• Vous vous êtes déjà amusés un jour à mettre une série de dominos debout, les uns à côté des autres, sur une table et à faire tomber le premier ? Vous savez très bien que toute la rangée va se retrouver couchée par terre en deux secondes. Sauf si quelqu’un met son doigt sur un des dominos en le tenant fixé énergiquement sur sa base et alors a lieu un petit miracle : le domino en question va rester bien droit, mais tous ceux de la série qui suivent à partir de là vont se tenir eux aussi bien tranquilles. Le tremblement de terre annoncé va s’arrêter d’un coup.

    Eh bien, cette expérience si facile à faire est peut-être le secret du salut de l’humanité. C’est là que commence et que finit notre bataille pour la survie du genre humain. Que peut faire un pauvre homme perdu au milieu de tous les courants parfois positifs, mais si souvent négatifs, qui traversent notre monde ? Il va faire comme ses voisins. Il n’a pas beaucoup de choix, c’est ce qu’on constate au moins au premier regard. Les autres se plaignent, je vais me plaindre moi aussi. Les autres critiquent, je vais ajouter mes propres remontrances. La violence nous envahit ? On va essayer de la combattre par une autre violence. La mode, la culture, les idées politiques, les nouvelles formes de loisir, tous les aspects sympathiques ou malfaisants de la société de consommation font tache d’huile sans qu’on ne puisse apparemment rien y faire.

    Et pourtant, il suffit parfois d’une personne exceptionnelle ou d’un groupe de personnes, courageuses et convaincues, pour arrêter d’un coup, comme par miracle, un processus qui allait entraîner l’humanité encore plus à la dérive. La France et l’Allemagne ont fait une nouvelle guerre dans la deuxième moitié du XIXe siècle et pour continuer sur leur élan, ils ont entraîné le monde entier dans la guerre horrible de 1914 à 1918. La loi des dominos était en marche. En 1939 commençait une deuxième guerre mondiale qui allait peut-être conduire à une troisième ou une quatrième, si l’humanité existait encore. Et voilà que quelques personnes exceptionnelles d’Allemagne, de France et d’Italie ont décidé de mettre leur doigt sur leur domino et le massacre s’est arrêté.

    On dira que le massacre continue ailleurs et c’est bien vrai, mais tout de même une grande partie du monde a respiré beaucoup mieux après la réconciliation des pays européens. Il y a malheureusement beaucoup de dominos qui continuent à tomber un peu partout dans le monde et des hommes de paix mettent leurs doigts ici et là, comme ils peuvent, pour que d’autres massacres s’arrêtent. Et ce phénomène réel au niveau du monde se répète dans chaque pays, dans chaque famille, dans chaque communauté. Ce qu’on a sans doute de plus beau à faire, quand on prend conscience de ce phénomène, c’est chercher les hommes qui ont commencé à arrêter le massacre des dominos et nous unir à eux pour que ce courant de paix, de réconciliation, de partage, d’initiatives de toutes sortes pour le bien de l’humanité, continue à gagner des batailles.


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  • C’est toujours l’éternelle question : les raisons d’être optimiste ou pessimiste. Si on s’amuse à faire des statistiques, on trouvera tellement d’arguments pour pencher d’un côté ou de l’autre, et probablement plus de constatations qui nous pousseront en fin de compte à être pessimistes. Alors, quoi penser ? Passer sa vie à se laisser balancer comme une feuille d’automne selon les caprices des vents dans une direction ou une autre ? Tout cela serait bien triste.

    Il y a quelques jours, j’écrivais sur Facebook : « Être optimiste, c’est tout simplement faire confiance à la vie. Refuser d’être optimiste, c’est fermer notre porte à l’avenir pour toujours, sans même laisser à la vie la chance de nous surprendre. » Je reconnais que cette phrase est un peu forte, provocatrice en un certain sens, et une de mes meilleures lectrices a réagi en me disant : « Ces temps-ci, tu penses qu’on peut être optimiste ? » Et si l’on met notre dialogue dans le contexte d’un Liban qui semble aller à la dérive, je comprends bien sa réaction…

    Je voudrais donc m’expliquer ici, brièvement, un peu plus. Personnellement, de par mon origine, mon enfance, ma famille, de nombreuses expériences vécues au cours de ma vie, je devrais plutôt être bien pessimiste. Et pourtant, à un certain moment donné de ma vie, j’ai décidé d’être optimiste, par vocation, par conviction, par désir de continuer à donner de l’espoir autour de moi à tous ceux qui se sentent comme dans les ténèbres d’un tunnel sans fin…

    Mais il faut ici se mettre d’accord : de quel optimisme parlons-nous ? Il existe un optimisme responsable et louable qui cherche le positif un peu partout dans le passé et dans l’annonce de l’avenir. Un optimisme qui se rappelle que l’humanité a traversé tellement d’épreuves et qu’elle est toujours debout, tant bien que mal. Mais quand l’épreuve est trop forte je crois que ce réalisme positif ne suffit plus.

