• [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 13 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2015] 

    « Ils n’ont pas en eux de racine, ce sont les hommes d’un moment ; quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils tombent aussitôt. » (Mc 4,17) Article du 21 mai 2015 (cf Mt 13,21 : « Il n’a pas de racine en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe aussitôt. »)

    C’est toujours la même bataille de notre chapitre 4 : cette phrase tellement claire doit-elle nous faire peur ou au contraire nous rassurer ? D’un côté elle est terrible : lorsqu’arrive la détresse intérieure ou la persécution extérieure qui sont parfois liées l’une à l’autre, il n’y a plus grand chose à faire ; si nous avons des racines nous ne craignons rien, mais si nos racines sont trop petites, fragiles, desséchées, alors c’est sans doute trop tard, on ne peut plus rien faire.

    La première chose à faire, tout au long de notre vie, est donc d’abord de fortifier nos racines pour qu’au jour de l’épreuve nous tenions le coup. Et il y a mille manières de fortifier ces racines, en « écoutant » justement la Parole, en la laissant porter du fruit en nous, jour après jour, en laissant ce « règne de Dieu » germer en nous et grandir sans lui faire obstacle.

    Ensuite nous rappeler que nous ne sommes pas « les hommes d’un moment ». C’est vrai que l’Evangile nous enseigne à nous abandonner à Dieu dans l’instant présent, mais cela ne veut pas dire que nous sommes « les hommes d’un moment ». Bien au contraire nous sommes les hommes de toute une vie. Nous sommes une parole née de Dieu de toute éternité, semée sur cette terre avec un dessein d’amour de Dieu tout particulier sur chacun de nous. Au jour de l’épreuve, il est important de se souvenir de tout l’amour de Dieu dont nous avons été inondés depuis notre naissance et de tout cet amour qui nous attend encore ici-bas, puis au paradis pour toujours. Ce n’est pas un moment d’épreuve, de faiblesse ou d’échec qui peut nous impressionner.

    Enfin nous ne sommes pas seuls. Si Dieu est avec nous et il est notre racine, nous faisons également partie d’une famille, d’une communauté et nous n’affrontons jamais ou presque les épreuves ou les persécutions tout seuls : ne jamais l’oublier !

    Et puisque « celui qui a recevra encore » nous devons être persuadés au plus profond de nous-mêmes que nous « avons » une racine. Cela fait partie de ce dessein d’amour de Dieu sur nous. Il serait impensable d’imaginer un Dieu amour qui nous ait lancés méchamment dans l’aventure de la vie sans nous avoir procuré d’abord de bonnes racines. Encore une fois faisons-lui confiance... Soignons seulement ces racines de tout notre cœur, mais soyons tranquilles qu’elles sont bien là et, si nous les avons négligées pendant une partie de notre vie, il suffit de nous remettre de nouveau à les arroser, à en prendre soin, car le passé, dès l’instant où nous le décidons, est dans la miséricorde de Dieu qui couvre tout et repart avec nous comme si de rien n’était.


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  • Avez-vous remarqué que nos relations avec les autres sont presque toujours à l’image de la réciprocité ? Mais cela change évidemment tout si nous nous connaissons d’une connaissance réciproque, ou bien si nous nous jugeons les uns les autres ou, pire encore, si nous nous haïssons les uns les autres.

    Se connaître réciproquement dans une relation d’amitié ou d’amour, ou au moins d’estime et de bienveillance, c’est la base de l’harmonie sociale, la joie d’entrer dans l’esprit ou le cœur de l’autre sans peur et avec la plus grande transparence possible. Car la simplicité d’une telle relation crée peu à peu une si grande confiance réciproque que l’autre devient à la fois le but de ma vie, le centre de mon intérêt, le critère de mes décisions, l’ouverture toujours plus grande de ma personnalité aux dimensions de toute l’humanité.

    Tandis que si je suis moi-même le centre de tout, la base de mes critères et de mes décisions, car j’ai peur d’entrer dans la vie de l’autre et de le laisser à son tour pénétrer en moi, alors je ne pourrai plus voir l’autre que du dehors et je ne le connaîtrai jamais vraiment. Je me mettrai à l’analyser, à le juger, à essayer vainement de le comprendre sans y parvenir. Et l’autre me le rendra bien, car il se méfiera de moi, il se mettra lui aussi à me coller des étiquettes de l’extérieur. Nous passerons notre vie comme des spectateurs devant la scène d’une pièce de théâtre, mais nous ne saurons jamais ce qu’est la confiance réciproque avec quelqu’un. Et le pire sera bien sûr quand, pour nous défendre encore plus des attaques des jugements de l’autre, nous nous mettrons à nous haïr, toujours réciproquement. Notre vie sera une guerre, avec beaucoup de conflits et de blessures, dans laquelle nous croirons parfois gagner sur l’autre, mais où nous nous perdrons nous-mêmes.

