• « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. » (Mt 10,34)

    Encore une phrase de Jésus qui a été tellement mal comprise ! On l’a utilisée souvent pour justifier des actes de violence ou même des guerres au nom de je ne sais quelle justice, alors que toute la vie de Jésus est tellement non-violente : il en est même mort sur la croix. Alors, que veut nous dire ici Jésus avec cette phrase terrible ? Si l’on reprend ces quelques mots en les plongeant dans le contexte de tout le chapitre, tout va s’éclairer.

    Car au fond de son cœur, il est trop évident que Jésus veut nous apporter la paix et le paradis qu’il vit de toute éternité avec le Père et l’Esprit au sein de la Trinité. C’est cela son but, mais le problème c’est que le mal qui règne en partie sur le monde a si bien organisé ce monde loin de Dieu et même contre lui que la seule présence toute proche du Christ descendu parmi nous va faire trembler cette organisation mauvaise qui gouvernait jusqu’ici l’humanité. Tout va se mettre à trembler. Le diable ne peut pas supporter cette présence, il va essayer de secouer le monde de tous les côtés pour faire croire que la venue de Jésus est un mal pour l’humanité. Il veut essayer de convaincre les hommes que leur vie soi-disant tranquille dans le péché ou la médiocrité était bien meilleure pour eux que cette révolution divine qui vient pour tout changer.

    Alors Jésus nous avertit simplement ici que son arrivée va provoquer des remous, des incompréhensions, des conflits, des jalousies, des résistances, des batailles de toutes sortes. Mais Dieu n’avait pas le choix : ou bien il nous laissait pour toujours dans notre monde malade sans intervenir, ou bien il devait provoquer ce tremblement de terre provisoire et bénéfique. Cette phrase n’est donc pas là, encore une fois, pour nous faire peur, mais pour nous dire au contraire, comme tout le chapitre : si vous voyez que tout se met à trembler, il n’y a là rien d’alarmant, c’est seulement un moment difficile et nécessaire à passer, comme les douleurs de l’enfantement du nouveau monde que Jésus est en train de faire naître parmi nous. Et c’est cela la Bonne Nouvelle !

     


    votre commentaire
  • « Ne craignez pas les hommes ; tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » (Mt 10, 26-27)

    Pourquoi cette peur de Dieu que malheureusement nos pasteurs nous ont trop souvent communiquée pendant des siècles de la vie de l’Eglise ? Comme si cette phrase devait être utilisée pour nous obliger à être sages, puisque toutes nos bêtises et nos péchés cachés allaient un jour apparaître à la lumière du jour (c’est comme cela que cette phrase a parfois été interprétée) …

    Excusez-moi si je parle parfois sur un ton un peu provoquant, mais l’amour et la miséricorde de Jésus dans l’Evangile sont tellement clairs et évidents qu’on doit vraiment apprendre à relire l’Evangile d’une autre façon. En fait qu’est-ce qui est ici à moitié caché et qui va être finalement dévoilé ? C’est tout simplement l’amour de Dieu pour nous. C’est l’homme, en se repliant sur lui-même et ses pauvres intérêts terre à terre, qui a enfoui sous la poussière le message de l’amour de Dieu que Jésus veut maintenant nous révéler pour toujours.

    Le moment est venu de crier sur les toits la Bonne Nouvelle. Mais apparemment l’humanité n’a pas l’air d’avoir encore compris grand-chose. Alors ce moment de crier sur les toits que le Royaume des cieux est tout proche, que le Fils de l’homme est arrivé dépend peut-être simplement de nous. Mais peut-être avons-nous essayé de crier chacun tout seul dans son coin et le monde n’a presque rien compris et il a souvent rejeté le message. Le jour où nous nous aimerons vraiment les uns les autres avec Jésus présent au mieux de nous, tout deviendra sans doute plus clair. Certains ont dit que le troisième millénaire serait celui de l’Amour : pourquoi ne pas le croire et surtout donner notre vie pour un tel idéal, cela en vaut vraiment la peine !

     

     


    votre commentaire
  • « Amen, je vous le dis : vous n’aurez pas encore passé dans toutes les villes d’Israël quand le Fils de l’homme viendra. » (Mt 10, 23)

    Vous ne trouvez pas que l’Evangile est parfois amusant ? On dirait que Jésus prend plaisir à jouer avec nous, ou même à la limite à se moquer de nous, comme on le fait gentiment quand on plaisante avec des amis qui nous sont chers. Mais que veut dire cette phrase : « Vous n’aurez pas encore passé dans toutes les villes d’Israël… » ? Cela ne veut pas dire tout simplement que le Fils de l’homme sera très vite parmi nous ? Puisqu’Israël est un si petit pays et que passer dans toutes ses villes, même à pied comme au temps de Jésus, ne va pas demander un temps énorme…

    Je crois qu’en fait cette phrase va dans le même sens que celle de l’annonce imminente de la venue du Royaume. Jésus veut seulement nous dire qu’il est déjà là tout proche, que le Royaume est en train d’arriver, que l’Esprit est à portée de main, que le Père est prêt à nous protéger, toute la Trinité est sur le point de jaillir au milieu de nous…

    Mais alors, pourquoi Jésus ne nous dit-il pas qu’il est déjà arrivé, puisque c’est lui-même qui nous parle et que les disciples le voient bien ? C’est simplement que Jésus, le Père et l’Esprit attendent un signe de notre liberté pour entrer dans notre vie. Ils sont là, à deux pas, mais ils ne veulent pas nous forcer à accueillir leur présence, ils veulent nous donner le temps de comprendre ce qui nous arrive, de faire les pas nécessaires pour aller à leur rencontre… et c’est à ce moment-là seulement qu’ils seront pleinement parmi nous. Mais il n’y a pas besoin d’attendre la fin du monde pour être déjà avec le Fils de l’homme, il suffit de le vouloir et surtout de le vouloir ensemble, car c’est notre unité et notre amour réciproque qui vont définitivement actualiser sa présence au milieu de nous.