    L’optimisme que j’ai cherché, et découvert peu à peu au long de ma vie, ne se base pas sur une assurance que lui apportent les circonstances. Il est plutôt comme la foi et la confiance, c’est un saut dans l’inconnu qui croit simplement en la force et en la dynamique de la vie. Un optimisme qui donne l’énergie de se relever même quand tout va mal en nous et en dehors de nous. Celui d’une mère capable de sauver par son amour héroïque la vie de son enfant auquel les médecins ne donnaient plus d’espoir de vie. Un optimisme qui invente la vie là où elle semblait morte. Un optimisme qui est plus une intuition qu’un raisonnement. C’est l’optimisme de l’amour qui croit que le bien des personnes aimées ne sera jamais impossible. Et je pense que c’est cela qui a soutenu l’humanité jusqu’à aujourd’hui.

    Mais cet optimisme, je ne l’ai pas inventé tout seul, j’ai eu la chance immense de rencontrer des personnes qui vivaient comme cela et qui m’ont empêché de tomber peut-être dans l’abime. Alors, par devoir de reconnaissance envers l’humanité, je passe ma vie du matin au soir à me battre pour que ce courant d’optimisme ne meure jamais, mais qu’au contraire il fasse de plus en plus tache d’huile. Ma bataille, notre bataille fera peut-être rire certaines personnes et ils sont libres de le faire. Mais l’optimisme de la vie gagnera toujours, sinon l’humanité serait morte et enterrée depuis longtemps…

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 13 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2015]

    « Les soucis du monde, les séductions de la richesse et tous les autres désirs les envahissent et étouffent la Parole qui ne donne pas de fruit. » (Mc 4,19) Article du 21 mai 2015 (cf. Mt 13,22 : « Les soucis du monde et les séductions de la richesse étouffent la Parole, et il ne donne pas de fruit. ») 

    Notre monde n’a pas beaucoup changé en 2000 ans. On parle beaucoup de la société de consommation qui semble une invention de notre monde moderne, mais elle existait sans doute dans le cœur de l’homme depuis toujours. Ici aussi le message est bien clair : ne pas étouffer la Parole. La bataille est donc avant tout à l’intérieur de nous. Ce ne sont pas tellement les obstacles extérieurs qui sont dangereux, mais le risque de tout perdre si la Parole en nous ne parvenait plus à respirer. Comme elles sont belles ces images que Jésus emprunte encore une fois à la nature ! 

    Et là aussi il n’y a pas de panique à avoir. D’abord la Parole ne meurt jamais, puisqu’au fond c’est la présence même de Dieu en nous. Elle peut sembler étouffée un instant, mais en Dieu tout peut recommencer l’instant d’après. Ce n’est pas pour rien qu’il a vaincu la mort et le monde et qu’il est avec nous jusqu’à la fin des temps. 

    Cela aussi donne confiance. La Parole de Dieu en nous n’est pas comme un habit que nous pouvons perdre ou déchirer, comme un objet précieux qui peut soudain disparaître à nos yeux. Non, la Parole semée en nous est notre respiration même. La perdre voudrait dire que nous avons cessé de respirer et que nous sommes donc morts. Cela arrivera un jour sur cette terre et Dieu prendra bien soin de notre passage à l’au-delà. Mais tant que nous vivons ici-bas, que nous respirons, c’est que la Parole est bien vivante en nous. C’est sûr que l’air qu’elle respire risque d’être parfois bien pollué et malsain si nous oublions de nous ouvrir à Lui chaque jour et à chaque instant. Mais, avec son aide, il est toujours possible d’ouvrir de nouveau toutes grandes les fenêtres et les portes de notre cœur et de notre âme pour laisser passer la brise légère de son amour. 

     

     

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 13 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2015] 

    « Ils n’ont pas en eux de racine, ce sont les hommes d’un moment ; quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils tombent aussitôt. » (Mc 4,17) Article du 21 mai 2015 (cf Mt 13,21 : « Il n’a pas de racine en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe aussitôt. »)

    C’est toujours la même bataille de notre chapitre 4 : cette phrase tellement claire doit-elle nous faire peur ou au contraire nous rassurer ? D’un côté elle est terrible : lorsqu’arrive la détresse intérieure ou la persécution extérieure qui sont parfois liées l’une à l’autre, il n’y a plus grand chose à faire ; si nous avons des racines nous ne craignons rien, mais si nos racines sont trop petites, fragiles, desséchées, alors c’est sans doute trop tard, on ne peut plus rien faire.

    La première chose à faire, tout au long de notre vie, est donc d’abord de fortifier nos racines pour qu’au jour de l’épreuve nous tenions le coup. Et il y a mille manières de fortifier ces racines, en « écoutant » justement la Parole, en la laissant porter du fruit en nous, jour après jour, en laissant ce « règne de Dieu » germer en nous et grandir sans lui faire obstacle.

