• Il y a quelques jours, j’ai reçu le message d’un ami très cher qui voulait me faire lire un article qui l’avait désorienté. Cet article avait justement comme titre : « On finit par douter de tout. » Et l’on nous expliquait que la fameuse photo du petit réfugié kurde mort noyé sur une plage de Turquie, qui avait ému le monde entier, devait être sans doute un montage artificiel, donc un mensonge, quelque chose qui sonnait faux et qu’on avait sciemment utilisé pour arriver à des buts qu’on ne voulait pas avouer.

    Que dire devant une telle réalité ? Le monde est vraiment gouverné par des menteurs et des personnes sans scrupules qui abusent de la bonne foi des gens pour servir leurs intérêts ? Il y aurait bien de quoi être désorienté et même angoissé ou désespéré. Je crois qu’à ce point-là il faut se réveiller. Sinon nous allons tous ensemble tomber dans un piège dont nous ne nous relèverons jamais plus.

    Il y a toujours eu des menteurs dans l’histoire de l’humanité, ou plutôt des gens qui ont utilisé le mensonge pour arriver à leurs fins. Il y a toujours eu des complots contre des personnes ou des catégories de personnes. On le sait, et passer son temps à essayer de révéler au grand jour tous ces mensonges et ces complots va nous conduire à quel résultat ? Ne plus faire confiance en personne, justement ?

    Je crois que là nous devons reprendre tout le raisonnement à l’envers. Partir de nous-mêmes et des gens que nous aimons, en qui nous avons confiance, avec qui depuis toujours nous essayons de construire un avenir positif pour notre famille, notre communauté, notre société. Si je me regarde moi-même, au-delà de toutes mes limites, mes défauts, mes peurs, je pense tout de même que j’ai confiance en moi. Je suis convaincu que je suis une personne positive qui essaye de semer le bien et la paix sur son passage. Je le fais peut-être mal, de manière maladroite, mais je ne crois pas avoir d’autres intentions cachées. Et si je regarde mes amis les plus intimes, je vois en eux la même réalité. J’ai peut-être quelques amis qui passent des moments difficiles, à cause de leur santé, de problèmes au travail ou en famille, et qui ne sont pas en ce moment disponibles comme ils l’étaient auparavant, c’est possible, mais de là à penser qu’ils sont en train de comploter contre moi, il n’y a tout de même pas de risque.

     

    Chaque homme, sauf s’il est vraiment malade, a quelque part confiance en lui-même et en ses amis. Pourquoi à un certain moment en arrivons-nous à cette défiance réciproque et générale ? Admettons que cette photo du petit réfugié ait été truquée : qu’est-ce que cela change au fond ? Cette photo n’a-t-elle pas été l’occasion de faire bouger les consciences, de pousser un tas de gens à faire finalement quelque chose. Ce n’est rien encore, le problème des réfugiés ne trouvera de solution que lorsque tous les conflits du Moyen Orient seront résolus à la racine, nous sommes bien conscients de cela. Mais toute nouvelle, toute réalité qui nous arrive, même si elle est fausse, ne peut que faire ressortir le fond de nos personnalités. Et si un mensonge voulu me touche et me pousse à faire du bien, cela prouve que tous les faussetés du monde, tous les malhonnêtetés ne pourront jamais nous empêcher de suivre nos consciences. Alors nous devons bien sûr être vigilants, ne pas nous laisser tromper à tous les coins de rue, mais ne perdons pas trop de temps à voir ou à chercher partout des gens mal intentionnés. Cherchons plutôt ceux qui sont bien intentionnés, et ils sont bien plus nombreux qu’on pourrait le croire, et travaillons ensemble avec eux, pour montrer au monde que la vérité et la justice auront finalement toujours le dernier mot, au moins au cœur de tous ceux qui vivent pour cela.


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  • La comparaison est sans doute un des éléments les plus importants qui permettent à l’intelligence de se développer. Combien il a été absolument primordial pour nous de commencer à distinguer au départ, en les comparant, l’amour de notre père avec celui de notre mère, la différence entre nos parents et nos frères et sœurs, entre notre famille et les gens rencontrés dans la rue, entre les hommes et les animaux, entre les animaux et les plantes, entre les plantes et les objets inanimés. Tout cela est tellement simple et évident. Mais alors pourquoi ces comparaisons qui nous ont aidés à nous frayer un chemin dans la vie, qui nous ont permis de distinguer le vrai du faux, le naturel de l’artificiel ou le positif du négatif et toutes les catégories qui forment le cadre de notre univers, deviennent parfois si terriblement destructrices, causes de malentendus, de souffrance ou même de haine. Car il faut bien reconnaître qu’il existe des comparaisons qui blessent, qui offensent, qui attristent ou même qui tuent.

