• Récemment, j’avais publié cette phrase de mes citations : « La pire des choses qui puisse m’arriver, c’est que le bonheur passe ici, à portée de main, et que je ne m’en rende même pas compte, que je ne le reconnaisse même pas. »

    Une lectrice me répond : « Parfois il est très difficile au bonheur de traverser entre les embûches du malheur. » Je comprends bien cette chère lectrice, mais je ne suis pas trop d’accord avec son commentaire. Cela ne veut pas dire que le bonheur soit si facile à trouver, certainement pas, mais je crois que le bonheur est totalement innocent des problèmes qu’il semble nous causer.

    Je pense que le bonheur est en effet toujours là, devant nous, derrière nous, peut-être devant notre porte ou sur le rebord de notre fenêtre, mais nous sommes trop occupés ou préoccupés à un tas d’autres choses, de pensées, d’activités plus ou moins nécessaires et utiles et nous oublions trop souvent l’essentiel.

    Je ne crois pas que le bonheur doive traverser les embûches du malheur. C’est à nous de traverser les embûches du malheur, si nous pouvons, bien sûr. En tous cas, nous ne pourrons jamais juger une personne malheureuse, car nous ne sommes pas à sa place et cela ne sert à rien de juger. Ce que nous pouvons faire, c’est seulement lui faire sentir notre réconfort et l’aider peu à peu à sortir de son malheur…

    Ce qu’on demande au bonheur c’est de continuer à exister, à être pleinement disponible quand nous avons besoin de lui et lui ne demande rien d’autre. Car le bonheur, c’est déjà cette vie incroyable qui nous a été donnée gratuitement et que nous pouvons partager. Et plus nous le partageons, plus il se multiplie, même au milieu des problèmes et des difficultés. Il faut une fois pour toutes faire l’expérience que le vrai bonheur n’est pas dépendant des circonstances faciles ou difficiles de la vie de tous les jours. Le premier bonheur sera d’abord d’aimer et d’être aimé et cela dépend de nous avant tout. Une seule personne avec qui l’harmonie est totale et le bonheur est déjà là, même si tout le reste du monde nous faisait souffrir, et chaque nouvelle personne rencontrée peut être déjà un nouveau bonheur en perspective à accueillir et à donner…


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    Ce nouveau chapitre est étonnant, surprenant, effrayant et rassurant à la fois, presque contradictoire si on prend les phrases de Jésus séparément les unes des autres en les enlevant de leur contexte. C’est le deuxième discours de Jésus après le discours extraordinaire de la montagne qui nous a tellement bouleversés. Ici Jésus s’adresse seulement à ses disciples. Le Royaume des cieux a commencé sur terre, puisque Jésus a déjà fait des disciples et cette petite semence ne mourra plus jamais. Mais ce n’est pas une petite histoire. Si l’on pense avoir trouvé en Jésus un refuge ou un remède, un repos contre les tracas du monde, c’est peut-être mieux d’aller chercher ailleurs. On dirait que Jésus jette à la face de ces pauvres disciples toute la responsabilité de cette humanité complètement perdue.

    Et le voilà qui les prépare à la bataille. C’est la bataille finale entre le bien et le mal, ce mal qui se trouve désormais partout sur la terre et qui n’épargne personne. Ce mal qui est au cœur de chaque famille et finalement au cœur de chacun d’entre nous. Car la bataille entre le bien et le mal ne va certainement pas être entre les bons et les méchants, comme on essaye encore parfois de déformer le message du Christ, car nous sommes tous des bons et des méchants quelque part.

