est d’accord, mais tous les partisans de la laïcité ne sont pas des fanatiques. Pourquoi commencer toujours nos batailles en nous en prenant aux extrémistes qui ne seront jamais qu’une petite minorité ? Et reconnaissons d’abord qu’il y a beaucoup de positif dans la laïcité. Mais surtout je crois qu’il y a dans toute l’affaire beaucoup de malentendus qu’il faudrait d’abord éclaircir avant d’aller plus loin. Si nos lecteurs veulent bien intervenir dans cette bataille ce sera une occasion de lancer un débat réellement positif et constructif qui demandera sans doute une longue suite d’articles sur le même sujet, pour ne pas en rester à des considérations superficielles.
    Et pour rendre la lecture de notre blog plus intéressante encore, je vous invite à entrer dans les prochaines semaines dans d’autres rubriques comme « Provocations » ou « Interdépendance » et notre débat devrait s’animer : préparez-vous !


    1 commentaire
  • Oui, nous avons bien conscience qu’ouvrir un blog c’est se lancer dans une bataille, ou plutôt une longue série de batailles, comme le suggère le titre de notre rubrique. Nous allons nous battre, mais avec vous, tous ensemble. Rassurez-vous nous n’avons aucune intention de nous battre contre vous.

    Mais commençons par nous mettre d’accord sur les mots. Est-ce vraiment nécessaire de se battre ? Est-ce bien ou beau de se battre ? Certainement oui, si l’on comprend la signification profonde de ce verbe. Se battre, ce n’est pas vouloir battre quelqu’un et le détruire, c’est plutôt une manière de se donner, d’employer tous ses talents, toute son énergie d’abord pour quelque chose de positif.

    Quoi de plus noble que de se battre pour une cause, pour la justice, pour la paix dans le monde, pour la défense des droits de l’homme, pour la liberté, ou alors contre la faim, contre la pauvreté, contre l’ignorance ou la haine ?

    Le problème c’est qu’en cours de route nous allons rencontrer bien des obstacles et bien des gens qui ne seront pas d’accord avec nous. Nous faudra-t-il alors commencer à nous battre contre ces personnes ? Pas de panique d’abord. Il s’agit toujours de distinguer entre la personne et ses idées, ses préjugés, ses actions même. Qui sommes-nous pour juger des personnes ?

    Et si nous sommes un tant soit peu honnêtes, nous comprendrons bien vite que la première bataille sera d’abord avec nous-mêmes. Si nous voulons nous battre, nous devons apprendre chaque jour à être un peu plus cohérents avec nous-mêmes. Nous devons harmoniser nos pensées et nos paroles avec nos actions, nous ne pouvons plus nous compromettre avec n’importe quelle idée préconçue qui nous traverse l’esprit ou que les réseaux sociaux nous inculquent sans même nous laisser le temps d’y réfléchir. Se battre veut dire être à la fois vigilant, prudent, courageux, authentique. Et pas de découragement si nous remarquons en chemin que nous ne sommes pas toujours à la hauteur de la bataille : on peut tomber chaque jour et chaque jour se relever.

    Puis nous allons surtout apprendre à nous battre ensemble, avec tous les gens, tous les amis avec lesquels nous nous sentons solidaires. Nous n’avons pas à nous battre tout seuls contre un monde hostile qui refuse de nous écouter. Non, combien y a-t-il autour de nous de gens de bonne volonté qui se battent peut-être eux aussi un peu seuls dans leur coin et qui seraient si heureux de découvrir tellement d’amis, de frères et de sœurs, prêts à se lancer avec eux dans la bataille ?

    Cet article, comme tout notre blog qui désire aider à construire ces ponts entre l’Orient et l’Occident, voudrait être avant tout une invitation chaleureuse à déployer ensemble toutes nos forces pour que les gens que nous rencontrons soient chaque jour un peu moins tristes, un peu plus heureux de vivre et de répandre la paix  autour d’eux.


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