    Combien de comparaisons servent seulement à provoquer la jalousie ou la méfiance. Combien de comparaisons nous servent seulement à créer des barrières entre les gens. Et nous en entendons ainsi tous les jours de toutes les couleurs. A peine a-t-on vu pendant quelques jours la photo de ce petit garçon mort sur une plage de Turquie qui a fait le tour du monde, que l’on entend des gens en Europe qui disent : « Oui, tout le monde s’émeut pour la mort de ce petit kurde de Kobané, et pourquoi ne fait-on pas le même tapage pour ce qu’on fait subir aux petits chrétiens du Moyen Orient ? » On peut comprendre la douleur d’un père angoissé qui voit que personne ne s’occupe de son enfant maltraité, mais de là à vouloir comparer la souffrance de l’un avec celle de l’autre, pourquoi ? Quelle honte ! Quel manque de délicatesse et de respect en même temps. Si vous voyez une mère atterrée par la mort accidentelle de son enfant, vous n’allez tout de même pas lui dire que votre voisine souffre bien plus qu’elle parce que son fils est en train de mourir d’un cancer à petit feu ! On ne devrait jamais comparer des souffrances et des injustices entre elles. Il est des mots, des comparaisons qu’on doit garder pour soi, si on ne veut pas détruire en peu de mots de bonnes relations que nous avons mis peut-être des années à construire.

    Ou bien lorsqu’on essaye de se justifier et de se défendre. Comme lorsque j’essaye parfois de dire à des amis en France que nous, chrétiens, avons beaucoup de choses à nous reprocher et que je m’entends dire : « Mais tu ne vois pas ce que font les communistes, ou les musulmans, ou les Chinois ? » Comme si la faute des autres justifiait tout ce qui ne va pas chez nous… C’est sans doute aussi pour tout cela que beaucoup de gens disent qu’ils n’aiment pas les comparaisons.

    Alors taisons-nous, ne faisons plus de comparaisons ? Ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. Il en va des comparaisons comme de tous les outils qui peuvent nous tomber sous la main. Avec un couteau, je peux préparer un repas exceptionnel, délier une corde qui nous empêchait d’être libres, mais aussi blesser et même tuer. Et que dire de l’eau, du feu ou des plus belles découvertes scientifiques ou technologiques de l’homme ? A moi d’avoir l’intelligence et la maturité de me servir de mes outils pour quelque chose de constructif et non pas de négatif.

     

    Les comparaisons servent à apprendre et à découvrir quelque chose de nouveau. Une comparaison peut ouvrir au lieu de fermer. Elle peut servir à unir et à harmoniser, comme elle peut servir à opposer ou à détruire. A moi de juger. Combien de comparaisons provoquent une saine émulation dans les mondes du sport, de la science, de la culture en général et font faire de grand pas à l’humanité. Tout le monde en voit chaque jour des milliers d’exemples. Comparons donc en toute liberté, mais en choisissant le bon moment et la comparaison qui libère, pas celle qui bloque, qui fâche ou qui provoque la colère, le mépris ou l’angoisse. On peut penser peut-être ce qu’on veut, mais on n’est pas libre de dire tout ce qui nous passe par la tête, sous prétexte que c’est la vérité et que la vérité doit toujours être dite. Nous parlerons encore de la vérité… mais restons-en là pour aujourd’hui.


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  • Oui, nous sommes bien dans la rubrique « désorientés », mais ce n’est pas moi qui suis désorienté ce soir, je serais plutôt surpris dans le bon sens du terme, parce que finalement ce sont nos hommes politiques qui commencent à être désorientés. Je ne parle pas des hommes politiques libanais qui se posent aussi beaucoup de questions en ce moment : je laisse cela à mes amis libanais. Je parle des hommes politiques européens qui commencent à se demander s’ils n’ont pas exagéré quelque part dans leur gestion des problèmes du Moyen Orient. Un peu de lumière dans la nuit ? Espérons-le. De belles paroles qui sonnent creux et qui seront bien vite oubliées ? Mais pourquoi ne voir que le négatif possible ? A la fin la vérité apparaît toujours et, qu’on le veuille ou non, il y a une justice naturelle qui se dégage un jour ou l’autre des évènements.

