• « Il dit alors à ses disciples :’La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.’ » (Mt 9,37-38)

    A première vue, cette phrase est un peu surprenante. Qui est le maître de la moisson que nous devons prier ? N’est-ce pas Jésus lui-même ou encore le Saint Esprit ? Ne savent-ils pas exactement quels sont les besoins de la moisson ? Pourquoi devrait-on les prier et leur demander ce qu’ils savent mille fois mieux que nous ?

    C’est toujours la même logique : Dieu n’a pas besoin pour lui-même de nos prières, il en a besoin pour nous, c’est un besoin d’amour pour l’humanité. Car il sait que l’homme qui prie commence à entrer en contact avec lui et ne va plus le quitter. La prière va devenir sa respiration, sa seconde nature et il va se retrouver peu à peu en Dieu, dans la Trinité sans même plus se rappeler comment il en est arrivé là…

    Mais il est encore une autre clé de lecture qui va nous faire avancer ici, si l’on se souvient encore de notre découverte du « Notre Père ». Si l’on pense simplement que c’est justement le Père le premier maître de la moisson qui veille sur nous… Mais en même temps, nous savons que nous sommes incapables d’arriver chacun pour soi tout seul au Père si nous ne passons pas par le Fils dans l’Esprit. Et pour passer par le Fils, nous ne cesserons de le répéter, il ne suffit pas de parler de loin au Fils, il faut devenir le Fils lui-même qui s’adresse au Père : « Abba, Père ! » Et pour devenir le Fils, pour le laisser nous transformer en lui, corps et âme, nous devons non seulement l’aimer, mais nous aimer aussi les uns les autres. Et c’est pour cela que Jésus revient au fond toujours sur les mêmes concepts, sur les mêmes conseils sans se lasser, en espérant bien qu’un jour nous finirons par le prendre au sérieux. Et si ce jour c’était aussi maintenant ? Bien sûr ce n’est pas la première fois que je prends Jésus au sérieux dans ma vie, mais chaque jour mon cœur et notre cœur tous ensemble peuvent faire un pas de plus vers cet océan d’amour qui nous attend…


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  • « Voyant les foules, il eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. » (Mt 9,36)

    Vous savez quand on commence à avoir le cœur de Dieu ? C’est le jour où nous n’arrivons plus à être tristes parce que les autres nous ont traités de travers, nous ont fait du mal, nous ont déçus (ce qui veut dire être tristes pour nous-mêmes, nous plaindre pour nous-mêmes), mais où nous sommes tristes pour les autres parce qu’ils n’ont pas encore trouvé le trésor, le berger qui les attend et qui les aime…

    Le jour où le centre de notre vie, notre trésor, notre passion, c’est la joie de partager avec le plus de personnes possible cet amour réciproque qui va et qui vient à l’infini et qui ne peut plus s’arrêter. Le jour où Jésus a tellement pris notre cœur que nous sentons comme lui cet amour de compassion pour chacun et chacune, pour les foules, pour cette humanité qui nous entoure et qui se sent perdue.

    Le jour où nous sentons bien que trop de gens n’ont pas encore compris la Bonne Nouvelle, mais surtout pas pour nous sentir meilleurs que les autres et les juger, car c’est comme cela que nous, les chrétiens, nous avons souvent détruit l’Eglise de nos propres mains et éloigné le monde de la miséricorde infinie de Dieu… Car si nous avons eu la chance de rencontrer des personnes exceptionnelles qui ont illuminé notre chemin, n’est-ce pas maintenant pour en faire autant avec tout le monde jusqu’à la fin de nos jours ? Avoir les sentiments de Jésus, un homme-Dieu qui ne sait pas faire autre chose que de se pencher de tout son être sur chaque homme et chaque femme qui n’a pas encore trouvé complètement la lumière et de donner sa vie pour lui ou pour elle, au lieu de se fâcher et de vouloir se retourner contre toutes ces personnes qui ont refusé de l’accueillir. Un Dieu qui aime encore plus ceux qui ne savent pas ou qui ne veulent pas l’aimer, mais pas comme un devoir, parce qu’il est Dieu et qu’il doit donner l’exemple, comme on imagine parfois nos devoirs de religion. Non, le message de Jésus est un message d’amour total qui peut prendre tout notre être si nous nous laissons faire et alors nous vivons pour toujours pour les autres, non pas parce qu’on nous a commandé de le faire, mais parce que c’est devenu notre vraie nature et que nous ne pouvons plus faire autrement… 