     


    votre commentaire
  • « Quand on vous livrera, ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là, car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » (Mt 10, 19-20)

    Là, c’est vraiment passionnant. Vous avez entendu parler de ces sourciers capables de trouver l’eau dans un terrain où personne n’aurait jamais deviné sa présence ? Comme un vrai miracle ? Eh bien c’est cela que Jésus nous propose de faire, et l’eau qui va nous désaltérer c’est la voix de l’Esprit Saint qui veut parler pour nous éclairer et pour éclairer le monde avec nous. C’est aussi un vrai miracle parce que personne n’est habitué au départ à se rendre compte que l’Esprit Saint est présent et à essayer de l’écouter.

    Alors va commencer ici encore une nouvelle aventure. Nous nous levons le matin en tâchant de comprendre ce que l’Esprit veut nous suggérer, déjà simplement pour organiser le programme de la journée : à qui je pourrais téléphoner pour demander des nouvelles ? A qui je pourrais apporter une aide qui lui ferait du bien ? A qui je pourrais faire aujourd’hui une bonne surprise ? Comment commencer à résoudre le problème qui m’a touché la veille ? Quels mots délicats je pourrais employer pour expliquer à mon ami qu’il se trompe, mais sans pour autant le blesser ? Je pourrais décider aussi par exemple d’écouter sérieusement ce que mon frère voulait me dire hier et que je n’ai pas bien réussi à accueillir dans mon cœur. Mille possibilités se présentent à nous à chaque instant si nous sommes un tant soit peu attentifs…

    La vie change alors complètement. Au lieu d’avancer sur mon chemin comme une pauvre feuille desséchée qui est balancée par le vent sans savoir où elle va, au hasard des circonstances positives ou négatives de notre vie, voilà que je prends ma vie en mains, ou plutôt que je demande à Dieu de m’indiquer la route et que je me laisse guider par lui. Et si j’apprends à écouter cette voix au fond de mon cœur, mais aussi au fond du cœur de mes frères et sœurs en humanité, la route va devenir tellement plus facile. C’est comme maintenant quand nous laissons démarrer le GPS pour arriver à bon port à l’adresse indiquée sans plus nous faire de souci sur la route à suivre. Invention moderne surprenante, mais Jésus et l’Esprit Saint avaient déjà inventé bien mieux il y a 2000 ans, mais l’humanité n’a pas l’air d’en avoir encore tellement pris conscience…

     


    votre commentaire
  • « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc adroits comme des serpents, et candides comme des colombes. » (Mt 10, 16)

    Quelques erreurs à ne pas commettre devant une phrase pareille. Nous prendre pour des brebis et penser que tous les autres ou presque sont comme des loups. Ce serait tragique, cela nous ôterait la paix pour toujours, nous donnerait un complexe de supériorité par rapport au reste de l’humanité et en même temps un complexe de persécution, avec le risque de voir des ennemis partout, prêts à nous détruire. Nous deviendrions vite des malades psychiques et nous verrions toute l’humanité nous fuir… Mais c’est peut-être comme cela que beaucoup de chrétiens ont fait jusqu’à maintenant ou continuent à faire, et cela pourrait expliquer pourquoi les églises sont vides dans beaucoup de pays, en particulier en Europe occidentale.

    Alors, reprenons le chapitre tout entier de notre Evangile et remettons cette phrase apparemment terrible dans son contexte. Si Jésus nous demande d’être « candides comme des colombes », c’est d’abord que le danger n’est pas si grand que cela, sinon les colombes seraient tout de suite dévorées par les loups. Nous avons vu que, tout au long du chapitre, Jésus nous rassure, il nous dit de ne pas avoir peur, d’avoir confiance en lui, dans le Père et dans l’Esprit Saint qui sont toujours là pour nous guider et nous protéger.

    Jésus veut donc simplement nous rappeler que le suivre n’est pas une partie de plaisir, c’est une grande bataille entre le bien et le mal qui existe en chacun de nous. Nous ne devons donc jamais nous étonner si la bataille est difficile. Mais devant chaque obstacle avoir l’intelligence de l’amour qui sait éviter les coups inutiles (en étant « adroits comme des serpents »), qui ne veut pas résoudre à tout prix d’un seul coup tous les problèmes, qui sait attendre patiemment le moment d’intervenir pour distribuer l’amour que Dieu a mis en nos cœurs et qui sait surtout trouver la force de croire chaque fois qu’une solution est possible.

    A ce moment-là, la vie devient une belle aventure, une grande chasse au trésor, où les obstacles n’étonnent pas, puisque c’est la règle du jeu, mais au contraire incitent à inventer chaque jour de nouvelles stratégies pour faire triompher cet amour que Jésus a semé en nous et qui ne pourra plus revenir en arrière si nous le laissons faire. Alors nous accueillons chaque personne rencontrée au cours de la journée comme un possible partenaire qui pourra nous aider à trouver le trésor. Car si nous avons commencé à découvrir ce trésor, malgré nos limites et nos défauts, malgré notre histoire personnelle peut-être pleine de blessures, Jésus nous demande de nous unir à lui et à tous ceux qui ont commencé comme nous à le suivre. Et c’est ce torrent d’amour qui va déferler sur le monde et lui redonner la vie. Nous ne sommes plus alors des victimes potentielles mais des conquérants de l’humanité avec Jésus qui continue à ouvrir le chemin devant nous et au milieu de nous.

     


    votre commentaire