    Mais ce que je voudrais souligner surtout, c’est qu’il existe quand même des politiciens honnêtes, sincères qui se battent vraiment au service de l’humanité. Peut-être va-t-on les écouter un peu plus dorénavant...

    Comme exemple remarquable, je voudrais laisser parler ici pour quelques lignes Massimo Toschi : c’est un politicien italien, depuis longtemps actif dans le domaine de la coopération internationale. Voyez ce qu’il a écrit ce matin dans une revue italienne, Città Nuova, dont je me permets de traduire quelques lignes : cela redonne du courage et fait réfléchir.

    Partant du drame de ces enfants qui sont morts récemment, victimes de la guerre des adultes, en particulier le petit syrien Aylan, retrouvé mort sur une plage turque et le petit palestinien Ali, brûlé vif dans l’incendie criminel de sa maison, voilà ce qu’il écrit en conclusion de son article :

    « Il ne s’agit pas de regarder les enfants morts, de manière qu’ils suscitent de la pitié et provoquent des comportements responsables, mais de regarder le conflit avec les yeux des victimes, avec leur cœur, avec leurs désirs de paix et d’avenir. Il y a plus de politique et plus de vision dans  l’histoire de Ali et de Aylan que dans tous les éditoriaux d’un journal , que dans toutes les politiques d’un gouvernement, d’un chancelier, d’un premier ministre, d’un président du conseil.

    Ici la politique devient grande, parce qu’elle écoute les petits. Il ne s’agit plus d’émotion, mais de vision, il ne s’agit plus de passé, mais d’avenir. Pas les sentiments, mais la sagesse, pas le pouvoir, mais les victimes. Le temps est venu d’un nouveau magistère des victimes. La politique doit se mettre à genoux devant Aylan, comme devant Ali e tous ceux qui vivent et meurent en même temps, et elle doit leur demander pardon. Elle doit se repentir de tous les opportunismes, des grands intérêts militaires, stratégiques et financiers et recommencer avec le passé désarmé des victimes.

    Il n’y a pas besoin d’une photographie en première page pour secouer les consciences, parce que nous savons déjà. L’Evangile nous rappelle que le premier sang versé est celui du massacre des innocents. Notre tâche est d’aller frapper à la porte de chaque maison pour avertir que le pouvoir violent est en train d’arriver pour tuer nos enfants, afin de leur préparer un avenir de bonheur. C’est cela la politique, celle qui prévient, qui prévoit, qui devient gardienne du futur et qui entrevoit le sentier de la paix qui unit les pays et les cultures au lieu de les diviser. »

    Pourrons-nous enfin respirer un peu et faire respirer ces enfants ?


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  • Vous n’êtes pas, vous aussi, souvent désorientés par les nouvelles des journaux, de la radio ou de la télévision ? Au delà de l’effort louable d’informer le monde entier de ce qui se passe d’important chaque jour sur notre terre, il y a une sorte de curiosité morbide à vouloir parler presque uniquement des catastrophes, des tragédies de toutes sortes comme s’il n’y avait que cela de bien réel dans notre vie.

    thierry Ehrmann : No Legend N°26 by Abode of Chaos

    Je me souviens une fois, pendant la guerre du Liban, de ce titre en France qui avait dû bien alarmer inutilement ma famille, déjà passablement inquiète pour moi : « Tout Beyrouth brûle ! » Le titre qui choque et qui attire peut-être un peu plus d’abonnés pour le journal. Et pourtant ce jour-là, j’étais bien allé au travail le matin, il y avait eu un obus tombé à quelques dizaines de mètres de notre immeuble, la situation était bien triste, mais notre appartement ne brûlait pas et il n’allait d’ailleurs jamais brûler tout au long des 16 ans de guerre : seulement beaucoup de vitres brisées et quelques éclats d’obus, ce n’était pas la fin du monde !

    Un jour plus récent où j’écoutais les nouvelles à la radio, c’était pire encore. Rien que des morts et des catastrophes. Une guerre en Afrique, un attentat en Irak, un accident d’avion je ne me souviens plus dans quel pays, et encore, il me semble, une inondation et un léger tremblement de terre. Une moyenne de 50 morts par tragédie. C’était terrible évidemment. La seule nouvelle positive était une nouvelle sportive (positive au moins pour ceux qui avaient gagné !) Je me souviens que j’étais assez choqué ce jour-là par toutes ces « nouvelles ». Puis, à un certain moment, j’ai eu comme l’impression de me réveiller d’un mauvais rêve. J’ai senti que je devais réagir. J’ai fait le total approximatif de tous ces morts, cela faisait à peu près 250 personnes : bien triste évidemment.