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  • « Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. » (Mt 9,35)

    C’est tellement simple, la vie avec Jésus ! Il n’a pas mille choses à faire, mais seulement l’essentiel. Accueillir et donner ou se donner, disons-nous toujours. Et c’est justement ce que fait Jésus, du matin au soir sans se lasser. Jésus est d’abord toujours en mouvement, car pour donner il faut sortir de soi, de sa maison, de son village, de ses habitudes, de ses programmes, et être prêt à sillonner le monde, « toutes les villes et tous les villages » : il n’y a pas de lieux meilleurs que d’autres ou pires que d’autres pour Jésus, pour son amour universel.

    Et si jamais il a une préférence, ce sont ceux qui souffrent, les plus faibles, les plus pauvres, les plus démunis, ceux qui ont besoin d’être « guéris de toute maladie et de toute infirmité. » Jésus passe donc son temps à chercher ceux qui ont besoin de lui, de son pouvoir de guérison et de la lumière de son enseignement, de la Bonne Nouvelle du Royaume. Et pour trouver ces gens qui ont besoin de lui, il va de préférence dans les lieux publics, là où tous se rassemblent, comme dans les synagogues.

    Mais n’oublions pas que Jésus a d’abord reçu du Père dans l’Esprit tous ses pouvoirs, toute sa lumière. Alors il ne nous reste qu’à faire de même chaque jour, accueillir en nous la Parole, la puissance et la lumière de Dieu, laisser vivre en nous la Bonne Nouvelle qui est avant tout d’entrer dans la dynamique d’amour de la Trinité et de nous aimer en Dieu les uns les autres. Puis il n’y a qu’à laisser toute cette vie déborder sur les autres… avec la joie de découvrir bientôt non seulement ceux qui ont besoin de nous parce qu’ls sont plus ou moins perdus, mais ceux qui ont eux aussi tellement de vie en eux à partager déjà avec nous dans la réciprocité… et c’est la vie du paradis sur la terre !


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  • « C’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. » (Mt 9,34)

    Les phrases de l’Evangile sont le plus souvent des paroles que Jésus nous donne à vivre pour toute la journée, pour toute la vie. Mais aujourd’hui, c’est exactement le contraire. Matthieu nous montre ici ce que nous ne devons surtout pas faire. Les scribes et les pharisiens accusent Jésus de chasser les démons au nom du chef des démons. C’est déjà assez ridicule en soi et Jésus, dans le chapitre 11 de Luc dira justement que si c’est par les démons qu’il expulse les démons, cela voudrait dire que le royaume des démons est bien divisé en lui-même…

    On pourrait tirer de nombreuses conclusions de cette phrase, qui va d’ailleurs vite se retourner contre ceux qui l’ont prononcée. La principale leçon que j’y vois ici est encore une question de regard. Si je suis possédé par les démons, si mon regard n’est pas pur, je ne suis même plus capable d’accueillir le bien et la lumière où ils se trouvent, mon regard est complètement faussé.