    Et ce mal fait peur car il s’attaque à tout et à chacun et en particulier à ceux qui ont choisi de suivre le Christ. Si nous mettons ce Dieu à la première place dans notre vie, si nous l’aimons plus que notre père et tous les membres de notre famille, si nous sommes prêts à tout pour lui, nous n’aurons plus jamais la paix. « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. »

    Jésus envoie donc les Douze en mission. Nous avons déjà vu cela chez Marc. Mais l’envoi des disciples en mission va prendre chez Matthieu une tout autre dimension. On y retrouve ces pouvoirs exceptionnels de guérir, de chasser les démons et même de ressusciter les morts. Mais cela ne veut pas dire que de tels pouvoirs vont leur rendre la vie facile comme par magie. « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. » « Méfiez-vous des hommes, ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. Vous serez traînés devant des gouverneurs et des rois à cause de moi. » « Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom… » « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. » « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur… Si le maître de maison s’est fait traiter de Béelzéboul, ce sera bien pire pour les gens de la maison. » « Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. »

    Mais pourquoi tout cela ? Jésus est-il vraiment venu pour entraîner l’humanité dans une guerre ? Non, bien sûr. Il est venu nous donner la vie du Ciel. Mais cette vie divine est tellement en contradiction avec le mal qui règne sur la terre que les deux ne peuvent pas se toucher sans que tout explose. On était peut-être plus tranquille dans la situation précédente. Car on s’habitue au mal, ou au moins à la médiocrité. On préfère une situation un peu triste mais apparemment plus commode à cette bataille qui ne va plus jamais nous laisser en repos.

    Mais cela n’est qu’une vision extérieure des choses. Car en fait, devant ce tableau qui pourrait nous remplir d’épouvante, Jésus réussit à nous convaincre que tout va bien se passer… pourvu que nous le suivions, bien sûr. Et il est assez étonnant de l’entendre dire et répéter tout au long de son discours qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. « Quand on vous livrera, ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz… » « Ne craignez pas les hommes… » « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l’âme… » « Est-ce qu’on ne vend pas deux moineaux pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus que tous les moineaux du monde. »

    On pourrait se demander ce qui se passe. On nous décrit une guerre sans merci, sans pitié, généralisée à toute l’humanité et on nous dit en même temps qu’il n’y a aucune raison de craindre. Mieux encore, le discours de Jésus se termine sur l’importance de donner un verre d’eau fraîche aux disciples de Jésus. La terre est en train de s’embraser de tous les côtés et Jésus veut nous rassurer avec un verre d’eau fraîche ?

    Alors, il faut relire notre chapitre de nouveau, à la lumière de tout ce que Matthieu nous a déjà fait découvrir, en particulier depuis le discours des béatitudes et la prière du Notre Père et l’on va être sidéré par la logique merveilleuse et divine qui se trouve implicitement à chaque pas où il nous entraîne…

    D’abord Jésus revient toujours sur la venue du Royaume. « Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. » Et ce Royaume, nous l’avons déjà bien connu, c’est la Trinité qui est descendue sur la terre et qui va nous accompagner à chacun de nos pas. L’Esprit Saint pour commencer : « … ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » L’Esprit est donc déjà là avec le Père. Et le Père ne va plus cesser de nous prendre sous sa protection, comme nous venons de le lire à propos des hommes et des moineaux. Et puis, il suffit de choisir le Christ pour que le Père soit avec nous pour toujours. « Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. » Ce Père que nous avons si bien appris à prier.

    Mais pour s’attacher au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, voilà que Jésus nous demande de nouveau de nous attacher les uns aux autres. Notre salut viendra de Dieu, bien sûr, mais si nous nous mettons ensemble en cordée, si nous nous aimons les uns les autres, si nous savons nous accueillir les uns les autres en commençant par accueillir ceux que Jésus nous envoie. C’est pour cela que ce « verre d’eau fraîche » devient le symbole d’une réalité tellement importante qui va tout changer. Nous allons gagner la bataille avec Jésus, mais pas chacun tout seul dans son coin. « Qui vous accueille, m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. » On va toujours au Père en passant par Jésus et le prochain. Et alors tout devient étonnamment simple. « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité d’homme juste recevra une récompense d’homme juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : il ne perdra pas sa récompense. »