    On pourrait penser que nos relations sont faites en réalité de ces trois niveaux : les amis qui entrent dans notre vie, les personnes indifférentes que nous côtoyons chaque jour, et les ennemis que nous fuyons ou que nous affrontons selon les moments. C’est une vision apparemment réaliste des choses mais qui est en fait bien triste, car elle dépend pratiquement du hasard des rencontres et des circonstances.

    Tandis que si nous décidons un jour de faire de l’autre le centre et le but de notre vie, nous rencontrerons toujours des gens qui répondront à notre ouverture de cœur, et cette relation de compréhension et d’amour réciproque de l’intérieur finira par faire tache d’huile. Le cercle de nos amis grandira à l’infini, personne ne nous deviendra plus indifférent et les conflits avec certaines personnes apparemment difficiles trouveront pour la plupart des solutions, impensables au premier abord et qui nous feront respirer. A nous de choisir dans quelle direction nous jeter et n’allons jamais nous plaindre de nos relations car il y a toujours en chacun une clé pour sortir de n’importe quel tunnel et pour retrouver la lumière…


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  • « L’homme bon, dans son trésor qui est bon, prend des choses bonnes ; l’homme mauvais, dans son trésor qui est mauvais, prend des choses mauvaises. » (Mt 12,35)

    Voilà une phrase bien claire, mais comment la comprendre ? Qui est bon et qui est mauvais ? Chacun de nous n’a-t-il pas en lui du bon et du mauvais ? Mais reprenons ce que vient de dire Jésus juste avant de parler de l’homme bon et de l’homme mauvais : « Prenez un bel arbre, son fruit sera beau ; prenez un arbre détestable, son fruit sera détestable, car c’est à son fruit qu’on reconnaît l’arbre. Engeance de vipères ! comment pouvez-vous dire des paroles bonnes, vous qui êtes mauvais ? »

    Alors, je vais vous dire en deux mots ce que je pense de tout cela. C’est une interprétation personnelle, mais je ne pense pas qu’elle soit loin de la réalité. Je crois qu’il faut remettre les phrases de Jésus dans le contexte de son enseignement pédagogique au peuple juif de l’époque. Jésus veut faire peur à ses interlocuteurs, comme lorsqu’il dit que le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné. Et il est étonnant de voir que les seuls hommes présentés comme mauvais dans l’Evangile sont justement les scribes et les pharisiens du peuple juif. Pratiquement jamais Jésus ne dit de mal des Romains, des Samaritains ou des païens. A tous ces gens-là, Jésus ne présente finalement que son amour, pour nous montrer que chaque homme est aimé de Lui.

    Bientôt Jésus va finir sa vie sur terre et monter au ciel. Une des premières choses qu’il va faire de « là-haut », c’est appeler justement un de ces « mauvais » pharisiens et en faire en Paul son plus grand apôtre. Maintenant, Jésus n’est plus directement sur terre pour nous réprimander. Il est désormais remonté au ciel avec le Père et l’Esprit et il nous aime du cœur de la Trinité, et il n’est pas capable de voir en nous autre chose que le « bon » qu’il a mis en chacun de nous quand il nous a créés. Car c’est d’une source divine que nous avons été faits quand nous sommes venus au monde. Notre véritable identité, notre personnalité profonde ne peut être que « bonne », puisque c’est Dieu lui-même qui nous a faits à son image. Puis le mal nous a atteints et a gâché en partie cette image divine en nous, mais est-ce que cela veut dire que le mal fait vraiment partie de notre personnalité ? Pourquoi, lorsque quelqu’un meurt, on ne se souvient que du positif qu’il a vécu ? N’est-ce pas parce que c’est ce « bon » qui le caractérisait au plus profond de lui ?