    Sans aller jusqu’à cette condamnation extrême des scribes vis-à-vis de Jésus, ne voyons-nous pas combien souvent nous passons nos journées à juger les gens du matin au soir ? Les conducteurs de voiture qui nous dérangent, le directeur qui n’est pas juste, les voisins qui sont pénibles, ma belle-mère qui devient insupportable, les enfants qu’on ne comprend plus, le gouvernement, les riches, le monde entier. Combien sortent de notre bouche des mots de condamnation universelle où personne n’est épargné ! C’est le mal qui est en nous et qui a besoin de sortir pour se défouler. Nous aussi nous sommes possédés par des esprits mauvais et nous voyons ces esprits mauvais chez tout le monde…

    J’espère que tout ça est bien sûr une vilaine caricature, mais ne tombons-nous pas souvent dans ce piège ? Alors, que faire ? Nous décourager, nous condamner nous-mêmes à notre tour? Non, Jésus nous demande une chose beaucoup plus simple et plus difficile à la fois : changer seulement notre regard. Apprendre à voir sa présence en chaque homme, au-delà de tout ce qui ne va pas. Et au lieu de voir des démons partout, nous allons voir Jésus partout. Et en plus nous serons sûrs de ne pas nous tromper, car Jésus est réellement présent en chacun. Alors la vie deviendra soudain tellement plus belle, plus passionnante !


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  • « Jésus leur dit : ‘Croyez-vous que je peux faire cela ?’ Ils répondirent : ‘Oui, Seigneur.’ Alors il leur toucha les yeux, en disant :’ Que tout se passe pour vous selon votre foi !’ » (Mt 9,28-29)

    Nous voilà donc au quatrième miracle de ce chapitre 9 : Jésus va guérir les deux aveugles. Quel miracle extraordinaire : rendre la vue et la lumière à ceux qui se croyaient désormais plongés dans les ténèbres jusqu’à la fin de leurs jours ! Et pourtant, une fois encore, je pense que le vrai miracle n’est pas là.

    En tous cas, ces deux aveugles allaient évidemment tomber malades un jour ou l’autre et perdre cette fois-ci non seulement la vue mais toutes leurs facultés, toute leur santé et quitter la vie sur la terre. Alors pourquoi les avoir guéris ? Pour leur donner une consolation provisoire et l’illusion pour un moment que leur malheur pouvait finir ? Ce serait magnifique mais tellement limité comme consolation.

    Ce qui se passe ici est tellement plus important qu’une guérison physique. Jésus, le Fils de Dieu tout puissant, aurait très bien pu avoir pitié de ces pauvres aveugles et les guérir comme ça, d’un coup de sa baguette magique, pour se donner le plaisir d’utiliser sa puissance pour un peu de bien sur la terre. Et puis tout cela serait retombé un jour ou l’autre dans l'oubli…

    Mais voilà que Jésus, Dieu fait homme, se met tout à coup au niveau de ces malheureux et il leur adresse la parole. Il établit avec eux un dialogue. Il en fait des interlocuteurs qui peuvent lui répondre ou ne pas lui répondre. Il veut que son intervention divine dépende de leur volonté personnelle de guérir et surtout de leur foi en lui. Dieu a mis en eux une semence de foi et il veut leur donner la possibilité de faire consciemment un pas vers lui. Et c’est alors, sans le savoir encore, que nos deux amis viennent d’entrer avec Jésus dans la réciprocité trinitaire qui se vit au paradis. Et cela ne les quittera plus jusqu’à la mort et bien au-delà de la mort, pour l’éternité.

    Ce ne sera pas un simple miracle physique bien vite oublié, mais l’entrée de l’humanité dans la relation divine entre le Père et le Fils dans l’Esprit. Et 2000 ans plus tard cet épisode continue à nous secouer chaque jour à la lecture de l’Evangile. Nos amis aveugles sont tellement entrés dans l’intimité de Dieu qu’ils font partie pour toujours de la Parole divine de l’Evangile. Ils sont dans le Verbe pour nous montrer le chemin et nous inviter à nous laisser à notre tour interpeller par Dieu et inviter par Dieu à entrer sans son intimité. C’est ce miracle que Dieu peut continuer à faire chaque jour pour chacun d’entre nous, si nous aussi nous lui disons « oui » de tout notre cœur. Nous n’avons rien d’autre d’important à faire : l’écouter en train de nous interroger et lui répondre tout simplement comme à un ami qui viendrait nous proposer un service. Car nous sommes pour toujours, si nous le voulons, les amis de Dieu. Et c’est cela le miracle le plus extraordinaire !


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