    Depuis le début de notre recherche sur l’Evangile, nous avons toujours pris cette clé de lecture qui parle d’accueillir et de donner et nous y revoilà de nouveau. Après ces descriptions terribles à vous faire dresser les cheveux sur la tête, voilà que Jésus nous dit tout simplement : pensez à accueillir de tout votre cœur et tout le reste vous sera accordé par surcroit. Vous serez entraînés avec moi dans le Royaume et vous commencerez à goûter à la « récompense » qui vous attend déjà en partie sur cette terre et puis ensuite au Ciel pour l’éternité. On croirait rêver et pourtant tout est bien réel. Les « perles de la Parole » que nous allons choisir maintenant pour approfondir encore la pensée de Jésus de ce chapitre 10 vous nous étonner encore un peu plus, mais lire l’Evangile et l’accueillir de tout notre être, c’est toujours passer de surprises en émerveillements !

     


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  • Chers lecteurs, si vous n’avez pas pu suivre tous les articles de ce mois d’août dans « L’Orient la Nuit », voilà comment vous rattraper.

    Nous avons commencé le 1er et le 3 de ce mois par deux articles sur « le but de la vie », (1) et (2),  dans les rubriques « Désorientés » et « Au bout de soi-même ».

    Puis nous avons eu une longue séquence d’articles sur le chapitre 9 de l’Evangile de Matthieu, du 5 au 21 août, comme d’habitude dans « Perles de la Parole » : « Matthieu 9 », « Pensées positives », « Laisser le cœur de Dieu nous libérer », « Rendez-vous avec l’Epoux », « Entrer en Dieu », « Regard d’en haut », « Simplicité de la vie en Dieu », « Être enfin le cœur de Dieu pour l’humanité » et « Le secret de la prière ». De quoi révolutionner en peu de mots une vie entière !

    Le 23 et le 27 août, j’ai publié dans « Interdépendance » « Question de confiance » et « Question de confiance – 2 » : un sujet tellement délicat !

    Le 25, c’était « S’attacher pour se détacher ? » dans « Passepartout ».

    Et encore dans « Passepartout » pour finir le 29 du mois, « Comment y arriver ? » : oui comment s’entraider à trouver une vraie liberté ?

    Bonnes séances de rattrapage…


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  • C’est une question que chacun se pose à longueur de journée devant les problèmes plus ou moins insolubles de l’aventure de la vie…

    Mais c’est ici la question bien simple d’une lectrice de notre blog devant ces deux phrases que je venais de publier : « Si nous arrivions à nous convaincre que notre liberté dépend de nous et non pas des circonstances extérieures, combien la vie deviendrait plus belle ! » Et j’avais ajouté ce commentaire : « Aidons-nous ensemble à être libres »

    Eh, oui, comment y arriver ? Je comprends bien le doute qui traverse l’esprit de notre amie, à la pensée certainement de tous les moments difficiles au cours desquels la liberté semble tellement loin de nous…

    Je crois d’abord qu’à une question pareille on ne pourra jamais donner de réponse standard et théorique, car nous avons de la liberté des expériences souvent tellement différentes. Et surtout cette réponse est à trouver au fond de nous-mêmes et non pas dans des livres ou des articles de blog. Mais on peut tout de même essayer de s’entraider.

    D’abord, avant de chercher la liberté je ne sais où, comme c’est beau de se rendre compte au cours de la journée du nombre extraordinaires d’occasions que nous avons de poser des actes libres. La liberté naît avec chacun de nous, car en général nous sommes libres de penser comme nous voulons, de désirer, de rêver, d’aimer ou de haïr, de choisir entre plusieurs solutions, etc. Même si dans tout cela il y a certainement beaucoup de gens et de circonstances qui nous conditionnent, mais la liberté reste une base vivante en l’homme, à la différence de l’animal…

    Le problème c’est que cette liberté ne sera jamais totale et c’est cela qui nous fait souffrir. Alors, il existe ici deux solutions qui se complètent l’une l’autre. L’une est d’apprendre à être libre de ne pas être libre. Comme une personne malade et paralysée pour la vie qui accepte simplement sa situation et qui en fait un tremplin positif pour mieux aimer les autres. Et là chacun peut imaginer des exemples à l’infini.