    Ensuite nous rappeler que nous ne sommes pas « les hommes d’un moment ». C’est vrai que l’Evangile nous enseigne à nous abandonner à Dieu dans l’instant présent, mais cela ne veut pas dire que nous sommes « les hommes d’un moment ». Bien au contraire nous sommes les hommes de toute une vie. Nous sommes une parole née de Dieu de toute éternité, semée sur cette terre avec un dessein d’amour de Dieu tout particulier sur chacun de nous. Au jour de l’épreuve, il est important de se souvenir de tout l’amour de Dieu dont nous avons été inondés depuis notre naissance et de tout cet amour qui nous attend encore ici-bas, puis au paradis pour toujours. Ce n’est pas un moment d’épreuve, de faiblesse ou d’échec qui peut nous impressionner.

    Enfin nous ne sommes pas seuls. Si Dieu est avec nous et il est notre racine, nous faisons également partie d’une famille, d’une communauté et nous n’affrontons jamais ou presque les épreuves ou les persécutions tout seuls : ne jamais l’oublier !

    Et puisque « celui qui a recevra encore » nous devons être persuadés au plus profond de nous-mêmes que nous « avons » une racine. Cela fait partie de ce dessein d’amour de Dieu sur nous. Il serait impensable d’imaginer un Dieu amour qui nous ait lancés méchamment dans l’aventure de la vie sans nous avoir procuré d’abord de bonnes racines. Encore une fois faisons-lui confiance... Soignons seulement ces racines de tout notre cœur, mais soyons tranquilles qu’elles sont bien là et, si nous les avons négligées pendant une partie de notre vie, il suffit de nous remettre de nouveau à les arroser, à en prendre soin, car le passé, dès l’instant où nous le décidons, est dans la miséricorde de Dieu qui couvre tout et repart avec nous comme si de rien n’était.


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  • Avez-vous remarqué que nos relations avec les autres sont presque toujours à l’image de la réciprocité ? Mais cela change évidemment tout si nous nous connaissons d’une connaissance réciproque, ou bien si nous nous jugeons les uns les autres ou, pire encore, si nous nous haïssons les uns les autres.

    Se connaître réciproquement dans une relation d’amitié ou d’amour, ou au moins d’estime et de bienveillance, c’est la base de l’harmonie sociale, la joie d’entrer dans l’esprit ou le cœur de l’autre sans peur et avec la plus grande transparence possible. Car la simplicité d’une telle relation crée peu à peu une si grande confiance réciproque que l’autre devient à la fois le but de ma vie, le centre de mon intérêt, le critère de mes décisions, l’ouverture toujours plus grande de ma personnalité aux dimensions de toute l’humanité.

    Tandis que si je suis moi-même le centre de tout, la base de mes critères et de mes décisions, car j’ai peur d’entrer dans la vie de l’autre et de le laisser à son tour pénétrer en moi, alors je ne pourrai plus voir l’autre que du dehors et je ne le connaîtrai jamais vraiment. Je me mettrai à l’analyser, à le juger, à essayer vainement de le comprendre sans y parvenir. Et l’autre me le rendra bien, car il se méfiera de moi, il se mettra lui aussi à me coller des étiquettes de l’extérieur. Nous passerons notre vie comme des spectateurs devant la scène d’une pièce de théâtre, mais nous ne saurons jamais ce qu’est la confiance réciproque avec quelqu’un. Et le pire sera bien sûr quand, pour nous défendre encore plus des attaques des jugements de l’autre, nous nous mettrons à nous haïr, toujours réciproquement. Notre vie sera une guerre, avec beaucoup de conflits et de blessures, dans laquelle nous croirons parfois gagner sur l’autre, mais où nous nous perdrons nous-mêmes.

    On pourrait penser que nos relations sont faites en réalité de ces trois niveaux : les amis qui entrent dans notre vie, les personnes indifférentes que nous côtoyons chaque jour, et les ennemis que nous fuyons ou que nous affrontons selon les moments. C’est une vision apparemment réaliste des choses mais qui est en fait bien triste, car elle dépend pratiquement du hasard des rencontres et des circonstances.

    Tandis que si nous décidons un jour de faire de l’autre le centre et le but de notre vie, nous rencontrerons toujours des gens qui répondront à notre ouverture de cœur, et cette relation de compréhension et d’amour réciproque de l’intérieur finira par faire tache d’huile. Le cercle de nos amis grandira à l’infini, personne ne nous deviendra plus indifférent et les conflits avec certaines personnes apparemment difficiles trouveront pour la plupart des solutions, impensables au premier abord et qui nous feront respirer. A nous de choisir dans quelle direction nous jeter et n’allons jamais nous plaindre de nos relations car il y a toujours en chacun une clé pour sortir de n’importe quel tunnel et pour retrouver la lumière…


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