    Il y a en chacun de nous sur cette terre un mystère du mal, mais Jésus, le Père et l’Esprit ne perdent pas de temps avec le mal qui est en nous. Ils vont tout de suite plonger dans le « bien » ou le « bon » qui nous caractérisent et ils le renforcent, le guérissent s’il y a lieu, profitant de tout ce qui se passe en nous pour le tourner en positif. Jamais on n’imaginera Dieu un seul instant s’arrêter sur notre négatif, il n’en est même pas capable car il nous aime de tout son cœur de Dieu… Alors pourquoi n’en faisons-nous pas autant à notre tour avec tous nos frères et sœurs en humanité ? Nous dire devant chaque personne que nous rencontrons : celui-ci ou celle-ci a été créé ou créée par Dieu, donc il est forcément au départ quelqu’un de bon, et si ce « bon » est peut-être caché derrière une apparence de mal, derrière des blessures, des peurs, des fragilités de toutes sortes, à moi d’aider Dieu en Lui à sauver cette personne, comme Dieu est en train de faire avec moi du matin au soir. Il n’y a plus alors de place pour les jugements, les condamnations des autres, mais seulement pour l’amour de miséricorde qui nous donne peu à peu le cœur de Dieu et nous fait prendre nous aussi seulement « des choses bonnes » de notre trésor qui est « bon » !

     


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  • Les articles de ce mois de novembre sont presque tous consacrés au chapitre 12 de l’Evangile de Matthieu. Encore un chapitre parfois étonnant mais qui nous éclaire tellement sur l’amour de Dieu et la vocation de l’homme. Comme beaucoup de passages de ce chapitre sont assez semblables à de nombreux passages des chapitres 2 et 3 de l’Evangile de Marc, j’ai d’abord publié de nouveau, dans « Perles de la Parole », d’anciens commentaires de notre blog à ces chapitres-là, du 3 au 15 novembre avec une série d’articles intitulés « De Marc à Matthieu 12 » (de « 1 » à « 6 »).

    Sur la base de cette belle préparation ou révision, je me suis ensuite lancé directement dans « Matthieu 12 », le 17 novembre. Puis dans une série de nouveaux commentaires, toujours dans « Perles de la Parole », à des passages originaux de Matthieu. Ce sont toutes des phrases qui libèrent et font respirer, quand on prend le temps de les écouter en profondeur : « Ici », le 19 novembre, « Permis d’aimer », le 23, « A l’image de la Trinité », le 25, « Briser les frontières », le 27 et enfin « Avec Dieu », le 29 du mois. Pouvoir sentir Dieu si proche…

    A cela il reste à ajouter dans « Interdépendance » deux autres articles d’un registre assez différent, même si tout est lié dans la vie : « Se plaindre de l’autre », du 13 novembre, voudrait nous aider à comprendre combien nous perdons de temps précieux à avoir des pensées négatives qui ne construisent jamais rien. Et pour finir, le 21 du mois, « L’homme est-il un incapable ? » qui essaye aussi d’avoir un regard plus positif sur les fragilités de l’homme qui ne devraient pas l’empêcher de vivre une vie souvent difficile, mais tellement fascinante.

    Bonne lecture à tous !


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  • « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. » (Mt 12,30) (cf. Mc 9,40 : « Qui n’est pas contre nous est pour nous. »)

    Si on prend cette nouvelle phrase de Matthieu sans réfléchir, elle peut sembler évidemment effrayante, bien différente de la phrase positive de Marc qui disait avec une grande indulgence ou miséricorde : « Qui n’est pas contre nous est pour nous. »

    On pourrait croire à un Dieu méchant et jaloux qui veut posséder les autres et les attacher de force à lui-même comme un tyran qui empêche les autres d’être libres.

    Le malentendu terrible est ici sur le sens même du « moi ». Le « moi » de Dieu et le « moi » de l’homme. Notre mentalité individualiste, qui met le « moi » au centre de tout sans rien comprendre, risque encore une fois de tout gâcher.

    La solution est encore une fois dans ce Dieu Un et Trine que Jésus est venu nous révéler. Jésus lui-même, Dieu tout puissant, n’existe qu’en relation au Père et à l’Esprit. Il n’a jamais cherché à être en dehors du Père et de l’Esprit, ce serait comme transformer son paradis en enfer. Jésus est « avec » le Père et « avec » l’Esprit. C’est l’essence même de ce Dieu Amour dont nous parle l’Evangile. Alors vouloir nous placer tout d’un coup en dehors de cette relation avec Dieu qui nous fait exister et qui nous donne à chaque instant sa vie, ce serait un suicide absurde.

    Jésus n’est donc ni méchant ni jaloux, il veut au contraire notre plus grand bien. Il est même venu sur terre pour nous donner sa vie, pour que nous ne tombions pas dans le piège horrible ne nous croire autosuffisants sans lui. Quel amour immense qui nous fait vivre et qu’il serait bien dommage d’oublier même pour un seul instant de notre voyage sur cette terre !

     


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