    Et la deuxième solution, c’est de donner sa vie chaque jour pour que les autres autour de nous se sentent un peu plus libres, pour soulager leurs souffrances, pour les aider à résoudre leurs problèmes impossibles. Et c’est alors que nous nous retrouvons sans nous en rendre compte comme emportés dans un courant positif de liberté qui ne nous quittera plus jusqu’à la fin de nos jours. Car nous avons aidé des centaines de personnes à être libres et voilà que ce sont ces personnes qui nous rendent libres à notre tour. Alors la vie devient comme une randonnée en montagne où l’on avance ensemble en cordée vers le sommet sans plus avoir peur de tomber en route, car nous sommes liés aux autres pour toujours.


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  • On n’en finirait pas de parler de la confiance. C’est un sujet tellement important et délicat à la fois. Je suis tombé ces jours-ci sur une phrase de Goethe qui m’a beaucoup intéressé : « Aie confiance en toi-même, et tu sauras vivre. »

    C’est une belle phrase assurément, mais il y a un piège là-dedans, car on pourrait la comprendre de deux manières complètement contradictoires. Je vais m’amuser ici à faire une sorte de caricature pour me faire comprendre…

    Imaginons que j’aie une forte personnalité. Je suis habitué à dominer les autres, à me sentir le meilleur, à montrer que j’ai toujours raison. Et lorsque j’ai un conflit avec quelqu’un, je suis assez sûr de moi-même pour trouver mille personnes qui me donnent raison contre les autres et à m’en sortir gagnant. J’ai bien confiance en moi et je parviendrai toujours à sortir vainqueur de la bataille de la vie dans cette loi de la jungle qui règne sur l’humanité… jusqu’au jour où le conflit sera trop fort et je tomberai de haut comme tout le monde.

    Mais maintenant je suppose que vous voyez avec moi une solution tellement plus belle, même si elle n’est pas toujours facile à vivre. Je fais confiance à la bonté qui se trouve au cœur de l’homme, au-delà de beaucoup d’apparences qui me révoltent chaque jour. J’essaye le plus possible de donner une chance aux autres, de leur faire confiance dans la vie de tous les jours. Je ne suis pas trop préoccupé de moi-même, car je sais que c’est la paix avec les autres qui me rendra finalement plus à l’aise et plus heureux.

    Et voilà que commence un miracle que je constate de plus en plus dans l’aventure de la vie. Parce que j’ai choisi la deuxième solution, même si au début j’ai été souvent déçu. Mais j’ai appris à semer cette confiance par principe, sans trop me préoccuper des résultats. Et alors je n’ai plus eu de déceptions, parce que les résultats positifs se sont mis à l’emporter de loin sur les réponses négatives de l’autre. Et comme la confiance appelle la confiance, je me suis senti entouré par des dizaines de personnes qui me remerciaient chaque jour pour la confiance que j’avais placée en eux. Et ces dizaines sont devenues des centaines. Mais le plus extraordinaire, c’est que la confiance qui m’arrive des autres en retour est en train de me faire découvrir des talents et des capacités qui existaient en moi et que je ne soupçonnais même pas. Voilà que ma confiance en l’autre a fini par développer une confiance en moi qui me semble un rêve quand je pense combien j’avais peur de la vie au départ. Alors, oui, je suis vraiment convaincu maintenant et pour toujours que « savoir vivre », c’est faire confiance à cette « vie » que chacun porte en lui et s’unir toujours plus aux personnes positives… pour avoir la force avec elles de conquérir chaque jour à la confiance de nouvelles personnes encore timides, hésitantes, blessées, paralysées, mais qui rêvent pourtant elles aussi d’un monde où la paix ne soit plus un rêve impossible…


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