    Mais c’est là que je me suis réveillé complètement. 250 personnes ! Mais qu’est-ce que représentent 250 personnes devant 6 milliards d’habitants de notre planète ?  Tout le monde n’est pas mort quand même ! Certainement que des milliers et même des millions de personnes étaient mortes également ce jour-là, certains très tristes, mais d’autres sans doute entourés d’affection et dans une grande sérénité. Certains étaient peut-être morts en donnant la vie pour les autres (et on parle tellement rarement de tous ces cas d’héroïsme qui sont tout de même fréquents, à commencer par ces mères qui meurent en mettant au monde un enfant).

    Alors j’ai senti en moi à la fois un peu plus de sérénité, mais presque une sorte de colère contre ces médias qui font semblant de dire la vérité, mais qui la faussent en fait complètement, qui ne savent pas nous faire vivre avec les gens qui construisent, qui espèrent et qui se battent chaque jour pour un monde meilleur. Nous avons entre les mains désormais des instruments tellement extraordinaires pour nous aider à partager tout ce que vivent nos frères et nos sœurs d’un côté à l’autre de notre terre et c’est tout ce qui nous passe par la tête ?

    Je sais bien qu’il y a tout de même beaucoup de journalistes qui sont capables de travailler dans un tout autre état d’esprit, positif et équilibré. Mais ils ne sont encore qu’une minorité, malheureusement. Il y a encore beaucoup à faire pour apprendre à se servir dignement de toutes ces merveilleuses inventions des derniers siècles de notre histoire !


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  • J’aime bien les provocations et les défis. J’aime bien aussi les encouragements, c’est sûr, sinon à quoi bon continuer si notre blog n’intéressait personne ? Mais c’est important d’écouter chaque critique qui nous parvient, aussi surprenante soit-elle. Nous allons essayer de faire ensemble cet exercice.

    Un de mes lecteurs m’écrit qu’il est « un peu décontenancé » par le contenu de mes articles qu’il trouve un peu « intemporels », « sans lien avec l’actualité ». Décontenancé c’est presque come « désorienté », et c’est pour cette raison que je j’ai pensé écrire tout de suite quelques mots dans cette rubrique.

    J’avoue qu’un instant j’ai été moi aussi un peu désorienté par cette critique. Mais je connais bien cet ami français de longue date et je sais combien toute sa vie, il s’est battu pour plus de justice, d’honnêteté, de transparence, de solidarité. C’est quelqu’un qui est toujours prêt à intervenir pour améliorer la vie sociale autour de lui et dans le monde entier. Il est sans doute bien mieux placé que moi pour faire ce travail. En quelque sorte, il est peut-être déçu que je ne me batte pas sur le même terrain que lui et je peux le comprendre. Car les hommes et les femmes qui croient encore en un idéal pour lequel se battre ne sont finalement pas si nombreux que ça dans notre monde.

    En tous cas, c’est une occasion pour moi de demander à mes lecteurs s’ils désirent que ce blog s’oriente autrement. Ou peut-être ne doit-on pas l’appeler un blog ? J’avoue humblement que je suis bien encore à mes débuts dans cet exercice qui me passionne. Il y a peut-être mieux à faire.

    Ceci dit, j’aimerais quand même dire à mon ami que ça n’avance pas beaucoup d’être « décontenancé ». C’est comme si on attendait quelque chose qui devait absolument se passer comme on le voudrait, ou comme on est habitué. Ne perd-on pas trop de temps à se décevoir les uns les autres ? Je pense que si ce blog veut être un champion de la réciprocité (qui est un de nos tags – mots clés – préférés, comme vous pouvez le voir en gros caractères verts), cette réciprocité devrait être plutôt positive, à se laisser surprendre les uns les autres par les nouveautés que l’autre me propose.

    Cher ami, celui à qui je parle maintenant, mais aussi tout ami lecteur qui entrera un jour dans notre blog, sens-toi libre de me secouer, de me demander plus, mais dis-moi ce que tu ferais toi-même à ma place. Car c’est important de se mettre d’abord à la place de l’autre. Et tu verras qu’on finira par mieux se comprendre et qu’on collaborera peut-être de plus en plus dans l’avenir. Il faut unir nos forces positives, non pas en faisant tous la même chose, mais en se complétant, comme les notes d’une symphonie. Il n’y aura alors plus de place pour être déçus les uns des autres. Sans rancune !


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